A VOIX HAUTE – 14,5/20

A voix haute - La force de la parole : AfficheDe Stéphane De Freitas, Ladj Ly

Chronique : A Voix Haute est un documentaire réjouissant. Une vision stimulante de la jeunesse française, filmée certes avec bienveillance et même un peu d’angélisme parfois, mais délivrant surtout une grosse dose d’optimisme et de foi en notre pays (pas totalement inutile en cet entre-deux tours).
Il y a quelque chose d’assurément galvanisant à voir ces gamins s’approprier la langue française, en faire une arme et prendre conscience de la force et de la richesse qu’ils peuvent en tirer. Les réalisateurs renvoient l’image très positive d’une jeunesse diverse, multiple, douée et entreprenante.
Le film aurait sans doute gagné à miser un poil plus sur les nuances et les antagonismes, mais en privilégiant un positivisme absolu, les réalisateurs joue clairement la carte du feel good movie, sans s’en cacher.
Sur la forme, A voix haute n’a rien à envier aux « films de concours » hollywoodiens. Le rythme est vif, enlevé, et le film traversé d’une énergie folle qu’il capte au plus près des visages de ses protagonistes. Que ce soit les élèves, forts d’une histoire qui leur est propre, ou les professeurs, indéniablement investis et attachés à la réussite de leurs étudiants, A voix haute s’appuie sur des personnages attachants et bien croqués.
La course vers la finale du concours d’éloquence est remarquablement scénarisée, convoquant du suspense, mais aussi pas mal d’humour, de l’émotion et parfois même un peu de grâce, si bien qu’on ne peut que se prendre au jeu. Un jeu dont tout le monde semble sortir gagnant.
C’est la force de A Voix Haute. Aussi un peu sa limite.
Mais ce film, à ce moment précis, reste un shot d’optimisme emballant.

Synopsis : Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours « Eloquentia », qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes. Munis de ces armes, Leïla, Elhadj, Eddy et les autres, s’affrontent et tentent de remporter ce concours pour devenir « le meilleur orateur du 93 ».

LIFE – 13,5/20

Life - Origine Inconnue : AfficheDe Daniel Espinosa
Avec Jake Gyllenhaal, Ryan Reynolds, Rebecca Ferguson

Chronique : Au-delà d’être un efficace et terrifiant survival spatial dans la lignée de la saga Alien, son modèle assumé, Life a été voulu par son réalisateur comme une expérience reposant sur une certaine crédibilité scientifique. C’est pourquoi il s’éloigne de la SF pure et futuriste pour ancrer son film dans un présent quasi-identique au notre. Espinosa parvient surtout à très rapidement mettre en avant l’esprit de corps et de sincère camaraderie qui domine entre les différents membres de l’équipage. Cette complicité est un l’atout principal de Life pour amorcer son virage vers l’horreur. Il est bien plus dur de voir disparaître des personnages qu’on apprécie…
Car si enchaînement des événements est prévisible, il n’en demeure pas moins redoutablement effrayant. Et fait assez rare dans ce genre de production, il repose sur une interprétation juste et convaincante, emmenée par un Jake Gyllenhaal concerné. La tension va alors monter crescendo au fur et à mesure que la bêbête, d’abord affectueusement appelée Calvin, va grandir et se développer. S’ensuit quelques passages flirtant avec le gore, des situations crispantes et une créature de plus en plus flippante. Pour distiller et intensifier la peur et l’angoisse qui vont progressivement s’emparer du vaisseau, le réalisateur suédois joue admirablement de la pesanteur dans sa mise en scène, offrant quelques scènes inédites de massacre sans gravitation.
Si Life semble se contenter de remplir son contrat (bien foutre les chocottes), il le fait avec aplomb et convainc particulièrement dans sa manière de confronter un groupe d’individus complémentaires à une menace hors du commun. Son final surprenant lui confère en outre une certaine singularité qui lui permet de continuer exister une fois son générique de fin déroulé.

