BABY DRIVER – 15,5/20 (sortie le 19 juillet)

Baby Driver : AfficheDe Edgar Wright
Avec Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James

Chronique : Baby Driver est une petite bombe véloce, furieusement pop et funk.
Edgar Wright fait exploser sur l’écran un concentré de cool, de crissement de pneus, de tôle froissée et de riff de musique. Surtout de musique. C’est l’élément central de Baby Driver, autour duquel tout tourne et tout s’agence. Le réalisateur se mue en chef d’orchestre pour diriger une chorégraphie insensée de près de deux heures, où l’action est dictée par une bande son démente dont chaque note cadence la mise en scène. Le spectateur est directement mis dans le bain, le film s’ouvrant sur une scène de braquage suivi d’un course poursuite qui laisse littéralement sur les fesses. L’énergie, le ton, la folie, le rythme général se maintiennent ensuite à un très haut niveau, offrant des passages électrisants comme une fusillade sur les mesures de Tequila (immédiatement culte), et un final échevelé et dantesque avec pour point d’orgue un passage dingo sur Brighton Rock de Queen.
Film concept tenu de bout en bout, Baby Driver épate par sa maitrise formelle, sa virtuosité et son extravagance, un peu moins par son histoire. Mais on pardonne aisément une légère tendance à la mièvrerie, tant on prend un pied formidable le reste du temps. Vrombissant !

Synopsis : Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby ne compte que sur lui-même pour être le meilleur dans sa partie. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, il cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu…

CE QUI NOUS LIE – 14/20

 Ce qui nous lie : AfficheDe Cédric Klapisch
Avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil

Chronique : Dans une mise en scène sobre et élégante, Cédric Klapish livre une chronique familiale tendre et ronde, relevée de ça et là par quelques notes épicées.
Ce Qui Nous Lie suit sur une année les retrouvailles de trois frères et sœur, réunis au chevet de leur père alors qu’ils ne se sont pas vus depuis dix ans. Le réalisateur tire profit de la majesté des vignobles de Bourgogne et de leurs couleurs changeantes au fil des quatre saisons qui rythment le récit pour orienter sa mise en scène. Il exécute de très jolis tableaux, souvent en split screen (son péché mignon), et surtout rend compte avec beaucoup de précision du quotidien des vignerons, capturant l’énergie des scènes de groupe, particulièrement le passage des vendanges.
Si la manière dont il filme la fratrie est emprunte d’une certaine naïveté (flash back, ellipses) et n’évite pas quelques clichés, elle est surtout très touchante et d’une grande sincérité. Klapish parvient littéralement à cerner ce qui les lie. Il se manifeste par ailleurs une complicité évidente et naturelle entre les trois acteurs, remarquables de fraîcheur et de spontanéité. Pio Marmai et Ana Girardot sont comme d’habitude excellents, mais on décernerait volontiers une mention spéciale à François Civil, qui après s’être fait remarquer dans la comédie (Five, Dix pour cent), démontre qu’il est tout aussi brillant dans un registre plus dramatique.
Ce qui nous lie a ce petit je-ne-sais-quoi de familier et rassurant. Un très joli petit film, touchant et juste. Ça fait du bien, alors trinquons.

Synopsis : Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent.

WONDER WOMAN – 13/20

ineWonder Woman : AfficheDe Patty Jenkins
Avec Gal Gadot, Chris Pine, Connie Nielsen

Chronique : Il y a un an, Diana Prince (aka Wonder Woman) sauvait Batman vs Superman d’une médiocrité qui semblait vouloir accompagner chaque sortie du DC Cinematic Universe. Ses aventures solo allaient-elles transformer l’essai, ou le DC CU allait-il encore accoucher d’une purge aussi brouillonne qu’irregardable, à l’image de l’horrible Suicide Squad ?
Le résultat est plutôt encourageant et place en tout cas Wonder Woman bien au-dessus de ses petits copains du Shared Universe DC Comics.
Patty Jenkins offre à la super-héroïne une origin story solide, basée sur un scénario cohérent et équilibré à défaut d’être original, et qui prend le temps de faire interagir ses personnages. Surtout, elle prend le parti pris du pur divertissement, misant sur la légèreté de ton et une action maitrisée pour raconter sa Wonder-Woman.
Un peu comme Marvel avec Thor, le film joue malicieusement de la naïveté de Diana et du décalage qu’entraine la découverte de ce nouveau monde. Et c’est souvent cocasse.
La mise en scène de Jenkins est plutôt réussie, parvenant à créer une certaine unité narrative entre les différents mondes que parcoure Diana, ce qui n’est pas rien. Le design global est d’ailleurs moins laid que les précédents films DC, limitant le recours aux CGI et aboutissant à un rendu paradoxalement moins cheap. Si l’action « terrestre » se situe en pleine première guerre mondiale, WW ne se veut pas, et heureusement, une fresque historique pour autant. Ceci dit ce contexte rajoute à la singularité du projet.
Bon, on se doutait bien que cette histoire d’Ares n’allait pas aider à construire un final consistant, et force est de constater qu’on frise le ridicule, mais au moins le film ne se termine pas par la destruction d’une mégalopole dans une frénésie pyrotechnique.
Par ailleurs si Wonder Woman fonctionne, c’est que Gal Gadot en est la parfaite incarnation, alliant force et féminité. La plus grande qualité du film est peut-être d’être féministe sans jamais le revendiquer.
À la fois enlevé, construit et drôle, Wonde Woman redonne une direction plus lumineuse et moins sinistre au DC Cinematic Universe qui se prenait jusque-là tristement au sérieux.
Ça donnerait presque envie d’attendre Justice League. Ou pas.

