Cinéma | LA NUÉE – 15/20

De Just Philippot
Avec Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne

Chronique : S’il fallait une preuve que la France avait suffisamment de talents pour faire exister un cinéma de genre ambitieux et créatif, La Nuée ferait office d’argument imparable.
Just Philippot construit son conte horrifique autour d’une problématique sociale forte (les difficultés du monde agricole), qui sert de terreau fertile à une montée crescendo de la peur et de l’angoisse.
Bardé, volontairement ou non, de références multiples et prestigieuses comme Les Oiseaux, La Mouche et même les Dents de la mer, La Nuée leur fait honneur en installant progressivement un climat anxiogène et finit par nous conduire vers un final irrespirable et malaisant.
La mise en scène, léchée et maîtrisée, fait preuve d’une évidente personnalité. La manière dont le réalisateur révèle son « monstre » est d’une redoutable efficacité. La menace que fait peser l’élevage de sauterelles est de plus en plus grande au fur et à mesure que leur nombre croît pour former un tout à la fois effrayant et répugnant.
Mais si le pan fantastique fonctionne aussi bien, c’est aussi parce que les personnages sont très soignés et lui permettent de s’exprimer dans un cadre réaliste, donc d’autant plus angoissant.
A ce titre, Suliane Brahim laisse une forte impression. Issue du théâtre et pensionnaire de la comédie française, elle se jette corps et âme dans le cinéma de genre et vampirise l’écran.
Une bonne claque (qui ne vous reconciliera pas forcément avec le monde des insectes…).

Synopsis : Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…

Cinéma | CRUELLA – 14/20

De Craig Gillespie
Avec Emma Stone, Emma Thompson

Chronique : S’il lance quelques clins d’œil bien senti au dessin animé, Cruella est surtout une variation punk et ébouriffante du Diable s’habille en Prada à la délicieuse sauce british des 70’s.
De loin la meilleure déclinaison live des classiques Disney, ce prequel audacieux des 101 Dalmatiens s’appuie sur une bande son rock & funk absolument géniale, invoquant en vrac Bowie, Queen, The Doors, The Clash, Tina Turner, Blondie et j’en passe.
Ces musiques culte rythment un scénario plus transgressif (toute proportion gardée) que les premières minutes pourraient nous laisser croire. Cruella commence en effet comme une origin story toute Disneyienne, (la perte des parents, la culpabilité…) , mais au lieu d’aller doucement vers un happy end traditionnel, le film vire au revenge movie, un affrontement chic et vicelard au ton assez dark mais aux couleurs chatoyantes.
Dès son annonce, le casting d’Emma Stone en Cruella avait tout de l’évidence. Une évidence confirmée à l’écran. Son énergie, sa voix, son allure, tout en elle respire Cruella. Son duel extravaguant par créations interposées avec Emma Thomson est savoureux et constituent l’atout numéro 1 de ce prequel. Elles s’éclatent à s’envoyer des piques vachardes et à jouer à qui sera la plus mauvaise, et ça se voit. Pour ne rien gâcher, la mise en scène est enlevée, évidemment rythmée par la monstrueuse BO, mais aussi pleine d’idées et de mouvements de caméra inspirés. Le cœur du film consacré à la mode et à l’affirmation de Cruella en tant que créatrice est particulièrement emballant, nous offrant quelques scènes de « reveal » que ne renierait pas RuPaul (omg la benne à ordure).
Si l’intrigue est forcément moins audacieuse sur la fin, elle réserve néanmoins quelques surprises et s’avère très correcte pour un tel projet (généralement bien plus paresseux).
On peut certes s’interroger sur l’intérêt d’humaniser les grands méchants de notre enfance, mais pourquoi pas finalement lorsque c’est bien fait (Joker était bien plus problématique). Emma Stone donne du relief, un passé et une histoire à Cruella, un destin qui n’est pas contradictoire avec ce qu’on connait d’elle. On aurait même presque envie d’en savoir plus…

