COLD WAR 16,5/20

Cold War : AfficheDe Pawel Pawlikowski
Avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Agata Kulesza

Chronique : Love story d’une beauté terrassante, Cold War nous transporte sur une quinzaine d’années dans l’Europe d’après-guerre entre la Pologne et Paris, alors que les prémices de la guerre froide se font sentir.
Filmé dans un noir et blanc éclatant et profond, Cold War fait de chacune de ses scènes des photographies d’art, bouleverse par la composition de ses plans et la précision d’un scénario resserré ne craignant pas les ellipses.
Une histoire d’amour passionnée et brûlante, autant marquée par le contexte politique que par les musiques qui accompagnent ses amants dans cette période troublée. Des chants populaires des campagnes polonaises aux notes de jazz des cabarets parisiens enfumés en passant par les écrasants hymnes de propagande, cette musique aussi vibrante que diverse est profondément enracinée dans la romance contrariée que partagent Zula et Wiktor.
En choisissant une nouvelle fois de tourner en 4/3 après l’austère Ida son précédent film, Pawel Pawlikowski dépasse le simple artifice esthétique. Il réduit l’espace dans lequel s’expriment ses personnages, renforçant ainsi aux yeux du spectateur leur intimité et la puissance du lien qui les unit, sans figer leur histoire qui respire constamment d’une vigoureuse intensité. Des personnages forts, romanesques et entiers qui s’aiment autant qu’ils se déchirent, se quittent pour mieux se retrouver et interprétés par des acteurs lumineux.
Avec ce choix de mise en scène, Pawlikowski prend un parti pris esthétique radical et saisissant.
Et délivre un diamant magnifiquement taillé.

Synopsis : Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

EN LIBERTÉ! 13/20

En liberté ! : AfficheDe Pierre Salvadori
Avec Adèle Haenel, Pio Marmai, Damien Bonnard

Chronique : En Liberté porte très bien son titre. Le nouveau film de Pierre Salvadori s’aventure allègrement et avec une légèreté communicative dans tous genres de la comédie, avec plus ou moins de réussite mais toujours beaucoup d’énergie. Usant aussi bien du comique de répétition, que du burlesque ou d’un humour slapstick très physique, il repose sur des dialogues très travaillés qui provoquent autant l’hilarité qu’ils tombent à côté, mais dénotent une volonté sincère de porter En Liberté en dehors des sentiers battus.
C’est tour à tour désopilant ou foutraque, certaines scènes sont purement jubilatoires, d’autres souffrent d’une certaine maladresse, mais elles sont portées avec conviction par des acteurs tous excellents. Adèle Haenel et Pio Marmaï traduisent parfaitement l’esprit pop du film par leur énergie et leur tempo comique. Et si c’est la comédie qui domine clairement En liberté, le film n’est pas dénué d’une certaine gravité, même si elle n’est pas abordée frontalement. La question du souvenir, de la trahison vécue comme un nouveau deuil ou les dommages irréversibles du monde carcéral, ces sujets bien plus sombres sont adoucis  par la poésie avec laquelle Salvadori les traite.
Elle contribue à faire de En Liberté ! une comédie atypique, inégale, mais profondément attachante.

Synopsis : Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.

LE JEU – 14/20

Le Jeu : AfficheDe Fred Cavayé
Avec Bérénice Bejo, Suzanne Clément, Stéphane De Groodt

Chronique : Comédie de mœurs vive et alerte, Le Jeu soigne sa singularité dans le paysage assez déprimant de la comédie française par une écriture féroce et une mise en scène opérée avec l’efficacité d’un thriller. Pas si surprenant au regard de la filmographie de Cavayé, réalisateur très à l’aise dans le polar (Pour Elle, A Bout Portant…).
Malgré l’unité de temps et de lieu, Le Jeu ne subit ainsi aucun temps mort, hormis pour insuffler un peu d’émotion entre les vacheries perfides et les révélations gênantes.
Dès l’instant où les portables sont posés sur la table, la pression monte, le suspens gagne et ce qui ne devait être qu’un sympathique dîner entre amis vire au jeu de massacre.
Le Jeu peut parfois être malaisant, livrant une vision sans concession et peu amène du couple et de l’amitié, un peu désespérante même, mais il est drôle et savoureux. Ce cynisme est sans doute excessif, mais c’est le Jeu !
Et si cela fonctionne si bien, c’est que Cavayé fait preuve d’une très solide direction d’acteurs, tirant le meilleur d’un casting hétéroclite mais très complémentaire, excellant aussi bien lorsqu’ils assènent des répliques vachardes que dans leur jeu sans dialogue. Ils donnent un réel relief à des personnages assez basiques et créent une connivence palpable entre eux. On adore particulièrement Suzanne Clément, mais l’ensemble est à la fois très juste et très convaincant.
On peut bien sûr reprocher au scénario quelques grosses ficelles, mais il a la bonne idée d’être astucieux dans sa résolution.
Si bien qu’on se laisse assez facilement prendre au jeu. (Oui, elle est facile, mais c’est une bonne conclusion de chronique)

Synopsis : Le temps d’un dîner, des couples d’amis décident de jouer à un « jeu » : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et chaque SMS, appel téléphonique, mail, message Facebook, etc. devra être partagé avec les autres. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que ce « jeu » se transforme en cauchemar.

