LE GRAND MECHANT LOUP – 13/20

Le Grand Méchant LoupRéalisé par Nicolas Charlet, Bruno Lavaine
Avec Benoît Poelvoorde, Kad Merad, Fred Testot

Synopsis : Il était une fois trois frères qui vivaient heureux. Du moins le pensaient-ils. Un jour leur maman eut un accident. Alors Henri, Philippe et Louis se mirent à se questionner sur le sens de leur vie. Une grande vague de doutes pour ces quarantenaires versaillais sans histoire, qui suffit à leur faire entrouvrir la porte à l’inédit, à l’interdit, à l’aventure… au Grand Méchant Loup!

Avis : Nicolas et Bruno, créateurs de l’hilarant Message à caractère informatif, avaient dérouté avec leur premier film, La personne aux deux personnes, comédie fantastique fauchée mais assez jouissive dans laquelle Alain Chabat se retrouvait dans la tête de Daniel Auteuil. Le grand méchant loup suit une trame narrative plus classique, suivant les aventures extra-conjugales de trois frères alors que leur mère est sur le point de partir. Mais les réalisateurs n’en perdent pas moins leur singularité, faisant preuve à la fois d’inventivité dans leur mise en scène et d’audace dans leur scénario. Ils n’hésitent pas en effet à placer leurs personnages dans des situations osées, et à leur faire débiter des dialogues bien crus. Ne cherchant jamais à dédouaner leurs personnages, ils peuvent compter sur des acteurs solides et en grande forme. Les trois frères, bien sûr, mais également le casting féminin, de l’affolante Charlotte Le Bon, aux impeccables Zabou Breitman et Valérie Donzelli. Une distribution homogène et brillante, qui fait oublier quelques longueurs dans le récit et des voix off un peu pénibles. L’écriture est aussi particulièrement efficace (d’excellentes répliques, précises, drôles et empruntes de naturel).
Le grand méchant loup est une comédie française réussie qui sort assez largement du cadre traditionnel du genre, s’en démarquant assez franchement. Rafraîchissant.

MONSTRES ACADEMY – 14/20

Monstres AcademyRéalisé par Dan Scanlon
Avec Billy Crystal, John Goodman, Peter Sohn

Synopsis : Même quand il n’était qu’un tout petit monstre, Bob Razowski rêvait déjà de devenir une Terreur. Aujourd’hui, il est enfin en première année à la prestigieuse université Monstres Academy, où sont formées les meilleures Terreurs. Son plan de carrière bien préparé est pourtant menacé par sa rencontre avec James P. Sullivan, dit Sulli, un vrai crack qui a un don naturel pour Terrifier. Aveuglés par leur désir de se prouver l’un à l’autre qu’ils sont imbattables, tous deux finissent par se faire renvoyer de l’université. Pire encore : ils se rendent compte que s’ils veulent que les choses aient une chance de rentrer dans l’ordre, ils vont devoir travailler ensemble, et avec un petit groupe de monstres bizarres et mal assortis…

