Réalisé par Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot…
Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Alexandra Lamy…
Synopsis : L’infidélité masculine et ses nombreuses variations, vues par 7 réalisateurs.
Avis : Porté par l’énorme buzz post-Oscars autour de The Artist / Dujardin et par un concept encore une fois original et assez casse-gueule (le film à sketchs), Infidèles était attendu comme une sorte d’ovni exagérément (et donc faussement) machiste et jubilatoire. On n’y est pas tout à fait et le film a finalement les défauts de ses qualités. Inégal et manquant de cohérence, il bénéficie cependant d’une réelle qualité d’écriture et d’une efficacité redoutable dans la précision des répliques, certaines étant franchement tordantes.
Mais le concept s’épuise rapidement, victime du côté répétitif qu’induit forcément la présence des deux mêmes acteurs dans chaque sketch. Si Dujardin démontre une nouvelle fois son épatante capacité à interpréter des personnages aussi différents qu’un minable commercial frustré et un séducteur amoral au sourire carnassier, Lelouche a beaucoup plus de mal à renouveler son registre de scène en scène. Son personnage est bon et il le tient remarquablement, mais il varie trop peu dans chaque histoire pour qu’on n’ait pas l’impression de redite.
Sur le contenu qu’on attendait trash, cul et irrévérencieux, c’est en partie convaincant, avec des références évidentes au cinéma de Blier des débuts sans pour autant en atteindre la poésie crasse. Les scénarios ne se veulent pas donneurs de leçons, mais ils le sont forcément, l’accent étant largement mis sur le côté pathétique des ces machos niqueurs compulsifs.
Au final, Les Infidèles reste un film assez potache, parfois limite beauf, plombé par quelques pénalisantes lourdeurs ou/et longueurs, et manquant clairement d’ambition formelle. On assiste cependant à une salutaire respiration avec le segment de Emmanuelle Bercot dans lequel Alexandra Lamy prouve qu’elle vaut beaucoup mieux que son statut actuel de « femme de ». Entre nuance, belle autorité et douce fragilité, elle confirme la remarquable impression qu’elle avait laissée dans le très bon Ricky de Ozon.