Réalisé par Gregg Araki
Avec Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni
Synopsis : Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère…
Avis : Gregg Araki capte l’essence de l’état adolescent comme personne. Il le prouve une nouvelle fois avec White Bird, qui s’inscrit plus dans la lignée de Mysterious Skin (sans en atteindre sa puissance émotionnelle et sa force narrative), que dans les délires pop de Kaboom ou Smiley Face.
Araki installe ses personnages dans un univers ouaté et codifié mais qu’on devine pullulant de non dits et de frustration. Dans une première partie jonglant habilement entre chronique familiale et amorce d’un thriller fortement sexué, Araki excelle une nouvelle fois à dessiner l’urgence, les désirs et l’ennui adolescent, bien aidé par la performance cristalline et rayonnante de Shailene Woodley. Il crée un halo mystérieux, à la fois dérangeant et excitant, au cœur duquel plane l’ombre instable de la mère, absente et pourtant omniprésente.
Comme souvent dans sa filmographie, le réalisateur refuse toute stylisation excessive. Les coupes sont sèches, les plans simples, seules quelques apartés oniriques ajoutent une poésie teintée de fantastique et alimentent les fantasmes véhiculés par la figure maternelle. La force formelle de White Bird repose essentiellement sur cette délicieuse reconstitution des années 80, qu’une BO impeccable accompagne.
Lorsque le film passe assez clairement du côté du thriller, il perd paradoxalement en mystère, comme si Araki devait se résoudre à faire avancer son histoire. On excusera le dénouement grotesque en soulignant une nouvelle fois la capacité du réalisateur à cerner des personnages en transition. Son acuité habituelle pour dépeindre le passage à l’âge adulte se double ici d’un remarquable portrait de « femme désespérée », qui conservera ses zones d’ombre bien après que les raisons de sa disparation aient été révélées.