ODETTE TOUT LE MONDE – 5,5/10

 
Synopsis : Odette Toulemonde n’a objectivement rien pour être heureuse mais l’est. Balthazar Balsan a tout pour être heureux mais ne l’est pas.
Odette, la quarantaine maladroite, entre un fils coiffeur savoureux, une fille engluée dans sa puberté, travaille le jour au rayon cosmétiques d’un grand magasin et coud le soir des plumes sur des costumes de revues parisiennes. Elle rêve de remercier Balthazar Balsan, son auteur préféré, à qui – pense-t-elle- elle doit son optimisme.
L’écrivain parisien, riche et séducteur, va débarquer dans sa vie de façon inattendue. Récit de la rencontre comique et fantasque de deux naufragés atypiques que tout sépare…
 
Avis :Un petit film mignon, bourré d’optimisme qui masque en partie quelques gros effets improbables (le scénario en lui même est improbable).
Mais Catherine Frot est une nouvelle fois remarquable, la réalisation, sans crier au génie, est tout à fait correcte(je m’attendais franchement à bien pire), avec quelques "trucs" marrant(Joséphine, Jésus).
Ca se regarde sans déplaisir, mais s’oublie aussi vite.

BUG – 6,5/10

 
Synopsis : Agnès vit seule dans un motel désert. Elle est hantée par le souvenir de son enfant, kidnappé plusieurs années auparavant, et redoute la visite de son ex-mari, Jerry, un homme violent
récemment sorti de prison. Dans cet univers coupé du monde, Agnès s’attache peu à peu à un vagabond excentrique, Peter. Leur relation tourne au cauchemar lorsqu’ils découvrent de mystérieux insectes capables de s’introduire sous la peau. Ensemble, ils vont devoir découvrir s’il s’agit d’une folie partagée ou d’un secret d’Etat…
 
Avis : Film étrange, mais très intéressant du réalisateur de l’Exorciste. Un exercice de style sur le théme de la paranoïa brillant, mais forcément un peu limité. J’ai été personnelement très surpris, car je m’attendais à un film d’horreur assez classique, mais que nenni! Le réalisateur prend le temps d’installer son huis-clos et d’établir les rapports d’influence entre les personnages, donnant du corps à cette chute dans une paranoïa aigue. De plus en plus à la frontière entre angoisse et ridicule, Friedkin convainc finalement, aidé par des interprètes qui jouent totalement le jeu, avec conviction et un amusement évident. Ils sont bien flippants…

LETTERS FROM IWO JIMA – 8,5/10

 
Synopsis : En 1945, les armées américaine et japonaise s’affrontèrent sur l’île d’Iwo Jima. Quelques décennies plus tard, des centaines de lettres furent extraites de cette terre aride, permettant enfin de donner un nom, un visage, une voix à ces hommes ainsi qu’à leur extraordinaire commandant.
Les soldats japonais qu’on envoyait à Iwo Jima savaient que leurs chances de survie étaient quasi nulles. Animé d’une volonté implacable, leur chef, le général Kuribayashi, exploita ingénieusement la nature du terrain, transformant ainsi la défaite éclair annoncée en 40 jours d’héroïques combats.
Près de 7000 soldats américains et plus de 20 000 Japonais ont perdu la vie à Iwo Jima. Leur sang s’est depuis longtemps perdu dans les profondeurs du sable noir, mais leurs sacrifices, leur courage et leur compassion ont survécu dans ces Lettres.
 
