ANGLES D’ATTAQUE – 2/10

 
Synopsis : Thomas Barnes et Kent Taylor sont deux agents secrets chargés d’assurer la protection du Président Ashton lors d’une conférence au sommet sur le terrorisme en Espagne. Peu après son arrivée, le président est victime d’une tentative d’assassinat. Dans la foule, un touriste américain a filmé toute la scène. Rex, reporter pour une chaîne de TV américaine, a elle aussi été le témoin privilégié des 15 minutes avant et après le coup de feu.
C’est en suivant la reconstitution de ces moments vécus par ces 4 personnages que la terrible vérité qui se cache derrière cet attentat nous sera révélée.
 
Avis : Un pitch attractif  (un attentat raconté à travers 8 points de vue différents), un casting au poil (Quaid, Weaver, Whitaker, Fox…), Angles d’attaque avait de quoi intriguer. Vaste supercherie. Ce ne sont pas 8 points de vue qu’on nous donne, mais 8 fois la même scène avec juste un petit indice supplémentaire à chaque fois, souvent improbable d’ailleurs. Ca ce veut intelligent, c’est juste assomant. Et risible. Les clichés s’enfilent comme des perles et il vaut mieux se gausser des scènes d’action plutôt que d’essayer d’y voir une once de crédibilié. Et Denis Quaid est pathétique en sous jack Bauer du pauvre…
Un magnifique navet. Affligeant…

A BORD DU DARJEELING LIMITED – 7,5/10

 
Synopsis : Trois frères qui ne se sont pas parlé depuis la mort de leur père décident de faire ensemble un grand voyage en train à travers l’Inde afin de renouer les liens d’autrefois.
Pourtant, la "quête spirituelle" de Francis, Peter et Jack va vite dérailler, et ils se retrouvent seuls, perdus au milieu du désert avec onze valises, une imprimante, une machine à plastifier et beaucoup de comptes à régler avec la vie…
Dans ce pays magique dont ils ignorent tout, c’est alors un autre voyage qui commence, riche en imprévus, une odyssée qu’aucun d’eux ne pouvait imaginer, une véritable aventure d’amitié et de fraternité…
 
Avis : Je ne connaisais pas encore l’univers de Wes Anderson, je dois avouer que je suis séduit. On le remerciera tout d’abord pour le court-métrage introductif qui met la toujours très recommandable Natalie Portman en vedette parisienne. Et ensuite pour son style coloré, soigné et légérement barré. Ses mouvements de caméra verticaux pour passer d’une personnage ou d’un lieu à un autre en plans séquence quasi-linéaires ont particulièrement la classe et rendent honneur aux paysages indiens. L’univers chamaré et élégant du Darjeeling est très réussit. Et enfin on le remerciera pour le casting des trois frères et les rôles qu’il leur offre. Décidemment, les retrouvailles de fratrie sont à la mode cette semaine, après Il y a longtemps… Si ici le contexte est moins douloureux, il est tout aussi intéressant. Chacun des trois frères reste scotché à ses névroses tout en s’ouvrant progressivement aux autres. Wilson, Schwatzman et surtout Brody campent avec une remarquable complémentarité ces pieds-niquelés itinérants, nous offrant quelques joutes verbales jubilatoires, mais parviennant aussi à émouvoir entre deux scènes loufoques. On retrouve également avec plaisir en guest des habitués de Anderson, Murray et Houston dans de petits rôles.
Offrez vous donc un moment à bord du darjeeling limited, un voyage d’un esthétisme racé entre délires et mélancolie que vous ne regretterez pas.
 

BLACK SHEEP – 5,5/10

Synopsis: Henry, citadin phobique des moutons, décide de suivre les conseils de sa thérapeute en retournant à la ferme familiale pour vendre ses parts à son frère aîné,
sans se douter des expériences génétiques qui y sont menées sur les moutons.
Au même moment, des activistes écologiques, au courant de ces pratiques, libèrent un agneau mutant du laboratoire secret. Le fléau va très vite se répandre et transformer tous les moutons en prédateurs très très méchants.
 
