LA FÊTE DES MÈRES – 05/20

La Fête des mères : AfficheDe Marie-Castille Mention-Schaar
Avec Audrey Fleurot, Clotilde Courau, Olivia Côte

Chronique : Les films « marronniers » sont une vieille spécialité du cinéma Anglo-saxon. Des films chorals resserrés dans le temps, mettant en scène une foule d’acteurs populaires autour d’un événement particulier : Noël, le jour de l’an, la Saint-Valentin … le plus emblématique étant sans aucun doute Love Actually. Il n’est donc pas surprenant que le cinéma français s’empare du genre (c’est plus qu’il ne le fasse que maintenant qui est étonnant).
Bon ben c’est raté dans les grandes largeurs. La Fête des Mères est décousu et dépourvu du moindre rythme, la réalisatrice n’arrivant jamais à créer une quelconque cohérence entre les différentes histoires qu’elle présente. Si la mise en scène frôle l’indigence, elle n’est pas aidée par une écriture pompeuse et maladroite, déroulant une panoplie de caricatures (les femmes sont dépressives, cocues ou hystériques) et de personnages bâclés (la palme allant à la Présidente, et Dieu sait qu’on aime Audrey Fleurot). Et je ne parle pas de l’ajout artificiel d’un couple gay – parce qu’il faut parler de toutes les mamans? (sic et smiley pensif)… Les actrices.eurs surjouent pour la plupart pour compenser des dialogues d’une terrifiante platitude et ont un mal fou à faire exister des personnages sans envergure.
La Fête des mères ne peut même pas être sauvé par une bande originale dynamique (comme c’est souvent le cas chez les anglais ou américains), la musique soporifique qui l’accompagne ne faisant qu’aggraver la lourdeur du long métrage.
Ni suffisamment drôle pour être une comédie, ni vraiment dramatique, La Fête des Mères ne trouve jamais sa voix et ne traite finalement jamais son sujet. Il y avait pourtant beaucoup à dire sur l’instinct maternel et la place de la femme dans notre société aujourd’hui. Un échec.

Synopsis : Elles sont Présidente de la République, nounou, boulangère, comédienne, prof, fleuriste, journaliste, sans emploi, pédiatre. Elles sont possessives, bienveillantes, maladroites, absentes, omniprésentes, débordées, culpabilisantes, indulgentes, aimantes, fragiles, en pleine possession de leurs moyens ou perdant la tête. Bien vivantes ou déjà un souvenir … Fils ou fille, nous restons quoiqu’il arrive leur enfant avec l’envie qu’elles nous lâchent et la peur qu’elles nous quittent. Et puis nous devenons maman … et ça va être notre fête !

DEADPOOL 2 – 14/20

Deadpool 2 : AfficheDe David Leitch
Avec Ryan Reynolds, Josh Brolin, Morena Baccarin

Chronique : Débarqué sur nos écrans il y a deux ans, le phénomène Deadpool tenait plus de l’effet d’annonce et du sur-buzz d’une campagne marketing savamment menée que d’une réelle révolution. On nous promettait un super-héros trash, violent et vulgaire qui bouleversait les codes du blockbuster moderne. Résultat ? Un personnage effectivement pas très poli, indéniablement fun, peu avare de tatanes mais tout ça… modérément. Deadpool était faussement irrévérencieux et suivait surtout une trame on ne peut plus classique. Il semblait vouloir à la fois choquer et s’excuser en même temps.
L’énorme succès au Box-Office a visiblement conforté le studio dans l’idée qu’il y avait de la place pour un Marvel pour adultes et fait voler en éclat les dernières réticences à y aller franco.
Par conséquent, tout paraît plus assumé dans ce deuxième volet, beaucoup plus audacieux et surtout bien mieux écrit. Il va clairement plus loin, exploite plus intelligemment les moments où Deadpool brise le 4ème mur en s’adressant aux spectateurs, fait couler beaucoup de sang et multiplie les punchlines efficaces. Ça ne fait pas tilt à tous les coups, mais suffisamment fréquemment pour juger l’entreprise réussie.
Si le film ronronne un peu au début (malgré un générique à la James Bond très rigolo), Deadpool 2 trouve progressivement son rythme de croisière et répond aux promesses avortées du premier opus.
C’est trash, violent, drôle ou consternant de bêtise (plaisir coupable) et évidemment bourré de second degré. On ne peut pas dire que Deadpool 2 se démarque par sa consistance ou les enjeux dramatiques qu’il soulève, mais il est indéniablement fun. A cela s’ajoute des musiques au poil, des scènes d’action très satisfaisantes et des personnages secondaires intéressants quel que soit leur temps de présence à l’écran.
Une version 2.0 améliorée donc. On n’a sans doute pas envie d’en voir 15, mais il faut avouer que ce Deadpool fait la blague. Et bien.

