MISERERE, LA MARQUE DES ANGES – 6/20

La Marque des anges - MiserereRéalisé par Sylvain White
Avec Gérard Depardieu, JoeyStarr, Héléna Noguerra

Synopsis : A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu’aucun témoin n’ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d’Interpol menacé d’être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d’une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d’enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l’enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale…

Avis : Les romans de Christophe Grangé, dont je suis je l’avoue assez client, sont construits à peu près tous sur le même modèle. Des personnages cabossés et au passé mystérieux, une mise en place intrigante qui vire en thriller haletant et labyrinthesque multipliant les fausses pistes et un dénouement généralement décevant. Mais le style est prenant et la lecture divertissante et assez addictive.
Les adaptations au cinéma, nombreuses et inégales, tentent tant bien que mal de reproduire la tension et l’urgence des romans, un univers généralement moite et glauque.
Tentative ratée pour Miserere, dont le scénario coupe à la hache l’intrigue du bouquin en la simplifiant à l’extrême. Personnages caricaturaux, incohérences frôlant le ridicule, raccourcis sensés dynamisé l’enquête mais qui plombent le rythme, rien ne fonctionne. Sans parler de la réalisation très pauvre, sans idée ni talent. Le duo d’acteurs est loin de sauver le film. Depardieu est en pilote automatique et Joey Star confirme qu’il est la plus grosse escroquerie cinématographique de ces dernières années.
Un téléfilm policier dépourvu de saveur et de personnalité.

FRANCES HA – 14,5/20

Frances HaRéalisé par Noah Baumbach
Avec Greta Gerwig, Mickey Sumner, Adam Driver

Synopsis : Frances, jeune New-Yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup…

Avis : Vivant, inspiré, drôle, léger sans être inconséquent, Frances Ha brosse le portrait assez irrésistible d’une New-Yorkaise se rapprochant de la trentaine mais qui refuse inconsciemment (ou pas) toute responsabilité d’adulte, synonyme pour elle de renoncement. Renoncement à sa vie actuelle, à ses rêves mais aussi à son confort. Immature et égoïste donc, mais aussi terriblement attachante, Frances va progressivement se rendre compte que si elle ne veut pas évoluer, le monde autour d’elle change irrémédiablement. Pour autant, Noah Baumbach se garde bien de tout discours moralisateur, et porte un regard bienveillant sur son héroïne, incarnée avec un naturel confondant par la craquante et mutine Greta Gerwig. Une musique formidable accompagne ses pérégrinations, reflet fidèle de son humeur. Elle illustre des scènes généralement courtes empreintes d’une formidable drôlerie, mais aussi d’une émotion simple et surtout d’une imparable véracité. Cerise sur le gâteau, le réalisateur déjà auteur du formidable Les Berkman se séparent, insuffle grâce à noir et blanc classieux, un style très cinématographique, brillant sans être tape à l’œil, raffiné sans être prétentieux.
Frances Ha est donc une petite merveille de ciné indé, de celles qui vous font sortir de la salle de cinéma le sourire aux lèvres et ses fringales cinéphiles rassasiées.

THE BAY – 13,5/20

The BayRéalisé par Barry Levinson
Avec Kristen Connolly, Christopher Denham, Nansi Aluka

Synopsis : Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s’en approchent…

Avis : Redoutablement efficace et franchement flippant, The Bay impressionne surtout par une qualité de montage épatante. En optant pour un found footage intégral aux sources nombreuses et variées, Levinson nous plonge dans un docu-fiction terrifiant car réaliste, immergeant totalement le spectateur dans une timeline courte mais dévastatrice. Les vidéos «amatrices» se succèdent à un rythme soutenu (caméra de surveillance, webcam, émissions de télé, reportage scientifique…) Les images sont habilement imbriquées formant une trame narrative anxiogène et convaincante, livrant son lots d’images repoussantes et effrayantes (on sursaute plusieurs fois). The Bay est d’autant plus terrifiant que la thèse développée est crédible et solide et la catastrophe écologique rationnelle.
Dans la genre film épidémique, The Bay se pose comme une vraie réussite, originale, cohérente et maîtrisée.

STRUCK – 12/20

StruckRéalisé par Brian Dannelly
Avec Chris Colfer, Rebel Wilson, Allison Janney

Synospsis: Carson, lycéen geek, malin et sarcastique, rêve de devenir un talentueux journaliste. Mais il lui faut un dossier béton pour intégrer une prestigieuse université et quand on vient de Clover High School, ce n’est pas facile ! La conseillère pédagogique de son lycée lui suggère de créer un club littéraire pour sortir du lot. Mais comment motiver des lycéens plus intéressés par le foot, la drague, les bimbos et la fête ? C’est alors que sa seule amie, Malerie lui propose une méthode imbattable pour convertir les irréductibles glandeurs à la littérature.