Avis : Si vous avez jeté un oeil quelques billets en arrière, vous aurez remarqué que j’ai vu et beaucoup, beaucoup aimé Flags of our Father, le volet américain du dyptique d’Eastwood sur la bataille d’Iwo Jima. Par conséquent, vous comprendrez mon attente autour du volet japonais, que beaucoup estimaient supérieur. Et bien encore une fois, merci M. Eastwood de nous offrir un grand film, un chef d’oeuvre d’une envergure et d’une ampleur qui marquent son spectacteur. Evidemment, le message est encore plus fort lorsqu’on considère le dyptique, mais chaque volet a aussi sa propre raison d"être. Lettres d’Iwo Jima est donc le pendant japonais de Mémoires de nos Pères, mais pose la même question finalement, toujours sans réponse, "A quoi bon?". Et ce qui aurait pu donner deux mélos démagos sur l’absurdité de la guerre, délivre au contraire deux oeuvres fortes, subtiles, non manichéennes et traitées avec assez de distance pour leur conférer une force de vérité rare, Eastwood plaçant sa caméra au coeur des hommes. Et c’est vrai, cette partie japonaise peut-être encore plus que la partie américaine. Cette fois encore, Eastwood prend son temps pour installer son histoire et ses personnages, mais sans jamais ennuyer. On s’attache à chacun, on les comprend. Il prend aussi soin de nous donner les codes de la culture militaire japonaise, mais sans jamais juger. Ainsi, c’est après une longue mais passionnante période d’installation qu’arrive les premières scènes de guerre, criantes de vérité, déchirantes. Eastwood capte alors des moments comme il sait si bien le faire, des instants simples, subtiles. Il émeut sans voyeurisme. Avec classe, Clint, avec classe bien sûr.
Et parce que c’est un grand film dans son ensemble, les plans, superbes, s’enchaînent avec une fluidité remarquable, magnifiés par la lumière et par le choix de ce "demi" noir et blanc, inédit pour moi, mais diablement efficace. Il nous plonge quasi immédiatement dans le film. Et comme le jeu des acteurs (tous japonais, vous l’aurez compris) est irréprochable…
 
Letters from Iwo JIma est donc grand film de guerre, et un grand film tout court. Et Eastwood est un génie.

LA MOME – 7,5/10

 
Synopsis : De son enfance à la gloire, de ses victoires à ses blessures, de Belleville à New York, l’exceptionnel parcours d’Edith Piaf. A travers un destin plus incroyable qu’un roman, découvrez l’âme d’une artiste et le coeur d’une femme. Intime, intense, fragile et indestructible, dévouée à son art jusqu’au sacrifice, voici la plus immortelle des chanteuses…
 
Avis : Bon alors par où commencer… Déjà, c’est peu dire qu’il était attendu ce film. Un buzz incroyable autour d’un des premiers biopics français de grande ampleur sur un des personnages les plus célèbres de la culture populaire de notre cher pays.
Alors, justifiée cette attente? Cette Môme valait-elle l’incroyable battage médiatique qui a précédé sa sortie? Assurément, oui. Dahan signe une oeuvre ample, assez inédite, dans la mesure où ce genre est assez peu représenté dans le cinéma français, courageuse et maîtrisée. Sans être un chef d’oeuvre, La Môme contient assez de qualités pour qu’on puisse parler d’un grand film.
Dahan sait placer sa caméra et ses lumières et nous gratifie de 3/4 plans séquences assez incroyables (au bordel, et surtout à la mort de Cerdan). L’idée de faire des aller-retour dans la vie de Piaf, s’il peut dérouter un moment, est finalement assez salutaire et allège l’ensemble. Le réalisateur n’abuse pas non plus des artifices lacrymales, et le film, contrairement à certaines critiques que j’ai pu lire, est loin d’être un tire-larmes, faisant montre d’une certaine pudeur. Le début est un peu laborieux certes, la première demi-heure abordant peut-être trop d’événements de la vie de l’artiste, sans rentrer assez dans sa psychologie. Mais à partir du moment ou elle devient La Môme…
Et là, les superlatifs seront encore trop faibles. On voit une actrice jouant un personnage pendant à peine deux minutes, et puis elle s’efface et le personnage bouffe littéralement l’écran. La Piaf nous hâpe et ne nous lâche plus jusqu’à son dernier souffle. Cotillard est immense et livre une performance rare, à mon sens encore jamais vu dans le cinéma français. Incroyable, époustouflante, sciante, bluffante, de ces performances qui marquent un parcours d’artiste, mais aussi la rencontre d’une immense actrice et d’un public.
Cette môme, on est pas prêt de l’oublier.

