MY BLUEBERRY NIGHTS – 7/10

Réalisé par Wong Kar-Wai

 
Synopsis : Après une rupture douloureuse, Elizabeth se lance dans un périple à travers l’Amérique, laissant derrière elle une vie de souvenirs, un rêve et un nouvel ami – un émouvant patron de bar – tout en cherchant de quoi panser son coeur brisé. Occupant des emplois de serveuse, Elizabeth se lie d’amitié avec des clients dont les désirs sont plus grands que les siens : un policier tourmenté et sa femme qui l’a quitté, une joueuse dans la déveine qui a une affaire à régler.
A travers ces destins individuels, Elizabeth assiste au spectacle du véritable abîme de la solitude et du vide, et commence à comprendre que son propre voyage est le commencement d’une plus profonde exploration d’elle-même.

Avis : Wong Kar-wai signe une nouvelle fois une oeuvre d’une beauté enivrante. Si My Blueberry Nights n’as pas l’élégance et le puissant raffinement de 2046 ou In the mood for love, l’expérience américaine du cinéaste Hong-kongais vaut très, très largement le détour. Parce qu’on est embarqué dans une très jolie histoire, simple, un précieux road movie sur fond de romance à distance, convenue certes, mais emballante. Parce que l’image est magnifiée par des plans harmonieux et une lumière enveloppante. Parce que la BO. Et parce que passer à la direction d’acteurs américains n’était pas gagné d’avance, et que le résultat est stupéfiant. Jude Law et la débutante Norah Jones sont mignons tout plein, mais ce sont surtout Rachel Weisz et Nathalie Portman qui rayonnent. Le film de Wong kar wai, même sur des périodes assez courtes, confirme que ces deux actrices possèdent un charisme rare. Et le réalisateur a su en jouer parfaitement pour livrer quelques scènes à la fois esthétiquement forte et puissante émotionnellement. Un très beau film.

 

LIONS ET AGNEAUX – 5,5/10

 
Synopsis :Ils sont six. Tous sont impliqués de près ou de loin dans le combat de l’Amérique contre le terrorisme. Chacun arrive à un tournant de sa vie, et les enjeux ne vont en être que plus élevés…
A Washington, un sénateur aux ambitions présidentielles essaie de vendre la dernière stratégie globale à une journaliste d’information de télévision redoutée. Entre eux, c’est une lutte d’intelligence, de charme… et d’intérêts.
Dans une université de la côte Ouest, un professeur idéaliste tente de convaincre un étudiant blasé de changer l’orientation de sa vie pour réaliser son potentiel.
De l’autre côté de la planète, dans les montagnes enneigées de l’Afghanistan, deux de ses anciens élèves, loin des discours politiques et des arguments de leurs mentors, se battent juste pour survivre…
 
Avis : Film bavard, et finalement un peu vain. On connait les positions de Redford sur l’administration Bush et sur le conflit en Irak. Le réalisateur nous assène donc ses vérités, qu’on peut difficilement rejeter, tout aux longs de dialogues en huis clos entre une sénateur républicain ambitieux (Cruise) et une journaliste idéalistre rattrapée par le poids de sa carrière (Street), et parralèlement entre un prof d’université qui a vu deux de ses meilleurs élèves partir au front et un jeune étudiant en géopolitique blasé par les puissants qui le gouverne. Sur un troisième plan, les deux élèves en questions sont envoyés dans une mission délicate (suicide?) en Afghanistan. Donc en gros, la guerre, c’est pas bien, mais tout le monde a sa part de responsabilités, et faut bien trouvé un moyen d’en sortir après avoir bien merdé. Mais surtout, au lieu de dire tous pourris, il vaut mieux se bouger les fesses et bosser pour pouvoir un jour influer sur la vie politique du pays. Vous avez dit démago?

ONCE – 6/10

Synopsis : Dans les rues de Dublin, deux âmes seules se rencontrent autour de leur passion, la musique… Il sort d’une rupture douloureuse. Elle est mariée à un homme qu’elle n’aime plus. Dans un monde idéal, ils seraient fait l’un pour l’autre. Ensemble, ils vont accomplir leur rêve de musique.
 