FIRST MAN – 15/20

First Man - le premier homme sur la Lune : AfficheDe Damien Chazelle
Avec Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke

Chronique : Nouveau changement de registre pour Damien Chazelle, qui signe avec First Man une odyssée spatiale aussi intime qu’épique et narre à hauteur d’homme la concrétisation d’un projet d’une ambition démentielle.
Le réalisateur reste attaché à ses thèmes de prédilection, le dépassement de soi quasi obsessionnel et le sens du sacrifice. Il s’intéresse cependant moins à la prouesse technologique et au poids politique qu’au parcours intérieur de l’astronaute qui aura été hanté toute sa vie par la perte de sa petite fille. Le deuil, la mort en général, planent constamment sur ce destin hors norme.
La caméra ne quitte pratiquement pas Gosling qui interprète Armstrong, et le filme au plus près, de manière presque intrusive. Cette proximité vaut également pour les scènes plus techniques, qui sont toujours vécues de l’intérieur. Elles rendent compte de la rusticité des navettes (les boutons de fortune, les boulons et les vis qui semblent tenir par l’opération du Saint-Esprit) et expriment autant un degré de confiance en soi et en son équipe illimité, qu’un sacré degré d’inconscience. Chazelle nous offre ainsi quelques scènes de conquête spatiale au réalisme fulgurant, immersives et tétanisantes, d’autant plus que le reste de son film n’est jamais dans la démonstration. Une expérience sensorielle assez démente renforcée par un superbe score musical, tour à tour discret et opératique. Et qui de mieux que Ryan Gosling pour incarner Neil Armstrong, héros discret et taiseux ? Son jeu tout en intériorité est parfaitement mis en valeur par Chazelle qui ne se prive pas pour filmer son regard stoïque, mais toujours parcouru par une grande variété d’émotions. Il est de ces rares acteurs qui sont capables d’exprimer beaucoup sans dialogue ni excentricité. Son interprétation sonne comme une évidence, tout comme le choix de Damian Chazelle de raconter l’un des événements les plus marquant du siècle dernier à travers un prisme très intime, sans pour autant perdre de sa spectacularité. Il signe à une nouvelle échelle, un nouveau grand film.

Synopsis : Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale.

VOYEZ COMME ON DANSE – 12,5/20

Voyez comme on danse : AfficheDe Michel Blanc

Avec Karin Viard, Carole Bouquet, Charlotte Rampling

Chronique : 16 ans après Embrassez qui vous voudrez, Michel Blanc retrouve la plupart de ses personnages pour lui donner une suite tout aussi grinçante.
Un gentil pamphlet sur la petite bourgeoisie parisienne qui décortique le rapport aux apparences et à l’argent tout en rebondissant (parfois maladroitement) sur le mouvement féministe qui secoue à juste titre notre petit monde. Il nous invite à un bal tragicomique où s’entrechoquent névroses et égos, une valse mordante que mènent les femmes et que les hommes, ramenés à leur petitesse, subissent.
Film choral old school, au charme un peu passé mais loin d’être désagréable, Voyez comme on danse convainc surtout par ses dialogues ciselés et percutants. Classique et sans surprise mais extrêmement bien écrite, cette comédie compacte (moins d’1h30) et au rythme soutenu nous offre surtout un admirable Karin Viard Show. L’actrice a droit aux meilleures punchlines et électrise le film de son énergie, de sa gouaille et de sa mauvaise foi. Et répand une bonne humeur contagieuse.

Synopsis : Voyez comme ils dansent…
Julien sent comme une présence hostile derrière lui en permanence.
Alex, son fils apprend qu’Eva, lycéenne de 17 ans a oublié de le prévenir qu’il allait être père.
La mère d’Eva, Véro, dans une sale passe depuis sa naissance pense qu’elle va être obligée d’arracher le sac des vieilles pour nourrir le futur enfant.
Elizabeth, dont le mari Bertrand s’est volatilisé, voit sa maison dévastée par une perquisition.
Lucie exaspérée par les délires paranos de Julien, son mari, est au bord du burn out conjugal.
Serena, la maîtresse de Julien sent qu’il lui ment. Julien ne sent pas que Serena lui ment aussi.
Loïc, fils ainé de Véro, seul élément stable de la bande ne l’est pas tant que ça.
Sans oublier un absent toujours très présent…