Synopsis : L’insolent mercenaire de Marvel remet le masque !
Plus grand, plus-mieux, et occasionnellement les fesses à l’air, il devra affronter un Super-Soldat dressé pour tuer, repenser l’amitié, la famille, et ce que signifie l’héroïsme – tout en bottant cinquante nuances de culs, car comme chacun sait, pour faire le Bien, il faut parfois se salir les doigts.

EN GUERRE – 14,5/20

En Guerre : AfficheDe Stéphane Brizé
Avec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Jacques Borderie

Chronique : En Guerre s’inscrit dans la même veine sociale et engagée que La loi du marché, la dernière collaboration entre Stéphane Brizé et Vincent Lindon. Mais alors que l’acteur incarnait un homme qui subissait passivement le déclassement social dans leur précédent film, son personnage mène cette fois-ci haut et fort la lutte syndicale contre la fermeture de son usine.
L’immersion est impressionnante, brutale, saisissante. La limite entre la fiction et le documentaire est ténue, tant les acteurs (professionnels ou non) rendent chaque situation plus réaliste.
Les manifestations, les occupations d’usine, les délogements par les CRS, les vives discussions entre groupes syndicaux ou les confrontations face aux représentants patronaux, tout est d’une confondante et parfois perturbante justesse.
En plaçant sa caméra au cœur du conflit, Brizé en fait un personnage muet qui assisterait sans un mot, mais sonné, à ces semaines de combat. Portant un regard acéré sur la casse sociale liée à la désindustrialisation, il livre un cinéma vérité incisif et pointe du doigts les excès d’un capitalisme écœurant de cynisme.
On peut cependant apporter un bémol et souligner que le réalisateur pousse un peu loin l’inhumanité totale des patrons de l’usine. En Guerre étant une fiction, le scénario peut à sa guise charger la barque pour faire des dirigeants les plus grands des salauds, sans aucun sens moral ni sensibilité. C’est certainement le cas de beaucoup de tycoon de multinationales, mais ici les représentants de la firme sont tous identiquement des enflures, aucun ne fait jamais preuve ne serait-ce que d’une once de compassion.
Cela dit, En Guerre reste une fiction. Cette forte caractérisation de la partie adverse renforce le poids dramatique du combat des ouvriers pour sauver leurs emplois, lui offrant un antagonisme fort et incarné (oui, on a vraiment envie de baffer le board de Perrin Industrie). Mai au final, c’est lorsque que les deux courants syndicaux s’opposent sur la méthode à employer que le film creuse vraiment les problématiques humaines et sociales, au cœur desquelles émerge la notion de l’individu face au groupe.
En Guerre y affirme son statut de docu-fiction admirablement bien bâti, s’appuyant sur une mise en scène heurtée et bruyante, parfois éreintante, à peine adoucie par quelques respirations dans la vie privée du principal protagoniste.
Brizé crée ainsi tout au long du film les conditions d’un final choc et choquant qui laisse son spectateur groggy. Un film en colère.

Synopsis : Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

EVERYBODY KNOWS – 15/20

Everybody knows : AfficheDe Asghar Farhadi
Avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darín

