Séries | THE DROPOUT – 14/20 | THE WILDS S02 – 13/20 | PARLEMENT S02 – 14,5/20

THE DROPOUT (Minisérie Disney+) – 14/20

The dropout raconte l’effarante histoire vraie de Elizabeth Holmes. Son irrésistible ascension et sa chute inexorable. Il est encore une fois question de l’égo surdimensionné d’un entrepreneur mégalo, plus précisément ici d’une entrepreneuse, une gamine qui s’estime suffisamment brillante et armée pour abandonner Harvard, révolutionner le monde des labos pharmaceutiques et faire fortune avec une idée : une machine d’analyses sanguines portables.
Elle a effectivement fait fortune. Le problème ? sa machine n’a jamais marché. Mais, par malice ou auto-persuasion, elle a réussi à convaincre investisseurs et professionnels de santé qu’elle fonctionnait, mettant la santé de milliers de personnes en danger.
La série capture bien la personnalité complexe de Holmes, son entêtement à parvenir à son rêve coûte que coûte, et comment elle va tomber dans l’engrenage du mensonge et de la manipulation.
Amanda Seyfried, mâchoire fermée et yeux exorbités l’incarne avec passion. Elle est habitée, limite effrayante. Si la série est bien trop longue dans son exposition, The Drop Out décolle vraiment lorsqu’elle se mue en thriller journalistique, tirant profit de son sujet exceptionnel et de l’excellent casting qui entoure Seyfried. Les longueurs des 1ers épisodes sont alors oubliées.

THE WILDS S02 (Prime Vidéo) – 13/20

Elles n’étaient donc pas seules… Cette deuxième saison suit un groupe de garçons ayant subit l’exact même crash d’avion que les filles dont on a fait connaissance en saison 1.L’aberrante étude sociologique menée par Gretchen est donc une étude comparative…
Les Flashbacks portent désormais exclusivement sur les nouvelles têtes, mais ils sont moins travaillés, leur back stories plus grossières. On aurait pourtant bien aimé creuser un peu plus le passé des survivantes. C’est peut-être une des raisons pour laquelle la dynamique de groupe chez les garçons est moins évidente. Cependant, le suspense est toujours bien ficelé et on suit avec plaisir et intérêt leur aventure. On regrettera quand même un final maintenant artificiellement la possibilité d’une hypothétique saison 3.

PARLEMENT S02 (France.tv) – 14,5/20

Si Parlement doit composer avec des moyens limités, elle compense largement par la finesse de son écriture, son sens du cocasse et l’exploitation parfois burlesque d’un sujet, les arcanes de l’institution, qu’elle parvient à vulgariser. Cette saison 2 est toujours aussi décalée et drôle. Samy s’est trouvé une nouvelle députée à assister, parfaite d’ambition et de cynisme. S’il s’est aguerri, cela ne le préserve pas de sa maladresse naturelle qui ne l’aide pas à naviguer entre les combats d’égos et la bureaucratie parlementaire. Pour notre plus grand plaisir.

Cinéma | MEN – 13/20

De Alex Garland
Avec Jessie Buckley, Rory Kinnear

Chronique : Parabole horrifique tordue, Men sait très bien mettre son spectateur mal à l’aise. Alex Garland installe rapidement une ambiance austère et oppressante en exilant son héroïne traumatisée dans un petit village isolé. Un village qui a la caractéristique d’être habité par des hommes qui ont tous le même visage et qui vont se révéler de plus en plus inquiétants, voir menaçants.
La mise en scène est aussi folle qu’élaborée, traduisant parfaitement l’angoisse qui monte crescendo. La photographie joue superbement des lumières naturelles ou artificielles pour renforcer le malaise ambiant, les plans alternent visions suggestives et explicites pour témoigner de l’horreur et de la panique grandissante qui s’empare de Harper.
Après la présentation de ce comité d’accueil passablement anxiogène, Men se mue tout d’abord en Home Invasion movie efficace, puis vire progressivement au fantastique, paré d’une esthétique gore volontairement grotesque, mais pas moins terrifiante.
Derrière ces effets visuels et narratifs, Men s’en prend assez clairement au lourd héritage d’une société patriarcale attaquée dans son identité mais coriace dans sa volonté de résister, terreau ancestral de la masculinité toxique (le symbole de la pomme et du péché originel dès les premières minutes est tout sauf un hasard). Les multiples visages identiques du mâle (mal ?) renvoient à des millénaires d’éducation viriliste, à la misogynie ordinaire et par extension aux difficultés pour les femmes de faire entendre leur voix.
Mais en camouflant grossièrement son message derrière la fable d’épouvante, le réalisateur nous perd un peu, peut-être volontairement d’ailleurs, mais il nous laisse être les propres interprètes de la bizarrerie qu’on regarde. Quitte à ce qu’on ne la comprenne pas tout à fait et qu’on en sorte un peu frustrés.
Mais la proposition vaut indéniablement d’être reçue, ne serait-ce que pour les performances magistrales de Jessie Buckley et surtout de Rory Kinnear, impressionnant en hydre à 1000 têtes symbole monstrueux du male gaze.

