MEMOIRES DE NOS PERES – 8/10

Synopsis : Au cinquième jour de la sanglante bataille d’Iwo Jima, cinq Marines et un infirmier de la Navy hissent ensemble le drapeau américain au sommet du Mont Suribachi, tout juste repris aux Japonais. L’image de ces hommes unis face à l’adversité devient légendaire en l’espace de quelques jours. Elle captive le peuple américain, las d’une guerre interminable, et lui donne des motifs d’espérer.
Pour mettre à profit cet engouement, les trois "porte-drapeaux" sont livrés à l’admiration des foules. Leur nouvelle mission : servir leur pays en vendant les précieux Bons qui financent l’effort de guerre.
Le laconique John "Doc" Bradley, le timide Amérindien Ira Hayes et le fringant Rene Gagnon se prêtent au jeu avec un dévouement exemplaire. Ils sillonnent sans relâche le pays, serrent des milliers de mains et prononcent des allocutions. Mais, en leur for intérieur, une autre bataille se livre…
 
Avis : Clint Eastwood s’affirme décidement au fil des films comme l’un des (le?) réalisateurs majeurs du cinéma actuel. Après le poignant Mystic River et l’upercut Million Dollar Baby, il livre un nouveau grand film. Un film majeur, parce que Flag of our father se drappe de plusieurs dimensions, historique, politique, personelle. Parce que s’il nous offre des scènes de guerre epoustouflantes, il n’oublie pas de donner une épaisseur aux personnages, que ce soit les personnages principaux mais aussi secondaires, parce qu’on voit à l’écran s’établir un lien fraternel  entre ces marine. Et parce que dans ce film, comme dans les précédents, tout semble évident, humble et filmé avec une intelligente pudeur (l’Eastwood touch quoi…). Tout coule avec une belle cohérence et une impressionnante homogénéité, les plans, les enchaînements, les musiques.
Et alors qu’on ne s’y attend pas, l’émotion point, et les yeux s’humidifient… sans crier gare…
On attend donc avec impatience le pendant japonais du diptyque. Quelle bonne idée un jour eu Clint de se mettre à la réalisation!

LE LABYRINTHE DE PAN – 6/10

 
Synopsis : Espagne, 1944. Fin de la guerre.
Carmen, récemment remariée, s’installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, le très autoritaire Vidal, capitaine de l’armée franquiste.
Alors que la jeune fille se fait difficilement à sa nouvelle vie, elle découvre près de la grande maison familiale un mystérieux labyrinthe. Pan, le gardien des lieux, une étrange créature magique et démoniaque, va lui révéler qu’elle n’est autre que la princesse disparue d’un royaume enchanté.
Afin de découvrir la vérité, Ofélia devra accomplir trois dangereuses épreuves, que rien ne l’a préparé à affronter…
 
Avis : Guillermo Del Toro a vraiment une vision et un univers bien a lui. Il réussit la pari d’imbriquer dans un même film un contexte politique lourd? une chasse aux rebelles dans l’Espagne franquiste, et un conte de fée (vécu? imaginé?) par une petite fille (brillament interprétée). Si les deux histoires sont un peu légères prises séparément, et ne font pas vraiment dans la subtilité (le conte finit même par être un peu enervant), elle sont réhaussée par le talent de Del Toro pour les faire vivre simultanément. Visuellement, je n’ai pas été conquis par la photographie (sombre et froide) , ni par l’univers visuel. Mais c’est personel, et on ne peut nier qu’il existe et est cohérent.
Si l’Echine du Diable reste pour moi largement supérieur, Del Toro revient tout de même à un cinéma plus personnel, après s’être égaré dans le très regrettable Hellboy.