Avis : En refusant une nouvelle fois de céder à la facilité, Pixar continue de se démarquer de ses petits camarades de l’animation. Car à part la suite de Cars (Rebelle étant largement sous-estimé), le studio parvient à chaque fois à trouver un angle audacieux et surprenant pour raconter ses histoires, mêlant à la fois humour, empathie et affect. L’idée du prequel universitaire pour faire revivre les personnages de Bob et Sully se révèle rapidement brillante et permet de creuser un peu plus ces personnages mythiques du bestiaire Pixar. Il n’est d’ailleurs question que de ça, des personnages. C’est ce travail méticuleux, précis et intelligent qui fait que la firme à la lampe reste pour l’instant intouchable dans son domaine. L’histoire sert toujours des personnages forts, identifiables, touchants (et souvent hilarants). Pour Monstres Academy, outre Bob et Sully que les scénaristes ont eu la bonne idée d’opposer à leur rencontre, on adore les monstres patauds et naïfs de la team Oozma Kappa et on admire l’animation de l’intransigeante Doyenne Hardscrabble.
Mais Monstres Academy est aussi un film de campus, genre cinématographique hautement identitaire d’une certaine culture pop américaine. Les créateurs de Toy Story en détournent les codes avec la formidable liberté que leur accorde le fait que leurs étudiants soient des monstres aux aptitudes aussi fun que variées. Résultat, un rythme enlevé, de l’esprit, et évidement beaucoup d’humour. En ne cherchant pas à multiplier les gags mais en se reposant sur la richesse des personnages pour faire rire (mais jamais à leurs dépens), le réalisateur offre à son histoire une jolie épaisseur et un zeste de profondeur. Il peut ainsi tout naturellement y intégrer une belle fable sur l’amitié, mais sans chichiterie, ayant le bon goût d’éviter les bons sentiments trop mielleux. Il est d’ailleurs très intéressant d’observer que Monstres Academy ne relève pas du Happy End classique, évoquant une osée désacralisation de la réussite du modèle universitaire américain.
Si en limitant logiquement les contacts avec les enfants humains (pas de Boo ici), Monstres Academy s’éloigne un peu de la formidable poésie de son prédécesseur, il n’est en pas moins porté par la finesse habituelle des studios Pixar, gagnant au passage en fun tout en soignant et en approfondissant remarquablement ses personnages.
Comme toujours, un vrai plaisir de cinéma, drôle et réfléchi. Mais en doutait-on ?

THE EAST – 14,5/20

The EastRéalisé par Zal Batmanglij
Avec Brit Marling, Alexander Skarsgård, Ellen Page

Synopsis : Ancien agent du FBI, Sarah Moss travaille désormais pour une agence de renseignement privée qui protège les intérêts de puissants hommes d’affaires. Elle reçoit pour mission d’infiltrer The East, un mystérieux groupuscule éco-terroriste qui s’attaque aux multinationales coupables de dissimuler leurs agissements criminels. Déterminée, ultra entraînée, Sarah parvient à s’intégrer au groupe malgré leur méfiance, et doit même participer à leur prochaine action. Mais plus elle vit avec les membres passionnés de The East, en particulier Benji, l’anarchiste, plus elle se sent écartelée entre les deux mondes et s’interroge sur elle-même…

Avis : Fascinante et efficace plongée dans le quotidien d’un groupuscule eco-terroriste, The East assume son propos ambitieux en offrant un thriller politique teinté de romance, intelligent et captivant de bout en bout. La réalisation précise, concernée, se fait discrète pour mieux dessiner le dilemne moral qui s’impose à l’héroïne chargée d’infiltrer le groupe. Les liens entre les différents personnages, tous admirablement bien campés par des acteurs investis, se tissent progressivement et naturellement, si bien que l’histoire de cette infiltration est totalement crédible. The East est d’autant plus réussi que le réalisateur se garde bien de prendre parti, mais n’excuse personne, exposant parfaitement la complexité de la situation dans laquelle se trouve Sarah et les différentes motivations des protagonistes.
The East est donc un modèle de film conscient qui sait rester divertissant tout en délivrant un message audible, ce que la majorité des blockbusters sont désormais incapables de produire. Un cinéma «du milieu», indépendant mais grand public, qui se doit d’être préservé, car il représente aujourd’hui la principale richesse du 7ème art.

PACIFIC RIM – 3/20

Pacific RimRéalisé par Guillermo del Toro
Avec Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi

Synopsis : Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les «Kaiju», ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les «Jaegers», contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le «courant». Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju.