Synopsis : Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance …

Cinéma | 5ème SET – 13/20

De Quentin Reynaud
Avec Alex Lutz, Ana Girardot, Kristin Scott Thomas

Chronique : Sport et cinéma n’ont jamais vraiment fait bon ménage. Filmer le chant du cygne d’un ancien jeune espoir du tennis avait donc tout de la gageure pour Quentin Reynaud.
Et même d’un double défi. Il fallait croire à la fois à l’intensité du jeu, au réalisme des échanges sur les courts de Roland-Garros, et à Alex Lutz en joueur vieillissant encore arrimé à ses rêves de gloire, malgré son corps abîmé et ses espoirs mille fois déçus.
Sur le premier point, le réalisateur s’en sort très bien, filmant les joueurs de près ou en fond de court. L’illusion est bonne et devient même totale lors du « final », filmé comme s’il s’agissait d’un match diffusé en direct à la télévision. La tension, les réactions du public, les râles des joueurs, l’enthousiasme des commentateurs tout y est. C’est un peu longuet mais l’impression d’assister à la retransmission d’une rencontre sur le central est réelle. Concernant la crédibilité de Lutz en sportif de haut niveau, il faut reconnaitre qu’il est assez bluffant. Le comédien est un spécialiste du travestissement, un observateur surdoué jamais meilleur que lorsqu’il peut se grimer et disparaître derrière un personnage (Catherine et Liliane, Guy). Pour 5ème Set, il tombe le masque et se met à nu. Pour autant sa performance est tout aussi remarquable, saisissante de vérité. Il exprime aussi bien les frustrations et la rage d’un athlète lâché par son corps que les espoirs d’une improbable renaissance et l’arrogance du champion grisé par ce retour de flamme.
Il est par ailleurs très bien entouré, Ana Girardot excelle en épouse sacrificielle et Kristin Scott Thomas est évidemment parfaite en mère castratrice.
Atypique, 5ème Set est une proposition de cinéma singulière mais qui parvient à trouver sa voix, son ton. Intéressant.

Synopsis : À presque 38 ans, Thomas est un tennisman qui n’a jamais brillé́. Pourtant, il y a 17 ans, il était l’un des plus grands espoirs du tennis. Mais une défaite en demi-finale l’a traumatisé et depuis, il est resté dans les profondeurs du classement. Aujourd’hui, il se prépare à ce qui devrait être son dernier tournoi. Mais il refuse d’abdiquer. Subitement enivré par un désir de sauver son honneur, il se lance dans un combat homérique improbable au résultat incertain…

Cinéma | NOMADLAND – 15/20

De Chloé Zhao
Avec Frances McDormand, David Strathairn

Chronique : Splendide et contemplatif, Nomadland est une ode aux déclassés, aux déracinés, à ceux qui par choix ou par nécessité tracent leur route à la marge de la société.
Lors de ce road movie intime et solitaire, son héroïne croise des destins semblables ou non au sien, parfois plus tragiques, parfois plus assumés, mais ces rencontres la confortent dans l’idée qu’une communauté hors des cadres sociétaux normatifs existe et qu’elle peut en faire partie.
La réalisatrice Chloé Zhao filme dans des plans sublimes et abrasifs les décors d’une Amérique très éloignée des cartes postales. Sa mise en scène et l’excise photographie dont bénéficie Nomadland mettent en valeur des tableaux naturalistes sidérants de beauté, que de jolies mélodies au piano et au violon accompagnent magnifiquement.
Mais le plus beau paysage que capte sa caméra est sans nul doute le visage de Frances McDormand, bouleversante d’abnégation et de résilience, de mélancolie parfois aussi. Quelle actrice, quelle finesse, donnez-lui tous les Oscars du monde. Elle traduit avec tant de subtilité le voyage de Fren, sans colère, sans acrimonie, juste avec quelques regrets sans doute mais avec la détermination et l’espoir de vivre, et bien vivre, différemment.
Malgré cette année étrange, Nomadland mérite toutes ses récompenses. On est évidemment très curieux de voir quelle liberté aura laissé Marvel à Zhao pour son prochain film. Si elle peut y exprimer toute sa sensibilité, Eternals promet beaucoup.

