MISSION IMPOSSIBLE – ROGUE NATION : 14,5/20

Mission: Impossible - Rogue NationRéalisé par Christopher McQuarrie
Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg

Avis : Il y a maintenant plus de vingt ans, Ethan Hunt et son équipe de Mission Impossible se posaient en alter ego américain de James Bond. L’espion anglais désormais sombre et torturé, la franchise adaptée de la célèbre série porte seule l’héritage d’un cinéma d’action ample et décomplexé à l’ancienne. Mission Impossible a tracé son chemin et créé son propre mythe. Avec cette cinquième aventure, en total cohérence avec celles qui la précédaient, Hunt revient drôlement en forme avec un opus trépidant, impressionnant dès son introduction et dont l’exigence formelle et de divertissement ne baissera jamais. Rogue Mission ne se contente pas de remplir un cahier des charges, il le dépasse assez largement, grâce à un scénario solide et malin assez exaltant. Il est devenu trop rare qu’un blockbuster ne cède pas à des facilités scénaristiques (se terminant généralement par 20 minutes d’explosions sans intérêt) pour ne pas apprécier à sa juste valeur la qualité de l’écriture de ce Mission Impossible, multipliant les faux-semblants et les jeux de dupes sans que jamais ça n’apparaisse artificiel. Rogue Nation est un modèle de film d’espionnage, intelligent et haletant, mais il l’est tout autant dans sa dimension action. Les scènes dantesques s’enchaînent avec une précision d’orfèvre et une mise en scène au cordeau, toujours au service de l’histoire, livrant à la fois d’imposants moments de bravoure dans la pure tradition bondienne comme une poursuite en moto à Casablanca ou une étouffante plongée en apnée, et d’élégants jeux de cache-cache, à l’image de l’incroyable virtuosité d’une infiltration dans les coulisses d’un Opéra à Vienne. Aucune de ces scènes n’est gratuite et chacune permet de lever le voile sur les intentions de l’organisation terroristes traquée par l’équipe de Hunt. La dimension quasi-divine acquise par le héros, sorte de fantôme insaisissable traquant le mal, est symbolisée par l’indéniable mégalomanie de son interprète, mais l’investissement et la sincérité de Tom Cruise force aussi le respect. D’autant plus qu’il parvient régulièrement à reporter l’attention du spectateur sur les autres membres de son équipe, qui disposent d’un important capital sympathie. Surtout, il se fait par moment voler la vedette (consciemment ?) par la nouvelle venue, Rebecca Ferguson, évidente révélation du film.

Cocktail d’action et d’espionnage parfaitement dosé, modèle d’équilibre entre vintage et modernité, Rogue Nation est une incontestable réussite.

Synopsis : L’équipe IMF (Impossible Mission Force) est dissoute et Ethan Hunt se retrouve désormais isolé, alors que le groupe doit affronter un réseau d’agents spéciaux particulièrement entraînés, le Syndicat. Cette organisation sans scrupules est déterminée à mettre en place un nouvel ordre mondial à travers des attaques terroristes de plus en plus violentes. Ethan regroupe alors son équipe et fait alliance avec Ilsa Faust, agent britannique révoquée, dont les liens avec le Syndicat restent mystérieux. Ils vont s’attaquer à la plus impossible des missions : éliminer le Syndicat.

LE PETIT PRINCE – 11/20

Le Petit PrinceRéalisé par Mark Osborne
Avec Clara Poincaré, André Dussollier, Florence Foresti