Avis : Un petit film irlandais modeste, simple, qui va droit au coeur au rythme de chansons emballantes et de regards pudiques. Les chansons justement, qui pourraient plomber le rythme, le relève au contraire, étant habilement et naturellement intégrées à l’histoire de cette jolie rencontre. On passe un très agréable moment.

DARLING – 5,5/10

Synopsis : Darling est une femme d’aujourd’hui, lancée dans le broyeur de la vie, et qui donne l’impression de toujours choisir la mauvaise direction. Elle souffre car la vie ne l’épargne jamais vraiment. Mais elle ne se voit pas comme une victime. Elle ne s’apitoie pas sur son sort. Au contraire, son parcours, son histoire, témoignent d’une rage de vivre envers et contre tout. Elle se bat pour exister. Si elle tombe, elle se relève. Ses rêves se heurtent à la réalité mais elle avance, toujours et encore. Proche de la rupture, elle puise au fond d’elle même une énergie pour continuer.
Sa parole la révèle comme une femme qui veut garder sa dignité et séduire malgré tout.
Darling est naïve et effrontée, instinctive et courageuse. Elle possède la force vitale d’une héroïne de tragédie.
 
Avis : Darling vaut surtout pour la performance de Marina Foïs. Le naturalisme de la mise en scène nous expose brutalement la vie sordide de cette femme qui reste debout, comme elle peut, malgré les coups et les humiliations. Mais l’exposé trop clinique, le montage à la hache et les ellipses parfois absurdes distancient le propos et décridibilise paradoxalement l’entreprise et on a bizarrement l’impression de rester à la surface de ce drame humain et contemporain. 

AMERICAN GANGSTER – 8/10

Réalisé par Ridley Scott

Synopsis : Début des années 1970, New York. Frank Lucas a vécu pendant vingt ans dans l’ombre du Parrain noir de Harlem, Bumpy Johnson, qui en fait son garde du corps et confident. Lorsque son patron succombe à une crise cardiaque, Lucas assure discrètement la relève et ne tarde pas à révéler son leadership, son sens aigu des affaires et son extrême prudence, en prenant pour auxiliaires ses frères et cousins et en gardant un profil bas. Inconnu de la police comme des hautes instances de la Cosa Nostra, Lucas organise avec la complicité d’officiers basés au Vietnam un véritable pont aérien et importe ainsi par avions entiers des centaines de kilos d’héroïne pure, qu’il revend à bas prix dans les rues de New York.
Tandis que Lucas amasse ainsi, en toute discrétion, une fortune colossale, l’inspecteur Roberts du NYPD enquête patiemment sur l’origine et le fonctionnement de ce marché parallèle d’un genre inédit, et finit par soupçonner l’insaisissable Frank Lucas. Une étrange partie de cache-cache commence alors entre ces deux solitaires perfectionnistes dont les destins seront bientôt inextricablement mêlés…

Avis : Après avoir redonné au péplum ses lettres de noblesse, Ridley Scott apporte un nouveau souffle aux films de gangsters, en signant une saga tendue,nerveuse, précise et passionnante. C’est un petit miracle qu’un scénario aussi touffu, avec autant de personnages, tiennent autant la route, ne nous perde jamais et nous tienne en haleine de bout en bout. Rien de superflu, tout est précis, concis et destiné à nous faire avancer en même temps que les personnages dans leur parcours personnels et à l’intérieur de la grande Histoire américaine (avec la guerre du Vietnam en toile de fond). La réalisation est sobre mais offre de grandes scènes dignes de ses modèles (Le parrain,  Scarface ou les Affranchis). Autour des deux personnages principaux, amples, denses et complexes, gravitent une centaine de personnage qui existent tous par eux-mêmes, ce qui relève de l’exploit. Et en tête d’affiche, Denzel Washington peut préparer une petite place son sa cheminée pour une deuxième statuette. Il est parfait.
Un film hautement recommandable, l’essence du polar.