Synopsis : Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain.

Série | POSE S03 – 14,5/20 | LA GUERRE DES MONDES S02 – 11/20

POSE S03 (Canal) – 14,5/20

D’émouvants adieux. Avec cette 3ème et dernière saison, Pose finit d’iconiser ses personnages en leur faisant traverser la peur au ventre mais la rage au cœur l’épidémie de SIDA dans les années 90.
C’est un final à la hauteur de l’affection sincère qu’on leur porte, militant, bouleversant et l’hommage à la communauté queer, trans, noire et latino est toujours aussi beau et vibrant.
Certes la série était plus convaincante dans son immersion presque documentaire au sein du voguing et des balls des premières saisons que dans son traitement des années SIDA, mais sa constante bienveillance et son cœur énorme nous chavirent épisode après épisode. Elle redéfinit la notion de famille, célébrant le modèle de celle qu’on choisit. En cela Bianca (et son actrice MJ Rodriguez) restera une figure emblématique d’un show qui aura marqué l’histoire de la télévision. Car Pose est d’ores et déjà un jalon essentiel dans la représentativité LGBTQ+ sur petit écran, comme Queer as folk en son temps. En mettant en scène des actrices trans racisées et leur donnant les moyens de se réaliser pleinement comme actrice, la série est en soi une révolution.
Indispensable.

LA GUERRE DES MONDES S02 (Canal) – 11/20

Avec toujours avec un minimum de moyens, la Guerre des Mondes parvient à maintenir son ambiance singulière et anxiogène, avec un énorme travail sur le son.
Mais le scénario de cette saison 2 est trop faiblard pour conserver l’aura que la première avait créé autour de la série. En jouant trop sur les ellipses, à ne pas vouloir trop en dire, elle finit par tourner en rond et lasser. Ce défaut est partiellement compensé par une mise en scène spectaculaire avec des attaques d’une extrême brutalité et des morts violentes.
Paradoxalement, le final est très vite expédié, capitalisant bien peu sur une mythologie que les scénaristes auront tant bien que mal essayé de structurer jusqu’alors.
Une déception à la hauteur des espoirs suscités par la saison 1.

Cinéma | LE DISCOURS – 14/20

De Laurent Tirard
Avec Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau, Kyan Khojandi

Chronique : Le bouquin dont Le Discours est adapté est très fin, très drôle, mais sa principale caractéristique est de se passer presque entièrement dans la tête de son personnage principal.
Comment Laurent Tirard, habitué à un cinéma démonstratif (Astérix, Le Petit Nicolas, Le Retour du Héros) allait-il bien pouvoir traduire les divagations intérieures d’Adrien sans les trahir ?
Le réalisateur le fait avec beaucoup de créativité et une certaine malice. Toutes les bonnes idées du roman y sont et même un peu plus. Sa mise en scène fait preuve d’une inventivité stimulante pour illustrer les pensées, les espoirs et les frustrations de son anti-héros. Il use à bon escient d’artifices théâtraux en brisant le quatrième mur et en multipliant les apartés qu’il complète par de nombreux flash-backs amusants. C’est précis, efficace, souvent très drôle et a le bon goût de ne pas trop faire durer le plaisir, comme pour un bon discours !
Le film dispose surtout d’une arme secrète imparable, le talent de Benjamin Lavernhe dont le sens comique et l’éloquence mettent ici tout le monde d’accord. Il est de surcroit parfaitement entouré avec Morel, Khojandji, Sara Giraudeau…
Le Discours se permet même d’ajouter une pointe d’émotion pas forcément palpable dans le roman.
Un passage à l’image réussi !