Avis : L’adaptation de l’inadaptable roman de Saint Exupéry est, reconnaissons-le, une déception. Mais une déception mesurée au regard du défi a priori suicidaire qui consiste à s’attaquer à une œuvre quasi sacrée et à tel point ancrée dans l’imaginaire collectif. L’idée de départ est maline et formidablement intelligente. Plus qu’une reproduction littérale de l’œuvre, forcément dégradée par rapport à la représentation que chacun s’en ait fait à sa lecture, Mark Osborne a préféré en faire une variation et axer son film sur les émotions et les rêves que le Petit Prince provoque chez une petite fille lorsqu’elle le découvre pour la première fois. Il découpe donc son récit en deux mondes au départ bien séparés, le monde réel de la petite fille tourné en CGI classique et celui du Petit Prince et de ses planètes, filmé en un magnifique stop-motion. Esthétiquement et techniquement, le Petit Prince s’approche incontestablement de ses modèles Dreamworks ou Pixar. Malheureusement, le Petit Prince pêche dans le rythme et la construction de son récit, plombé par de nombreuses longueurs et digressions inutiles malgré quelques très jolies scènes. On s’ennuie un peu et on regrette surtout que le film ne traduise pas vraiment l’onirisme de son sujet et tout l’imaginaire que l’œuvre porte en elle. La rencontre de ces deux univers ne fonctionne pas et on reste finalement assez étranger et extérieur à ce qui se passe sur l’écran alors qu’on ne demande qu’à être emporté par cette aventure si particulière.
On ne peut cependant pas reprocher à Osborne d’avoir perverti l’esprit de Saint-Ex. Son film est un très bel hommage, à la fois audacieux et respectueux. Rien que pour ça, son Petit Prince mérite le respect.

Synopsis : C’est l’histoire d’une histoire.
C’est l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes.
C’est l’histoire d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi.
C’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire.

LA RAGE AU VENTRE – 13/20

La Rage au ventreRéalisé par Antoine Fuqua
Avec Jake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Forest Whitaker

Avis : Evacuons d’entrée le principal défaut que l’on peut reprocher au nouveau film de Antoine Fuqua, un scénario exagérément porté vers le pathos et avouons-le difficilement crédible. Le premier évènement qui déclenchera sa descente aux enfers est déjà relativement tiré par les cheveux (elle a quand même pas de bol, sa nana), mais c’est surtout l’accumulation de tuiles qui lui tombent dessus et le rejet quasi-total de son entourage qui peut inciter à la perplexité. D’autant plus que le récit semble écrit de fil blanc, si bien qu’il n’est pas très compliqué de deviner son déroulement (et son dénouement).
Cette critique posée et très étrangement, La rage au ventre fonctionne malgré tout. Sûrement grâce au savoir-faire du réalisateur qui sait indéniablement comment filmer et plonger le spectateur à la fois au cœur du drame et du combat. Plaçant sa caméra au plus près de l’action et de ses personnages, il crée un vrai lien avec ce qu’il montre à l’écran et nous connecte avec les émotions qui le traversent. Son cinéma immersif sied parfaitement au film de boxe, genre cinématographe puissant et matériau idéal pour raconter l’histoire d’une rédemption, aussi convenue soit-elle.
Mais si le film parvient à dépasser l’écueil du mélo sirupeux, c’est en grande (majeure) partie dû à la prestation magistrale et habitée de Jack Gyllenhaal. Son charisme irradiant emporte tout, mêmes nos réserves objectives sur le destin de Billy Hope. Après Donnie Darko, Zodiac, Brokeback Montain, Zodiac, Prisoners ou Night Call (on en passe), il confirme son statut d’acteur exigenat,protéiforme et en soi fascinant.

Synopsis : Champion du monde de boxe, Billy Hope mène une existence fastueuse avec sa superbe femme et sa fille qu’il aime plus que tout. Lorsque sa femme est tuée, son monde s’écroule, jusqu’à perdre sa maison et sa fortune. Pire, la garde de sa fille lui est retirée, la justice estimant son comportement incompatible avec son rôle de père. Au plus bas, il trouve une aide précieuse en la personne de Tick Willis, un ancien boxeur avec lequel il reprend l’entrainement. Billy va devoir se battre pour trouver la voie de la rédemption et regagner ainsi la garde de sa fille.