THE RAID – 13,5/20

The RaidRéalisé par Gareth Evans
Avec Iko Uwais, Yayan Ruhian, Joe Taslim

Synopsis : Au cœur des quartiers pauvres de Jakarta, se trouve une citadelle imprenable dans laquelle se cache le plus dangereux trafiquant du pays. Une équipe de policiers d’élite est envoyée donner l’assaut lors d’un raid secret mené aux premières lueurs du jour. Mais grâce à ses indics, le baron de la drogue est déjà au courant et a eu amplement le temps de se préparer. A l’instant où le groupe d’intervention pénètre dans l’immeuble, le piège se referme : les portes sont condamnées, l’électricité est coupée et une armée d’hommes surentrainés débarque. Piégés dans cet immeuble étouffant, les policiers vont devoir se battre étage après étage pour avoir une chance de survivre.

Avis : Explosif, étourdissant, brutal… The Raid est à la hauteur des superlatifs accompagnants sa sortie et le présentant comme un classique instantanée du fighting movie. Un pur film d’action, ou un film d’action à l’état brut, au choix donc. Le réalisateur ne s’embarrasse pas d’intrigues complexes ou d’inutile second degré. Ça bastonne sans arrêt et c’est tant mieux, car les rares moments de répits dans lesquels se posent les enjeux assez sommaires du film sont quand à eux assez faiblards. Quand les personnages se mettent à parler, on a juste envie de leur dire qu’en fait on s’en fout un peu, et qu’on attend simplement qu’ils se remettent sur la gueule. Parce que là, ça envoie.
Gareth Evans livre un ballet sanglant sans pareil, avec une virtuosité et une diversité affolante qui ne laisse pas au spectateur le temps de reprendre son souffle. L’intensité des combats rivalise avec le rythme imparable de la mise en scène. C’est à la fois d’une violence inouïe et d’une grâce incontestable, sans pour autant tomber dans le piège de la complaisance (parce que pas « réaliste »).
Une chorégraphie millimétrée, un uppercut en pleine tronche. Foisonnant et radical.

ADIEU BERTHE – 13,5/20

Adieu Berthe ou l'enterrement de méméRéalisé par Bruno Podalydès
Avec Valérie Lemercier, Denis Podalydès, Isabelle Candelier

Synopsis : Mémé is dead. Berthe n’est plus. Armand avait « un peu » oublié sa grand-mère… Pharmacien, il travaille avec sa femme Hélène à Chatou. Dans un tiroir de médicaments, Armand cache ses accessoires de magie car il prépare en secret un tour pour l’anniversaire de la fille… de son amante Alix. Et mémé dans tout ça ? On l’enterre ou on l’incinère ? Qui était Berthe ?

Avis : Cinéaste au style très singulier, Denis Podalydès livre une nouvelle comédie douce-amère, particulièrement attachante, naviguant entre rêverie utopique et réalité douloureuse. Un rythme basé sur de délicieux contre-temps que l’intrigue drôlement morbide et l’humour noir mettent parfaitement en valeur.
Le ton décalé très caractéristique des auteurs fonctionne à merveille, délivrant une petite musique savoureuse que l’orchestre joue à la perfection. Les musiciens orfèvres sont pour la plupart des habitués des films de Podalydès (les frères Podalydes, Isabelle Candelier, Vuillermoz, Brouté). Ils accueillent dans la troupe une petite nouvelle qui s’en donne à cœur joie, une Valérie Lemercier en grande forme, qui retrouve enfin un rôle à la hauteur de son talent déjanté. Il était temps !
Si on recense quelques temps faibles et une réalisation mollassone (dommage, il y avait à faire), l’écriture est précise et les dialogues exquis, si bien qu’on n’en tiendra pas rigueur, tout heureux d’avoir pu profiter de ce moment empreint de poésie burlesque et loufoque, et d’un certain charme mélancolique.

