LES NOCES REBELLES – 7,5/10

Réalisé par Sam Mendes

 

Synopsis : Dans l’Amérique des années 50, Frank et April Wheeler se considèrent comme des êtres à part, des gens spéciaux, différents des autres. Ils ont toujours voulu fonder leur existence sur des idéaux élevés. Lorsqu’ils emménagent dans leur nouvelle maison sur Revolutionary Road, ils proclament fièrement leur indépendance. Jamais ils ne se conformeront à l’inertie banlieusarde qui les entoure, jamais ils ne se feront piéger par les conventions sociales.
Pourtant, malgré leur charme et leur insolence, les Wheeler deviennent exactement ce qu’ils ne voulaient pas : un homme coincé dans un emploi sans intérêt ; une ménagère qui rêve de passion et d’une existence trépidante. Une famille américaine ordinaire ayant perdu ses rêves et ses illusions.
Décidée à changer de vie, April imagine un plan audacieux pour tout recommencer, quitter leur petite routine confortable dans le Connecticut pour aller vivre à Paris…
 
Avis : Chronique d’une Amérique désabusée, Les Noces rebelles confirme après American Beauty le talent de Sam Mendes pour filmer la face sombre du rêve américain. Mais si le réalisateur jouait beaucoup sur l’apparence glacée d’une réussite qui se craquèle dans le premier, utilisant l’ironie et le cynisme, il offre avec Les noces rebelles un regard plus frontal mais tout aussi violent, en plaçant son histoire dans l’Amérique banlieusarde des années 50. On assiste au combat glaçant du "couple parfait" contre la perte de ses illusions et de ses rêves. Et l’affrontement est violent, les mots tranchants comme une lame. Elle lui reproche de l’avoir enfermée dans une bulle d’ennui et de formalisme, il lui en veut de ne pas voir les efforts qu’il fait pour subvenir à leur besoin. Mais comme pour mettre en avant qu’il ne s’agit pas finalement d’un idéal familial après lequel ils courent, mais bien d’aspirations personnelles et égoïstes, Mendes ne filme presque pas les enfants. Ce sont deux individus qui s’affrontent, pas une famille qui se (re)construit. Devant l’obstination d’April à vouloir changer de vie, à réaliser ses rêves de grandeur en devenant actrice, on perçoit tout le désarroi de Franck. Mais ce malaise est également parfaitement perceptible dans les yeux des couples de voisins, variant entre l’envie et la satisfaction de voir que leur vie n’est finalement pas plus insignifiante que celle de ce supposé couple modèle. De petites satisfactions mesquines.
Sam Mendes offre une mise en scène discrète mais raffinée, tournée entièrement vers ce couple d’acteurs magistraux. Winslet et Di Caprio confirment tout le bien qu’on pensait d’eux. Ils explosent, ils mentent, ils crient au secours. Mais tout sonne juste chez eux. 10 ans après Titanic, ce couple de cinéma a quelque chose de l’évidence.
Sam Mendes offre une autopsie implacable d’un couple à la dérive, dans une Amérique désincarnée.
Et offre en cerise sur le gâteau un dernier plan délicieux…

SLUMDOG MILLIONAIRE – 6,5/10

Réalisé par Danny Boyle
 
Synopsis : Jamal Malik, 18 ans, orphelin vivant dans les taudis de Mumbai, est sur le point de remporter la somme colossale de 20 millions de roupies lors de la version indienne de l’émission Qui veut gagner des millions ? Il n’est plus qu’à une question de la victoire lorsque la police l’arrête sur un soupçon de tricherie.
Sommé de justifier ses bonnes réponses, Jamal explique d’où lui viennent ses connaissances et raconte sa vie dans la rue, ses histoires de famille et même celle de cette fille dont il est tombé amoureux et qu’il a perdue.
Mais comment ce jeune homme est-il parvenu en finale d’une émission de télévision ? La réponse ne fait pas partie du jeu, mais elle est passionnante.
 
