SANS UN BRUIT – 14,5/20

Sans un bruit : AfficheDe John Krasinski
Avec Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds

Chronique : A partir d’un pitch assez simple mais transcendé par une mise en scène au cordeau, Sans un Bruit se révèle être un survival malin, inventif et particulièrement anxiogène.
La première scène, tétanisante, pose le décor. Non, nous ne sommes pas là pour rigoler. Assumant son propos sans aucun cynisme, le thriller horrifique de John Krasinski (very well done pour un premier film), glace le sang et expose l’horreur et la peur dans toute sa monstruosité, jouant d’abord sur l’ellipse avant d’aborder un style plus frontal.
On retient son souffle, on sursaute, on s’agrippe à son siège ou à son voisin, bref on ne respire pas pendant 1h30. La menace est permanente, terrifiante, l’angoisse se trouvant amplifiée par le silence que s’impose les membres de la famille. Un bruit, un son et c’est la mort. Ce sentiment d’insécurité et de danger létal a rarement été aussi bien rendu dans un film de commande de major.
Le scénario est lui-même diabolique, prenant un malin plaisir à faire de la lutte pour la survie une course à handicaps, dont un (qu’ils auraient quand même pu éviter…), dont on se demande quel pourra bien être l’issue et donnant lieu à une scène mémorable et particulièrement éprouvante.
Remarquablement tenu, sans concession et épargnant peu ses personnages et ses spectateurs, Sans un Bruit n’est cependant pas seulement un brutal film d’épouvante, il se double d’une réflexion sur la famille, et la façon dont ses membres réagissent face au deuil et au sacrifice. Film quasi muet mais résolument expressif, il tire parti d’une interprétation intense de ses acteurs, Emily Blunt en tête. Pas besoin de beaucoup plus pour les comprendre et combler les ellipses d’un scénario peu explicatif.
Visuellement très riche grâce à un travail précis sur les couleurs et les lumières, spécialement la nuit, la réalisation de Kravinski joue beaucoup sur l’installation de ce climat anxiogène et étouffant.
Inventif, effrayant, signifiant, Sans un Bruit résonne fort.

Synopsis : Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.

OCEAN’S 8 – 12/20

Ocean's 8 : AfficheDe Gary Ross
Avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway

Chronique : Hollywood fait une nouvelle fois preuve d’une grande originalité en remettant au goût du jour une veille recette ayant fait ses preuves au box-office. Ocean’s 11 et sa première suite étaient des films de casse enlevés, malins, bourrés de twist facétieux et porté par un casting affolant (Clooney, Pitt, Damon, Affleck, Roberts…)
Ocean’s 8 en est donc son pendant féminin. Il surfe sur la vague de féminisation des blockbusters, les studios ayant enfin compris que les actrices pouvaient être aussi, si ce n’est plus, bankables que leurs collègues masculins. Et quelles actrices ! Sandra Bullock (si, si, c’est bien elle derrière les 25 filtres caméra. Le nez et la bouche ont un peu évolué depuis ses derniers films, mais c’est bien elle), Cate Blanchet, Rihanna, Helen Boham Carter, Sarah Paulson… du très haut niveau donc. Badass et glamours, elles sont l’atout principal de ce sequel opportuniste, quand bien même Anna Hathaway tue le game en starlette capricieuse et égocentrique, cible de l’opération des braqueuses.
Mais n’est pas Soderbergh qui veut, et Gary Ross ne parvient jamais à trouver l’énergie, la spontanéité et la complicité qui se dégageait des premiers Ocean. La mise en route est laborieuse, la préparation et l’exécution du plan manquent clairement de rythme et le scénario est beaucoup moins sophistiqué et moins malin que l’original. On peut aussi se questionner sur la pertinence de situer l’intrigue pendant le MET Gala lors duquel les personnages croisent de nombreuses stars « de la vraie vie », créant une confusion entre leur propre statut public et ce qu’elles sont censées interpréter à l’écran (cela vaut surtout pour Rihana).
Si Ocean’s 8 est loin d’être désagréable et se regarde avec un plaisir un peu désinvolte, cet opus souffre beaucoup trop de la comparaison avec ses grands frères. Anecdotique.

JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM – 13/20

Jurassic World: Fallen Kingdom : AfficheDe Juan Antonio Bayona
Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard

Chronique : En 1993 j’avais 14 ans et je voyais des dinos pour la première fois. Du moins, j’avais l’impression de voir des dinos pour la première fois, car l’illusion créée par Spielberg touchait à la perfection. 25 ans plus tard, les prouesses technologiques n’étonnent plus personne et Spielberg a laissé la main à de jeunes réalisateurs.
Pour autant, la sage Jurassique conserve une certaine aura, et l’apparition des bêtes préhistoriques fait toujours son petit effet. D’autant plus que Juan Antonio Bayona leur accorde une place centrale dans son récit. Il y insuffle son sens de l’effroi (L’Orphelinat, c’est lui), tout en sublimant quelques plans rendant grâce à la majesté des créatures à qui il donne vie. Les scènes d’action sont spectaculaires, riches sans être illisibles, et accomplies, alors que le duos Chris Pratt / Brice Dallas Howard fonctionne toujours aussi bien.
Il est cependant difficile de renouveler les enjeux autour du parc, et Fallen Kingdom s’apparente à un film de transition, au scénario un poil paresseux sur les questions de manipulation génétique et de leur exploitation par des cols blancs avides et sans scrupules.
Ces thématiques auraient mérité un traitement moins superficiel et moins anecdotique. C’est regrettable car en quittant l’île, Fallen Kingdom resserre son champ d’action et perd en amplitude, ses enjeux en deviennent plus étriqués et lorgnent du côté de la série B survivaliste. Une impression cependant largement compensée par des plans finaux impressionnants et assez iconiques, annonçant un prequel pour le coup plus ouvert que jamais sur notre monde.
Bon, en fait non, on n’en a pas marre des dinosaures.

Synopsis : Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l’île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.

MON KET – 12/20

Mon Ket : AfficheDe François Damiens
Avec François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojo

Chronique : Le cinéma vaut aussi pour ce qu’il a d’expérimental. L’exercice du film en caméra cachée en est une certaine illustration. Or il est toujours casse-gueule de transposer sur grand écran une formule ayant rencontré un vif succès à la télévision. Dernièrement, la Connasse de Camille Cottin avait surpris par sa pertinence et sa drôlerie, dépassant assez nettement le niveau des pastilles diffusées à la TV. En travaillant sérieusement son script et en soignant le rythme du montage, la succession des scénettes formaient un tout qui fonctionnait très bien et racontait quelque chose, aussi léger soit le propos.
C’est sur le même principe de scénarisation d’une succession de sketchs en caméra cachée que François Damiens à construit Mon Ket, avec comme fil conducteur l’histoire d’un malfrat s’évadant de prison pour récupérer son fils et monter son business.
Le résultat est dans l’ensemble solide et plutôt convaincant, mais Damiens semble tout de même bien étriqué dans ce format où il ne peut pas totalement se laisser aller à l’improvisation. Il semble parfois se fixer des limites qu’il n’avait pas forcément dans ses sketchs. Mon Ket est un projet atypique et ambitieux, qui reste malheureusement engoncé dans un cadre trop étroit pour son auteur et qui souffre la comparaison avec ses sketchs pour la télévision belge dont il n’a pas le culot et l’impertinence (ni l’absolu drôlerie).

Synopsis : Dany Versavel a un souci avec son fils : à 15 ans, Sullivan ne veut plus d’un père qui fait le king derrière les barreaux. Pour Dany, son « ket », c’est sa vie, hors de question de le laisser filer. Il décide donc de s’évader de prison prématurément ! Entre cavales, magouilles et petits bonheurs, il a tant de choses à lui enseigner. Un apprentissage à son image. Au pied de biche, sans pudeur ni retenue. Mais là où l’on pouvait craindre le pire, se cache peut être le meilleur…