Réalisé par J.J. Abrams
Avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac
Avis : J.J. Abrams et Kathleen Kennedy ont donc réussi leur pari. Leur Star Wars témoigne à la fois d’un respect des fans et de la trilogie originelle proche de la déférence tout en donnant une nouvelle orientation à la mythologie. On savait le réalisateur capable d’insuffler de la modernité et une vision résolument pop à des univers en sommeil (le premier Star Trek), mais on pouvait redouter son incapacité à supporter le poids des références (Super 8 – hommage dépassé et sans intérêt au cinéma de Spielberg). Le Réveil de la force se situe un peu entre les deux, mais emporte finalement l’adhésion grâce au talent d’Abrams pour faire co-exister et interagir des personnages forts (Alias, Lost).
S’il n’est pas particulièrement connu pour sa virtuosité dans les scènes d’action, il fait plus qu’honorablement le job (en particulier la résurrection du Faucon Millenium), en y intégrant une bonne dose d’humain et un peu de légèreté.
Mais la principale, primordiale, vitale qualité de cet Episode VII est d’avoir respecté à la lettre la note d’intention de Kennedy au rachat de Lucas Films: Le Réveil de la force s’inscrirait dans la droite lignée graphique et esthétique des films originaux ou ne serait pas. Oublié les CGI et effets numériques à outrance du prequel (à l’exception de grosses bébêtes dans un couloir, on oublie vite), retour aux effets mécaniques, à la crasse, à la rouille, à la ferraille usée par le sable, aux montagnes et aux forêts. L’esprit est bien là, le score mythique et iconique de John Williams reprend toute sa force et dégage une charge émotionnelle renouvelée. Le cadre est posé pour de grands morceaux de bravoure, des élans romanesques et de nouveaux traumas familiaux.
Certes, le scénario est principalement construit autour de coïncidences heureuses (Rey croise quand même souvent les bonnes personnes au bon moment), certes il utilise des raccourcis bien utiles (la force se contrôle bien vite chez la jeune fille), certes le script est un calque plus ou moins grossier des évènements d’Un Nouvel Espoir, mais la manière dont il fait cohabiter références au passé et promesses à venir est suffisamment astucieuse pour susciter à la fois émotion et nostalgie et donner une impulsion régénératrice au mythe. Surtout, il a l’intelligence de ne pas tourner autour du pot et de rapidement lever le voile sur les origines du bad guy, héritier direct des évènements de la première trilogie. Kylo Ren est une vraie réussite. S’il veut marcher sur les traces de Vador, il est aussi caractériel et instable que son modèle était dans la maitrise. On devine un charisme évident et un destin shakespearien au personnage interprété par l’intense Adam Driver qu’on a hâte de retrouver dans l’épisode VIII. D’une manière générale, les nouveaux personnages sont tous très convaincants et donnent remarquablement le change aux vieilles gloires de la saga, Harrison Ford en tête. Ce dernier enfile le costume de Han Solo comme s’il ne l’avait jamais quitté et s’avère être le véritable point central du Réveil de la Force. Son passage de témoin à la nouvelle génération apparait parfaitement naturel et particulièrement poignant. On retrouve aussi un humour, une fraicheur réjouissante dans ce nouvel opus. Figures de prou d’un casting irréprochable, Daisy Ridley (Rey), John Boyega (Finn) et le grand Oscar Isaac (Poe, qu’on espère moins sous-employé dans les prochains épisodes), en sont de parfaites illustrations.
C’est donc bien dans la caractérisation des personnages qu’il faut chercher l’élément différenciant et le nouvel élan qu’apportent J.J. Abrams à Star Wars et on se doute que c’est de leur évolution et de l’empreinte qu’ils laisseront sur le mythe que dépendra la légitimité de cette nouvelle trilogie. Le premier pas est très convaincant. En attendant la suite…. May the force be with Rian Johnson, en charge de l’épisode VIII.
Synopsis : Dans une galaxie lointaine, très lointaine, un nouvel épisode de la saga « Star Wars », 30 ans après les événements du « Retour du Jedi ».