LA PLANÈTE DES SINGES : SUPRÉMATIE – 14/20

La Planète des Singes - Suprématie : AfficheDe Matt Reeves
Avec Andy Serkis, Woody Harrelson

Chronique : Suprématie clôt avec force, mais sans réel éclat la trilogie engagée il y a 6 ans avec La Planète des Singes : Les Origines. Intelligent, adulte et spectaculaire, ce prequel au roman de Pierre Boule a surpris par sa puissance iconique, son ambition formelle et technologique et son épatante concision narrative. Les deux premiers opus se démarquaient clairement l’un de l’autre, Origines se déroulant dans notre monde alors que L’Affrontement démarrait dans un univers où les hommes, décimés par le virus, avaient laissé la place aux singes. César, premier primate intelligent est le fil rouge de chacun des trois films, et c’est en chef de clan incontesté qu’on le retrouve dans Suprématie, suite plus évidente de l’Affrontement, alors que les humains s’organisent pour reprendre le pouvoir. Par la force et les armes. Suprématie est un film de guerre, Matt Reeves, à travers ses références évidentes (Apocalypse Now), ne s’en cache pas. Et un bon. Scènes d’assaut, de traque, de confinement, la saga nous emmène avec autorité vers son dénouement pour faire la jonction avec le classique de Franklin J. Schaffner (tout en glissant quelques easter eggs en passant).
La première partie, dense et imprévisible est un gros morceau de cinéma, qui associe imposants moments de bravoure et un approfondissement particulièrement poussé des personnages, en particulier de César qui va devoir composer avec une haine féroce envers l’ennemi, susceptible d’altérer son jugement et ses aptitudes de leader.
Tout comme son prédécesseur, le film s’efforce d’éviter tout manichéisme, chaque camp faisant face à ses peurs primales et répondant au besoin urgent de sauver son espèce.
Cérébral autant que viscéral, La Planète des Singes : Suprématie faiblit malheureusement dans sa dernière partie lorsqu’il lorgne vers le film d’évasion, et se fait moins inspiré, tout comme le final, certes évocateur mais qui nous emporte peu. Les Origines restera largement le volet le plus émouvant.
Malgré cette (légère) déception dans sa conclusion, la saga dans son ensemble se maintient très largement au-dessus du reste des blockbuster hollywoodiens. Elle est toujours aussi puissante dans ses thèmes et ses sous-textes (la survie de l’espèce, la domination, l’exploitation, la tyrannie), vibrante dans sa mise en scène et époustouflante dans son utilisation de la technologie. De film en film, la performance capture atteint des niveaux de réalisme hallucinant. Dans la peau de César, Andy Serkis livre une partition démente, qui mériterait une citation aux prochains Oscars.
A l’image de la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan, celle de la Planète des Singes se sera démarquée du commun des blockbusters par sa complexité et sa profondeur. Son apport technologique, son ampleur dramatique, et sa cohérence d’ensemble feront incontestablement date.

Synopsis : Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.

VALÉRIAN – 6/20

Valérian et la Cité des mille planètes : AfficheDe Luc Besson
Avec Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen

Chronique : Remarquable nanard spatial, cossu et foisonnant, Valérian est l’archétype de l’ambitieux nouveau riche qui multiplie les fautes de goût. Luc Besson est parvenu à rassembler un budget colossal, faisant de Valérian le film européen le plus cher de l’histoire, et c’est une vraie prouesse. Ce qu’il en a fait est tout aussi incroyable.
Comment pondre un film de SF aussi ringard avec autant d’argent ? Certes, le bestiaire est riche et les décors nombreux et tape-à l’oeil, mais alors qu’Avatar est sorti il y a près de 8 ans et que Star Wars a su se réinventer, la mise en scène du tycoon français accuse facilement 20 ans de retard. La volonté d’en montrer le plus possible à l’écran sans une once de liant ni de background solide fait de Valérian une série B rutilante mais creuse.
Et encore, on est en droit de trouver l’esthétique globale du film d’une grande laideur et d’être peu convaincu par l’animation des bestioles et l’intégration très encombrante des fonds verts… Les scènes d’action sont par conséquent laborieuses et peu convaincantes, hormis une première scène dans un marché en réalité virtuelle, seul fait d’arme notable du film en termes d’inventivité, mais qui s’étire inutilement en longueur.
Ensuite tout va très vite, mais manque paradoxalement de rythme. La faute à des dialogues affligeants, sans charme ni humour et un miscast total sur le rôle principal. Sans vouloir appuyer sur le manque d’alchimie flagrant entre le couple de héros, c’est surtout le choix de Dane DeHaan qui interroge. Le personnage est censé être un charmeur bégueule, dragueur invétéré, un mix de Indy and Han Solo (Young Harrison Ford, oui), tout l’inverse de DeHaan, au demeurant bon acteur dramatique, mais dont le manque de charisme évident pour un tel rôle plombe constamment Valérian. Ses tentatives un peu gênantes de bomber le torse et de jouer du sourcil ne masquent pas son allure de petit garçon rachitique bien terne aux côtés de la fougueuse (mais approximative) Cara Delavingne.
Comme on s’en doutait, ce n’est pas le scénario, indigent et niais, qui allait sauver le tout. L’intrigue capillotractée suscite très vite un désintérêt poli avant de provoquer un grand ennui et de nous achever par un final interminable et incroyablement cheap.
Un très cher nanard en somme.

Synopsis : Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d’agents spatio-temporels chargés de maintenir l’ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha – une métropole en constante expansion où des espèces venues de l’univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d’Alpha, une force obscure qui menace l’existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l’avenir de l’univers.