Chronique : En déplaçant son art en terre espagnol et en confiant les premiers rôles au couple ibérique le plus glamour qui soit (Penelope Cruz/ Javier Bardem), les craintes que le cinéma de Ashgar Farhadi soit dénaturé et sa portée amoindrie étaient légitimes.
Il n’en est rien, son œuvre est toujours aussi puissante et Everybody Knows est une nouvelle expression éclatante des obsessions et de la virtuosité du réalisateur iranien.
Il signe un nouveau thriller intimiste, un drame familial qui se noue progressivement, se tend subtilement, avant d’exploser au visage de ses protagonistes.
Un pittoresque petit village niché au cœur de la campagne espagnole accueille le mariage d’une jeune femme du cru. Sa famille, ses amis sont venus nombreux pour fêter l’événement. Sa sœur Laura débarque d’Argentine avec ses enfants et retrouve Paco, un amour de jeunesse.
Le village, le mariage bruyant et festif servent de parfait petit théâtre des apparences et des non-dits.
Le temps d’un bonheur sincère ou feint, des faux sourires et des mensonges par omission. Jusqu’à ce qu’un événement dramatique libère les mots et les vieilles rancœurs.
Comme à son habitude, Farhadi tisse adroitement les ramifications d’une intrigue qui s’éclaire lentement et révèle au compte-goutte les liens ambiguës de personnages d’abord présentés comme irréprochables.
D’abord d’une grande légèreté, gracile, Everybody Knows se drape d’une noirceur trouble suite à une ô combien symbolique panne de courant. Ses personnages rayonnants d’un coup se referment, se crispent, se jaugent et se jugent.
Cette variation, cette angoisse soudaine, cette méfiance nouvelle, Farhadi les capte comme personne. Sa manière de cadrer et de filmer ses acteurs au plus près, la justesse de ses plans, la fluidité avec laquelle l’intrigue se noue et se dénoue, sa mise en scène est un délice et peut se permettre une économie de mots. La finesse de la direction d’acteurs (et ils sont nombreux) est un modèle du genre. Il est d’ailleurs sidérant de voir avec quelle facilité il parvient à tirer le meilleur et même plus de ses comédiens malgré la barrière de la langue. Le talent doit être universel.
Alors certes, le matériel, l’histoire est foncièrement moins fort que pour Le Passé, moins dérangeant que pour Le Client, mais Ashgar Farhadi parvient tout de même avec une redoutable précision à faire de Everybody Knows un thriller familial dense et intense qui vous tient en haleine 2h12 durant. Et signe une nouvelle fois une œuvre à l’exécution parfaite.

Synopsis : A l’occasion du mariage de sa sœur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au cœur d’un vignoble espagnol. Mais des événements inattendus viennent bouleverser son séjour et font resurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE – 16/20

Plaire, aimer et courir vite : AfficheDe Christophe Honoré
Avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès

Chronique : Parcouru par une funeste légèreté, Plaire, Aimer et Courir Vite séduit autant qu’il émeut, amuse autant qu’il bouleverse. Signant l’un de ses films les plus forts, et sans doute le plus ténu, Christophe Honoré choisit l’épure, préférant soigner les mots et les maux plutôt que de multiplier les effets.
Un an après 120 Battements Par Minute, Cannes offre à nouveau son écho à un film abordant les années 90 et les ravages du sida. Mais là ou 120 BPM avait la rage et l’énergie d’une œuvre à la fois militante et passionnelle, Honoré livre un mélo intimiste, apaisé et fulgurant, à hauteur d’hommes. Il le fait avec finesse, alternant frivolité et gravité, parfois brutalement, comme si la vie pouvait vous rappeler en quelques secondes qu’une réalité violente peut parfois effacer la perspective d’un avenir heureux.
Sa mise en scène est sobre, laissant ses personnages s’exprimer, se séduire, s’apprivoiser. Elle crée le temps et l’espace nécessaire aux échanges et à des dialogues brillants sans être sur-écrits. C’est une douce poésie moderne et contemporaine, qui sied parfaitement à ses personnages aux affinités littéraires évidentes. Et le scénario est souvent drôle, porté par une certaine insouciance. Le contraste avec les rappels brutaux et mortifères de la maladie est d’autant plus terrassant quand ils surgissent à l’écran. Un contraste qu’on retrouve dans la réalisation d’Honoré, qui filme de très beaux moments de complicité, ceux d’un amour naissant, sans rien nier de la brutalité des rapports et de l’horreur de la maladie.
Leur histoire est au final celle d’un combat entre espoir et fatalité. La désinvolture d‘Arthur, son impatience, sa persévérance toute bretonne se heurtent au refus de Jacques de s’abandonner à nouveau au sentiment amoureux alors qu’il se sait condamné.
Et pourtant ce couple est beau, incandescent. Et évident (ce qui n’avait rien d’une évidence).
L’élégance triste et raffinée de Pierre Deladonchamps offre un contre-poids idéal à la décontraction juvénile de Vincent Lacoste, si juste et naturel. Le comédien révélé par le génial les Beaux Gosses plonge dans l’univers d’Honoré avec une facilité et une aisance déconcertante. Sa répartie donne au film ce qu’il faut d’inconséquence et de spontanéité pour lui permettre de trouver ce difficile équilibre entre légèreté et drame.
Plaire, Aimer et Courir vite est une chronique à la fois solaire et crépusculaire sur un premier et un dernier amour. Une œuvre magnifique portée par l’amour et hantée par la mort.