Synopsis : Après avoir vécu un drame personnel, Harper décide de s’isoler dans la campagne anglaise, en espérant pouvoir s’y reconstruire. Mais une étrange présence dans les bois environnants semble la traquer. Ce qui n’est au départ qu’une crainte latente se transforme en cauchemar total, nourri par ses souvenirs et ses peurs les plus sombres.

Cinéma | JURASSIC WORLD : LE MONDE D’APRÈS – 8/20

De Colin Trevorrow
Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern

Chronique : La conclusion de cette nouvelle trilogie jurassique était pleine de belles promesses. Entre le final de Fallen Kingdom qui annonçait la rencontre entre les dinosaures et la civilisation moderne, le retour des anciennes gloires de Jurassic Park et une bande-annonce excitante, les attentes étaient élevées.
Las, l’ouverture du Monde d’Après va tout de suite refroidir nos ardeurs… Un téléreportage nous présente l’état de la planète où cohabitent désormais humains et bêtes préhistoriques, mais va rapidement bifurquer vers l’introduction d’une nouvelle firme biotechnologique spécialisée dans le traitement de l’ADN des dinosaures, qu’on devine avide et sans scrupule.
Au lieu de capitaliser sur son point de départ inédit pour s’ouvrir et se réinventer (des dinos qui rendent visite aux hommes), la licence, comme dans une sorte de reflexe, se replie sur elle-même pour rejouer la même recette, comme si la peur de sortir d’un cahier de charges calibré la paralysait.
On a donc droit à une nouvelle intrigue avec des industriels malintentionnés qui font mine de se soucier du sort des dinosaures (et de l’humanité) mais sont prêts à tout pour du profit, on se reconfine dans un nouvel espace clos, dinos en liberté et humains calés dans des postes d’observation (vulnérables, sinon c’est pas drôle) et… vous connaissez la suite…
Jurassic World, Le Monde d’Après est un divertissement basique, sans âme et sans émotion, totalement désincarné. Même les CGI sont parfois ratés, comme cette première scène dans les steppes où l’on distingue clairement le fond vert.
Le personnage de Laura Dern dit à un moment en caressant un bébé dino « On ne s’y habitue jamais ». Malheureusement, le spectateur, si. L’effet whaou de voir à l’écran à l’écran des animaux disparus depuis des millions d’années s’est estompé depuis longtemps.
D’autant plus qu’aucun personnage ne bénéficie d’un développement suffisamment intéressant pour contrecarrer la vacuité de l’intrigue. On se fiche de ce qui leur arrive, et même le retour des mythiques docteurs Grant et Sattler ne provoque aucune espèce d’émotion. Même les dinosaures nous laissent indifférents, alors que les épisodes précédents arrivaient à leur donner une dimension nostalgique.
Et que c’est long et bavard, pour ne pas dire grand-chose en plus…
Jurassic World, Le monde d’après apparait comme une vraie occasion ratée. La saga avait sous la main tous les ingrédients pour se réinventer et s’achever dans un grand geste romanesque et ultime.
Ce sera une sortie en catimini. Jurassic Park : Lassitude.

Synopsis : Quatre ans après la destruction de Isla Nublar. Les dinosaures font désormais partie du quotidien de l’humanité entière. Un équilibre fragile qui va remettre en question la domination de l’espèce humaine maintenant qu’elle doit partager son espace avec les créatures les plus féroces que l’histoire ait jamais connues.

