Cinéma | LES APPARENCES – 12/20

De Marc Fitoussi. Avec Karin Viard, Benjamin Biolay

Les Apparences : Affiche

Chronique : Thriller psychologique dans le milieu très fermé de notables français expatriés à Vienne, Les Apparences joue jusqu’à l’excès de la méchanceté et des mesquineries de ce petit groupe de bourgeois privilégiés.
Ils sont outrageusement détestables, ce qui modère l’efficacité de la critique sociale, néanmoins acerbe et incisive. L’hypocrisie règne sur ce monde clos et toutes les bassesses sont permises pour sauver les apparences.
Le principal intérêt du film réside dans la peinture très réussie du couple au cœur de l’intrigue, deux personnages épais, ambigües, dont la dynamique repose sur le contraste entres les habitudes et les non-dits. En associant Viard et Biolay, Fitoussi crée un vrai couple de cinéma, très complémentaire et assez fascinant.
Dommage que le scénario ne soit pas vraiment à la hauteur, plombé par trop d’incohérences et de ressorts peu crédibles qui affaiblissent le thriller vers lequel le film va tendre. La faiblesse des rôles secondaires (la maitresse, l’amant), n’aident pas.
Les Apparences est certes accrocheur, mais s’avère un peu bancal. Il parvient à installer une atmosphère singulière bien à lui, mais souffre de trop de faiblesse dans son récit pour être totalement convaincant.

Synopsis : Vienne, ses palais impériaux, son Danube bleu et… sa microscopique communauté française. Jeune couple en vue, Ève et Henri, parents d’un petit Malo, ont tout pour être heureux. Lui est le chef d’orchestre de l’Opéra, elle travaille à l’Institut français. Une vie apparemment sans fausse note, jusqu’au jour où Henri succombe au charme de l’institutrice de leur fils.

Série | ENGRENAGES S08 – 16/20

ENGRENAGES S08 (Canal) – 16/20

Engrenages : La saison 8 se dévoile un peu plus | Premiere.fr

L’adieu à la meilleure série française de ces dix dernières années ne se fait pas sans un petit pincement au cœur. Une sortie par le haut, avec une intrigue dans les standards de la série. Une enquête très bien troussée, dont les multiples arcs narratifs finissent par se rejoindre naturellement. Mais la force d’Engrenages demeure ses personnages de flics cabossés, d’avocats peu scrupuleux et de magistrats intraitables tous confrontés à des cas de conscience parfois moralement intenables. Cette dernière saison offre à Laure, Gillou, Joséphine et aux autres un au revoir à la hauteur de l’attachement qu’on leur porte à travers la conclusion de leurs histoires personnelles, mais elle s’avère également être un polar noir et rude très efficace, toujours aussi ancré dans le réel, aux rebondissement nombreux et s’achevant sur deux épisodes particulièrement haletants. Preuve par l’image qu’on est aussi capable de produire de bonnes séries en France, Engrenages aura marqué jusqu’à son final l’histoire de la TV française.

Cinéma |ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES – 14,5/20

Antoinette dans les Cévennes : Affiche

De Caroline Vignal
Avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte

Chronique : Laure Calamy illumine ce « trail movie » de toute sa grâce comique. De tous les plans, tour à tour amusante, piquante, maladroite, spontanée ou émouvante, elle élève son personnage de femme amoureuse partie aux trousses de son amants sur les sentiers des Cevennes par sa drôlerie et son jeu tout en nuance.
Sa rencontre et ses discussions avec Patrick, qui l’accompagnera pendant tout son périple, vont profondément la transformer.
Ah oui, Patrick est un âne. Un ressort de comédie particulièrement bien tenu, grâce à la comédienne bien sûr, mais aussi à une mise en scène rythmée qui fait la part belle aux superbes paysages cévenol et qui s’appuie sur une excellente bande originale.
Si la première partie est un peu longuette, le film décolle vraiment lorsque Antoinette retrouve Vladimir (le génial Benjamin Lavernhe) et sa femme. Commence alors un drôle de vaudeville en montagne, drôle et subtil.
Une comédie moderne et rafraichissante comme un grand bol d’air pur qui valide définitivement le statue de tête d’affiche de Laure Calamy, resplendissante.

Synopsis : Des mois qu’Antoinette attend l’été et la promesse d’une semaine en amoureux avec son amant, Vladimir. Alors quand celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette ne réfléchit pas longtemps : elle part sur ses traces ! Mais à son arrivée, point de Vladimir – seulement Patrick, un âne récalcitrant qui va l’accompagner dans son singulier périple…

