BULLHEAD – 15/20

BullheadRéalisé par Michael R. Roskam
Avec Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy

Synopsis : Jacky est issu d’une importante famille d’agriculteurs et d’engraisseurs du sud du Limbourg. A 33 ans, il apparaît comme un être renfermé et imprévisible, parfois violent… Grâce à sa collaboration avec un vétérinaire corrompu, Jacky s’est forgé une belle place dans le milieu de la mafia des hormones. Alors qu’il est en passe de conclure un marché exclusif avec le plus puissant des trafiquants d’hormones de Flandre occidentale, un agent fédéral est assassiné. C’est le branle-bas de combat parmi les policiers. Les choses se compliquent pour Jacky et tandis que l’étau se resserre autour de lui, tout son passé, et ses lourds secrets, ressurgissent…

Avis : Ça vous dit un polar rural en flamand sur un trafic d’hormones en milieu bovin ? Dit comme ça, pas des masses, hein…  Sauf que céder à la curiosité pourrait bien vous procurer une de ses bonnes claques cinématographiques qui n’arrivent pas si souvent sur nos écrans.
Car ce Bullhead est d’une rare intensité, jouant à la fois la carte du film mafieux et celle du drame intime, pan tragique que l’on devine en découvrant Jacky. Le récit, tendu, électrique, parfois étouffant, nous tient en haleine jusqu’au plan final, plus accrochés par le parcours de ce personnage sombre et renfermé qui bouffe littéralement l’écran, que par la trame policière un peu confuse.
La réalisation est d’une étonnante maitrise, passant avec une grande facilité de fulgurances poétiques à un réalisme brutal. Elle traduit surtout une fascination pour cet immense corps déformé et massif, la caméra tournant constamment autour de lui, le suivant au plus près dans ses déplacements, captant chaque mouvement de muscle, chaque expression, chaque frustration. On ressent très vite, sans pour autant le comprendre, le malaise qui habite Jacky et qui se lit dans la monstruosité de son apparence. Matthias Schoenaerts prête littéralement son corps au personnage, impressionnant mélange de fragilité et de puissance frustre, que l’on sent en permanence à la limite de l’explosion.
Une découverte assez bluffante.