BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR – 11/20

Blanche-Neige et le chasseurRéalisé par Rupert Sanders
Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron

Synopsis : Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Et voilà précisément où l’histoire que vous croyiez connaître prend fin et où la nouvelle adaptation épique et envoutante de ce célèbre conte des frères Grimm débute. Notre héroïne, dont la beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux, n’a plus rien d’une damoiselle en détresse, et la cruelle marâtre en quête de jeunesse éternelle ignore que sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.

Avis : Surfant sur le succès du Alice de Tim Burton, les studios Hollywoodiens cèdent les uns après les autres à la mode de la réinterprétation  des contes pour enfants. Après Alice donc, mais aussi le petit chaperon rouge et avant Hansel et Gretel et La belle au bois dormant, voici qu’arrive une deuxième Blanche Neige cette année.
Une Blanche-Neige plus sombre et plus violente, se voulant une adaptation très libre du conte des frères Grimm.
La grande réussite du réalisateur Rupert Sanders tient dans la construction d’un univers extrêmement  riche, ultra-référencé mais singulier, bardé de trouvailles visuelles et baignant dans une ambiance plus proche de l’Heroic Fantasy que du dessin animé pour enfant.
Le problème est que si on sent sa volonté de s’affranchir de LA référence ultime, le Blanche Neige de Disney, Sanders s’est manifestement autocensuré pour rester accessible aux plus jeunes. Le film reste par conséquent très premier degré. Pas d’humour, pas de sous-texte et surtout un manque dommageable de souffle épique. Si l’angle pour aborder le récit est tout à fait judicieux et ingénieux (faire de Blanche Neige l’élue qui prendra les armes pour libérer son peuple du joug d’une reine tyrannique), les scènes s’enchainent un peu trop mécaniquement pour totalement nous transporter et n’évitent pas certaines longueurs. D’autant plus que le scénario est prévisible malgré lui, une fois le concept intégré (on se doute bien que ce n’est pas le prince qui va réveiller la princesse…) et ne s’embarrasse pas de vraisemblances (certes, on est dans un conte, mais quand même…).
L’autre point faible du film réside dans ses personnages. C’est d’autant plus frustrant qu’on devine pour chacun un background assez fort, mais encore une fois seulement suggéré et peu approfondi, sans doute la volonté de rester là encore dans un cadre familial et non subversif. Pourtant ils portent tous en eux des névroses et autres traumatismes qui ne demandaient qu’à être exploités. La haine des hommes et la fascination pour la jeunesse de la mauvaise Reine, les penchants incestueux de son frère,  les tendances autodestructrices du chasseur, la confusion sexuelle de Blanche-Neige (elle n’a plus vu de garçon depuis son enfance quand elle sort de geôle…) et le prince… oui, le prince on s’en fout. Sans parler de ces 8 nains (oui) qui vivent en autarcie dans la forêt. On regrette d’ailleurs de ne pas les voir plus, car ce casting de trognes est impressionnant. D’une manière général, à part une Charlize Theron un chouilla hystérique, mais totalement bombesque, les acteurs sont tous très convaincants. Voir briller Kristen Stewart n’est plus une surprise, elle assoit son statut d’actrice intense et solide (remember Runaways et The Rileys) et Chris Hemsworth (le Thor) n’a plus besoin de se mettre torse nu pour être crédible (dommage diront certaines – et ains)

Cette nouvelle Blanche Neige semble au final manquer un peu de l’audace dont elle se revendique, rechignant à assumer son côté dark et crasse. Le résultat est donc un peu longuet et assez fade, même si on ne peut pas lui enlever ses grandes vertus divertissantes.
Ceci dit, pas impossible que cet opus pose les bases d’une licence qui pourrait bien s’épaissir et s’encanailler une fois débarrassée des contraintes du conte originel. On ne demande qu’à y croire.