LE DAIM – 12/20

Le Daim : AfficheDe Quentin Dupieux
Avec Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy

Chronique : Le Daim est complètement barré. C’est un film de Quentin Dupieux, c’est pour ça.
Décalée à souhait, absolument déroutante, cette comédie absurde pâtit cependant de son faux rythme et de l’austérité de sa mise en scène. Son univers visuel est particulièrement peu engageant. Malgré sa durée assez resserrée, Le Daim est moins tenu, moins inventif et moins drôle que Au poste, le dernier film de son réalisateur.
Ceci dit, il est assez fascinant de voir évoluer Jean Dujardin dans ce rôle de serial killer obsédée par son blouson en daim, le voir converser avec son pardessus et lui jurer qu’il en fera l’ultime blouson porté sur terre. Quitte à décimer tout ceux qui ne seraient pas torse poil. De ce postulat impossible et sanglant, Dupieux parvient à faire émerger une rencontre. Ce n’est pas rien.

Synopsis : Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.

SÉDUIS-MOI SI TU PEUX – 12/20

Séduis-moi si tu peux ! : AfficheDe Jonathan Levine
Avec Charlize Theron, Seth Rogen, O’Shea Jackson Jr

Chronique : Séduis-moi si tu peux (titre français commercialement suicidaire, soit dit en passant) est une amusante comédie romantico-politique à l’humour assez potache et régulièrement en dessous de la ceinture, mais qui se révèle suffisamment pertinente sur les sujets qu’elle aborde pour dépasser sa légèreté assumée.
Piques bien senties aux gouvernants actuels, stature féministe revendiquée, petits airs de bluettes sentimentales, Séduis-moi navigue entre les genres, trop longuement certes (plus de 2h pour une comédie, come on !), mais avec du cœur et un couple star aussi improbable que charmant. Seth Rogen est aussi drôle que ce qu’on peut attendre de lui et Charlize Theron est aussi plastiquement splendide que parfaite d’auto-dérision
Le rythme repose beaucoup sur leur évidente alchimie, mais la comédie peut aussi compter sur des seconds rôles piquants, majoritairement tenus par des figures de séries TV (Saul Goodman de Breaking Bad, Briana de Grace and Franckie, Phoebe…)
Une comédie relativement inoffensive, mais enlevée, sensée et pleine de bons sentiments. Un très honnête feel good movie.

Synopsis : Fred, un journaliste au chômage, a été embauché pour écrire les discours de campagne de Charlotte Field, en course pour devenir la prochaine présidente des Etats-Unis et qui n’est autre… que son ancienne baby-sitter ! Avec son allure débraillée, son humour et son franc-parler, Fred fait tâche dans l’entourage ultra codifié de Charlotte. Tout les sépare et pourtant leur complicité est évidente. Mais une femme promise à un si grand avenir peut-elle se laisser séduire par un homme maladroit et touchant ?

PARASITE – 16/20

Parasite : AfficheDe Bong Joon Ho
Avec Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong

Chronique : Il l’avait déjà brillamment montré avec The Host, et à un degré (bien) moindre avec Okja, mais Bong Joon Ho confirme qu’il est un virtuose du mélange des genres. Il parvient à balader ses spectateurs avec une déconcertante facilité entre rires, larmes et effroi. Parasite est autant une comédie qu’un drame familial, un thriller aux allures de Home Invasion autant qu’une pertinente satire sociale.
A travers cette fable moderne que n’aurait pas renié Claude Chabrol, le réalisateur coréen expose en effet avec férocité l’affrontement de classe qui sévit dans son pays.
D’abord sur un ton badin et ludique, puis de manière plus pernicieuse, il décrit comment une famille des quartiers populaire va parvenir à s’immiscer dans le quotidien d’une famille bourgeoise. Les rapports d’abord courtois vont progressivement se tendre et créer une atmosphère de plus en plus anxiogène qui culminera dans un final angoissant et violent.
La mise en scène de Bong Joon Ho est au cordeau, faisant se percuter l’élégance de plans larges traduisant l’opulence de la demeure des Park et le burlesque que provoque l’urgence de la condition de la famille de Ki-Taek. A la fois drôle et saisissante, elle est faite de fulgurances et offre des scènes mémorables (une nuit d’orage, une inondation, un goûter d’anniversaire…), trop nombreuses pour toutes les citer. Le réalisateur coréen orchestre ce jeu de dupe comme un ballet qui commencerait par quelques pas de danse feutrés et s’achèverait dans une chorégraphie opératique et macabre.
C’est si bien construit qu’on passe sur les heureuses coïncidences et les facilités scénaristiques (l’«intrusion» est étrangement simple) pour profiter pleinement de son rythme parfait.
La diversité de ton de Parasite est sa richesse, son style protéiforme qui pourrait être déroutant est au contraire le gage de sa fluidité narrative et l’expression d’une indéniable intelligence. Un tour de force. La Palme 2019. Evidemment.

Synopsis : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…

ROCKETMAN – 14,5/20

Rocketman : AfficheDe Dexter Fletcher
Avec Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden

Chronique : Rocketman est tout ce que Bohemian Rhapsody n’était pas. Une réjouissante fantaisie musicale, chargée de cœur, remplie d’énergie et surtout forte d’un parti pris artistique. Fletcher parvient à s’extirper du réel pour en extraire une vision fantasmée d’Elton John, tout en rendant hommage à l’artiste et à son œuvre. Il n’a pas la prétention de vouloir tout raconter en deux heures, Rocketman est un accéléré fictionnel, une exaltante comédie musicale « à la broadway » dans laquelle ses interprètes chantent et dansent. Les réorchestrations sont pleinement au service d’une mise en scène aux chorégraphies créatives et emballantes, riche en clins d’œil aux tenues et albums les plus iconiques de la star.
Un peu à la manière d’un conte, Fletcher s’appuie sur les évènements et les aspects les plus marquants de la vie d’Elton pour mieux les amplifier, les torde, les glamouriser, et servir un récit over the top à l’image du chanteur. Le sentiment d’abandon vis-à-vis de son père, les brimades répétées d’une mère peu aimante, l’angoisse de la solitude qui le conduit à tous les excès, la peur de ne pas être aimé pour ce qu’il est et surtout son indéfectible lien avec son parolier et ami Bernie Taupin, autant d’éléments sur lesquels le réalisateur se base pour raconter son Elton John. Et son répertoire, évidemment, incroyablement populaire et stimulant.
Rocketman assume son côté feel good, il est gentiment émouvant, jamais plombant et quasiment toujours entraînant. Il doit aussi beaucoup au charisme insolent de Taron Egerton, totalement investi, parfaite incarnation fictionnelle d’Elton, aussi convaincant dans sa manière d’endosser ses tenues extravagantes que d’interpréter ses chansons.
C’est finalement ce qu’on attend d’un biopic sur une pop star de cette ampleur, qu’il traduise à l’écran son extravagance, qu’il touche à l’essence de son œuvre, sans chercher à la copier. En cela, Rocketman tape dans le mille.

Synopsis : Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale.
Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John.
Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.