THE QUEEN – 7,5/10

 
Synopsis : Dimanche 31 août 1997. La princesse Diana meurt des suites d’un accident de voiture survenu sous le pont de l’Alma à Paris. Si cette disparition plonge la planète dans la stupeur, elle provoque en Grande-Bretagne un désarroi sans précédent.
Alors qu’une vague d’émotion et de chagrin submerge le pays, Tony Blair, élu à une écrasante majorité au mois de mai précédent, sent instantanément que quelque chose est en train de se passer, comme si le pays tout entier avait perdu une soeur, une mère ou une fille.
Au château de Balmoral en Ecosse, Elizabeth II reste silencieuse, distante, apparemment indifférente.
Désemparée par la réaction des Britanniques, elle ne comprend pas l’onde de choc qui ébranle le pays. Pour Tony Blair, il appartient aux dirigeants de réconforter la nation meurtrie et il lui faut absolument trouver le moyen de rapprocher la reine de ses sujets éplorés.
 
Avis : Stephen Frears réussit à trouver un équilibre brillant entre fiction et réalité, insérant avec finesse des images de Diana, juste pour nous remettre en tête le contexte et l’onde de choc que sa disparition a pu provoquer. On se pose irrémédiablement la question, "c’est vrai, j’étais où ce jour là?"
Le réalisateur donne ensuite une crédibilité étonnante à la semaine suivant l’accident, on croit à fond à la vision qu’il a de la reine, sa rigueur,sa stupeur devant la réaction de son peuple sa volonté de conserver l’étiquette et finalement sa résignation. Evidemment la prestation royale de Helen Miren y est pour beaucoup, quelle présence!
S’il met en exergue son conservatisme, Frears traite la Reine avec beaucoup de respect et de pudeur. Par une simple scène, son arrivée à Buckingham, il rend malgré tout compte de l’attachment viscérale des anglais pour la famille royal et pour la reine, quoiqu’il arrive.
Le film est auss empreint de beaucoup d’humour, very british, avec une scène hilarante, quand le conseiller badaud annonce à la reine, en présence de la Reine Mère que l’enterrement de lady Di se calquera sur celui de Queen Mum, puisqu’il est déjà tout prêt et répété.
Un beau défi relevé avec brio.
 

DANS PARIS – 3/10

 
Synopsis : Dans Paris suit les aventures sentimentales de deux frères et dessine ainsi le portrait d’une famille dont la devise serait "Prends la peine d’ignorer la tristesse des tiens".
 
Avis : Dans Paris est un film d’une prétention très agaçante. Visiblement filmé en 1 jours et monté en encore moins de temps, il laisse les acteurs partir dans tous les sens, mais surtout pas les bons, donnant l’impression d’être complétement livrés à eux-même. On aurait préférés qu’ils soient un peu dirigés. Le fait de montrer ses fesses, ses seins ou son engin ne suffit pas à donner de la crédibilité à un personnage… A part Marchand et Preiss, les acteurs sont aussi faux les uns que les autres, pas très bien servis par des dialogues très pauvres cela dit. Le tout restant tellement artificiel qu’on croit difficilement que ces deux là sont frères.
Petite note amusante (enfin je me comprend), à un moment, la copine de Duris l’appelle "Romain" et non Paul, le nom de son personnage, ce qui prouve que le réalisateur a pris grand soin du montage de son film.
Agaçant, je vous dit.

LE PARFUM – 6,5/10

 
Synopsis : Jean-Baptiste Grenouille naît en 1744. Enfant solitaire, malade, il devient un jeune homme à part grâce à un don unique : son odorat.
Grenouille n’a pas d’autre passion que celle des odeurs, et chaque seconde de sa vie est guidée par ce sens surdéveloppé. Survivant misérablement, il parvient à se faire embaucher comme apprenti chez les maîtres parfumeurs de la capitale. Il découvre alors les techniques
et les secrets de la fabrication des parfums. Son don lui permet de composer quelques chefs-d’oeuvre olfactifs, mais son but ultime devient rapidement la mise au point de la fragrance idéale, celle qui lui permettrait de séduire instantanément tous ceux qui croiseraient son sillage.
Dans sa recherche d’ingrédients, Grenouille est irrésistiblement attiré par le parfum naturel des jeunes filles. Il va aller jusqu’à en tuer beaucoup pour leur voler leur odeur…
 
