Cinéma | THE BIKERIDERS – 13/20

De Jeff Nichols
Avec Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy

Chronique : Sept ans après le très délicat Loving, Jeff Nichols revient avec un projet singulier, l’adaptation sur grand écran d’un livre de photographies signé Danny Lyon sur les Vandals, un groupe de motards, dans l’Amérique des sixties.
Le réalisateur convoque tout l’imaginaire lié aux bikers, un univers aussi ciné que photo-gènique
Il filme avec gourmandise les grandes étendues de l’Amérique rurale zébrées d’asphalte que fendent des bécanes vrombissantes. C’est un cadre parfait pour la mise en scène expressionniste de Nichols qui capture quelque chose de cette Amérique à la croisée des chemins. Mais c’est pour mieux revenir à l’humain, la sève de son cinéma, qui a toujours porté un regard inquiet sur son pays. En racontant l’histoire des Vandals à travers les entretiens de Danny Lyon avec Kathy, la femme d’un des membres du groupe, le réalisateur fait poindre une sorte de désenchantement, en écho au traumatisme que subit le pays avec la guerre du Vietnam.
Elles traduisent aussi le sentiment de dépossession qui gagne les membres historiques du clan au fur et à mesure qu’il grossit et qu’ils en perdent le contrôle. Les Vandals se transforme en un gang violent aux codes mafieux. L’aura mythologique qui entoure les bikers cède peu à peu la place à une réalité plus sombre et terre à terre. Cette mue est vécue, subie et digérée par des personnages inspirés par les clichés de Lyon, que Nichols tente de développer dans un scénario malgré tout un peu léger. Mais il permet à ses comédiens de se livrer à des interprétations ultra-charismatiques, que ce soit Tom Hardy plus cabossé et touchant que jamais, ou Austin Butler et Jodie Comer, étoiles montantes d’Hollywood qui ont largement dépassé le stade de la promesse et en imposent d’emblée.
Sans être follement trépidant, Bikeriders saisit un moment, un tournant de l’histoire américaine que Jeff Nichols raconte à travers le destin d’une communauté emblématique. Une nouvelle preuve de l’imaginaire toujours aussi fécond de cet auteur précieux.

Synopsis : Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny, évolue peu à peu… Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.

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