L’OMBRE D’EMILY – 12/20

L'Ombre d'Emily : AfficheDe Paul Feig
Avec Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding

Chronique : Paul Feig a commis certaines des comédies américaines les plus drôles de ces dernières années (le parfait Bridesmaid, le détonnant Spy) dans un style aussi personnel que clivant. Un humour assez peu fédérateur, mais très identifiable. Avec Dans l’Ombre d’Emily, il s’essaie à un nouveau genre, le thriller, et change diamétralement de registre. Enfin pas tant que ça…
Son dernier film est un objet hybride qui naviguerait entre son Bridesmaid et Gone Girl.
Un mélange étonnant de comédie et de polar, pas toujours très maitrisé, mais indéniablement fun. Même s’il évite avec succès de tomber dans la parodie, son scénario débridé ne parvient pas forcément à donner une réelle teneur aux mystères qu’il introduit parfois lourdement, mais c’est très drôle.
Feig multiplie les twists avec humour et un certain décalage mais sans énormément de finesse, jouant les équilibristes, tombant parfois. Si le final verse dans le grotesque, on louera la volonté d’une certaine sophistication dans la mise en scène de Feig, renforcée par une bande-son atypique composée exclusivement de chansons françaises. Le film ne sait plus trop où il va au bout d’un moment, mais il y va gaiement.
L’Ombre d’Emily est une plaisante récréation, ludique et amusante, portée par un duo d’actrices complémentaires qui semblent beaucoup s’amuser. Classe et élégante, Black Lively vampirise l’écran quand elle n’y est pas évincée par la rigolote et pas si sage Anna Kendrick (même si on aurait aimé un peu plus de profondeur dans la complexité du personnage de Stephanie).

Synopsis : Stephanie cherche à découvrir la vérité sur la soudaine disparition de sa meilleure amie Emily.

A STAR IS BORN – 15,5/20

A Star Is Born : AfficheDe Bradley Cooper
Avec Lady Gaga, Bradley Cooper, Sam Elliott

Chronique : Bradley Cooper signe le troisième remake cinématographique de A Star is Born et fait l’éclatante démonstration de l’intemporalité de cette belle histoire. Il lui insuffle la fraîcheur et la puissance des grandes love story tout en le drapant d’une très pertinente modernité. Son regard neuf et très juste sur son époque offre au public un grand mélo populaire, de ceux qui emporte, désarmant de sincérité et d’émotion pure. De ceux qui restent.
Sa relecture du classique s’opère avec beaucoup de goût et une douceur infinie, tout en l’inscrivant puissamment dans notre époque. Ainsi la rencontre entre Ally et Jackson se déroule dans un cabaret de drag queens alors qu’elle interprète une vibrante version de la Vie en Rose de Piaf, premier des nombreux clins d’œil à son actrice. Un coup de foudre intense et brûlant habilement mis en scène.
Cooper a visiblement beaucoup appris des réalisateurs avec qui il a travaillé. Son talent saute aux yeux et fait vite oublier que c’est son premier film. On pense au Eastwood de Sur la route de Madison, Million Dollar Baby, Un Monde Parfait ou Gran Torino dans sa façon de traiter en profondeur les relations entre ses personnages.
Sa mise en scène est tout aussi remarquable, offrant de très jolis plans, discrets mais tellement évocateurs, et toujours brillamment éclairés. Sa caméra capte les intentions et les nuances des conversations, saisit chacune des expressions de ses acteurs qu’il transforme en protagonistes de tableaux urbains et élégants. Surtout il réussit une gageure en filmant comme rarement les scènes de concerts, à la fois excitantes et immersives. La première performance du duo Jackson/Ally sur Shallow, la chanson phare du film, est électrisante. Le regard que porte Cooper sur Gaga lorsque sa voix puissante embrase le stade suffit à lui seul à filer la chair de poule.
La musique est un imparable amplificateur de sensations et le fait qu’elle soit ici toujours jouée en live accentue encore plus l’effet des décharges émotionnelles qu’elle provoque.
Ce point d’orgue qu’est Shallow sonne comme un final mais intervient assez tôt dans la narration. Il précède une seconde partie en apparence moins forte, et nettement moins lumineuse. Mais A Star Is Born explore alors plus en détail les aléas du couple, la transition d’une idylle parfaite en une relation qui se tend et s’abîme. Alors que Ally voit sa carrière décoller, Jackson décline, se noie dans l’alcool et les drogues et ressasse seul son ressentiment. Mais Cooper n’insiste jamais trop lourdement sur les difficultés, les conflits qui gangrènent le couple. Il refuse le tire-larmes et les éclats de voix. Il préfère les ellipses aux cris et aux sanglots, le romantisme au drame. En revanche, il sait parfaitement comment laisser poindre progressivement le mal insidieux qui va lentement détériorer leur relation.
Ces situations plus intimes mettent en lumière l’excellence de la performance des deux stars du films, entourés par ailleurs de solides prestations des personnages secondaires (en particulier Sam Elliot en frère manager aux anciens traumas qu’il partage avec Jackson). Dans la peau de ce chanteur fatigué se noyant dans ses addictions pour tenir le rythme d’une carrière qu’il n’a pas vu décliner, Bradley Cooper s’offre un de ses plus beaux rôles. La manière dont son regard sur Ally change au cours du film, passant de la fascination à l’amertume, mais sans que jamais l’amour ne s’efface tout à fait est éloquent. Et c’est aussi, surprise, un putain de chanteur…
Mais parlons donc de Lady Gaga, pour qui A Star is Born est une expérience aussi méta que cathartique. Le parcours de Ally multiplie les références au sien, de ses modestes débuts à sa starification en icone pop qu’elle maitrise autant qu’elle subit. Mais au-delà du jeu de miroir entre la fiction et la réalité, elle explose surtout aux yeux de tous comme une grande actrice, et convainc là où toutes ses consœurs aux ambitions dramatiques ont échoué. Madonna, Beyonce, Rihanna, Kylie, J-Lo… elles se sont toutes essayées au cinéma sans jamais pouvoir prétendre à autre chose qu’au statut d’une chanteuse qui joue la comédie. Après son passage remarqué en comtesse gothique, mythomane et sanguinaire dans American Horror Story (qui lui valut un Golden Globe), Gaga démontre qu’elle seule peut à la fois remplir des stades et un rôle. Et elle est magistrale dans celui d’Ally. Les Américains diraient « she’s natural », tant son spectre dramatique semble large. Qu’elle joue la fragilité ou la force, la timidité ou l’autorité comme son personnage l’exige, c’est toujours avec beaucoup de retenue et d’intelligence. Certes l’alchimie avec Bradley Cooper est évidente, et il est flagrant que tous deux se portent mutuellement, mais Gaga fait preuve d’une maturité et d’une profondeur insoupçonnée dans son interprétation. Expressive et subtile, elle bouleverse déjà dans les scènes de comédie. Alors quand elle se met à chanter…