Avis : Une petite connerie néo-zélandaise à la hauteur de son pitch débile (donc très envie de le voir, forcément). C’est décalé et potache à souhait. Je dois avouer que voir ces moutons tueurs mangeurs d’hommes est particulièrement jouissif. Du moins un moment… la blague ne dure malheureusement pas très longtemps. Et ça finit par lasser, l’ensemble étant un peu paresseux et manquant  d’idées sur la longueur. Et pour y voir un film à charge anti-manipulations génétiques, il faut creuser très, très profond dans les degrés…

IL Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME – 7,5/10

Synopsis : Pendant 15 années, Juliette n’a eu aucun lien avec sa famille qui l’avait rejetée.
Alors que la vie les a violemment séparées, elle retrouve sa jeune soeur, Léa, qui l’accueille chez elle, auprès de son mari Luc, du père de celui-ci et de leurs fillettes.
 
Avis : Il y a longtemps que je t’aime n’est pas un grand film de cinéaste. La réalisation est la plupart du temps quelconque, certains plans même très vilains. Mais Claudel compense largement cette faiblesse formelle par une émotion à fleur de peau et une sincérité qui sonnent parfaitement juste . Et l’humain, surtout l’humain, filmé comme rarement. Il sait saisir les regards, les silences, les tensions sous-jacentes. Par de petites touches délicates, il passe de l’ambiance pesante, étouffante du début, marquée par le poids du secret à celui de la renaissance, et du "ré-apprentissage" du monde sociale et des liens familiaux (car contrairement à ce que certains critiques avancent pour éreinter le film, il ne s’agit pas d’une histoire de redemption – donc peu importe ce que Juliette a fait ou non, mais plus simplement de réinsertion et de recomposition – donc comment Juliette surmonte ses 15 ans d’enfermement).
La principale richesse du film est sans conteste l’interprétation des deux actrices principales (bien soutenues par des seconds rôle épais et convainquants). Claudel les filme au plus près, sans fard et ne rate aucune de leurs émotions. Elsa Zylberstein traduit avec fragilité une sorte de régression au retour de sa soeur, comme si elle revenait 15 ans en arrière en mettant de côté sa réussite professionelle, pour l’accueillir avec l’admiration qu’elle a toujous eu pour elle. Les questions d’adulte, ce n’est pas elle qui les pose, mais sa petite fille. Et puis il y a la reine. Kristin Scott Thomas irradie et porte le film de bout en bout. En prenant le risque d’être filmée sans maquillage, le visage creusé, meurtri, vieilli, elle rencontre sans doute le rôle qui manquait à sa carrière française, et prouve (pour ceux qui en doutaient) qu’elle est une des actrices les plus talentueuses de ces dix dernières années (la plus talentueuse à mon simple et humble avis). Elle n’a pas besoin de mots pour exprimer les sentiments les plus complexes. Un haussement de cils, un sourire esquissé, une crispation de la machoire, un mouvement de corps, suffisent à poser le difficile rôle de Juliette. Au début bête traquée, en alerte à chaque son inédit pour elle depuis 15 ans, dure et méfiante de tout et de tous, elle réapprend progressivement à accepter l’amour qu’on lui porte, réappend à sourire (d’abord des sourires de travers, crispés, et de plus en plus confiants – formidablement rendus par sa relation avec sa nièce). Et malgré ce personnage âpre, elle ne se départit pas de sa classe naturelle (qui ne dénature cependant pas le personnage, mais laisse au contraire paraître la superbe femme qu’aurait pu (du) être Juliette). Mais cette actrice, il y a longtemps que je l’aime…
Et ces yeux… Un regard qui nous hante longtemps après le générique de fin…
 

MR 73 – 6,5/10

Synopsis : Un tueur en série ensanglante Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l’enquête malgré l’alcool et les fantômes de son passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. 25 ans plus tôt, ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l’avait alors arrêté. Mais aujourd’hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, deux êtres qui tentent de survivre au drame de leur vie.
 
