JALOUSE – 13/20

Jalouse : AfficheDe David Foenkinos, Stéphane Foenkinos
Avec Karin Viard, Anne Dorval, Thibault de Montalembert

Chronique : Comédie triste et grinçante portée par le talent (et la joyeuse mauvaises foi) de Karine Viard, Jalouse aborde audacieusement le thème de la crise de la cinquantaine. En créant ce personnage de femme maladivement jalouse de tout et de tout le monde, c’est un touchant portrait de femme que les frères Foekinos nous offre. L’aigreur incontrôlable et inexplicable qui envahit Nathalie et régit son comportement est le moteur du récit mais aussi sa limite, tant les « symptômes » de la jalousie sont exagérément poussés. Si c’est une ressort comique évident, cela limite la portée dramatique et la crédibilité de ce soudain changement d’attitude. Malgré tout, c’est un formidable terrain de jeu pour Karine Viard, qui s’en donne à cœur joie et prend visiblement un réel plaisir à balancer des saloperies à tout va. Et nous à les écouter. Elle est cependant tout aussi convaincante lorsqu’il s’agit de faire poindre l’angoisse qui saisit son personnage à l’approche de la cinquantaine et cette peur panique de la solitude. L’actrice est comme souvent géniale dans les nuances, se montrant tour à tour cruelle et touchante, cassante et émouvante. Son abattage et la finesse de son interprétation sont les principaux atouts de cette dramédie cassante, coupable par ailleurs d’une exécution un peu trop quelconque.

Synopsis : Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage… Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.

KINGSMAN : LE CERCLE D’OR – 14/20

Kingsman : Le Cercle d'or : AfficheDe Matthew Vaughn
Avec Taron Egerton, Colin Firth, Mark Strong

Chronique : Le petit frère irrévérencieux et malpoli de James Bond est de retour. Derrière la caméra, Matthew Vaughn ressert la recette savoureuse qui avait fait le succès du premiers Kick Ass et de Kingsman I. De l’action, de la baston ultra chorégraphiés, des dialogues bien senties dans un scénario qui se fixe peu de limites. Un peu trash, un peu sanglant, un peu chic aussi (british oblige), le récit va à 100 à l’heure, sans temps mort, et nous fait traverser le globe comme dans le temps glorieux des Bonds passés. Vannes, gadgets, bolides, tout y est. L’histoire est certes quelconque, mais elle tient la route grâce à ses personnages, complémentaires et attachants, d’autant plus que Le Cercle D’or assure au niveau visuel, en particulier le très réussi repaire de la grande méchante (géniale Julianne Moore, fabuleux Elton) oasis 50’s en plein cœur de la jungle.
Nul doute que les Kingsmen ont encore de beaux jours devant eux. On ne s’en plaint pas.

Synopsis : Kingsman, l’élite du renseignement britannique en costume trois pièces, fait face à une menace sans précédent. Alors qu’une bombe s’abat et détruit leur quartier général, les agents font la découverte d’une puissante organisation alliée nommée Statesman, fondée il y a bien longtemps aux Etats-Unis.
Face à cet ultime danger, les deux services d’élite n’auront d’autre choix que de réunir leurs forces pour sauver le monde des griffes d’un impitoyable ennemi, qui ne reculera devant rien dans sa quête destructrice.

THOR : RAGNARÖK – 13/20

Thor : Ragnarok : AfficheDe Taika Waititi
Avec Chris Hemsworth, Tom Hiddleston, Cate Blanchett

