L’HERMINE – 13,5/20

L'HermineRéalisé par Christian Vincent
Avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier

Avis : L’Hermine est autant un film de prétoire passionnant, immersion concrète dans les arcanes d’une cours d’assise, qu’une histoire sentimentale délicate et pudique.
Les enjeux sont simples, mais solidement menés, car concentrés sur l’humain. Le procès que l’on suit est vécu aussi bien avec les jurés que le président, lui conférant une authenticité parlante.
Il est donc essentiellement question de Michel Racine magistrat redouté et craint, mais qui se voit ébranlé lorsque une ancienne connaissance se voit convoqué dans son jury.
Et c’est un rôle qui tenait visiblement à cœur à Fabrice Luchini, concerné, investi comme rarement, d’une retenue rare mais qui lui va si bien. Lorsqu’il donne autant de son talent à un rôle, l’acteur a peu d’égal dans le cinéma français. Sans tout dévoiler de Michel Racine, Luchini en dit assez pour rendre sa maladresse touchante. Face à lui, la douceur et la bienveillance de Sidse Babett Knudsen sont tout autant désarmantes, et valident l’émouvant rapprochement de son personnage avec celui qu’incarne Lucchini. De la dentelle…

Synopsis : Michel Racine est un Président de cour d’assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle  » le Président à deux chiffres « . Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait parti du jury qui va devoir juger un homme accusé d’homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu’il ait jamais aimée.

LE VOYAGE D’ARLO – 11/20

Le Voyage d'ArloRéalisé par Peter Sohn

Avis : Six mois à peine après l’exaltant et bouleversant Vice Versa, Pixar est déjà de retour sur nos écrans avec Arlo, film d’animation (beaucoup) plus conventionnel. Il n’a en effet clairement pas la même ambition narrative et semble s’adresser essentiellement à un public enfant, une première pour Pixar. A l’affolante architecture scénaristique de Vice Versa, Le Voyage d’Arlo oppose un récit linéaire, voir simpliste, parcouru de personnages grossièrement croqués mais très vite identifiables par nos chères têtes blondes. Certes, d’un point de vue formel, Arlo permet au studio de passer un nouveau cap. Le photo-réalisme des paysages y est bluffant, mais le mélange avec le design naïf des personnages laisse perplexe.
Surtout, c’est au niveau du scénario que le dernier Pixar peine à convaincre. C’est mignon tout plein (en particulier Spot), mais à part quelques scènes honnêtement émouvante, ce voyage manque de poésie. Ce n’est pas un secret que le film a eu de gros problèmes de production, et on peut imaginer que l’histoire reposait originellement plus sur l’uchronie selon laquelle la météorite ayant entraîné la disparition des dinosaures n’aurait jamais heurté la terre que sur le périple du jeune dinosaure pour retrouver sa maison. En se concentrant sur ce voyage, le film oublie rapidement l’audace de son point de départ et se prive de tout deuxième degré de lecture. D’autant plus qu’il se déroule assez mécaniquement et n’évite pas les redondances en enchaînant rencontres de créatures (souvent peu convaincants) et affrontement des dangers (méchants prédateurs ou tempêtes violentes), sans jamais parvenir à créer un élan romanesque ou insuffler une âme au récit qui irait au-delà aux enjeux premiers, habituelle marque de fabrique Pixar. En bref, on s’ennuie un peu (sans parler de l’interminable introduction).
Estampillé Disney de Noël, ce Pixar-là en a les atours. Certes porté par ambition moindre, Arlo déborde de bons sentiments et défend des valeurs universelles à défaut d’être originales comme le dépassement de soi, l’importance de l’amitié et de la famille…
Agrémenté de l’excellence technologique qui le caractérise, ce n’est déjà pas si mal. Mais c’est qu’on est devenu rudement exigeant avec Pixar….

Synopsis : Et si la catastrophe cataclysmique qui a bouleversé la Terre et provoqué l’extinction des dinosaures n’avait jamais eu lieu ? Et si les dinosaures ne s’étaient jamais éteints, et vivaient parmi nous de nos jours ?
Arlo, jeune Apatosaure au grand cœur, maladroit et craintif, qui va faire la rencontre et prendre sous son aile un étonnant compagnon : un petit garçon sauvage, très dégourdi, prénommé Spot.