Avis: Un polar ambitieux, âpre et prenant. Dans la lignée du déjà réussi 36, quai des Orfèvres, MR73 gagne même en noirceur et en intensité. Grâce notamment à la réalisation de Marchal, tour à tour poisseuse et lumineuse, très stylisée, la caméra tournant sans cesse et avec brio autour du personnage brisé interprété avec beaucoup de présence et de finesse par Auteuil (dont je ne suis d’habitude pas fan, mais reconnaissons qu’il est très convaincant). Le plans sont beaux et rendent parfaitement l’univers glauque dans lequel se perdent les personnages, sans tomber dans le piège de se complaire dans la violence. Et le film trouve un équilibre rare entre les blockbusters esthetisants vides de sens (Les rivières pourpres par exemple) et les polars quasi documentaires à forte portée sociétale (Le petit Lieutenant). Et il n’y en a pas tant que ça.

L’ORPHELINAT – 7/10

Synopsis : Laura a passé son enfance dans un orphelinat entourée d’autres enfants qu’elle aimait comme ses frères et soeurs. Adulte, elle retourne sur les lieux avec son mari et son fils de sept ans, Simon, avec l’intention de restaurer la vieille maison. La demeure réveille l’imagination de Simon, qui commence à se livrer à d’étranges jeux avec "ses amis"… Troublée, Laura se laisse alors aspirer dans l’univers de Simon, convaincue qu’un mystère longtemps refoulé est tapi dans l’orphelinat…
 
Avis : Dans la pure tradition d’un cinéma horrifique espagnol brillant (Ouvre les yeux, l’echine du diable et même les Auutres pour ne citer qu’eux), L’Orphelinat ne se contente pas de nous foutre les jetons, mais va plus loin en traitant également avec justesse des relations entre les humains (via la relation avec les morts) et en particulier le thême de maternité.
Avant d’en venir à un final poignant qui vous laisse la gorge nouée, Boyana a finement construit son histoire, avec élégance et efficacité, cisellant des personnages convainquants et une ambiance mystique, alternant le sombre et le lumineux, avec en point d’orgue uune scène d’incantation avec Geraldine Chaplin à vous scotcher à votre siège. Bref, j’ai été conquis par ce film plus émouvant que sanglant, mélange des genres réussit et bénéficiant d’une réalisation élégante. Produit par Guillermo Del Toro, l’éléve a à mon sens dépassé le maître.

BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS – 6/10

Réalisé par Dany Boon

Synopsis : Philippe Abrams est directeur de la poste de Salon-de-Provence. Il est marié à Julie, dont le caractère dépressif lui rend la vie impossible. Pour lui faire plaisir, Philippe fraude afin d’obtenir une mutation sur la Côte d’Azur. Mais il est démasqué: il sera muté à Bergues, petite ville du Nord.
Pour les Abrams, sudistes pleins de préjugés, le Nord c’est l’horreur, une région glacée, peuplée d’êtres rustres, éructant un langage incompréhensible, le "cheutimi". Philippe ira seul. A sa grande surprise, il découvre un endroit charmant, une équipe chaleureuse, des gens accueillants, et se fait un ami : Antoine, le facteur et le carillonneur du village, à la mère possessive et aux amours contrariées. Quand Philippe revient à Salon, Julie refuse de croire qu’il se plait dans le Nord. Elle pense même qu’il lui ment pour la ménager. Pour la satisfaire et se simplifier la vie, Philippe lui fait croire qu’en effet, il vit un enfer à Bergues. Dès lors, sa vie s’enfonce dans un mensonge confortable…
 
Avis : Dany Boon signe une comédie sympathique toute à la gloire du peuple ch’timi. Le duo avec Kad fonctionne admirablement et tient le film qui se limite quand même à deux blagues déclinées sous tous les angles : le cliché du froid dans le nord et les quiproquos sur le patois local. On en rigole beaucoup au début, puis forcément de moins en moins… Et puis ok, les gars du nord sont sympas mais de là à tomber sous le charme de la poste de Bergues en deux semaines quand on arrive du sud… c’est un poil rapide. Quoiqu’on voit pas une goutte de pluie pendant tout le film (à part à son arrivée). Il a du bol, monsieur Abrams, parce que pour y avoir vécu pendant 3 ans, on les comptait sur les doigts de la main les jours sans flotte…

THERE WILL BE BLOOD – 7,5/10

Synopsis : Lorsque Daniel Plainview entend parler d’une petite ville de Californie où l’on dit qu’un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d’aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l’unique distraction est l’église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire.
Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s’intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l’amour, l’espoir, le sens de la communauté, les croyances, l’ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison… Et le pétrole.
 