Synopsis : Adrien est coincé. Coincé à un dîner de famille où papa ressort la même anecdote que d’habitude, maman ressert le sempiternel gigot et Sophie, sa sœur, écoute son futur mari comme s’il était Einstein. Alors il attend. Il attend que Sonia réponde à son sms, et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait subir depuis un mois. Mais elle ne répond pas. Et pour couronner le tout, voilà que Ludo, son futur beau-frère, lui demande de faire un discours au mariage… Oh putain, il ne l’avait pas vu venir, celle-là ! L’angoisse d’Adrien vire à la panique. Mais si ce discours était finalement la meilleure chose qui puisse lui arriver ?

Cinéma | PROMISING YOUNG WOMAN – 14/20

De Emerald Fennell
Avec Carey Mulligan, Bo Burnham, Alison Brie

Chronique : Le mouvement #metoo a libéré la parole sur les violences faites aux femmes encourageant une nouvelle génération de réalisatrices à s’élever contre la culture du viol et à attaquer frontalement la masculinité toxique. Dans le sillon de la série surpuissante I May Destroy You de Michaela Coel qu’on a pu découvrir récemment (si ce n’est encore fait, je vous y encourage vivement), Emerald Fenell détourne les codes de la comédie romantique et du thriller horrifique pour construire un Revenge movie rose bonbon rythmé par une musique pop entrainante. Promising Young Woman joue habilement, au moins dans son premier tiers, sur le décalage entre la légèreté sophistiquée de la mise en scène et la dureté de son sujet.
On comprend assez vite les motivations qui pousse son héroïne à feindre la vulnérabilité pour piéger les prédateurs sexuels mais Promising Young Woman nous emmène en permanence là où on n’aurait jamais pensé aller. Le film change de ton lorsque la vendetta de Cassie prend un tour plus personnel, l’humour acide du début laisse la place à un mélange de rage désespérée et de tristesse.
Le film secoue et surprend, enchaine les twists de plus en plus dérangeants tout en suscitant la réflexion. Mais on est constamment captivés.
Le Revenge movie est un genre toujours délicat à traiter, et il est difficile de trouver le ton juste quand un personnage décide de se faire justice soi-même. Si son scénario est parfois borderline et surappuyé (surtout sur la fin), Emerald Fenell parvient à conserver un équilibre qui n’édulcore ni amoindri la force sociétal et féministe de son propos en énonçant clairement dans sa deuxième partie la base fictionnelle et les limites du combat de Cassie. Au contraire, Promising Young Woman a un message à faire passer et il le clame haut et fort. Carey Mulligan en est la voix puissante. Quelle grande actrice.

Synopsis : Tout le monde s’entendait pour dire que Cassie était une jeune femme pleine d’avenir…jusqu’à ce qu’un évènement inattendu ne vienne tout bouleverser. Mais rien dans la vie de Cassie n’est en fait conforme aux apparences : elle est aussi intelligente que rusée, séduisante que calculatrice et mène une double vie dès la nuit tombée. Au cours de cette aventure passionnante, une rencontre inattendue va donner l’opportunité à Cassie de racheter les erreurs de son passé.