 

LA CHAMBRE DES MORTS – 5,5/10

Synopsis : En pleine nuit, au milieu d’un champ d’éoliennes, deux informaticiens au chômage renversent un homme surgi de nulle part. A ses côtés, un sac rempli de billets : deux millions d’euros, là, à portée de main et aucun témoin. Que faire ? Appeler la police ou profiter de l’occasion ?
Le lendemain, dans un entrepôt à quelques mètres des lieux de l’accident, la police retrouve le corps de Mélodie, une fillette aveugle. Et si l’argent était destiné à payer sa rançon ? L’assassin a-t-il vu les chauffards ?
Le soir même, une autre enfant est kidnappée. Diabétique cette fois. Ses heures sont comptées. A l’hôtel de police de Dunkerque, le compte à rebours est lancé. Aux côtés du lieutenant Moreno, un collègue très prévenant, Lucie, une jeune brigadier de 26 ans, participe à sa première enquête.
Et curieusement, au sein du groupe crime, on a vite le sentiment que Lucie n’est pas là par hasard…
 
Avis : Le film vaut pour ses deux principaux atouts: l’alchimie du couple Mélanie Laurent / Eric Caravaca et une vraie efficacité dans la réalisation, notamment une dernière scène tendue et flippante. L’ennui c’est que l’adaptation a du rendre de nombreuses éllipses nécessaires pour condenser l’intrigue, ce qui conduit à la fois à des incohérences dans le récit et à des scènes inutiles, mais surtout à une grande frustation de ne pas avoir de réponses à de nombreuses questions posées dans la première partie du film (dans une veine plus polar social, c’est réussit). On comprend peu les véritables motivations et du tueur, et des flics qui le poursuivent. L’histoire se déroulant également sur 3 plans (flics, chauffards, tueurs), elle se délite forcément au point de perdre les spectateur.
Malgré tout, on est à nouveau bluffé par l’actrice française la plus talentueuse du moment (et de l’avenir), la solaire Mélanie Laurent.
 

LES PROMESSES DE L’OMBRE – 6,5/10

Réalisé par

David Cronenberg

Synopsis : Bouleversée par la mort d’une jeune fille qu’elle aidait à accoucher, Anna tente de retrouver la famille du nouveau-né en s’aidant du journal intime de la disparue, écrit en russe. En remontant la piste de l’ouvrage qu’elle tente de faire décrypter, la sage-femme rencontre Semyon. Elle ignore que ce paisible propriétaire du luxueux restaurant Trans-Siberian est en fait un redoutable chef de gang et que le document qu’elle possède va lui attirer de sérieux problèmes…
Pour Nikolai, chauffeur et homme de main de la toute-puissante famille criminelle de l’Est, c’est le début d’une remise en cause. Entre Semyon et son fils Kirill, prêts à tout pour récupérer le journal, et l’innocente Anna, sa loyauté va être mise à rude épreuve. Autour d’un document qui se révèle de plus en plus explosif, plusieurs vies sont en jeu, dont la sienne, alors que se déchaînent les meurtres et les trahisons dans la famille comme dans la ville…
 
Avis : Après History of Violence, Cronenberg continue son exploration des bas instincts humains et dela corruption des êtres par la violence. Une violence âpre, sanglante,  compagnes des hommes qui en ont fait un élément constitutif de leur mode de vie. Si j’avais des reserves sur History, que je trouvais un peu fuyant, ne voyant pas exactement où Cronenberg voulait en venir (si ce n’est que la violence est innée – thèse que je ne partage pas), il livre ici un film froid et direct, appuyé par un scénario sur la mafia russe très solide, doublé d’une tragédie humaine forte. Il filme vite, sans temps morts, les corps qui se frappent, se coupent, et ne prend pas de gants pour montrer la violence la plus dure. Il offre surtout à Viggo Mortensen un rôle énorme, dense et complexe, qu’il interpète avec un sacré talent. Seul ombre au tableau, l’intéprétation trop outrée à mon goût de Cassel qui en fait des tonnes et du coup limite la crédibilité de son rôle de fils "héritier", pourtant essentiel.