Traversé par de nombreux passages musicaux qui sont autant de tubes, habité par le voix rauque de Cooper et celle surpuissante de Lady Gaga, A Star is Born est la rencontre parfaite entre un mythe hollywoodien, l’inspiration d’un metteur en scène, des chansons instantanément cultes et la magie d’un couple de cinéma sublime. Il fera peut-être fuir les cyniques, mais il fait indéniablement parti de ces films qui se voient et se revoient, et vous réchauffent le cœur. Et parions que les cyniques verseront une petite larme lorsqu’ils tomberont pas hasard sur A Star is Born…

Synopsis : Star de country u, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse très prometteuse. Tandis qu’ils tombent follement amoureux l’un de l’autre, Jack propulse Ally sur le devant de la scène et fait d’elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus de mal son propre déclin…

 

I FEEL GOOD – 12/20

I Feel Good : AfficheDe Benoît Delépine, Gustave Kervern
Avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Joseph Dahan

Chronique : Ne déviant pas d’un pouce de la veine sociale de leur cinéma, les grolandais Benoît Delépine et Gustave Kervern, livre avec I feel Good un film piquant et engagé qui égratigne (et un peu plus) la startup nation.
A travers le personnage de Jacques, quinqua fauché bas du front persuadé d’avoir un destin à la Bill Gates, ils pourfendent le capitalisme, la société de consommation et ses travers, sans beaucoup de nuance mais beaucoup de conviction. I Feel Good repose ainsi essentiellement sur Jacques, son arrogance, son égoïsme, sa bêtise crasse et sa foi inébranlable en un avenir glorieux, persuadé qu’une seule bonne idée, SA bonne idée, le rendra riche et l’élèvera au-dessus des médiocres sans ambition qui l’entourent. Une cible un peu trop facile à tacler pour conférer au film une portée et un message politique significatif mais I Feel Good n’en demeure pas moins une bonne comédie sociale. L’énergie et l’abattage comique de Dujardin sont inattaquables, bien qu’il soit régulièrement à la limite du surjeu et le couple frère/sœur qu’il compose avec Yolande Moreau (égale à elle-même, elle ne joue qu’un rôle, mais elle le fait bien), fonctionne. Mais le film souffre d’une mise en scène quelconque et d’un rythme laborieux qui le pénalise lourdement.
A défaut d’un brûlot politique, I Feel Good se révèle être une fable un peu simpliste mais sincère et généreuse. La bienveillance et la tendresse avec lesquelles les réalisateurs couvent leurs personnages marginaux touchent.

Synopsis : Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.