L’AUTRE MONDE – 3,5/10

 

L'Autre monde

 
Synopsis : C’est l’été dans le Sud de la France. Gaspard est un adolescent heureux qui partage son temps
entre ses amis et sa copine, Marion. Mais Gaspard va rencontrer Audrey et sa vie va basculer. Car Audrey est belle, sombre et double. Sur un jeu en réseau elle se fait appeler Sam et cherche un partenaire pour mourir. Pour tenter de l’approcher Gaspard se crée lui aussi un avatar, Gordon, et part la retrouver dans Black Hole.
 
Avis : Confronter le monde réel à un univers virtuel est un projet très ambitieux. D’une part parce que le virtuel se doit d’être crédible, techniquement réaliste, et d’autre part parce que l’impact de ce monde virtuel doit trouver un écho dans le monde réel qui soit un peu plus épais qu’un épisode du Julie Lescaut… Si les personnages peuvent avoir un peu d’épaisseur, ce n’est pas mal non plus. Si les acteurs peuvent être convaincants, on prend aussi. Et s’il peut y avoir un peu de tension, et pas seulement quand Louise Bourgoin se déshabille, c’est généralement bien vu pour un thriller.
Malheureusement, L’autre monde est loin de remplir tout ces critères. Quand Inception sort en même temps sur une thématique similaire, la comparaison fait mal…

LE PREMIER QUI L’A DIT – 5,5/10

 

Le Premier qui l'a dit

Synopsis : Grande réunion chez les Cantone, illustre famille de Lecce dans les Pouilles, propriétaire d’une célèbre fabrique de pâtes.
Tommaso, le benjamin, veut profiter du dîner pour révéler à tous son homosexualité.
Mais alors qu’il s’apprête à prendre la parole, Antonio, son frère aîné, promis à la tête de l’usine, le précède pour faire… la même révélation.
Scandale général, malaise du père qui chasse le fils indigne.
Tous les espoirs se portent alors sur Tommaso pour reprendre l’affaire familiale et perpétuer le nom des Cantone.
Tommaso a d’autres plans, mais comment peut-il à présent dire la vérité à sa famille ? C’est alors que ses amis romains débarquent pour une visite surprise dans les Pouilles.

Avis : Petite déception avec Le premier qui l’a dit qui ne répond pas aux promesses de sa bande-annonce. En effet, le film hésite constamment entre la franche comédie et la chronique familiale, sans jamais vraiment oser se confronter franchement au problème qu’il aborde. L’ensemble reste par conséquent très sage, finalement assez bavard. Le meilleur passage est l’arrivée des amis homos de Tommaso dans la demeure familiale, mais là encore, les situations restent assez superficielles et convenues.
Il manque finalement un peu d’ironie, d’irrévérence  et de folie à cette gentille comédie…

 

INCEPTION – 8,5/10

 

Inception

 
Synopsis : Dom Cobb est un voleur expérimenté – le meilleur qui soit dans l’art périlleux de l’extraction : sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu’il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant – à condition qu’il puisse accomplir l’impossible : l’inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent faire l’inverse : implanter une idée dans l’esprit d’un individu. S’ils y parviennent, il pourrait s’agir du crime parfait. Et pourtant, aussi méthodiques et doués soient-ils, rien n’aurait pu préparer Cobb et ses partenaires à un ennemi redoutable qui semble avoir systématiquement un coup d’avance sur eux. Un ennemi dont seul Cobb aurait pu soupçonner l’existence.
 
Avis : On connaissait le génie de Nolan pour transformer des concepts invraisemblables en histoires romanesques au potentiel incroyablement cinématographique (Following, Memento, Le Prestige), On connaissant son talent de scénariste hors pair (The Dark Knight) et de réalisateur virtuose (Insomnia et toute sa filmo) Avec Inception, le créateur réalise l’alchimie parfaite et va encore plus loin en imaginant une mécanique du rêve imparable qui sert de fil rouge haletant à un grand, grand film de cinéma.
Car Inception est à la fois un puzzle mental dont on se demande de quel esprit génial et forcément dérangé il a pu sortir, un thriller qui ne laisse pas une seconde de répit, mais aussi une histoire d’amour magnifique et déchirante. La réalisation dantesque, immergente, cadencée par une musique sombre, lourde et entêtante nous captive et nous tient en haleine pendant plus de 2h30. On pense parfois à Lynch, souvent à Kubrick (les scènes d’apesanteur), mais surtout à Nolan lui-même et sa science du récit et de l’exposition, parvenant à rendre presque simple une histoire impossible. Il parvient à se débarrasser de tout superflu sans jamais oublier l’essentiel, se reposant sur des personnages denses, méticuleusement construits. Encore une fois, le casting est impressionnant. DiCaprio bien sûr, qui confirme sa nouvelle et belle maturité (Noces Rebelles, Shutter Island) qui lui garantit pendant encore quelques années le statut de meilleur acteur US, mais aussi l’ensemble des acteurs qui l’entourent (Gordon Levitt, Page, Watanabe, Murphy) tous empreints d’une superbe intensité et dont les personnages sont instantanément définis. Et Cotillard, bien sûr, toujours, dont la présence évanescente hante le film en permanence et qui distille encore une fois les principales décharges émotionnelles du film.
L’épilogue, ouvert à de nombreuses interprétations, fera beaucoup parler. De quoi alimenter pendant quelques temps les discussions autour du culte Inception…
Au finale, Inception est largement à la hauteur de son ambition démesurée, celle d’allier le divertissement au cinéma d’auteur, tout en faisant confiance au spectateur pour le suivre dans ce labyrinthe.
Le spectateur que je suis lui dit merci…