DANS LA VALLEE D’ELAH – 7/10

Réalisé par Paul Haggis

Synopsis : De retour d’Irak pour sa première permission, Mike Deerfield disparaît mystérieusement et est signalé comme déserteur. Son père, Hank – un ancien membre de la Police Militaire – et sa mère Joan se lancent à sa recherche avec le concours d’Emily Sanders, officier de police de la juridiction du Nouveau-Mexique où Mike a été aperçu pour la dernière fois. Face au silence et à l’hostilité croissante des autorités militaires, Hank et Emily soupçonnent bientôt un coup fourré. Les indices troublants s’accumulent, et la vérité sur le séjour en Irak de Deerfield finit par éclater, bouleversant à jamais la vie de Hank et ses croyances…

Avis : Avec ce film, Hollywood fait pour la première fois du bourbier irakien un nouveau Vietnam. En se concentrant sur les conséquences du conflit sur les soldats survivants, Hagg is sonde les traumatismes provoqués par la guerre sur une population américaine de plus en plus sceptique sur les raisons qui ont poussé leur gouvernement à envoyer leurs fils combattre en Irak. Avec justesse, retenu et sobriété, il scanne cette amérique perdue, quelque part trompée, et utilise à merveilles ses acteurs pour en être le filtre, en tête desquels l’immense Tommy Lee Jones, dont le regard buté de père hante constamment le film. Harris se rapproche d’Eastwood, dans sa manière de décrire sans juger, de prendre le temps d’installer une ambiance, des personnages, un malaise. Jamais demonstratif, toujours haletant (contrairement au à mon avis surestimé Collision, son précédent film et Oscar du meilleur film).

SUPERGRAVE – 7/10

Synopsis : Evan et Seth sont deux amis pas très futés qui ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Pourtant, il va bien falloir qu’ils apprennent, parce que cette année, ils sont inscrits dans deux universités différentes !
Evan est craquant, plutôt intelligent et constamment terrifié par la vie – et les filles en particulier. De son côté, Seth parle trop, ne tient pas en place et s’intéresse vraiment beaucoup à tous les aspects de la reproduction humaine…
Pour ces deux-là, il est temps d’affronter l’existence, les filles et leur destin, mais pour cela, ils doivent d’abord survivre à cette nuit fatidique, leur première nuit, celle qui vous excite, vous terrifie et dont vous vous souviendrez toute votre vie !
 
Avis : Super con, super cru, super bon! Des situations à mourir de rire et des répliques qui tuent. Des acteurs incroyables qui font tout passer et en deviennent très touchants. Dommage que, à l’instar de en cloque, les scénariste n’arrivent pas à condenser l’intrigue, n’arrivant sans doute pas à faire le tri dans leurs blagues et à en sacrifier sur l’autel du rythme.
Mais cette bande est l’avenir de la comédie US. Aucun doute.

LE ROYAUME – 6/10

Synopsis : Riyad (Arabie Saoudite). Un attentat des plus sanglants jamais perpétrés contre des Occidentaux fait plus 100 morts et 200 blessés parmi les employés de la société pétrolière Gulf Oasis et leurs familles. Tandis que les bureaucrates de Washington discutent "droit d’ingérence" et "territorialité", l’agent du FBI Ronald Fleury et les membres de sa section d’intervention négocient un discret voyage de cinq jours en Arabie Saoudite pour identifier le cerveau de l’attentat.
Dès leur arrivée au Royaume, Fleury et les siens sont confrontés à l’hostilité des Saoudiens, qui prétendent mener seuls l’enquête. Entravés par un protocole tatillon et pressés par le temps, les quatre agents comprennent qu’ils doivent gagner au plus tôt la confiance de leurs homologues saoudiens, aussi décidés qu’eux à retrouver les terroristes…
 
Avis : Brillament réalisé et partant d’un point de départ complexe mais passionnant (les relations ambigües antre l’Arabie Saoudite et les USA dans le contexte post 11*09), Le Royaume ne tient malheusement pas toutes ses promesses en se cantonnant à un scénario trop simpliste qui, s’il se garde bien d’être trop polèmique, reste trop pro-américain pour apporter un poids suffisant aux débats sur la situation brûlante au moyen-orient. On apprécie le générique de début (formellement très intéressant mais aussi historiquement très parlant), les scènes d’action, on regrette les écueils scènaristiques, des invraissemblances qui rendent le dénouement particulièrement agaçant. Bref, alors que de nombreux films sortent ou se tournent sur les nombreux conflits géopolitiques du globe (notamment sur la politique US en Irak), nous éclairant ou nous alertant sur les zones chaudes du monde, Le Royaume se limite à un bon divertissement, sans plus, dommage….