Synopsis : C’était avant qu’elle ne devienne Wonder Woman, à l’époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s’écrase sur l’île paradisiaque où elle vit, à l’abri des fracas du monde. Lorsqu’il lui raconte qu’une guerre terrible fait rage à l’autre bout de la planète, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu’elle doit enrayer la menace. En s’alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la guerre, Diana découvrira toute l’étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin.

L’AMANT DOUBLE – 13,5/20

L'Amant Double : AfficheDe François Ozon
Avec Marine Vacth, Jérémie Renier

Chronique : Avec L’Amant Double, François Ozon signe sans doute sa mise en scène la plus aboutie.
Racée, élégante et pleine d’assurance, elle sanctuarise les lieux que ses protagonistes visitent en en faisant des théâtres fantasmagoriques. Des expositions du Palais de Tokyo (superbes) aux halls d’immeuble en passant par les salles d’attente et les cabinets de psychiatres, le réalisateur filme chaque espace avec majesté, exploitant évidemment parfaitement tous les jeux de miroirs et de réflexion qui s’offrent à sa caméra. Car il est bien question ici de gémellité, de la notion de double. La mise en scène d’Ozon en est le très beau medium, dommage que le scénario ne soit pas tout à fait à la hauteur. Encore une fois, le style n’est pas en cause, Ozon étant spécialiste des faux-semblants et des jeux de dupes, il parvient parfaitement à faire monter la tension au fil des révélations, dosant avec parcimonie violence physique et psychologique, lutte de pouvoir et érotisme. Il peut compter sur un duo d’interprètes investi, sulfureux et véritablement charismatique (Renier est étonnant d’ambigüité).
Mais le récit semble trop souvent naviguer à vue et l’Amant Double reposer plus sur la forme que sur le fond. Le décevant dénouement fait regretter que ce thriller psychologique d’une rare élégance formelle n’aille pas plus loin dans l’étrange et qu’il manque de solidité et d’ampleur dans la construction de son intrigue et dans sa résolution.
Il n’en demeure pas moins un très bel objet de cinéma, précieux et intriguant. Et c’est déjà beaucoup.

Synopsis : Chloé, une jeune femme fragile, tombe amoureuse de son psychothérapeute, Paul. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.

MARIE-FRANCINE – 11,5/20

Marie-Francine : AfficheDe Valérie Lemercier
Avec Valérie Lemercier, Patrick Timsit, Hélène Vincent

Chronique : On aime beaucoup Valérie Lemercier. Ses films … pas toujours.
Sa Marie Francine est touchante, drôle par moments, un peu triste aussi parfois.
Mais sans doute encore traumatisée par l’accueil glacial reçu par sa précédente réalisation, Lemercier semble constamment sur la réserve, hésitant entre la loufoquerie jusqu’au boutiste de Palais Royal ou du Derrière et le chemin plus balisé d’une comédie romantique toute sage.
Sans jamais totalement convaincre, l’humoriste parvient quand même à diffuser une bonne dose d’humanité à son histoire. Sa première partie, où tous les malheurs du monde semblent s’abattre sur son héroïne, est de loin la meilleure. Il y règne une ambiance un peu malaisante, et en même temps on se prend assez immédiatement d’affection pour cette quinqua poissarde obligée de se réaménager chez ses parents.
La love story qui suit est un peu plus laborieuse, parce qu’elle manque de souffle, et parce que le couple Timsit / Lemercier ne fonctionne que par intermittence. L’humour se dilue alors un peu dans la guimauve, même si la géniale Hélène Vincent en grand-mère superactive maintient un haut niveau comique. Sympathique. Sans plus.

Synopsis : Trop vieille pour son mari, de trop dans son boulot, Marie-Francine doit retourner vivre chez ses parents… … à 50 ans ! Infantilisée par eux, c’est pourtant dans la petite boutique de cigarettes électroniques qu’ils vont lui faire tenir, qu’elle va enfin rencontrer Miguel. Miguel, sans oser le lui avouer, est exactement dans la même situation qu’elle. Comment vont faire ces deux-là pour abriter leur nouvel amour sans maison, là est la question…