SPLICE – 5,5/10

 

Splice

 
Synopsis : Clive et Elsa sont des superstars de la science : ils ont réussi à combiner l’ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils sont amoureux l’un de l’autre autant que de leur travail et veulent à présent passer à l’étape suivante : fusionner de l’ADN animal et de l’ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, Clive et Elsa décident de poursuivre leurs expériences en secret. Ils créent Dren, une créature étonnante dont la croissance rapide la fait devenir adulte en quelques mois. Alors qu’ils redoublent d’efforts pour préserver leur secret, leur intérêt scientifique pour Dren se mue peu à peu en attachement. Dren finira par dépasser les rêves les plus fous du couple… et leurs pires cauchemars.
 
Avis : Les histoires d’apprentis sorciers et de savants fous manipulateurs ont toujours eu quelque chose de fascinant, de Frankenstein à la Mouche. Splice s’inscrit dans cette lignée, surfant sur les questions bioéthiques et les manipulations génétiques.
Le début du film est assez prometteur, les savants questionnant leur propre moralité, et testant leurs limites. Mais assez rapidement, l’intrigue part dans tous les sens, ne sachant plus vraiment quelle direction prendre, entre un slasher movie, le thriller psychologique, le drame œdipien….
Ça veut traiter tout ça en même temps, et finit par donner une bouillie indigeste….
Pour le couple Brody / Sarah Polley.

TOY STORY 3 – 7,5/10

 

Toy Story 3

 
Synopsis : Les créateurs des très populaires films Toy Story ouvrent à nouveau le coffre à jouets et invitent les spectateurs à retrouver le monde délicieusement magique de Woody et Buzz au moment où Andy s’apprête à partir pour l’université. Délaissée, la plus célèbre bande de jouets se retrouve… à la crèche ! Les bambins déchaînés et leurs petits doigts capables de tout arracher sont une vraie menace pour nos amis ! Il devient urgent d’échafauder un plan pour leur échapper au plus vite. Quelques nouveaux venus vont se joindre à la Grande évasion, dont l’éternel séducteur et célibataire Ken, compagnon de Barbie, un hérisson comédien nommé Larosse, et un ours rose parfumé à la fraise appelé Lotso.
 
Avis : Humour irrésistible, décharges émotionnelles subtilement délivrées, scènes d’action dantesques, tout ce qui fait le génie de Pixar et a imposé le studio depuis 15 ans comme le maître incontesté du cinéma d’animation est dans Toy Story 3.
On va finir par arrêter de se demander comment ils font pour atteindre un tel niveau à chaque film, tant ils nous cueille à chaque fois avec le même fraîcheur et la même virtuosité.
Leur génie narratif leur permet certes de livrer des chefs-d’œuvre instantanés comme Wall-E, bouleversant de poésie, ou le réjouissant Ratatouille, mais aussi de réinventer leurs propres classiques, Toy Story 3 en est la preuve.
En faisant débuter l’intrigue 10 ans après le deuxième opus, soit le temps écoulé entre les 2 derniers films dans la « vraie » vie, les réalisateurs créent un lien immédiat avec leurs spectateurs, tout en exploitant un des thèmes qui leur est le plus cher, la peur de l’abandon et de la solitude, la crainte du temps qui passe. Le scénario permet également de présenter de nouveaux héros qui n’ont rien de gadgets, à la psychologie plus complexes que leur condition de jouets ne pourraient laisser croire. Le couple Ken/Barbie est hilarant, Lotso, l’ours rose tyrannique faussement débonnaire prouve qu’il ne faut pas se fier aux apparences, et le reste de cette galerie de bois de chiffon est à l’avenant (le hérisson acteur, particulièrement tordant).
Une conclusion de la saga en apothéose donc, mêlant aventures, drôlerie et émotion et qui touche à une sorte d’universalité avec un talent inégalé.
Vivement le prochain !
PS : Je l’ai vu en 2D. On ne rate rien.