Séries | LE FLAMBEAU – 15/20 | OUSSEKINE – 14/20 | KILLING EVE S04 – 11/20

LE FLAMBEAU – Minisérie (Canal+) – 15/20

Une réinvention réussie pour la génialement stupide série parodique de Jonathan Cohen. C’est aussi idiot que drôle, même les running gags les plus lourdingues passent (Elle est nulle, Anne). Quand une vanne tombe à côté, la suivante fonctionne. Et ils osent beaucoup !
Si certains reprochent au nouveau format de donner moins de temps d’écran à Marc, il offre au contraire plus de visibilité aux autres personnages et évite le côté répétitif de La Flamme. Ceux qu’on avait déjà rencontrés la saison précédente gagnent en épaisseur (Adele Exarchopoulos, Géraldine Nakache, Leila Bekhti), les nouveaux sont globalement très réussis (Mister V est une révélation).
J’ai plus ri qu’à La Flamme, et je ne m’y attendais pas. Drôlement bien joué.

OUSSEKINE – Minisérie (Disney+) – 14/20

Une série française ambitieuse pour Disney+. Oussekine offre une reconstitution solide de l’affaire, un peu scolaire mais éclairante. La mise en scène est appliquée et dispose des moyens nécessaires pour offrir à la série la qualité d’un très bon film d’auteur français. Le casting est particulièrement costaud. Elle revient en flash-back sur les évènements dramatiques de la nuit du 5 décembre 1986 mais aussi sur le parcours de la famille Oussekine entre l’Algérie et la France et comment Malik tentait d’y forger sa propre identité.
Le récit de son calvaire et du procès qui en suivit est bouleversant et évidemment révoltant. Il résonne forcément avec l’actualité et les multiples accusations de violences policières qui ont récemment secoué le pays. Quatre épisodes importants.

KILLING EVE S04 (Canal+) – 11/20

La saison de trop pour la série portée par Sandra Oh et Jodie Comer. Elle nous avait pourtant tant épaté par son ambiguïté, son sens de la surprise et sa réalisation stylée et singulière.
Seule demeure l’ambition esthétique, mais la complexité des personnages et la pertinence de l’intrigue se sont délités avec les saisons qui passaient.
L’histoire est confuse et de moins en moins cohérente, parfois même grotesque (ce jésus/villanelle totalement absurde…). On peut dater le moment où le show à commencer à battre de l’aile quand les enjeux sont devenus trop personnels. La dépression de Villanelle était une très mauvaise idée, affadissant le personnage. La relation entre elle et Eve est de plus en plus difficile à défendre pour les deux actrices, pourtant toujours excellentes, et ce malgré la parfaite adjonction de la non-moins parfaite Camille Cottin.
Un final qui fait pfffft…. »

Cinéma | DON JUAN – 7/20

De Serge Bozon
Avec Virginie Efira, Tahar Rahim, Alain Chamfort

Chronique : Le film de Serge Bozon débute par l’image d’un homme abandonné. Julie ne s’est pas présentée à son mariage, laissant Laurent à son désespoir. Inconsolable, il la voit dans toutes les femmes qu’il croise et qu’il tente de séduire, comme s’il devait la conquérir à nouveau.
Ce Don Juan est à la fois une digression du mythe (c’est le séducteur qui est quitté) et une mise en abîme, Laurent étant un comédien répétant la pièce de Molière.
Cela fait beaucoup d’idées, qui s’avèrent toutes finalement assez bancales. Le concept premier, celui sur lequel le film est vendu (voir l’affiche), voit Virginia Efira jouer toutes les femmes que croise Laurent. Intéressant bien que partiellement exploité, il est vite abandonné pour laisser sa place à une structure plus classique, une réflexion sur la fidélité doublée d’une pointe de mystère sur un évènement passé tragique.
On a parfois du mal à comprendre ce que le réalisateur cherche à nous dire et pourquoi il nous le dit comme ça. A vouloir complexifier à ce point un propos finalement assez futile, il nous perd et on perd le fil de ce qui n’est finalement pas autre chose que l’histoire d’un couple et l’exploration, pas très subtile de surcroît, du rapport homme/femme.
Si la mise en scène offre de jolis passages (dans le théâtre ou en filmant la chambre des deux amants qui se font face), les intentions de ces effets sont peu lisibles, la cérébralité du scénario trop lourde. Et le choix de la comédie musicale est très questionnable… Les scènes chantées sont difficilement soutenables, et l’ambiance sonore est globalement éprouvante.
Malgré tout l’amour qu’on porte aux deux acteurs principaux, qui font ce qu’ils peuvent, c’est très compliqué de rentrer dans cette histoire. L’ennuie gagne très, trop vite et ne vous lâche plus…

Synopsis : En 2022, Don Juan n’est plus l’homme qui séduit toutes les femmes, mais un homme obsédé par une seule femme : celle qui l’a abandonné…