 
Avis : Allons-y tout de go, nous sommes en présence d’un grand film et d’un acteur immmense. Car Daniel Day Lewis porte le film sur ses larges épaules et son immense talent. Il exprime sur son visage toutes les ambiguités et toute l’ambition de ce pétrolier sur une trentaine d’années. Et en face Dano (Little miss Sunshine) dans le rôle du jeune précheur doit en faire des tonnes pour rivaliser. Il en est loin, manque clairement de finesse dans son jeu, sans pour autant porter préjudice au film. Le film justement. La première heure est simplement bluffante. Un réalisation virtuose qui nous plonge dans l’histoire de ce personnage hors du commun et nous fait regarder avec les yeux de ce pétrolier et son incroyable ambition la quête de l’or noir. Un univers scorsesien (l’ascencion d’un homme dans la grande Histoire des Etats-Unis), une musique Kubricienne écrite par le guitariste de Radiohead, baroque et dissonnante, incroyable, qui donne, si elle en avait besoin, un relief supplémentaire à la réalisation de Anderson, mutique parfois et démesurée souvent. Outre l’affrontement entre le capitalisme et le mystique symbolisé par l’affrontement entre Daniel et Eli (mais uni dans une même ambition personnelle), le film et l’ampleur du personnae gagne aussi dans la relation du pétrolier et de son fils, héritier légitime et finalement trop encombrant lorsqu’il développe un handicap insurmontable pour Daniel dans son ambition. Ascension, réussite, auto-destruction, culpabilté, un personnage dense pour un film ample.

REDACTED – 6/10

Réalisé par Brian De Palma

Synopsis : Redacted raconte une histoire fictive inspirée de faits réels. C’est une expérience unique qui nous obligera à réexaminer de manière radicale les filtres à travers lesquels nous voyons et acceptons les événements mondiaux, le pouvoir de l’image médiatisée et l’influence exercée par la présentation des images sur ce que nous pensons et ce que nous croyons.

Le film se concentre sur un petit groupe de soldats américains en garnison à un poste de contrôle en Irak. La succession de points de vue différents permet de confronter l’expérience de ces jeunes hommes sous pression, de journalistes et collaborateurs des médias avec celle de la communauté irakienne locale afin de faire la lumière sur les conséquences désastreuses que le conflit actuel et leur rencontre fortuite ont eues sur chacun d’eux.

 
 
Avis : J’avoue être sorti bien perplexe de la projection de Redacted. Essentiel sur le fond, il dénonce l’enfer absurde irakien et de l’horreur d’une guerre dont personne ne connait vraiment les enjeux hormis celui pour le gouvernement US de ne pas perdre la face. Comme un écho à son film Outrage qui traite du même thème, De Palma exhibe le marasme dans lequel sont embourbés les soldats américains livrés à eux-mêmes et les actes ignobles et impardonnables qu’ils pensent pouvoir commettent en toute impunité. Mais sur la forme il y a quelque chose de troublant à regarder ce film, mixe entre la fiction et la réalité, De Palma utilisant les principes de désinformation qu’il dénonce. En passant d’images venues du web, de caméras de surveillance et d’images filmées par les personnages, on est perdus dans la profusion de sources et ambarassés pour se construire un avis. Et j’ai personnelement ressenti un vrai malaise à la projection des photos des victimes (pour la plupart des femmes et des enfants) faisant suite à des images fabriquées pour le film. Le message aurait-il perdu à un peu plus de suggestivité et un peu moins de voyeurisme? je ne pense pas. Quoiqu’il en soit, c’est un nouveau coup de poing à charge contre la politique US en Irak. Utile donc.