Séries | TOP 20 – 2022

Une année de séries, d’épisodes et de saisons, et un TOP 20 imparfait et subjectif :
(Cliquez pour aller à la critique)

1 – BETTER CALL SAUL S06 (Netflix) – 18/20
2 – THE WHITE LOTUS S02 (OCS) – 17/20
3 – FOR ALL MANKIND S03 (AppleTV+) – 17/20
4 – THIS IS US – SEASON FINAL (Canal+) – 17/20
5 – HOUSE OF THE DRAGON S01 (OCS) – 16/20
6 – DOPESICK (Minisérie Disney+) – 16/20
7 – SUR ORDRE DE DIEU (Mini-série Disney+) – 16/20
8 – HEARTSTOPPER S01 (Netflix) – 16/20
9 – OVNI(S) S02 (Canal+) – 16/20
10 – L’OPÉRA S02 (OCS) – 16/20
11 – THE BOYS S03 (Prime Vidéo) – 16/20
12 – PACHINKO S01 (AppleTV+) – 15/20
13 – LE FLAMBEAU – Minisérie (Canal+) – 15/20
14 – THE GILDED AGE S01 (OCS) – 15/20
15 – DRÔLE S01 (Nerflix) 15/20
16 – BLACK BIRD (AppleTV+) – 15/20
17 – THE BEAR (Disney+) S01 – 15/20
18 – THE HANDMAID’S TALE S05 (OCS) – 15/20
19 – THE CROWN S05 (Netflix) – 15/20
20 – EN THERAPIE S02 (ARTE) – 15/20

Cinéma | LES BANSHEES D’INISHERIN – 13/20

De Martin McDonagh
Avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon

Chronique : Fable tragico-comique à la fois austère et fantasque, Les Banshees est une drôle d’histoire d’amitié fanée qui prend comme décor les splendides plateaux rugueux des îles irlandaises au large de Galway. On assiste avec un mélange d’amusement et de compassion au désœuvrement de Padraic, un pauvre gars dont le meilleur ami Colm vient de lui annoncer que leur amitié était terminée et qu’il ne voulait plus lui parler. Sans donner plus de raison que cela, mais en menaçant de se couper un doigt à chaque fois que Padraic viendrait le déranger.
Ce postulat absurde se développe sur deux heures pendant lesquels on navigue entre drôlerie, mélancolie et malaise.
Il permet une remarquable étude de personnages, dissèque les ressorts de l’amitié dans un constat glaçant, énonce sans filtre ce qu’elle apporte ou enlève à chacun.
Le cadre de la communauté isolée d’Insherin, ne fait que le renforcer, il exhume les solitudes. Quand on a un ami, on s’y accroche, parce qu’il n’y en a pas beaucoup d’autres à se faire…
Colin Farell livre une performance étonnante en Padraic, épatante de candeur et de fragilité. Avec son accent irish à couper au couteau, il parvient à faire passer une foule d’émotions et accompagne avec une finesse d’interprétation insoupçonnée l’évolution de son personnage. Comme le vieux vin, il s’améliore avec l’âge, et tient facilement la comparaison avec Brendan Gleeson (toujours excellent) qui lui donne la réplique dans un rôle plus en phase avec son image.
Mais c’est peut-être Barry Keoghan qui bouleverse le plus en idiot du village aussi inquiétant que touchant.
On sort cependant du film avec un petit arrière-gout de mal-être. Malgré la causticité des dialogues qui arrache de nombreux sourire, on a aussi l’impression d’avoir assister à une certaine vison de la misère humaine.

Synopsis : Sur Inisherin – une île isolée au large de la côte ouest de l’Irlande – deux compères de toujours, Padraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Padraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.