Synopsis : 1990. Arthur a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques, un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer. Mais cet amour, Jacques sait qu’il faut le vivre vite.

LA ROUTE SAUVAGE – 15/20

La Route sauvage (Lean on Pete) : AfficheDe Andrew Haigh
Avec Charlie Plummer, Chloë Sevigny, Steve Buscemi

Chronique : Road movie délicat et pertinent porté par la lumineuse interprétation du jeune Charlie Plummer, La Route Sauvage se positionne dans l’excellence du cinéma indépendant américain, se soustrayant aux scories du genre comme le misérabilisme ou un lyrisme excessif.
Certes, le discours social et les difficultés de la working class aux Etats-Unis touchée par l’extrême pauvreté constituent le socle narratif sur lequel s’appuie le récit, mais le réalisateur n’abuse jamais du pathos, tout en évitant soigneusement tout angélisme. Il accède ainsi à un bel équilibre et peut déployer avec simplicité l’histoire de cette amitié peu commune.
Concis et direct, le scénario est fluide mais pas forcément attendu. On est emporté par ce récit d’apprentissage, la détermination un brin naïve de Charley et son attachement viscéral au cheval, tout en appréciant la beauté et la rudesse du grand ouest américain. Le cinéaste délivre d’ailleurs ses meilleures scènes dans le désert, théâtre d’improbables mais touchant dialogues en guise de thérapie entre le jeune homme et l’animal. Bien encadré par les toujours parfaits Steve Buscemi et Chloë Sevigny, Charlie Plummer vibre à l’écran d’une rayonnante présence et d’une intelligence de jeu prometteuse pour lesquelles il a obtenu le prix du meilleur espoir à la Mostra. C’est peu dire que c’est mérité.

Synopsis : Charley Thompson a quinze ans et a appris à vivre seul avec un père inconstant.
Tout juste arrivé dans l’Oregon, le garçon se trouve un petit boulot chez un entraineur de chevaux et se prend d’affection pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière.
Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il décide de s’enfuir avec Lean on Pete, à la recherche de sa tante dont il n’a qu’un lointain souvenir.
Dans l’espoir de trouver enfin un foyer, ils entament ensemble un long voyage…

GAME NIGHT – 13,5/20

Game Night : AfficheDe Jonathan Goldstein (XII),  John Francis Daley
Avec Jason Bateman, Rachel McAdams, Kyle Chandler

Chronique : Outre le plaisir de voir s’éclater le couple Rachel McAdams – Jason Bateman, parfait d’auto-dérision, Game Night, derrière ses allures d’énième banale comédie d’action, révèle une surprenante originalité dans son traitement, à cheval entre l’humour screwball et le thriller à twist.
Tout ne fonctionne pas, mais l’énergie des comédiens et le rythme appuyé des gags et des répliques amusent franchement et on se prend vite au jeu de ce Cluedo à tiroir qui nous invité à démêler ludiquement et  habilement le vrai du faux. Drôle et inventif, soigné dans sa mise en scène, Game Night vaut mieux que ce que son affiche laisse suggérer.

Synopsis : Pour pimenter leur vie de couple, Max et Annie animent un jeu une nuit par semaine. Cette fois ils comptent sur Brooks, le frère charismatique de Max, pour organiser une super soirée à thème autour du polar, avec vrais faux malfrats et agents fédéraux ! Brooks a même prévu de se faire enlever…. sauf qu’il reste introuvable. En tentant de résoudre l’énigme, nos joueurs invétérés commencent à comprendre qu’ils se sont peut-être trompés sur toute la ligne. De fausse piste en rebondissement, ils n’ont plus aucun point de repère et ne savent plus s’il s’agit encore d’un jeu… ou pas. Cette nuit risque bien d’être la plus délirante – et la plus dangereuse – de toute leur carrière de joueurs…

AVENGERS 3 : INFINITY WAR – 14,5/20

Avengers: Infinity War : AfficheDe Joe Russo, Anthony Russo
Avec Robert Downey Jr., Chris Hemsworth, Chris Evans