Avis : Pacific Rim, indigeste kaboom décérébré, joue sur la surenchère d’explosions, de bruit et de bastons. Pourquoi pas finalement, Roland Emmerich le fait très bien par exemple. Le problème, et on le ressent dans les interviews assez prétentieuses du réalisateur, c’est que le film se prend incompréhensiblement au sérieux, se voulant un blockbuster intelligent alors qu’il déborde de bêtise. Là où les superproductions de Bay se voilent souvent d’un salvateur second degré et d’autodérision malgré des qualités cinématographiques discutables, aucune distance ne vient sauver Pacific Rim.
Le film accumule tous les clichés, des situations convenues aux dialogues indigents en passant pas des absurdités et incohérences dans le récit. Les personnages sont au mieux insignifiants, au pire ridicules quand ils ne sont pas insupportablement agaçants. Les scènes avec les scientifiques par exemple mettent mal à l’aise devant tant de médiocrité.
Évidement, le scénario n’aide pas. Il faut savoir que Pacific Rim, ce sont des gros robots et de méchants monstres qui se mettent sur la gueule. Ça s’arrête là. Et quand on a vu cinq minutes de baston, on les a à peu près toutes vues… donc 2h15, c’est long, très long… Alors ils sont peut-être impressionnants, ces combats de titans, on ne saurait trop dire, on ne voit quasiment rien. Pratique de filmer de nuit et sous la pluie…
Parce qu’à part l’action, Pacific Rim est totalement vide, creux. Aucun enjeu, aucun fond, aucun sous-texte. Et on ne parle pas de l’insupportable musique, lourdaude et ringarde. On fait encore des scores comme celui-ci en 2013?
Del Toro était déjà pour moi un réalisateur très surestimé, redondant, maladroit et sans réel point de vue si ce n’est ses obsessions geek.
Avec Pacific Rim, il m’en convainc tout à fait.
Stérile et parfaitement idiot.

BEFORE MIDNIGHT – 15/20

Before MidnightRéalisé par Richard Linklater
Avec Julie Delpy, Ethan Hawke, Seamus Davey-Fitzpatrick

Synopsis : Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août. Céline, son mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis. On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit dans un hôtel de charme, sans les enfants. Les conditions sont idylliques mais les vieilles rancoeurs remontent à la surface et la soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes. Céline et Jesse seront-ils encore ensemble le matin de leur départ ?

Avis : N’ayant pas vu, Before Sunrise, ni Before Sunset, c’est totalement vierge des histoires de Céline et Jesse que je me suis plongé dans Before Midnight. Et quand je dis plongé, c’est littéralement, car on est placé au cœur du quotidien de ce couple pour qui le romantisme exacerbé des débuts semble bien loin, des souvenirs auxquels ils s’accrochent, un sentiment amoureux dont ils ne sont plus sûrs après 10 ans de vie commune et la naissance de leurs jumelles. Si lui semble avoir réussi à fait évoluer la passion en amour raisonné et raisonnable, elle questionne les fondements de leur couple en permanence, cherchant une réponse qu’elle semble déjà avoir, mais qu’elle n’ose formuler elle même.
Au cours de longs plans séquence admirablement dialogués, brillamment découpés, on s’attache forcément à Céline et Jesse, au point d’avoir l’impression de les connaître depuis toujours (sentiment qui doit être décuplé lorsqu’on a vu les premiers films). Un sentiment rare, obtenu grâce à une écriture intelligente, spirituelle et inspirée, un ton vrai et touchant et un naturel confondant dans l’interprétation de Julie Deply et Ethan Hawk, dont la performance impressionne. Tout cela dans le cadre paradisiaque du Péloponnèse.
Certes, ça parle beaucoup, mais Before Midnight n’est jamais bavard, car il parle à chacun, qu’on ait ou non vécu une histoire semblable.
Universel, drôle et singulier. Immanquable.

WORLD WAR Z – 12,5/20

World War ZRéalisé par Marc Forster
Avec Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel

Synopsis : Un jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos…

Avis : Précédé d’une réputation de film maudit à la production erratique (explosion du budget, désaccords entre Pitt et le réalisateur, huit semaines de reshoot pour modifier le final), on était en droit de s’attendre au pire concernant World War Z.
Bonne surprise, le film tient plutôt très bien la route. En évitant une installation trop longue et en nous plongeant directement dans le vif du sujet, Marc Forster joue sur l’efficacité. Certes, il n’est pas encore devenu un spécialiste du cinéma d’action (Quatum of Solace reste un souvenir douloureux) et certaines scènes restent un peu brouillonnes mais dans l’ensemble, il livre quelques moments de bravoure assez scotchants, en particulier la prise de Jérusalem que l’on vit quasiment en apnée. Les vues aériennes sur l’invasion zombie sont, elles , assez impressionnantes. Alors que héros se rend de ville en ville à la recherche de l’origine du virus (donnant au passage une jolie ampleur au long métrage), le thriller devient vite haletant et ne vous lâche pas jusqu’à un dénouement modeste et discret, mais raccord avec le reste du film. Car Forster choisit d’adopter une approche très premier degré, sans bon sentiment, acte héroïque, ni humour déplacé. C’est la fin du monde et ça ne rigole pas, l’important est de sauver sa peau. D’ailleurs, la maison blanche est tombée d’entrée, il ne faut pas compter sur le Président pour sauver le monde… Si ça ne vole pas très haut niveau psychologie des personnages et explications sur l’origine du virus, World War Z est d’une redoutable efficacité quand il s’agit de nous immerger dans l’apocalypse et nous faire bondir de notre siège. Brad Pitt, de tous les plans, porte le film avec implication et trois lignes de dialogues (et une cannette de Pepsi…). Mais il le fait bien. A noter dans les (très) bons points, la musique originale parfaitement anxiogène composée par Muse. Les aficionados reconnaitront la piste teaser de leur dernier album 2nd Law.
Très loin de la catastrophe annoncée, WWZ se révèle être une très prenante lutte contre le temps, un film épidémique zombiesque clinique et effrayant, bref un film de genre sous adrénaline pas très subtil mais, répétons-nous, très efficace.

MOI, MOCHE ET MECHANT 2 – 13,5/20

Moi, moche et méchant 2Réalisé par Chris Renaud, Pierre Coffin
Avec Steve Carell, Kristen Wiig, Russell Brand

Synopsis : Ayant abandonné la super-criminalité et mis de côté ses activités funestes pour se consacrer à la paternité et élever Margo, Édith et Agnès, Gru, et avec lui, le Professeur Néfario et les Minions, doivent se trouver de nouvelles occupations. Alors qu’il commence à peine à s’adapter à sa nouvelle vie tranquille de père de famille, une organisation ultrasecrète, menant une lutte acharnée contre le Mal à l’échelle planétaire, vient frapper à sa porte. Soudain, c’est à Gru, et à sa nouvelle coéquipière Lucy, que revient la responsabilité de résoudre une série de méfaits spectaculaires. Après tout, qui mieux que l’ex plus méchant méchant de tous les temps, pourrait attraper celui qui rivalise pour lui voler la place qu’il occupait encore récemment.

Avis : Suite réussie pour Moi, Moche et Méchant. Au moins aussi drôle que le précédent opus, elle part d’une intrigue solide : devenu père de famille modèle, Gru doit reprendre du service pour déjouer les plans diaboliques d’un nouveau super-vilain qui a pris sa place
Une histoire de contre-espionnage intéressante donc, même si elle n’est pas forcément exploitée au mieux (on aurait aimé que Gru soit un peu plus tiraillé entre sa nouvelle vie et ses anciennes et funestes activités auquel il doit faire fasse sans y reprendre goût). Mais on n’est pas chez Pixar, et l’ambition principale de Moi, Moche et Méchant, c’est d’amuser, divertir et faire ricaner. Pour le coup, mission accomplie. Les gags font mouche la plupart du temps, qu’ils soient très premier degré ou emprunt d’un peu plus de finesse. Surtout, ils jouent à fond sur le potentiel et la richesse des personnages. Gru, bien sûr, mais aussi Lucy, la nouvelle venue. Au passage, préférez la VO si vous pouvez, Steve Carell et Kristen Wiig étant irrésistibles en voix de Gru et Lucy, leur donnant une personnalité et une drôlerie incontestablement haut de gamme. Les 3 fillettes quand à elles délivrent le quota de « trooop chouuuu » et sont franchement craquantes. Et bien sûr, last but not least, les minions. On comprend que les auteurs aient voulu capitaliser sur LA révélation du numéro1, les petites bestioles jaunes, dont la présence limitée avait frustré nombre de spectateurs. Mais ils y sont allés un peu fort cette fois-ci… De presque tous le plans, ils finissent par se répéter et à fatiguer, aussi rigolos soient-ils. Résultat le final est un chouilla longuet et on n’est pas mécontent que ça se termine. Mais on aura bien rigolé !