Avis : Comment adapter l’inadaptable? C’est la question que tout afficionados du livre de Suskind (dont je suis) se pose avant de voir l’adaptation d’un roman dont la principale qualité repose dans la transcription incroyable de réalisme des odeurs. Et bien le réalisateur s’en tire plus que bien. En misant sur des effets efficaces (quoique parfois un peu appuyés), des plans bien choisis, rythmés, en jouant sur les lumières et les couleurs, en misant sur des effets sonores particulièrement travaillés et une musique prenante, Tom Tykwer réussit le pas mince exploit de traduire l’environnement nauséabond du bouquin, livrant un solide thriller. Du moins pendant les 2/3 du films. La dernière partie est en effet un peu too much, car ce que l’écriture de Süskind réussissait à faire échapper au ridicule a du mal à passer à l’image. Je ne saurais trop vous encourager à lire l’oeuvre original.
Le film permet également de découvrir un acteur remarquable en Grenouille, rôle particulièrement casse-gueule, d’autant plus que le film choisit de ne pas particuliérement jouer sur la répulsion physique qu’inspire Grenouille, élement centrale du livre. Ben Wishaw livre une prestation de freak très convaincainte, entre naïveté et monstruosité, et traduit efficacement l’inadaptabilité de son personnage au monde dans lequel il vit.

LES AMITIES MALEFIQUES – 7,5/10

 
Synopsis : Au moment de choisir leur vie, Eloi et Alexandre, étudiant en littérature à la Sorbone, tombent sous l’influence d’André. Celui-ci devient, tout à la fois, leur ami, leur directeur de conscience, leur imprésario, leur maître à penser.
Un jour, André disparaît… 
 
Avis : Film remarquable sur la manipulation psychologique et la mystification, les Amitiés Maléfiques présente avec finesse et justesse l’influence d’un mentor brillant sur une bande d’amis, comment il balaie les certitudes, fait vaciller le talent, catégorise les choix de vie et de travail. A travers une écritures ciselée, un jeu presque théâtral qui peut surprendre au départ mais qui séduit par la suite, le film conquiert son auditoire, intrigue et on se pasionne pour parcours de ce jeune homme brillantissime, mais finalement pris au piège de ses propres exigences.
Brillant.

INDIGENES – 6/10

 
Synopsis : En 1943, alors que la France tente de se libérer de la domination nazie, le parcours de quatre "indigènes", soldats oubliés de la première armée française recrutée en Afrique.
Abdelkader, Saïd, Messaoud et Yassin, réputés pour leur courage, sont envoyés en première ligne. Argent, amour pour la France ou pour l’armée française, foi en la liberté et l’égalité, leurs motivations divergent pour un même combat, libérer la France, les armes à la main.
 
Avis : Indigènes est indéniablement un bon film. Moral, sans être moralisateur ni tomber dans la démagogie, il présente un vrai film de guerre et une vision méconnue de la seconde guerre mondiale. C’est sans doute en restant dans l’exposition brute des faits qu’il atteint son but, faire prendre conscience du sacrifice des ses soldats venus d’Afrique. Si l’on peut regretter un léger manque d’ampleur dramatique par moment, une musique parfois un peu too much et quelques effets un peu trop recurrents (la terre qui tombe sur la caméra après chaque explosion, ça va une fois, deux fois, mais dix fois, ça commence à lasser), le film tient son spectateur pendant plus de deux heures. Si le prix d’interprétation Cannois n’est pas volé, il n’est pas indiscutable non plus. Il tient vraisemblablement à la performance de Sami Bouajila, parfait, et à un degré moindre à celle de Jamel et Bertrand Blancan