ADN – 12,5/20

De Maïwenn
Avec Maïwenn, Omar Marwan, Fanny Ardant

Chronique : Avec ADN, Maïwenn livre un drame familial très personnel sur le deuil et le sens de la transmission, fiévreux, intime et intense, maladroit et imparfait certes mais sincère.
Que le film ressorte sur les écrans après la pandémie le fait resonner différemment aujourd’hui, alors que beaucoup d’entre nous ont dit adieu à leurs anciens. L’impact émotionnel est sans doute renforcé et il est toujours fascinant de voir comment un film peut être reçu différemment en fonction du moment où on le rencontre.
Sur un mode quasi-documentaire, la réalisatrice filme les répercussions de la mort du patriarche sur les relations tendues qui unissent ses descendants. La perte de ce point de repère solide exacerbe les ressentiments et les rancunes. Les mots sont durs, violents souvent, les regards tout autant, les conflits ouverts. Mais ils s’accompagnent aussi de moments doux (la relation du grand-père et de son petit-fils est belle), de preuves d’amour camouflés derrière les cris et dans la manière de chacun de dire au revoir.
Maïwenn capte ce moment d’après avec un naturel désarmant, mais aussi parfois embarrassant tant le spectateur peut avoir l’impression d’être pris à parti et d’être assigné à un rôle de voyeur.
Les affrontements acides entre les membres de la famille peuvent se perdre dans une surenchère complaisante mais sonnent aussi parfois incroyablement juste. Un déséquilibre permanent qui se ressent aussi dans la réalisation.
Maïwenn, entourée d’excellents comédiens qui servent des dialogues et des punchlines tour à tour drôles ou puissants, confirme que sa direction d’acteurs est l’une des plus maitrisée du cinéma français. C’est moins le cas de son scénario qui souffre de déséquilibre entre la première partie consacrée à la gestion du deuil par la famille, bien tenue malgré ses excès, et la seconde axée sur la quête identitaire de son personnage principal, dont le traitement un peu brouillon étend inutilement le film tout en perdant l’effet de troupe qui donnait tout le sel de sa première partie.
Mais si ADN mérite vraiment notre attention, c’est aussi grâce à ses imperfections qui participent à sa singularité et à sa force.

Synopsis : Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de la famille sont compliqués et les rancœurs nombreuses… Heureusement Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex. La mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige. Dès lors elle va vouloir comprendre et connaître son ADN.

Séries | MARE OF EASTTOWN S01 – 16/20 | HALSTON – 11/20

MARE OF EASTTOWN S01 (OCS) – 16/20

Mare of Easttown débute presque anecdotiquement avec le meurtre d’une jeune fille dans une petite ville de province aux Etats-Unis. C’est l’Amérique populaire, celle des communautés où tout le monde se connait, l’Amérique des non-dits et des secrets… Une flic fatiguée et déprimée s’empare de l’enquête…
On se dit d’abord qu’on a déjà vu ça 1 000 fois… Mais en fait non, pas du tout !
La manière en tout point admirable dont les personnages sont construits, la finesse du scénario qui parvient à créer aussi bien le suspense nécessaire à un excellente thriller que l’empathie du spectateur envers ses personnages fait de Mare of Easttown une série unique et franchement emballante.
Si chaque épisode se termine sur un clifhanger d’une redoutable efficacité, c’est aussi parce que Mare of Easttown aura su privilégier l’humain au spectaculaire, nous faisant apprécier progressivement des personnages de prime abord mal-aimable et à la construction plus complexe qu’on l’aurait pensé au départ. C’est paradoxalement en limitant les effets qu’elle devient plus accrocheuse.
Evidemment, Kate Winslet est impériale, son interprétation aussi brute que fragile apporte cette dimension supérieure à la série, celle qui la rend mémorable.
Parions qu’on se souviendra très fort de Mare of Easttown parmi les séries marquantes de 2021 et de sa principale interprète quand arrivera le temps des récompenses…

HALSTON (Minisérie Netflix) – 11/20

Une fois n’est pas coutume, Ryan Murphy brosse un portrait très conventionnel du créateur de mode Roy Halston, un biopic certes élégant et solide, mais sans grande personnalité. Entre grandeur et décadence, il dépeint l’histoire classique d’un talent trahi par son égo et son narcissisme sans vraiment réussir à capter une époque. En revanche Ewan McGregor fait très bien le job et les musiques de la BO sont assez réjouissantes.
Agréable mais dispensable et très loin de l’audace habituelle de Murphy. On aimerait pouvoir avoir légalement accès au film documentaire de Frederic Tcheng en France pour lui opposer une autre vision.