Cinéma | énorme – 14/20

Enorme : Affiche

Quelle étrange comédie que énorme. Sa réalisatrice Sophie Letourneur détourne les codes du genre pour livrer une œuvre hybride, entre comédie crue et grinçante et immersion quasi-documentaire.
La mise en scène se démarque d’emblée des canons habituels en proposant un format 4/3, un sentiment renforcée par l’absence de musique hormis quelques passages au piano et l’appel à une distribution secondaire amateur où la plupart des professionnels (Médecins, sages-femmes, avocats et même shaman) jouent leur propre rôle.
On est très loin des standards frénétiques des comédies françaises, et ce n’est pas la dernière scène, un accouchement au réalisme cru surprenant, qui ira à l’encontre de cette impression.
Pourtant on rit. De par son sujet qui inverse la perception des genres (un homme fait un bébé dans le dos de sa femme et vit la grossesse comme s’il portait lui-même le bébé) et grâce à son couple d’acteurs Foïs / Cohen, qui a tout de l’évidence comique. On n’imaginait pas qu’il se formerait sur un projet aussi singulier et atypique, mais il fonctionne très bien, ajoutant de l’humour et du cœur à l’absurde du scénario.
D’ailleurs la polémique autour du film n’a franchement aucune raison d’être. A aucun moment il ne cautionne le choix et les actes du mari. Même s’il est poussé par des motivations humaine, il est clairement identifié comme fautif, même pénalement lorsqu’il échange avec une avocate.
Pas sujet à polémique donc, mais à revendiquer le droit des femmes à disposer de leur corps et à questionner la place du père, certainement.
Enorme est un film audacieux et osé, autant sur le fond que la forme, une comédie ovni qui brouille le(s) genre(s) et dont on sort un peu confus. Dans le bon sens, celui qui interpelle et questionne.
Finalement, lorsqu’on connait la filmographie de Marina Fois, motivée par l’engagement et la prise de risque, ce n’est pas si étonnant.

Séries | LOVE LIFE S01 – 15/20 | FAMILY BUSINESS S02 – 13,5/20

LOVE LIFE S01 (OCS) – 15/20

Love Life - Renewed for a 2nd Season by HBO Max

C’est une surprise, et une très bonne surprise. Cette petite romcom ne paie pas de mine mais devient très vite addictive, comme un roman léger dont on ne peut s’arrêter de tourner les pages.
Construite en chapitre comme autant d’étapes dans la vie amoureuse de son héroïne, Love Life balaie un large spectre de relations amoureuses, des plus tendres aux plus toxiques et trouvera forcément un écho chez chaque spectateur à un moment ou à un autre. Drôle et touchante, Anna Kendrick est parfaite en femme embrassant son époque et on la suit bien volontiers dans ce jeu de piste sentimental. Tout en essayant de deviner avec elle va bien pouvoir terminer…

FAMILY BUSINESS S02 (Netflix) – 13,5/20

La saison 2 de Family Business débarque le 11 septembre sur Netflix ! -  NRJ.fr

La famille Hazan revient pour une deuxième saison qui lorgne encore un peu plus vers Weeds tout en conservant un ton bien franchouillard et déjanté. Elle renforce le burlesque des ses personnages et pousse les curseurs à fond, multipliant les situations et les twists improbables mais franchement bien trouvés. Family Business est un terrain de jeu rêvé pour ses acteurs, tous excellents. Mentions spéciales à Jonathan Cohen et Gerard Darmon franchement hilarants (pour peu qu’on adhère à l’humour de Cohen, moi à 100%) et la révélation Louise Coldefy dans le rôle de Clémentine, un bijou de personnage de comédie féminin. Le casting exploite avec gourmandise chaque ligne de dialogues pas toujours très fins mais presque toujours drôles.
Un vrai plaisir, toujours un peu trop court (6 épisodes de 30’par saison, c’est peu)

Série | NORMAL PEOPLE – 16/20

NORMAL PEOPLE S01 (Starzplay) – 16/20

Poster Normal People - Affiche 14 sur 17 - AlloCiné

La série dont tout le monde parle, et à raison.
Subtile et gracieuse, Normal People est d’une fluidité quasi miraculeuse pour explorer la complexité du sentiment amoureux, les regards équivoques les papillons dans le ventre, les incompréhensions, les occasions ratés, les non-dits. Et la sexualité, abordée frontalement et sans tabou.
La mise en scène, délicieuse, est d’une rare élégance.
Mais Normal People est aussi pleinement la série de Daisy Edgar Jones et Paul Mescal deux lumineuses découvertes. Ils incarnent à la perfection ce couple à chaque étape de leur histoire, traduisant leur enthousiasme, leur insécurité ou leur doute. Tour à tour attachants ou agaçants, Marianne et Connell ne laissent jamais indifférent et leurs interprètes y sont pour beaucoup.
Un bijou de délicatesse et d’authenticité.