Avis : Danny Boyle est un réalisateur atypique et tout terrain. S’essayant à tous les styles, son Slumdog Millionnaire a raflé quasiment tous les prix majeurs aux derniers Golden Globes (toujours très bon signe pour les Oscars), d’où une impatience et une attente toute légitime. Alors commençons par les déceptions. Les allers/retour de la narration entre le plateau de jeu et le passé du héros (qui éclaire sur comment il a pu connaître la réponse) est un peu répétitive et décousue. En gros, c’est une question / une histoire. Dans l’absolu, c’est assez original, mais le fait que l’enchaînement soit chronologique (l’histoire du jeune Jamal progresse en même temps que son alter ego actuel répond aux questions) rend le procédé un peu simpliste et on aurait pu espérer un peu plus d’audace de la part de Boyle. D’où une impression de confort dès qu’on retourne sur le plateau de jeu, et une légère cassure dans le rythme. Ceci dit (sic), le réalisateur montre l’étendue de son (grand) talent, dans toutes les scènes interstitielles, bourrées d’énergie. On sent constamment une vision très personnelle, désireuse de créer une vérité qui nous rapproche de ses personnages, et de susciter une vraie empathie. Sur un rythme effréné, Boyle additionne une photo superbe, une musique remarquable, un travail sur le son et la couleur d’une grande précision, des décors superbes et une direction d’acteurs (particulièrement les enfants) diablement efficace. Certaines séquences sont à couper le souffle, alternant entre beauté suspendue et tension trépidante. On retrouve un peu du style de Meirelles à la fois dans la mise en scène (alternance de moments frénétiques et de calme) et dans les destins des protagonistes.
Et quand le récit "historique" rejoint le temps réel et que les A/R dans le passé sont terminés, le film prend une autre dimension, gagne en ampleur et en émotion, offrant un final haletant.

IL DIVO – 7/10

Réalisé par Paolo Sorrentino

 

Synopsis : A Rome, à l’aube, quand tout le monde dort, il y a un homme qui ne dort pas. Cet homme s’appelle Giulio Andreotti. Il ne dort pas, car il doit travailler, écrire des livres, mener une vie mondaine et en dernière analyse, prier. Calme, sournois, impénétrable, Andreotti est le pouvoir en Italie depuis quatre décennies. Au début des années quatre-vingt-dix, sans arrogance et sans humilité, immobile et susurrant, ambigu et rassurant, il avance inexorablement vers son septième mandat de Président du Conseil.
A bientôt 70 ans, Andreotti est un gérontocrate qui, à l’instar de Dieu, ne craint personne et ne sait pas ce qu’est la crainte obséquieuse. Habitué comme il l’est à voir cette crainte peinte sur le visage de tous ses interlocuteurs. Sa satisfaction est froide et impalpable. Sa satisfaction, c’est le pouvoir. Avec lequel il vit en symbiose. Un pouvoir comme il l’aime, figé et immuable depuis toujours. Où tout, les batailles électorales, les attentats terroristes, les accusations infamantes, glisse sur lui au fil des ans sans laisser de trace.
Il reste insensible et égal à lui-même face à tout. Jusqu’à ce que le contre-pouvoir le plus fort de ce pays, la Mafia, décide de lui déclarer la guerre. Alors, les choses changent. Peut-être même aussi pour l’inoxydable et énigmatique Andreotti. Mais, et c’est là la question, les choses changent ou n’est-ce qu’une apparence ? Une chose est certaine : il est difficile d’égratigner Andreotti, l’homme qui mieux que nous tous, sait se mouvoir dans le monde.
 
Avis : Il divo est un film à part. Flanqué d’une réalisation virtuose, il offre un eclairage sur le destin complexe de Giulio Andreotti, 7 fois président du conseil italien, et ses liens avec la mafia italienne.
La profusion de personnages, de clans, d’évènements fait vite perdre la tête, si bien qu’on perd rapidement le fil de l’histoire si l’on n’est pas spécialiste de la vie politique locale (ce que je ne suis pas du tout). Malgré tout, le réalisateur parvient à nous accrocher à ce personnage charismatique, que l’on veut suivre, écouter, (pas comprendre, ce serait vain…). Et ce, essentiellement grâce à une mise en scène assez géniale, portée par une musique captivante, des plans inédits et un sens du rythme et du montage emballant. On reste donc accrochés jusqu’au bout. Et si on sort du film en se disant qu’on n’a pas forcément tout compris, on a la sensation d’avoir vu un bon vrai film de cinéma, innovant et créatif. A découvrir.