PS : j’ai mis 5 minutes à me remettre de la carte de visite Obsecool…

THE AMAZING SPIDER-MAN – 14,5/20

The Amazing Spider-ManRéalisé par Marc Webb
Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans

Synopsis : Abandonné par ses parents lorsqu’il était enfant, Peter Parker a été élevé par son oncle Ben et sa tante May. Il est aujourd’hui au lycée, mais il a du mal à s’intégrer. Comme la plupart des adolescents de son âge, Peter essaie de comprendre qui il est et d’accepter son parcours. Amoureux pour la première fois, lui et Gwen Stacy découvrent les sentiments, l’engagement et les secrets. En retrouvant une mystérieuse mallette ayant appartenu à son père, Peter entame une quête pour élucider la disparition de ses parents, ce qui le conduit rapidement à Oscorp et au laboratoire du docteur Curt Connors, l’ancien associé de son père. Spider-Man va bientôt se retrouver face au Lézard, l’alter ego de Connors. En décidant d’utiliser ses pouvoirs, il va choisir son destin…

Avis : Alors? On en avait vraiment besoin de ce reboot ? Définitivement oui. Parce que le style et la vision de Marc Webb diffèrent assez sensiblement de la trilogie de Sam Raimi. Parce que l’origine-story de Spider-man se double cette fois-ci d’un thriller familial tout à fait à propos qui densifie l’intrigue. Parce que la technologie a fait un bond qualitatif radical en 10 ans. Et parce que Andrew Garfield (mais on y reviendra)…
Le réalisateur du brillant 500 Jours Ensemble donne vie à un Peter Parker plus impulsif que son prédécesseur, moins cérébral, ado orphelin impétueux faisant passer ses propres obsessions en priorité (trouver un sens à la mort de ses parents, venger son oncle…). L’homme araignée incarné par Tobey Maguire évoluait plus dans une quête intérieur, une recherche de soi qui forcément transpirait dans la trilogie originelle qui tirait parfois vers la fable existentielle (n’ayons pas peur des mots).
Ce nouvel opus est clairement moins cynique, plus sombre, plus terre-à-terre (si tant est qu’un film de super-héros puisse-être réaliste), alternant teen-movie et drame intimiste dans une première partie très réussie. On y retrouve d’ailleurs la patte de Marc Webb, croquant comme personne et sans niaiserie le spleen et l’insouciance de la jeunesse au rythme d’une réalisation aérienne et d’une bande son enlevée très pop (très à mon goût donc).
Une seconde partie beaucoup plus calibrée le voit céder un peu plus aux codes du blockbuster US, tout en conservant un regard très juste sur son héros et les personnages qui l’entourent.
Calibrée certes, mais techniquement et esthétiquement ébouriffantes. On a rarement atteint un tel niveau d’immersion (très belle 3D au passage). Les scènes de bastons donnent le tournis, et les ballades de Spider-man dans les rues de New-York (wouaou New York…) sont littéralement vertigineuses.
L’animation du personnage est également bluffante, conservant en permanence le style et la dégaine si caractéristique de Parker/Spidey, même dans les moments les plus épiques. Une mise en scène très impressionnante donc, avec en sus quelques jolies trouvailles (la toile dans le métro, le bibliothécaire, la caméra quasi subjective….). Certaines scènes pourraient sembler un brin too much, mais sont pleinement assumées (et dans le cahier des charges du héros Marvel), si bien qu’elles passent parfaitement. D’autant plus que Webb n’oublie jamais de confronter l’héroïsme à l’humain.
Bien sûr, The Amazing Spider-Man n’est pas sans faiblesses. Des ellipses parfois grossières, un méchant trop facilement schizophrène, des événemenst qui s’enchainent un peu trop mécaniquement, quelques invraisemblances et autres clichés… Mais il convient de rappeler qu’on est dans l’adaptation d’un comics, l’histoire d’un mec qui se voit doter des pouvoirs d’une araignée… Et ce mec, c’est Andrew Garfield, à mon sens, et oui je me répète, le meilleur acteur de la nouvelle génération. Aussi à l’aise en ado complexé qu’en petit con arrogant, il est également aussi parfait en amoureux maladroit et transi qu’en justicier vanneur, passant avec une épatante facilité de la comédie au drame. Il possède une vraie puissance émotionnelle qui apporte beaucoup au film, et sa crédibilité dans les scènes d’action finit de l’assoir comme l’interprète idéal pour le rôle de Peter Parker. Aucune fausse note non plus pour les acteurs qui l’entourent, comme la toujours très bien Emma Stone en Gwen Stacy, ou les remarquables Martin Sheen et Sally Field, poignants dans les rôles iconiques de l’oncle et la tante de Peter. Un jeu évident et lisible immédiatement les identifie rapidement à ces personnages pourtant très marqués.
Avec ce nouveau Spider-man, on retrouve tout ce pour quoi Peter Parker est l’un des super-héros les plus aimé. Parce que c’est un personnage so cool et attachant, et parce qu’il a le super-pouvoir le plus fun qui soit. Qu’on adore, et qu’on envie même. Qui ne rêverait pas de se jeter de buildings en buildings dans les rues de New-York?
Mission réussie donc pour Marc Webb qui tout en respectant les codes du blockbuster (les dépassant même parfois) et le mythe de son héros, ne se renie jamais et impose avec une autorité respectueuse son style aérien et définitivement humain.
Bref, j’ai kiffé…

BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR – 11/20

Blanche-Neige et le chasseurRéalisé par Rupert Sanders
Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron

Synopsis : Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Et voilà précisément où l’histoire que vous croyiez connaître prend fin et où la nouvelle adaptation épique et envoutante de ce célèbre conte des frères Grimm débute. Notre héroïne, dont la beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux, n’a plus rien d’une damoiselle en détresse, et la cruelle marâtre en quête de jeunesse éternelle ignore que sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.

Avis : Surfant sur le succès du Alice de Tim Burton, les studios Hollywoodiens cèdent les uns après les autres à la mode de la réinterprétation  des contes pour enfants. Après Alice donc, mais aussi le petit chaperon rouge et avant Hansel et Gretel et La belle au bois dormant, voici qu’arrive une deuxième Blanche Neige cette année.
Une Blanche-Neige plus sombre et plus violente, se voulant une adaptation très libre du conte des frères Grimm.
La grande réussite du réalisateur Rupert Sanders tient dans la construction d’un univers extrêmement  riche, ultra-référencé mais singulier, bardé de trouvailles visuelles et baignant dans une ambiance plus proche de l’Heroic Fantasy que du dessin animé pour enfant.
Le problème est que si on sent sa volonté de s’affranchir de LA référence ultime, le Blanche Neige de Disney, Sanders s’est manifestement autocensuré pour rester accessible aux plus jeunes. Le film reste par conséquent très premier degré. Pas d’humour, pas de sous-texte et surtout un manque dommageable de souffle épique. Si l’angle pour aborder le récit est tout à fait judicieux et ingénieux (faire de Blanche Neige l’élue qui prendra les armes pour libérer son peuple du joug d’une reine tyrannique), les scènes s’enchainent un peu trop mécaniquement pour totalement nous transporter et n’évitent pas certaines longueurs. D’autant plus que le scénario est prévisible malgré lui, une fois le concept intégré (on se doute bien que ce n’est pas le prince qui va réveiller la princesse…) et ne s’embarrasse pas de vraisemblances (certes, on est dans un conte, mais quand même…).
L’autre point faible du film réside dans ses personnages. C’est d’autant plus frustrant qu’on devine pour chacun un background assez fort, mais encore une fois seulement suggéré et peu approfondi, sans doute la volonté de rester là encore dans un cadre familial et non subversif. Pourtant ils portent tous en eux des névroses et autres traumatismes qui ne demandaient qu’à être exploités. La haine des hommes et la fascination pour la jeunesse de la mauvaise Reine, les penchants incestueux de son frère,  les tendances autodestructrices du chasseur, la confusion sexuelle de Blanche-Neige (elle n’a plus vu de garçon depuis son enfance quand elle sort de geôle…) et le prince… oui, le prince on s’en fout. Sans parler de ces 8 nains (oui) qui vivent en autarcie dans la forêt. On regrette d’ailleurs de ne pas les voir plus, car ce casting de trognes est impressionnant. D’une manière général, à part une Charlize Theron un chouilla hystérique, mais totalement bombesque, les acteurs sont tous très convaincants. Voir briller Kristen Stewart n’est plus une surprise, elle assoit son statut d’actrice intense et solide (remember Runaways et The Rileys) et Chris Hemsworth (le Thor) n’a plus besoin de se mettre torse nu pour être crédible (dommage diront certaines – et ains)

Cette nouvelle Blanche Neige semble au final manquer un peu de l’audace dont elle se revendique, rechignant à assumer son côté dark et crasse. Le résultat est donc un peu longuet et assez fade, même si on ne peut pas lui enlever ses grandes vertus divertissantes.
Ceci dit, pas impossible que cet opus pose les bases d’une licence qui pourrait bien s’épaissir et s’encanailler une fois débarrassée des contraintes du conte originel. On ne demande qu’à y croire.