Cinéma | TENET – 13,5/20

De Christopher Nolan
Avec John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki

Tenet : Affiche

Chronique : Abordons d’emblée LA question. Est-ce qu’on ne comprend vraiment rien à Tenet?
Pas tout à fait, mais avouons que le concept de la chronologie inversée est foutrement alambiqué.
Le principe est relativement bien introduit mais quand il se matérialise (spectaculairement) à l’écran, le cerveau est au bord de l’implosion.
Mais au fond, cette narration labyrinthique n’a rien de rédhibitoire. Memento ou Inception reposaient sur des idées tout aussi complexes et n’en sont pas moins des chefs-d’œuvre. La différence est que cette fois-ci le concept écrase le reste. Pas forcément son intrigue, Tenet s’avérant convaincant dans le genre du thriller d’espionnage à la James Bond, mais tout ce qui constitue normalement le cœur de sa filmographie, les aspirations de ses personnages et la finalité de leurs actions. Il est bien question de l’imminence d’une troisième guerre mondiale temporelle, mais elle reste assez abstraite et semble peu impacter ses protagonistes.
Chose rare chez le cinéaste, Tenet tombe dans l’écueil du film-concept désincarné, du blockbuster froid. Ses héros sont habituellement mus par des élans humains, des conflits intérieurs, une quête personnelle qui finissent toujours par surpasser la structure du film, aussi brillante et novatrice soit-elle. C’est cet aspect-là qui fait un peu défaut à Tenet. Pour autant, l’exécution est impeccable et suffit à elle seule à motiver une ou deux visions du film.
La virtuosité de la mise en scène de Nolan est une nouvelle fois éclatante et impressionne comme rarement lorsque les chronologies se croisent. Un peu comme les bullet shot de Matrix en son temps, la prouesse technique de ces scènes de combat aura sans doute un impact fort sur le cinéma d’action des prochaines décennies.
Tenet est visuellement bluffant, le rythme ne retombe jamais, porté par une bande-son puissante et vrombissante, un élément toujours central dans le cinéma de Nolan. Et nous fait joliment voyager. Le réalisateur prouve une nouvelle fois qu’il n’a pas son égal pour allier audace conceptuelle et ambition formelle.
Il n’est finalement pas nécessaire de tout comprendre pour profiter de Tenet. On le disait, il lui manque certainement plus un souffle romanesque et du cœur que des réponses aux nœuds au cerveau qu’il provoque. Pour cette raison, Tenet est d’assez loin le film de Christopher Nolan qui m’aura le moins emballé après TDKR. Mais le référentiel est élevé, le reste de sa filmo étant composée au mieux de chefs-d’œuvre, au pire de grands films. Tenet reste un énorme blockbuster d’auteur, ambitieux, original, comme on espère qu’Hollywood continuera à produire en dehors des canons de licences.

Synopsis : Muni d’un seul mot – Tenet – et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l’univers crépusculaire de l’espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps, mais d’un renversement temporel…

Séries | UMBRELLA ACADEMY S02 – 13/20 | UPLOAD S01 – 12/20

UMBRELLA ACADEMY S02 (Netflix) – 13/20

Umbrella Academy sur Netflix : avant la saison 2, comment se terminait la  saison 1 ? - News Séries à la TV - AlloCiné

Les voyages dans le temps ont décidément la cote en ce moment. The Umbrella Academy s’empare du filon pour nous proposer une saison 2 presque entièrement située au début des années 60 à Dallas alors que JFK est sur le point de se faire assassiner (encore un sujet à la mode) et que le mouvement pour les droits civiques des afro-américains enfle.
Pas follement original sur le fond donc, mais c’est un vrai plaisir de retrouver la fratrie dispatchée un peu partout dans cette nouvelle timeline. Cette nouvelle saison approfondie leur relation alors qu’ils reconnectent progressivement entre eux. Si le scénario a des airs de déjà-vu et maîtrise difficilement la notion de voyage dans le temps particulièrement lorsqu’il doit éclairer le parcours de Five (difficile de passer après Dark !), la mise en scène est toujours aussi stylée et le show assure dans l’irrévérence, sans doute conforté par le succès de son grand frère malpoli, The Boys.
A voir si la saison 3 arrivera à redonner du peps à la série.

UPLOAD S01 (Amazon Prime ) – 12/20

Upload» : la nouvelle comédie à mourir de rire de Greg Daniels | CNEWS

Petite série B futuriste limitée mais sympathique qui imagine un futur où l’on aurait bravé la mort, notre conscience pouvant être uploadée dans un avatar se promenant dans une sorte de paradis numérique et capable d’interagir avec le monde réel.
Un jeune homme que rien ne prédisposait à une mort soudaine va finir par se poser des questions sur d’étranges pertes de souvenirs tout en s’attachant à la jeune femme en charge de son SAV. Upload est loin d’être parfaite, un peu too much, cheezy dans sa partie romantique, un casting assez faiblard (surtout le héros, fade au possible), mais s’avère très divertissante. Elle s’amuse à imaginer le pire de nos addictions aux technologie (la vie sous notation, les plaisirs virtuels, le règne des machines…) dans un monde où le politiquement correct fait loi, avec pas mal d’humour et d’ironie. Peu de moyens donc, mais quelques idées rigolotes pour décrire un futur drivé par les réseaux sociaux et les applications même si le fond, et notamment l’enquête sur ce qui est vraiment arrivé au héros, reste très léger.