TAMARA DREWE – 7/10

 

Tamara Drewe

 
Synopsis : Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l’Amazone londonienne du XXIe siècle.
Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix.
Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de best-sellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d’obscures passions et vont provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes.
 
Avis : Stephen Frears dépeint avec sa finesse et sa justesse habituelle une galerie de personnages hauts en couleur. Sa science du rythme et de la mise en scène lui permet de réaliser le parfait dosage  entre humour, satire sociale acérée et récit emballant. Une comédie de mœurs légère mais pas futile, où sont croquées avec tantôt férocité, tantôt tendresse les petitesses et grandeurs du genre humain. Et comme le casting est à la hauteur du réalisateur, le plaisir est total.

Copacabana – 6,5/10

 

Copacabana

 
Synopsis : Inconséquente et joviale, Babou ne s’est jamais souciée de réussite sociale. Elle décide pourtant de rentrer dans le droit chemin quand elle découvre que sa fille a trop honte d’elle pour l’inviter à son mariage. Piquée au vif dans son amour maternel, Babou se résout à vendre des appartements en multipropriété à Ostende, en plein hiver. Dans l’étrangeté de cette station balnéaire hors saison, elle pourrait être tentée de se laisser vivre. Mais Babou s’accroche, bien décidée à regagner l’estime de sa fille et à lui offrir un cadeau de mariage digne de ce nom…
 
Avis : Auteur d’un premier film choral intéressant (La vie d’artiste avec Sandrine Kiberlain notamment), bien qu’assez disparate et donc inégal, Marc Fitoussi parvient, en se concentrant sur une seule et même histoire, à parfaitement faire passe les états d’âmes et les sentiments de ses héroïnes. S’appuyant sur une écriture au cordeau, sans temps mort, le réalisateur capte une ambiance, un univers assez désespéré. Les répliques fusent, blessent souvent, toujours justes. Isabelle Huppert y est remarquable, drôle et touchante, elle réussit même l’exploit d’apparaître sympathique, ce qui n’est pas ce qui caractérise principalement les rôles peuplant sa filmographie. Elle est par ailleurs très bien entourée, notamment par Aure Atika, particulièrement convaincante en responsable d’équipe de vendeurs d’appartements en multipropriété à Ostende (forcément plus difficile qu’à Hossegor).
Un petit air de famille avec les films époque Belge de Poelvoorde avant le star system (Les portes de la gloire, Les convoyeurs attendent), en moins noir cependant.
Très sympathique, ce Copacabana finalement.

TOURNEE – 7/10

 

Tournée

 
Synopsis : Producteur de télévision parisien à succès, Joachim avait tout plaqué – enfants, amis, ennemis, amours et remords – pour repartir à zéro en Amérique à l’aube de ses quarante ans. Il revient avec une tournée de strip-teaseuses «New Burlesque» à qui il a fait fantasmer la France… Paris !
De port en port, l’humour des numéros et les rondeurs des filles enthousiasment les hommes comme les femmes. Et malgré les hôtels impersonnels, leurs musiques d’ascenseurs et le manque d’argent, les showgirls inventent un monde extravagant de fantaisie, de chaleur et de fêtes. Mais leur rêve d’achever la tournée en apothéose à Paris vole en éclats : la trahison d’un vieil «ami» fait perdre à Joachim la salle qui leur était promise. Un bref aller et retour dans la capitale s’impose, qui rouvre violemment les plaies du passé…
 
Avis : Joyeux, exubérant, réjouissant  mais aussi désenchanté et parfois triste, Tournée mérite les éloges décernés lors de son passage à Cannes. A la fois assez surréaliste dans la manière de suivre cette troupe de performeuses hors-norme, mais aussi parfaitement ancrée dans un quotidien parfois morose, le film de Amalric touche une certaine humanité qui ne peut qu’émouvoir, que ce soit dans ses excès ou bien dans les intentions criantes de vérité de ces femmes aussi peu pudiques sur scènes qu’elles le sont dans la vie, cachant leurs blessures personnelles derrière le fard et les plumes. Sans vouloir le reconnaître, elles sont guidées par le personnage d’Amalric, pleutre, indécis, usé, père plus qu’imparfait. Ce dernier est touchant dans ses imperfections, mais surtout dans l’affection débordante qu’il porte à ces femmes, qu’il substitue volontiers à ses propres enfants. Sans doute pense-t-il lui-même qu’il est trop tard pour remplir son rôle de père auprès de ces deux fils.
L’acteur-réalisateur choisi un style documentaire tout adapté à son histoire, totalement maitrisé, et très agréable à suivre, tout comme ces actrices d’un naturel confondant et dont la complicité éclaire l’écran.
Tournée est un road-movie new-burlesque étonnant et particulièrement attachant, dont le prix de la mise en scène à Cannes est une juste récompense.