Avis : Par moments maladroit dans sa structure et poussif dans le rythme, Struck, produit, écrit et interprété par le jeune Chris Colfer, le Kurt de la série Glee n’en est pas moins une bonne surprise.
Loin des clichés de la comédie adolescente américaine, le film trimbale un spleen touchant et une certaine élégance dans son propos, traitant avec finesse et sarcasme à la fois des difficultés d’exister et de s’épanouir au lycée et de devoir composer avec une famille déstructurée. Acteurs convaincants (Chris Colfer, Rebel Wilson, Allison Janney, Christina Hendricks), dialogues bien vus, pitch efficace (le chantage pour forcer ses petits camarades à participer à sa revue littéraire), l’ensemble tient donc très bien la route. Dommage que le film s’essouffle parfois et souffre de longueurs préjudiciables.
Aux antipodes de Glee, Struck est une jolie promesse pour l’avenir.

MAN OF STEEL – 13/20

Man of SteelRéalisé par Zack Snyder
Avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon

Synopsis :Un petit garçon découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, il s’engage dans un périple afin de comprendre d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s’il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l’espoir pour toute l’humanité.

Avis : On nous l’avait promis, fini la mèche, le slip rouge sur les collants bleus, le Superman de Snyder sera une réinvention moderne du père de tous les super-héros, le plus mythique, le plus ancien, mais aussi le plus daté. Et autant dire que la mission était ardue, tant l’histoire originelle de Superman est déconnectée de tout réalisme. Snyder et Nolan réussissent donc un joli tour de force en donnant, toutes proportions gardées, une certaine vraisemblance au personnage. Car oui, on y croit quand Superman vole, frappe, soulève des immeubles entiers… l’animation brillante du héros, sur terre ou dans les airs, est assez bluffante, notamment le travail sur la gravité, la force et les équilibres.
En faisant de Man of Steel une origine story maline et simple qui préfère les ellipses et les flashbacks à une narration linéaire, ils évitent ironie et redite par rapport à ce que tout le monde connaît de l’icône américaine. Et en offre sans trop en faire une relecture sensible et parfois émouvante, notamment à travers le rapport au père et la question des origines et du libre arbitre. Du moins dans sa première partie qui occupe les ¾ du film, baignée dans une lumière diffuse et saisie par une caméra mouvante qui capte la mélancolie du jeune homme. Ces 90 premières minutes tentent de présenter les personnages en évitant le manichéisme propre à la légende de Superman. Zod est un militaire obstiné, car mu par la nécessité de protéger et sauvegarder le peuple de Krypton, mission pour laquelle il a été créé (toujours cette affrontement entre déterminisme et libre arbitre), Lois Lane n’est plus cette cruche incapable de distinguer Clark Kent et Superman juste parce qu’il chausse des lunettes et Jonathan Kent endosse toutes les imperfections d’un père.
Simplement, lorsque le récit verse du côté du délire pyrotechnique, il perd forcément (et massivement) en subtilité. Ça bastonne, ça explose dans tous les sens, ça détruit tout, quitte à finir par fatiguer. Certes la mise en scène est précise et ne perd jamais vraiment le spectateur, mais cette dernière partie n’en est pas moins trop longue. On remarquera en passant que les américains n’en ont pas fini avec le traumatisme du 11 septembre, la bataille au cœur de Metropolis reprenant presque à l’identique des plans de journaux télévisés du 11/09/01…
Mais la grande et brillante idée de ce Man of Steel est sans nul doute d’avoir confié la tunique de Superman à Henry Cavill, dont le charisme positif et l’interprétation nuancée bouffent littéralement l’écran et en font l’interprète idoine pour ce héros foncièrement bon. Déjà remarquable dans la série Les Tudors, Man of Steel devrait être pour lui un accélérateur de carrière mérité.
Au final, Snyder opère une jolie réhabilitation d’un mythe endormi. Superman ne sera jamais le super-héros le plus intéressant, ni celui qui doit faire face aux enjeux les plus passionnants, mais en ne le complexifiant pas à outrance, cette renaissance lui permet d’exister aux yeux de toute une nouvelle génération. Ce n’est pas la moindre des réussites.

L’INCONNU DU LAC – 12/20

L'Inconnu du lacRéalisé par Alain Guiraudie
Avec Pierre Deladonchamps, Christophe Paou, Patrick d’Assumçao

Synopsis : L’été. Un lieu de drague pour hommes, caché au bord d’un lac. Franck tombe amoureux de Michel. Un homme beau, puissant et mortellement dangereux. Franck le sait, mais il veut vivre cette passion.