I FEEL GOOD – 7,5/10

Réalisé par Stephen Walker
 
Synopsis : Les Young@heart forment une chorale à part. Résidents d’une petite ville du Massachussetts, ses membres, âgés de 75 à 93 ans, parcourent le monde pour des concerts où ils interprètent, à leur manière, des classiques du rock ou de la pop, des Clash à Sonic Youth en passant par Radiohead ou les Talking Heads. Le documentariste Stephen Walker a suivi les Young@heart pendant la préparation d’un nouveau spectacle. Au fur et à mesure des répétitions, la chorale de seniors et son directeur, Bob Cilman, vont devoir faire un autre apprentissage : celui des réalités de la vieillesse…
 
Avis : I feel good makes feel good (for sure). Un documentaire assez surprenant, euphorisant, et finalement très émouvant. Sans jamais être larmoyant, et ne tombant jamais dans le pathos, I feel Good nous entraine dans une aventure à la fois formidablement enthousiasmante et en même temps très touchante. Ces seniors sont plein de vie et de répartis, offrant à la caméra des moments drôles et burlesques, mais (et ce sentiment est renforcé au fur et à mesure que le film avance), ont en permanence une épée de damocles au dessus de leur tête. Le fait qu’ils se lancent tous dans un projet qu’ils risquent de ne pas voir aboutir ajoute une tension incroyable au récit. Mais c’est aussi une formidable leçon de vie. Le réalisateur a choisi deux plans narratifs, le premier la préparation du show (chansons bien vues, interprétations "originales" et jubilatoires), le second en entrant dans l’intimité des protagonistes. On est à la fois pris dans l’incroyable vitalité du projet et aussi dans les histoires de chacunes des personalités qui le compose. Et ces histoires  écrivent pour la plupart leur dernier chapitre… D’où une émotion sincère et profonde lorsque certains des membres de Young@heart disparaissent. Cela dit, I feel Good reste définitivement optimiste et donne une sacré pêche.
I feel Good must be seen.

AUSTRALIA – 6/10

Réalisé par Baz Luhrmann

 
Synopsis : Fin des années 30.
Lady Sarah Ashley, une aristocrate anglaise hautaine et renfermée, arrive au coeur des paysages sauvages du Nord de l’Australie pour y rejoindre son mari qu’elle soupçonne d’adultère, et qui tente – sans succès – de vendre l’immense domaine qu’ils possèdent sur place : Faraway Downs.
Elle ne tarde pas à découvrir que l’exploitation est au bord de la ruine et menacée par son propre contremaître, Neil Fletcher, un homme sans scrupules de mèche avec un puissant éleveur, prêt à tout pour précipiter la chute du domaine et s’en emparer.
Pour sauver Faraway Downs, Sarah n’a pas d’autre choix que de s’allier à un "cow-boy" local un peu rustre connu sous le seul nom de "Drover", et de parcourir avec lui des milliers de kilomètres à travers les terres aussi magnifiques qu’inhospitalières du pays afin de mener jusqu’à Darwin 1500 têtes de bétail.
Peu à peu transformée par la puissance et la beauté des paysages, touchée par la rencontre d’un jeune aborigène orphelin, Sarah découvre des sentiments qu’elle n’avait jamais éprouvés jusqu’alors.
Au terme de leur périple, la seconde guerre mondiale a rattrapé l’Australie, et la ville de Darwin doit désormais faire face aux bombardements japonais.
Pour la première fois de sa vie, Sarah sait pour qui et pour quoi se battre, et est prête à tout pour sauver ce qui compte désormais pour elle.
 
Avis : Grande fresque romantique, Australia tient ses promesses de grand spectacle, d’humour (du moins au début) et de bons sentiments. Les décors sont splendides, la mise en scène léchée et non dépourvue de grands moments de bravoure et Baz Lurhmann confirme son goût pour la flamboyance. Malgré tout, on reste sur sa fin, comme si paradoxalement le film manquait d’un vrai souffle épique. Australia se regarde sans déplaisir, mais ne laisse pas l’empreinte romanesque que nous étions en droit d’attendre d’un tel projet. Dommage.

TOP 2008

Premier jour de 2009, le temps d’un traditionnel regard dans le rétro pour asséner mon top cinoche de l ‘année écoulée.

Subjectif, forcément, non exhaustif, évidemment, voici mes moments ciné préférés de l’année 2008

 

1 – Wall-E

2 – L’échange

3 – Entre les murs

4 – The dark Knight

5 – Hunger

6 – There will be blood

7 – A bord du Darjeeling limited

8 – Il y a longtemps que je t’aime

9 – Blindness 

10 – L’orphelinat

11 – No country for old men

12 – Into the wild

13 – Valse avec Bachir

14 – Cloverfield

15 – The Visitor