Chronique : Thor Ragnarok a beau être très paresseux scénaristiquement et assez creux dans ses intentions, il a le très grand mérite de nous faire beaucoup rire. Comme si Taika Waititi, auteur de l’irrésistible faux documentaire Vampires en toute intimité, voulait simplement nous offrir une grosse blague à plusieurs millions de dollars. De ce point de vu, c’est très réussi. Le comique de situation se fond parfaitement dans les grosses scènes d’action et les dialogues tour à tour provocateurs et décalés fonctionnent très bien. Le réalisateur se fait par ailleurs plaisir en créant un univers visuel pop aux couleurs acidulées et en nous offrant une bande son aux tonalités eighties à base de bon gros synthé.
Le ressort humoristique repose également largement sur la répartie entre différents personnages passant leur temps à se chercher les uns les autres et sur l’alchimie entre des acteurs s’amusant visiblement comme des gamins. Le Thor de Chris Hemsworth n’est jamais meilleur que lorsqu’il joue aux cons, Tessa Thomson incarne une Valkyrie dans l’air du temps, Jeff Goldblum cabotine délicieusement et on est évidemment aux anges de retrouver le Loki de Tom Hiddleston , meilleur personnage du MCU, et de loin. Le réalisateur, et son phrasé si particulier, s’offre au passage avec Korg un personnage secondaire en CGI délicieux de drôlerie.
Avec Ragnarök, Marvel nous offre une récréation fort amusante. On est loin des enjeux presque Shakespeariens du premier Thor, mais sa suite, Le Monde des ténèbres était tellement lourdingue, que c’est sincèrement pour le mieux.

Synopsis : Privé de son puissant marteau, Thor est retenu prisonnier sur une lointaine planète aux confins de l’univers. Pour sauver Asgard, il va devoir lutter contre le temps afin d’empêcher l’impitoyable Hela d’accomplir le Ragnarök – la destruction de son monde et la fin de la civilisation asgardienne. Mais pour y parvenir, il va d’abord devoir mener un combat titanesque de gladiateurs contre celui qui était autrefois son allié au sein des Avengers : l’incroyable Hulk…

AU REVOIR LA-HAUT – 15/20

Au revoir là-haut : AfficheDe Albert Dupontel
Avec Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte

Chronique : Récit aussi passionnant que pouvait l’être le Prix Goncourt dont il est l’adaptation, Au Revoir Là-Haut est une œuvre palpitante, vivante, chamarrée, et finalement bouleversante.

Paré d’une ambition monstre mais d’un budget somme toute raisonnable (17m€), Albert Dupontel fait l’éclatante démonstration qu’avec passion et beaucoup d’inventivité, un projet d’une telle envergure peut brillamment se matérialiser à l’écran. Très respectueux du roman de Pierre Lemaître, son film parvient à allier l’intime à l’épique à travers une mise en scène ample et flamboyante, un sens du détail remarquable et une épatante minutie dans la reconstitution historique. La richesse visuelle du projet trouve son expression la plus éclatante dans le foisonnement créatif des masques qu’Edouard confectionne pour camoufler sa gueule cassée. Les costumes et les décors sont à l’avenant, mis en valeur par la réalisation très dynamique de Dupontel, qui nous entraîne des tranchés de Verdun aux fêtes extravagantes du Lutetia, en passant par le Paris ouvrier de l’entre-deux guerres. Surtout, le scénario parvient à conserver l’essence du roman, n’évacuant jamais la tragédie du récit (l’horreur de la guerre, les traumas familiaux) tout en lui insufflant une rafraîchissante légèreté et en exposant avec une admirable limpidité l’arnaque montée par Edouard et Maillard qui se trouve au cœur de l’histoire. L’histoire est certes condensée et la caractérisation des personnages, leur cheminement émotionnel, est logiquement moins creusée qu’à l’écrit, mais leurs incarnations sont suffisamment convaincantes pour ne pas en altérer la puissance et la poésie.
Après 120 BPM, Nahuel Perez Biscayard s’impose dans un rôle quasi-muet comme l’acteur de l’année du cinéma français, Laurent Laffite est un salaud formidable, Niels Arestrup surprend par l’émotion qu’il à son personnage froid et imposant. Seul bémol, Dupontel lui-même dénote légèrement par un jeu manquant de subtilité et un peu trop contemporain.
Au Revoir Là-Haut convainc par la qualité de son adaptation qui, fait rare, satisfera aussi bien les lecteurs du livre que les novices. Par la vivacité et la créativité de sa mise en scène, la qualité de son interprétation et sa capacité à mêler le tragique, le spectaculaire et l’émotion, il s’impose comme un gros morceau de cinéma populaire. Chapeau.

Synopsis : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..