Chronique : Infinity War est en soi et instantanément un énorme morceau de pop culture, le premier volet du diptyque final d’un projet colossal qui s’est entendu sur 10 ans et une vingtaine de films. Une monstruosité cinématographie, délirante d’ambition, sans équivalent et qui n’en aura probablement jamais. La gageure était pour Marvel de traduire à l’écran la complexité et l’imbrication de comics relatant les exploits de super-héros très différents œuvrant à la fois sur terre et dans toute la galaxie, avant de tous les regrouper dans un épisode qui viendrait clore cette décennie super-héroïque entamée par Iron Man.
Si tous les films n’ont pas la même valeur et que l’on peut reprocher une systématisation de la « recette Marvel » au niveau des scénarios, aucun n’est totalement honteux et tous auront à leur échelle apporté une pierre à l’édifice de cette conclusion baroque et épique.
Car Infinity War est une réussite, un pari immense relevé avec panache par les frères Russo.
Evidemment et nécessairement, le film est spectaculaire. Mais pas autant qu’on aurait pu le croire. En choisissant d’éclater la story line et de séparer en petits groupes la soixantaine de super-héros présents à l’écran, les réalisateurs aèrent leur récit et évite l’écueil de la surenchère. Hormis la scène dantesque du combat au Wakanda, qui finira par rassembler tout ce beau monde, ce sont des affrontements à taille (sur)humaine qui se succèdent, où chaque héros peut miraculeusement s’exprimer. Chacun peut revendiquer son moment de bravoure sans qu’il n’entrave la bonne avancée d’une intrigue prenante et surprenante.
Souvent drôle (Star Lord et Thor, héritent des meilleures punchlines), parfois même touchant, intimidant par moments, Infinity War trimballe aussi son lot de drames, plus ou moins signifiants.
Mais surtout, et pour la première fois, Marvel réussit ses méchants (à part Loki, mais Loki, c’est Loki). Et ce n’était pas gagner lorsqu’on on découvrait ce gros bonhomme mauve en scène post-générique du premier Avengers. Entre-temps, les CGI ont progressé et Josh Brolin lui prête sa voix et ses expressions. Et c’est bien. Mais la grande réussite d’Infinity War est de lui conférer des motivations solides. Et terribles. Thanos est aussi effrayant que promis, mu par un destin et une mission auxquels il pense ne pouvoir se soustraire (et qui ne consiste pas simplement à buter tout le monde pour le plaisir et devenir maître de la Galaxie). Une complexité inattendue qui pourrait effectivement en faire le Dark Vador d’une génération. Même ses disciples de l’Ordre Noir sont très convaincants.
Infinity War est donc une éclatante réussite pour qui n’est pas encore repu de films de super-héros. Le film valide une politique et une stratégie entamée 10 ans plus tôt.
Mais à travers cet impressionnant final, on relèvera aussi la pertinence avec laquelle la maison des Idées s’est appuyée dès le départ sur des acteurs de premiers rangs pour incarner ses super-héros. Il fallait faire venir Scarlett Johansson, Elizabeth Olsen et Mark Ruffalo, alors plus habitués aux ciné indé, offrir une renaissance à Robert Downey JR, convaincre les très demandés Benedict Cumberbath et Chris Hemsworth, exposer au grand jour les talents comiques de Chris Pratt ou Paul Rudd et j’en passe. Au-delà de crédibiliser d’amblée son univers partagé, cet impressionnant casting garantit à Marvel une qualité d’interprétation toujours irréprochable, à même de donner un semblant de vérité aux situations les plus invraisemblables tout en lui permettant de proposer un film de 2h30 avec quasiment en permanence un acteur nommé aux oscars au second plan.
Ça non plus, ce n’est pas commun.
S’achevant sur un climax dramatique, stupéfiant et en même temps frustrant, Infinity War s’offre même le luxe de créer une attente folle pour son dénouement. Oui, un an, ça va être long.

Synopsis : Les Avengers et leurs alliés devront être prêts à tout sacrifier pour neutraliser le redoutable Thanos avant que son attaque éclair ne conduise à la destruction complète de l’univers.

LARGUÉES – 11,5/20

Larguées : AfficheDe Eloïse Lang
Avec Miou-Miou, Camille Cottin, Camille Chamoux

Chronique : Sur un scénario écrit en mode automatique, attendu et sans surprise, on sourit devant quelques répliques bien senties et on apprécie l’indéniable alchimie entre les actrices, au tempo comique redoutable. Mais ça reste bien léger tout ça…

Synopsis : Rose et Alice sont deux sœurs très différentes. Rose est libre et rock n’roll. Alice est rangée et responsable. Elles ne sont d’accord sur rien, à part sur l’urgence de remonter le moral de Françoise, leur mère, fraîchement larguée par leur père pour une femme beaucoup plus jeune. La mission qu’elles se sont donnée est simple « sauver maman » et le cadre des opérations bien défini : un club de vacances sur l’Ile de la Réunion…