LA VIE DES AUTRES – 7,5/10

 
 
Synopsis : Au début des années 1980, en Allemagne de l’Est, l’auteur à succès Georges Dreyman et sa compagne, l’actrice Christa-Maria Sieland, sont considérés comme faisant partie de l’élite des intellectuels de l’Etat communiste, même si, secrètement, ils n’adhèrent aux idées du parti.
Le Ministère de la Culture commence à s’intéresser à Christa et dépêche un agent secret, nommé Wiesler, ayant pour mission de l’observer. Tandis qu’il progresse dans l’enquête, le couple d’intellectuels le fascine de plus en plus…
 
Avis : Depuis quelques années, le cinéma allemand nous livre quelques belles réussites aussi bien critiques que publiques. L’innovant Lola Rennt, l’émouvant Good Bye Lenine, et depuis peu, nous cousins d’Outre-Rhin reviennent sur les heures les plus sombres de leur histoire. Après l’inégal mais fort La Chute sur les derniers jours d’Hitler, La Vie des Autres s’attardent sur les dernières années de la Stasi avant la chute du mur, lorsque le régime totalitaire était au paroxisme de la paranoïa, englué dans un modèle que son idéologie est au départ sensé combattre.
Pour cela, le film est remarquable et décrit de façon quasi-clinique le climat de suspicion et de délation qui règnait en ex-RDA. Grâce à une mise en scène sobre et carrée, un scénario très solide, le réalisateur nous plonge dans un système dont l’ampleur ne nous était pas forcément familier. La fascination de l’officier de la Stasi pour le couple d’artistes qu’il doit surveiller, symbole des failles humaines et des frustrations inévitables dans un système totalitaire, est subtilement intégré, mélange de voyeurisme, d’envie et d’admiration. Par son regard vient l’émotion, pas si évidente que ça à susciter avec un tel sujet. En passant, l’allemagne a trouvé son Kevin Spacey. C’est dingue ce que l’officier de la Stasi lui ressemble, aussi bien physiquement que dans l’intensité qu’il dégage.
A voir, certainement.

BOBBY – 7/10

 
 
Synopsis : Le 5 juin 1968, à minuit, le sénateur démocrate Robert F. Kennedy, ancien Ministre de la Justice, candidat démocrate à la Maison Blanche et probable successeur de son frère JFK, était assassiné dans les couloirs de l’Hôtel Ambassador de Los Angeles.
Bobby fait un retour rapide sur cette tragédie, ses circonstances et ses protagonistes avec, en arrière-plan, les problèmes sociaux et politiques de l’Amérique de la fin des sixties : racisme, sexisme, inégalités…
 
Avis : Un hôtel, des vies qui se croisent dans l’amérique de la fin des années 60, traumatisée par le Viet Nam. L’arrivée de Bobby Kennedy pour fêter son election aux primaires des présidentielles cristalise tous les espoirs, mais mets aussi en exergue les frustrations et les désilusions du peuple américain.
Et ce qui était vrai il y a 40 ans trouvent évidemment un écho formidable dans la politique guerrière de l’administration Bush, mais aussi sur le thème du racisme ordinaire, des préjugés.
Beaucoup ont reproché à ce film de ne pas assez évoqué Kennedy, le politique. Mais le coeur du film n’est pas le personnage en tant que tel, mais ce qu’il représentait à l’époque, c’est à dire un formidable espoir de changement (ce qui fait d’ailleurs assez mal au coeur quand on voit la campagne qu’on se paie ici…), pour des gens pourtant très différents.
Et ce que réussit Esteves dans son film, c’est de poser immédiatement des personnages forts, qu’on voit peu mais qu’on repère vite, on s’intéresse à chacune des histoires, ce qui permet au film d’atteindre un niveau d’émotion pas forcément soupçonnable au départ.
Et évidemment , cet incroyable casting ne gâche rien.
Les films chorale réussit sont assez rares pour ne pas souligner les grandes qualités de Bobby