Avis : Avec son héros naïf et turbulent (Frank), son grand méchant loup séducteur tapi dans les bois (Michel) et prêt à en surgir, et sa conscience tachant de remettre le jeune homme dans le droit chemin (Henri), L’inconnu du Lac se présente comme une variation crue, homo et charnelle des contes de fée, sorte de thriller fantastique pour adulte.
S’il l’on s’en contente, alors L’Inconnu du Lac est très réussi, car il stigmatise parfaitement ce mélange de peur et d’excitation face au danger.
Le film recèle en outre de réelles et puissantes qualités cinématographiques. Son découpage est efficace, rythmé par la répétition de la scène d’arrivée au lac qui agit comme une petite musique inquiétante. L’atout premier du long métrage est l’installation d’un redoutable climat anxiogène qui atteint son paroxysme lors d’une scène finale étouffante. Le réalisateur filme cet espace en plein air comme on filme un huis clos, jouant adroitement de la lumière et des reflets du soleil pour créer une inquiétude diffuse d’autant plus troublante qu’elle s’inscrit dans environnement de jouissance a priori insouciante.
L’interprétation très fine des acteurs, notamment de Franck et la justesse des dialogues finissent d’assoir L’Inconnu du Lac comme un vrai objet de cinéma.
Mais on n’est pas obligé d’accepter l’absurdité et le simplisme de l’histoire… Peut-être est-ce mon esprit trop cartésien, mais l’inconséquence de cette intrigue improbable m’en a fait sortir assez rapidement. Tuer son amant dans un lac et revenir s’y dorer la pilule et baiser d’autres hommes le lendemain ? Foutrement audacieux quand même… Assister au meurtre et se jeter littéralement dans la gueule du loup ? Il faut être un peu couillon, non ? Sans parler d’un dénouement expédié et particulièrement idiot.
Dernier point, et n’en déplaise à son réalisateur, L’inconnu du Lac est un film définitivement gay, crûment gay, adoptant le point de vue d’une minorité dans la minorité (les hommes qui fréquentent les lieux de drague), élément constitutif principal de l’histoire. D’où un certain étonnement lorsque Alain Guiraudie affirme que cela pourrait aussi bien être une histoire hétéro. Et au regard des scènes de sexe très explicites et particulièrement crues, on peut légitimement se poser la question du besoin de tout montrer. Où commencent le voyeurisme et la complaisance ?
L’inconnu du lac laisse donc perplexe…

THE BLING RING – 10/20

The Bling RingRéalisé parSofia Coppola
Avec Israel Broussard, Emma Watson, Taissa Farmiga

Synopsis : À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le « Bling Ring ».

Avis : Moins brillant, moins inspiré que le reste de la filmographie de Sofia Coppola (pour laquelle j’ai une très haute estime. Même son Marie-Antoinette, oui), The Bling Ring y ferait presque figure de parenthèse anecdotique.
Pourtant le sujet, un groupe d’ados friqué de LA cambriolant les villas de stars, était clairement propice à toucher la sensibilité de la réalisatrice. L’étude de la jeunesse oisive et aisée californienne, des enfants déconnectés de la réalité, désenchantés et blasés, voilà qui fait parfaitement écho à sa fascination pour le spleen adolescent. Copolla parvient parfois, mais trop rarement, à capter l’ennui de ces gamins qui ont déjà tout et dont la seule motivation, la seule excitation est de s’approcher de leurs idoles people. On reconnait par touche son style pop et coloré, ses plans courts pastel, ces tableaux qu’on croirait tirés de magazines de mode. Mais son sujet lui impose aussi de composer avec le clinquant baroque et parfois vulgaire du star-system. Le raffinement de sa mise en scène en souffre par moment. On retrouve ce mariage un peu contre-nature dans la bande-originale, hybride et inégale.
Coppola peine finalement à retranscrire la fascination de ses personnages pour ces starlettes dont le principal et souvent seul talent est d’être connu et rate au final le portrait de cette jeunesse désabusée. Est-ce parce qu’il s’agit d’un fait réel ? Qu’elle n’est pas parvenue à s’en dégager pour totalement se l’approprier ? Sans doute. Le fait qu’elle se concentre sur un groupe et non sur un personnage rend certainement son message plus diffus, et donc moins porteur.
Une fois n’est pas coutume, Sofia Coppola échoue à saisir une sorte d’air du temps, à présenter des personnages qui nous seraient immédiatement appréhensibles. Partie remise.

STAR TREK INTO DARKNESS – 10/20

Star Trek Into DarknessRéalisé par J.J. Abrams
Avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch

Synopsis : Alors qu’il rentre à sa base, l’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu’elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos…
Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive.
Nos héros entrent dans un jeu d’échecs mortel. L’amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu’il reste à Kirk : son équipe.