DES SAUMONS DANS LE DESERT – 10/20

Des saumons dans le désertRéalisé par Lasse Hallström
Avec Ewan McGregor, Emily Blunt, Amr Waked, Kristin Scott Thomas

Synopsis : Lorsqu’un richissime cheikh du Yémen se met en tête d’introduire des saumons dans les rivières de son pays, tout le monde pense qu’il s’agit d’une pure folie. Pourtant, entre volontés politiques et coups du destin, une jeune chargée d’affaires, Harriet, et un scientifique, Fred, vont se retrouver obligés de concrétiser ce rêve insensé. Même si le projet est un vrai casse-tête, l’aventure tombe plutôt bien pour Fred et Harriet, dont la vie privée n’est pas au beau fixe… À travers les voyages, les rencontres et les innombrables péripéties que ce programme surréaliste occasionne, tous deux vont découvrir l’existence sous un jour différent. La pêche miraculeuse du cheikh va-t-elle servir d’appât à l’amour ?

Avis : Je l’admets, sans  la présence de Queen Kristin au casting, je n’aurais sans doute jamais vu Des saumons dans le désert. Et à part une nouvelle performance magistrale et irrésistible de Kristin Scott Thomas, qui dévoile un potentiel comique et burlesque insoupçonné, je n’aurais pas manqué grand-chose. Dans le rôle de cette conseillère en communication du Premier Ministre  excentrique et sans scrupule, sa finesse d’interprétation et l’intelligence de son jeu font un ravage et valent à eux-seuls le détour.
On regrettera donc qu’elle n’apparaisse surtout qu’au début et à la fin du récit, bizarrement les parties les plus fortes et les plus vivantes du film…
Pour le reste, après une entame prometteuse et enlevée teintée d’un délicieux humour british, Des saumons dans le désert s’enlise très vite dans la guimauve d’une love story bancale. Ewan Mc Gregor et Emily Blunt sont mignons comme tout et tentent comme ils peuvent de donner un peu de relief et de vie à cette romance, mais en vain, pas aidés par des situations attendues, une musique sirupeuse, des ficelles énormes et une réalisation plate et convenue. Seuls les dialogues, plutôt efficaces, sont à la hauteur.
A hésiter entre comédie et romance, le film passe à côté de son sujet. Dommage, car il était riche. L’histoire de cet affolant projet aurait pu donner un résultat épique, drôle et intelligent, mêlant des thèmes porteurs et universels comme le choc des cultures ou le dépassement de soi et des sujets plus polémiques comme les arrangements politiciens et le contexte géopolitique au Moyen Orient (traité ici de façon caricatural et frôlant le ridicule). Le film aurait sans doute gagné à plus se concentrer sur la mise en place et la réalisation de ce projet fou, plutôt que sur cette bluette sans saveur vraiment pas relevée par une mise en scène paresseuse. Oui, dommage…

PROMETHEUS – 9/20

PrometheusRéalisé par Ridley Scott

Avec Michael Fassbender, Charlize Theron, Noomi Rapace

Synopsis : Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend.

Avis : Tout ça pour ça donc…

A vouloir faire de Prometheus un monument SF qui révolutionnerait la saga Alien, la Fox et Ridley Scott ont mis la barre très (trop) haute. L’idée de départ, expliquer les origines du Space Jockey, ce géant humanoïde découvert au début du premier Alien, est pourtant plus que séduisante. La très hype clique d’acteurs qui vont embarquer dans cette mission tout autant. Scott répète à l’envie que Prometheus n’est pas un prequel d’Alien, mais en porte l’ADN. On était donc tout excités à l’idée de voir la mythologie extra-terrestre réinventée.

Au final, la déception est à la hauteur des attentes. Car si, Prometheus est un bien un prequel, total et assumé. Le film n’a rien de scandaleux en tant que tel, et remplit relativement bien sa mission de divertissement, Ridley Scott n’ayant plus à prouver ses talents de faiseur et l’efficacité de sa mise en scène. Mais là où le bas blesse, c’est justement au niveau des promesses nées de l’énorme campagne de communication ayant précédée la sortie du film.

Prometheus ne parvient jamais à vraiment être à la hauteur de sa très grande ambition et lutte en permanence avec un scénario faiblard pour tenter de le gonfler artificiellement. Un propos trop démonstratif, des effets spéciaux clinquants mais peu judicieux, des explications appuyées, le récit force le trait pour un résultat boursouflé qui au final est bien loin de l’esprit de la saga originelle. Scott ne parvient pas à retrouver cet effroi crasse, basé sur des effets simples mais terrifiants et une histoire basique. Même si tous les éléments y sont (l’équipage en mission, la découverte de la « chose », une femme couillue en personnage central), Prometheus se perd en voulant ajouter de façon très appuyée une dimension mystique peu convaincante.

Résultat, on s’ennuie un peu sans jamais vraiment sursauter et on se demande quel était vraiment l’intérêt de ce prequel décevant, à part celui de faire tourner la machine à billets verts…