Cinéma | AVATAR : LA VOIE DE L’EAU – 14/20

De James Cameron
Par Amanda Silver, James Cameron

Chronique : La suite du plus grand succès de tous les temps ne pouvait pas débarquer sur les écrans sans un peu d’appréhension. Son ambition monstrueuse était un risque en soit pour James Cameron. Le public aura-t-il envie, 13 ans plus tard, de retourner sur Pandora ?
Alors le réalisateur star la joue prudente. Son scénario est un quasi décalque du premier film, assez prévisible, mais il pose cependant les bases d’un récit qui devrait s’étoffer dans ses suites. Le message écologique est toujours central, mais La Voie de l’eau y ajoute la notion de clan et de famille composite et métissée. C’est de là que jaillit (tardivement) l’émotion, mais il est probable que la suite de la saga s’appuiera sur ce qui s’est construit ici pour approfondir les liens entre les tribus Navi et les relations au cœur même de la famille de Jack et Neytiri. En attendant, La Voie de l’eau reste dans les clous, se contente de dialogues passe-partout un peu naïfs et d’un méchant caricatural mais identifiable.
Alors à défaut d’être bluffé par l’histoire, on savoure la prouesse technologique et on en prend plein les yeux. Après une dizaine de minutes pour se réhabituer à la 3D, on est en immersion totale dans le monde de Pandora. On retrouve d’abord les montagnes où on avait quitté les héros, avant d’accompagner les Sully dans une fuite qui les conduira au village des Metkayina, au bord de l’océan. Et là les images sont terrassantes de beauté. Cameron nous embarque encore ailleurs, suggérant la richesse inépuisable du monde de Pandora. Il développe et enrichit encore la biodiversité de cette planète imaginaire qui devient presque familière. Les paysages sont au-delà du somptueux, la faune et la flore d’une variété insensée, les textures (peau, cheveux, sang, écailles, eau) d’un photoréalisme hallucinant. Certes les lunettes 3D assombrissent légèrement l’image, mais La Voie de l’eau ayant été filmé en 48 images par secondes, les scènes d’action sont d’une précision inédite et d’une ampleur jamais vue. La fluidité des scènes sous-marine est par exemple étourdissante. L’expérience visuelle est passionnante et comble la légère frustration d’un récit un peu simpliste, si bien que les 3h10 du film passent assez vite.
Avatar : La Voie de l’Eau impressionne franchement et ne déçoit pas. Mais l’exigence était si élevée qu’on ne peut qu’en attendre plus pour les prochains !

Synopsis : Se déroulant plus d’une décennie après les événements relatés dans le premier film, AVATAR : LA VOIE DE L’EAU raconte l’histoire des membres de la famille Sully (Jake, Neytiri et leurs enfants), les épreuves auxquelles ils sont confrontés, les chemins qu’ils doivent emprunter pour se protéger les uns les autres, les batailles qu’ils doivent mener pour rester en vie et les tragédies qu’ils endurent.

Cinéma | LE PARFUM VERT – 10/20

De Nicolas Pariser
Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste

Chronique : Comédie policière vintage et polie, un poil désuète, Le Parfum Vert se pose à rebours de la comédie française actuelle, plus provocatrice. Son scénario semble tiré d’une vielle BD de Hergé (il fait d’ailleurs quelques clins d’yeux à Tintin). Il suit le périple européen de l’improbable attelage composé d’un jeune comédien et d’une auteure de BD au succès relatif et mélange mafia russe, Comédie Française et conflit géopolitique.
Entre comédie absurde et polar d’espionnage qui n’hésite pas à accumuler les cadavres tout au long de l’enquête, le Parfum Vert ne parvient pas vraiment à trouver le ton juste, plombé par un cruel manque de rythme. La mise en scène semble aussi un peu subie, peut-être par manque de temps, peinant à imposer un style et surtout un tempo. Ça ne prend jamais vraiment malgré les efforts du duo Vincent Lacoste / Sandrine Kiberlain, lui parfait en comédien lunaire dépassé par ce qui lui tombe dessus, elle géniale en apprentie enquêtrice fantasque. Soutenu par des dialogues qui font souvent mouche, le couple est le point fort d’un film qui ne parvient cependant jamais à dépasser un style « à l’ancienne » assumé mais clairement daté et peu stimulant.