Synopsis : À bord de la Station Spatiale Internationale, les six membres d’équipage font l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité : la toute première preuve d’une vie extraterrestre sur Mars. Alors qu’ils approfondissent leurs recherches, leurs expériences vont avoir des conséquences inattendues, et la forme de vie révélée va s’avérer bien plus intelligente que ce qu’ils pensaient…

LION – 14/20

Lion : AfficheDe Garth Davis
Avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman

Chronique : Présenté à la fois comme le nouveau Slumdog Millionaire par son distributeur et comme un tire-larme indigeste par ses détracteurs, Lion n’est au final ni l’un ni l’autre. S’il a en commun avec le film de Danny Boyle son acteur principal et le fait qu’il se déroule en Inde (et encore, qu’en partie), les comparaisons s’arrêtent-là. Sur la suspicion d’objet bassement lacrymal, impossible de nier que Lion est ostensiblement émouvant. On s’en veut d’ailleurs un peu de se faire avoir et de réprimer ses premières larmes, et puis en fait non, on assume car le film lui-même joue carte sur table et ne s’excuse pas de raconter une histoire vraie bigger than life pour laquelle les ressorts dramatiques sont amenés naturellement.
Car Garth Davis traite ce fait divers absolument incroyable avec justesse et finalement assez peu de sensationnalisme. Il divise son récit en deux parties distinctes. La première se déroule en Inde et est portée par le charisme solaire et sidérant d’un petit bonhomme de 5 ans qui bouffe l’écran par son aisance et son sourire. Le périple de ce gamin livré à lui-même aux allures de digression dickensienne est en ce sens réussi, car il pose les bases du deuxième acte Australien en créant un lien fort avec le garçon. Cette seconde partie est certes plus conventionnelle et fait jouer parfois un peu trop bruyamment les violons, mais en plaçant en son cœur les liens familiaux, elle touche une corde sensible et néanmoins universelle. L’histoire de Saroo, son errance, son arrivée dans sa famille d’adoption, le rejet de ses origines puis le besoin viscéral de les retrouver résonnent forcément d’une façon ou d’une autre chez le spectateur. D’autant plus que cette quête et ses conséquences sur son entourage sont incarnées par des acteurs brillants et investis. Dev Patel est surprenant et traduit parfaitement le mal-être de Saroo, et si on regrettera que le personnage de la petite amie interprétée par Ronney Mara soit un peu en retrait, on accueille avec une joie non feinte le retour en grâce de la Reine Nicole. En acceptant enfin son âge, elle redevient cette actrice magistrale capable d’exceller dans tous les registres (si vous ne l’avez pas encore fait, découvrez la mini-série Big Little Lies, grosse claque, où sur sept épisodes Kidman construit un personnage complexe et inoubliable). Elle participe grandement aux décharges émotionnelles qu’assène le film de Garth Davis.
Un mélo, certes, mais auquel on peut succomber sans honte.

Synopsis : Une incroyable histoire vraie : à 5 ans, Saroo se retrouve seul dans un train traversant l’Inde qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta. Après des mois d’errance, il est recueilli dans un orphelinat et adopté par un couple d’Australiens.
25 ans plus tard, Saroo est devenu un véritable Australien, mais il pense toujours à sa famille en Inde.
Armé de quelques rares souvenirs et d’une inébranlable détermination, il commence à parcourir des photos satellites sur Google Earth, dans l’espoir de reconnaître son village.
Mais peut-on imaginer retrouver une simple famille dans un pays d’un milliard d’habitants ?

TELLE MÈRE, TELLE FILLE – 6/20

Telle mère, telle fille : AfficheDe Noémie Saglio
Avec Juliette Binoche, Camille Cottin, Lambert Wilson

Chronique : En dépit d’une idée de départ plutôt séduisante qui repose sur un prometteur et inédit duo d’actrices, Telle mère telle fille a à peu près tout faux.
Poussif, laborieux, le film ne parvient jamais à trouver le ton juste, plomber par une direction d’acteurs aléatoire, des dialogues téléphonés et un rythme erratique.
Le problème réside clairement dans une réalisation qui ne prend jamais la mesure de son sujet et ne semble pas être capable d’embrasser les codes de la comédie.
Malgré toute la bonne volonté du monde, les comédiens jouent à côté et en font des tonnes pour tenter d’insuffler un peu de vie au récit, mais sombrent du coup dans le surjeu. Seule Camille Cottin parvient (presque) à tenir son personnage.
Résultat, ce n’est ni vraiment drôle, à part quelques sketchs, ni émouvant tant la relation mère/fille au cœur du film ne prend pas.
Un ratage.

Synopsis : Inséparables, Avril et sa mère Mado ne peuvent pourtant pas être plus différentes. Avril, 30 ans, est mariée, salariée et organisée à l’inverse de sa mère, éternelle ado insouciante et délurée qui vit aux crochets de sa fille depuis son divorce. Mais quand les deux femmes se retrouvent enceintes en même temps et sous le même toit, le clash est inévitable. Parce que si Mado, en pleine crise de jeunisme, n’est pas prête à être grand-mère, Avril, quant à elle, a bien du mal à imaginer sa mère… mère !