Avis : Le sequel de Star Trek confirme une chose. J.J. Abrams est définitivement plus un faiseur, certes malin et brillant, qu’un auteur lorsqu’il s’agit d’appliquer ses recettes au grand écran. Son Star Trek Into Darkness en est la parfaite illustration. Une coquille en or et diamant, mais qui sonne creux. Car l’emballage est splendide. Rarement une aventure SF aura atteint une telle virtuosité dans ses scènes d’action et de destruction. Ça casse, ça bouge, ça file, ça bastonne, ça explose avec une précision de métronome. Les scènes de bravoure sont époustouflantes. Le monde futuriste créé pour l’occasion (même si on ne s’y attarde pas) et les machine intersidérales sont aussi très convaincants.
La plastique est donc irréprochable. C’est le reste, ce qui fait un film finalement, qui pêche… Et en premier lieu, un scénario aux enjeux simplistes et aux intrigues paresseuses dont les twists grossiers ne convainquent personne. Quand on sait que l’écriture du projet a été confié à Damien Lindelof, déjà coupable d’avoir enterré la licence Alien avec Prometheus, ce déjà moins surprenant… Abrams oublie d’adopter le moindre point de vue et multiplie les poncifs sur l’amitié, l’engagement, le sacrifice… L’histoire avance avec la lourdeur d’un vaisseau obèse en mode automatique. D’autant plus que les personnages sont traités par-dessus-la jambe, affublés d’une psychologie de soap-opéra qui annihile toute émotion et prive le film de toute profondeur, les effets dramatiques sombrant le plus souvent dans la guimauve. Et l’humour, téléphoné et attendu, tombe régulièrement à côté (sans parler de l’exaspérant Simon Pegg qui en fait des tonnes). Le plus frustrant est sans doute la sous-exploitation de l’exubérant Benedict Cumberbatch (magique Sherlock Holmes à la BBC), dont le personnage de grand méchant était pourtant particulièrement alléchant. Espoirs vite éteints lorsqu’on comprend que sa rage et ses névroses ne seront pas développées plus que ça et qu’il faudra se contenter d’une banale histoire de vengeance dont les motivations sont par ailleurs bien floues. Il laisse rapidement de côté toute psychologie pour incarner un bad guy classique de blockbuster, monolithique, psychopathe et ennuyeux.
Abrams échoue assez largement à délivrer son blockbuster d’auteur, à l’inverse d’un Singer avec ses X-men ou d’un Nolan et sa réinvention de Batman (du moins les deux premiers), dont la virtuosité visuelle et la puissance de divertissement n’altéraient pas le sous-texte politique ou sociétal et où la profondeur des personnages permettait de capter la noirceur d’un monde reflet du notre.
Les fans de Star Wars ont du souci à se faire…

L’ATTENTAT – 6/20

L'AttentatRéalisé par Ziad Doueiri
Avec Ali Suliman, Reymonde Amsellem, Evgenia Dodina

Synopsis : Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victime de l’attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d’urgence à l’hôpital pour lui annoncer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre.

Avis : L’Attentat repose sur une hypothèse improbable mais intéressante d’un point de vue dramaturgique. Une jeune femme arabe chrétienne vivant avec son mari, musulman chirurgien réputé à Tel-Aviv, et visiblement bien intégrée à la cité israélienne, se fait exploser dans un restaurant de la ville bondé d’enfants. L’homme apprend que sa femme est la kamikaze après avoir tenté de sauver les victimes de l’attentat. Comment en est-elle arrivée là ? Quelles motivations l’ont poussée à cet acte terroriste ? Comment son mari a t-il pu ne s’apercevoir de rien ? Autant de questions dont on s’attend à découvrir les réponses alors que Amine tente de comprendre l’incompréhensible en se rendant en Palestine. Hé bien une fois le film terminé, on n’est pas plus avancé… Le scénario reste en surface des personnages, ne sondent jamais vraiment leur aspirations, dévoile des motivations absurdes et déroutantes (la façon dont la femme s’engage dans son combat terroriste est particulièrement grotesque) et assène un dénouement qui nous laisse coi et incrédule devant son simplisme. Il ne parvient jamais à nous faire comprendre les raisons du basculement de cette femme. Le réalisateur tente de masquer le vide scénaristique par un style pompeux et maniéré, abusant grossièrement d’une musique omniprésente pour tenter en vain de donner du rythme à son récit. Caméra à l’épaule pour évoquer l’urgence et images vaporeuses pour illustrer souvenirs et rêveries, autant de tics artificiels agaçants car détournant le récit de l’essentiel. Seul Ali Suliman, en mari désemparé émerge. Doueiri semble avoir eu peur de son sujet, si bien que finalement il ne le traite pas.
Un mélo se voulant politique qui n’apporte rien à la compréhension du conflit israélo-palestinien.