Synopsis : En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, membre de la troupe témoin direct de cet assassinat, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, il cherchera à élucider ce mystère au cours d’un voyage très mouvementé en Europe.

Séries | THE WHITE LOTUS S02 – 17/20 | MERCREDI S01 – 10/20 | 1899 S01 – 11/20

THE WHITE LOTUS S02 (OCS) – 17/20

La série conserve intacte l’énergie bizarre et addictive qui avait porté la saison 1. Des personnages identifiables immédiatement qui accrochent tout de suite notre attention, des décors idylliques en bord de mer et une mort mystérieuse en flash-forward dès le premier épisode, on est en terrain connu.
On se pose et on savoure cet observatoire de la nature humaine, miroir grossissant des petites mesquineries et des gros défauts de chacun. Ce qui est admirable avec White Lotus, et peut-être plus encore cette saison, c’est que notre intérêt porte plus sur l’évolution de personnages toujours à la limite que sur savoir à qui appartient réellement ce corps qu’on voit flotter au début. Et elle parvient à créer un suspense électrisant avec trois fois rien, juste une écriture au cordeau. On a qu’une envie en terminant la saison, que Jenifer Coolidge fasse le tour de tous les White Lotus de la planète. On prendra la chambre d’à côté.


MERCREDI S01 (NETFLIX) – 10/20

Netflix dilue l’humour noir de la Famille Adams dans ses algorithmes de séries pour ado et livre un show inconséquent qui n’a plus grand-chose à voir avec la série originale. Mercredi pompe la plupart des codes d’Harry Potter, dotant la jeune fille de super-pouvoirs (vraiment, la famille Addams?) et la faisant évoluer dans un Poudlard du pauvre dont on ne comprend pas vraiment le fonctionnement. Le scénario est bourré d’incohérences et de facilités, mais Jenna Ortega colle au moins parfaitement au personnage. C’est accrocheur, certes, mais parfaitement oubliable.
D’autant plus que la mise en scène est fadasse au possible, quel dommage au regard de l’univers gothique dont Tim Burton disposait. Le réalisateur a définitivement abandonné toute ambition créative et se contente d’apposer son nom à des projets stéréotypés et d’encaisser le chèque. Triste.

1899 S01 (NETFLIX) – 11/20

En tant que grand fan de Dark, la meilleure série Netflix à mes yeux, je découvrais avec un mélange de fébrilité et d’excitation le nouveau bébé de ses créateurs.
Le pitch est prometteur : un navire vient en aide à un autre bateau porté disparu, avec à son bord des passagers de toutes nationalités qui semblent être là pour une bonne raison.
Les scénaristes se donnent un mal fou pour distiller du mystère, ils tirent de nombreux fils, dévoilent très partiellement les secrets des passagers dans des flash-backs (ou sont-ce des souvenirs, des rêves ?). Mais la construction paraît bien plus artificielle que pour Dark (mais tout aussi complexe !) et l’intrigue se déroule sur un faux rythme qui fait que cela ne prend pas tout à fait.
Si la révélation finale est satisfaisante, le chemin pour y arriver était laborieux, d’autant plus que le jeu des acteurs est très aléatoire. L’attente était sans doute trop élevée pour ne pas être déçu.

Cinéma | LES BONNES ÉTOILES – 14,5/20

De Hirokazu Kore-eda
Avec Song Kang-Ho, Dong-won Gang, Doona Bae

Chronique : Kore-eda est un orfèvre lorsqu’il s’agit de mettre en scène des drames complexes et lumineux. Au cœur de sa filmographie, il explore la notion de « famille » sous toutes ses formes. Il a quelques chefs-d’œuvre sur le sujet à son actif : Nobody Knows, Tel père, tel fils, Une affaire de famille. Les Bonnes Etoiles ne fait pas exception. Mais il y filme cette-fois une famille sans lien de sang, une famille qu’on se crée plus que celle dont on hérite (ou qui s’ignore).
Il part pourtant d’un postulat peu moral (l’exploitation mercantile et hors la loi du phénomène des boîtes à bébé en Corée du Sud) mais parvient à faire poindre des sentiments d’une étonnante pureté et d’une écrasante humanité. Le réalisateur japonais filme ce road-movie sur les routes de Corée du Sud comme une fuite en avant qui va révéler des personnages abîmés auquel il est impossible de ne pas s’attacher. D’un sujet lourd, il construit avec humour un film tendre et émouvant sur les liens qu’on tisse. Dommage qu’il double son sujet d’un versant polar moins réussi qui explique sans doute la durée excessive du film et le place un peu en retrait de ses meilleurs films.
Cependant sa mise en scène d’une infinie délicatesse est toujours aussi méticuleuse. Elle laisse les sentiments affleurer progressivement pour donner corps et vérité à cette famille improvisée et singulière. On est tout autant emporté par les gestes d’affection d’abord réprimés et qui finissent par s’affirmer que par la très jolie bande-originale qui accompagne leur périple.
Kore-eda déçoit rarement, Les Bonnes étoiles le prouve une nouvelle fois.

Synopsis : Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé.

Cinéma | SAINT OMER – 11/20

De Alice Diop
Avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville

Chronique : Froid, clinique, Saint-Omer est un film de procès glaçant. Alice Diop nous place en spectateur neutre, on ne verra ni n’entendra l’accusée ailleurs que dans son box.
Les seuls moments où l’on sort du prétoire c’est pour accompagner une jeune romancière qui suit le procès viscéralement et pour qui l’histoire de Laurence, mère infanticide, résonne étrangement avec la sienne. Modèle de cinéma anti-spectaculaire, Saint-Omer questionne sur les raisons qui peuvent pousser une mère à tuer son enfant. Mais sans jamais promettre d’y répondre.
On assiste aux interrogatoires de Laurence (fascinante Guslagie Malanda), dont le langage châtié, l’élocution parfaite et les liaisons désuètes nous tiennent à distance des émotions. C’est une expérience à la fois étrange et malaisante que de l’écouter raconter son histoire avec cette froideur.
On aurait pu s’attendre à ce que le personnage de Rama, la journaliste, apporte en contre-poids un côté chaleureux et humain, mais c’est en fait tout l’inverse. On comprend une incompréhension violente avec sa propre mère dans des flash-back atones, mais il y a trop d’ellipses pour en saisir vraiment le sens et les connecter avec ce qui se passe au tribunal.
D’autant plus que Diop use et abuse de plans muets longs à l’excès. Émergent cependant des moments de grâce, puissants, comme lorsque le vacarme de l’audience s’estompe pour ne conserver que la respiration de Rama et Laurence et capte leurs regards ou que la caméra saisit les yeux humides de la présidente.
Radical mais excluant.

Synopsis : Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l’accusée, l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement.

Cinéma | BLACK PANTHER : WAKANDA FOREVER – 12/20

De Ryan Coogler
Avec Letitia Wright, Angela Bassett, Danai Gurira

Chronique : Après une succession de ratés magistraux, Marvel corrige enfin le tire avec Wakanda Forever, un épisode plus conforme à l’ambition originale du MCU. Ryan Coogler a dû en outre faire face à la tragique disparition de son acteur principal au début de la production, ce qui a considérablement impacté le scénario. Comment raconter une histoire solide de Black Panther sans T’Challah, tout en rendant hommage à Chadwick Boseman qui s’était immédiatement accaparé le personnage ?
Wakanda Forever y parvient en se concentrant sur ses proches (Shuri, la reine Ramona qui font très bien le job) et en introduisant un méchant complexe et charismatique (Namor).
La mise en scène de Coogler est ample et cohérente, et n’est pas parasitée en permanence par des CGI ratés comme les dernières productions Marvel. Même les scènes d’action entre mer et terre sont à la fois épiques et lisibles, souvent impressionnantes, à l’image du très réussi combat final.
Formellement, Wakanda Forever redonne des couleurs et du crédit au MCU (peut-être aussi parce qu’il s’en détache un peu). Malheureusement sur le fond, on reste sur notre faim. Le film n’a pas la portée politique du premier et reste limité au niveau des enjeux. Le thème central est assez logiquement le deuil, on comprend bien pourquoi et c’est parfois poignant, mais le film s’y enferme trop longtemps. Il a même tendance à s’y complaire. Il est par ailleurs beaucoup trop long et bavard. Pas que les scènes dialoguées soient un mal en soin (c’était paradoxalement ce que je préférais dans les premiers Marvel), mais elles sont répétitives. Si bien que Wakanda Forever subit plusieurs baisses de tension, et l’ennui gagne parfois.
Malgré ces scories, la proposition reste forte au sein du MCU à qui il redonne un peu de peps avant d’amorcer une phase 5 qu’on espère plus pensée et consistante.

Synopsis : La Reine Ramonda, Shuri, M’Baku, Okoye et les Dora Milaje luttent pour protéger leur nation des ingérences d’autres puissances mondiales après la mort du roi T’Challa. Alors que le peuple s’efforce d’aller de l’avant, nos héros vont devoir s’unir et compter sur l’aide de la mercenaire Nakia et d’Everett Ross pour faire entrer le royaume du Wakanda dans une nouvelle ère. Mais une terrible menace surgit d’un royaume caché au plus profond des océans : Talokan.

Cinéma | MES RENDEZ-VOUS AVEC LEO – 14/20

Par Katy Brand
Avec Emma Thompson, Daryl McCormack

Chronique : Mes rendez-vous avec Leo est un quasi-huis clos qui explore la question du plaisir (sexuel essentiellement) et de la liberté de choix. On y suit Nancy, sexagénaire fraichement veuve, fidèle toute sa vie à un mari qui ne lui procura jamais le moindre orgasme, alors qu’elle donne rendez-vous à un escort-boy dans une chambre d’hôtel.
Sa structure construite sur une unité de lieu rend le film forcément un peu théâtral mais la mise en scène de Sophie Hyde parvient souvent à contourner l’écueil du théâtre filmé. Elle porte un soin particulier à capturer de manière dynamique le dialogue verbal et corporel entre ses deux personnages. Mais la réussite du film et sa crédibilité reposent grandement sur la performance des acteurs et l’alchimie qui se bâtit entre eux. Il peut. Emma Thompson est exceptionnelle, comme d’habitude, elle incarne magistralement la frustration de Nancy, sa soif tardive de désinhibition, son parlé un peu sec d’enseignante à la retraite et enfin son lâcher-prise… et si le féminisme de l’actrice n’est plus à prouver, elle signe un acte de courage majeur en assumant à l’écran les désirs d’une femme de son âge et en y montrant son corps nu. En face d’elle, une révélation. Daryl McCormack incarne Léo, roc d’assurance doux et décomplexé, en apparence du moins. Aussi sexy que séducteur, c’est autant son physique parfait que sa voix grave et enjôleuse qui captivent instantanément.
Leur association fonctionne, la relation est crédible d’autant plus que leurs discussions sont souvent passionnantes et renvoient a des sujets de société forts et actuels comme l’âgisme, la sexualité des seniors, le fait que le désir des femmes ait longtemps été tu ou diabolisé ou encore le statut des travailleurs du sexe.
Si on peut craindre à un moment que le film ne dérape dans le mièvre (après tout, il est construit comme une rom com), il l’évite de peu, parvenant à rester ce délicat plaidoyer pour le plaisir charnel à tout âge, à la fois audacieux et pudique, Sophie Hyde et son impeccable couple d’acteurs prouve que les deux ne sont pas incompatibles.

Synopsis : Nancy Stokes, enseignante à la retraite, a vécu une vie sage et sans excès. Après la mort de son mari, elle est prise d’un inavouable désir d’aventure. Elle s’offre alors les services d’un jeune escort boy, Leo Grande. Mais cette rencontre improbable pourrait leur apporter bien plus que ce qu’ils recherchaient et bouleverser le cours de leur vie…