HUNGER GAMES – LA RÉVOLTE : PARTIE 2 – 13/20

Hunger Games - La Révolte : Partie 2Réalisé par Francis Lawrence
Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth

Avis : Hunger Games : La révolte – Partie 2 est en soi un paradoxe. Symbole de l’insurrection et de la révolte populaire, le film souffre principalement des velléités mercantiles de Lionsgate. En divisant le troisième tome de la rébellion de Katniss Everdeen, l’intrigue se trouve diluée, le propos affaibli, les dialogues bavards et inutilement allongés et l’action trop peu présente. Par ailleurs, les atermoiements amoureux de nos jeunes héros sont inutilement appuyés alors qu’il saute aux yeux que Katniss et Peeta méritent la palme du couple de cinéma le plus mal assorti de l’histoire…
Mais quand Hunger Games redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, un film de guerre à l’imagerie puissante, alors on y retrouve l’assurance de ses débuts et l’affirmation de sa singularité. Soit un divertissement largement au-dessus de la mêlée des sagas young adult, avec une cohérence et un propos politique assumé qui confirme que même si Hunger games s’adresse aux adolescents avec leurs codes, elle a l’intelligence de ne pas les prendre pour des idiots. Les thématiques abordées sont toujours aussi intéressantes (même si logiquement et malheureusement redondantes avec La Révolte – Partie 1), que ce soit la résistance face à la dictature, la lutte des classes, le soulèvement des opprimés, la propagande ou la récupération politique, même des plus combats les plus nobles. Surtout, elle ne ménage pas son spectateur lorsqu’il s’agit de traduire la violence de la lutte et d’exprimer combien une guerre, quelle qu’elle soit, peut être meurtrière et injuste. Hunger Games surprend même jusqu’à son dénouement, sans scène de destruction massive ni acte de bravoure. A l’image de la saga, La Révolte s’achève sur une note de cynisme et de mélancolie, loin de l’optimisme des standards du genre, confirmant son audace et sa singularité. Une saga qui aura été traversée de bout en bout par le charisme hors-norme de Jennifer Lawrence…

Synopsis : Alors que Panem est ravagé par une guerre désormais totale, Katniss et le Président Snow vont s’affronter pour la dernière fois. Katniss et ses plus proches amis – Gale, Finnick, et Peeta – sont envoyés en mission pour le District 13 : ils vont risquer leur vie pour tenter d’assassiner le Président Snow, qui s’est juré de détruire Katniss. Les pièges mortels, les ennemis et les choix déchirants qui attendent Katniss seront des épreuves bien pires que tout ce qu’elle a déjà pu affronter dans l’arène…

MACBETH – 15/20

MacbethRéalisé par Justin Kurzel
Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard, David Thewlis

Avis : Adaptation furieuse et sanglante, le Macbeth de Justin Kurzel est d’une grande fidélité à l’œuvre de Shakespeare tout en lui conférant une puissante modernité grâce à une mise en scène ample et majestueuse, stylisée à l’extrême. Le travail sur le son et les couleurs est tout bonnement sidérant. Si il prend tout son sens lors de scènes de batailles violentes et suffocantes, jouant de ralentis et de cassures de rythme pour créer une succession de tableaux aussi splendides les uns que les autres, elle imprime également sa grande sophistication pour mettre en valeur les vers éternels du dramaturge. Les intimidantes plaines d’Ecosse, vertes terres de désolation, baignent dans un bleu-gris glacial quand elles ne prennent pas un tour rouge-sang lorsque les combats font rage. Les cieux sont déchirés par des éclats de lumière, et à travers une fenêtre ouverte, un jour sombre vient illuminer un visage hagard ou rageux de personnages au bord de la folie.
C’est marquée de cette très singulière imagerie, baroque et vrombissante que cette tragédie macabre se déroule, renforcée par une musique omniprésente qui exhale la fureur de le guerre et le chaos. Et même lorsqu’elle se met en sourdine, le silence se fait lourd et assourdissant.
Ce Macbeth est aussi et surtout remarquable par la qualité de son interprétation, les comédiens s’appropriant magnifiquement le texte pourtant ardu de Shakespeare, lui donnant tout son sens. Les mots sont posés et les vers sont soutenus par des jeux de corps et de regards d’une grande subtilité. Si l’ensemble des comédiens est remarquable, comment ne pas mettre en exergue les performances habitées de Fassbender et Cotillard qui incarnent fiévreusement le couple maudit. Fassbender en impose en habits de tyran, il est aussi beau qu’effrayant, finissant littéralement par entrer en transe, dévoré par son délire paranoïaque et Cotillard campe une Lady Macbeth vénéneuse et résolue. Je ne suis jamais totalement objectif lorsqu’il s’agit de cette actrice, mais c’était quand même bien casse-gueule pour une frenchie de s’attaquer à un tel monument en version originale. Tout comme Fassbender, elle donne à son personnage une telle variété d’émotions, rend si parfaitement compte de sa complexité, qu’il est facile pour le spectateur d’appréhender le drame et de comprendre le cheminement mental de ce couple sombrant dans la terreur et la folie sanguinaire.
En transposant à l’écran une des œuvres le plus noires et violente de Shakespeare, Kurzel lui offre un splendide écrin et des interprètes en état de grâce, mais aussi et surtout la possibilité d’être autre chose que ce qu’elle est sur scène. Il transcende sa dimension martiale et la désolation que le couple maudit entraine dans son sillage. En sublimant les terres écossaises et en magnifiant l’espace, le large et le lointain, il se démarque des représentations théâtrales pour moderniser et singulariser une œuvre vieille de plusieurs siècles. Ce n’est pas rien.

Synopsis : 11ème siècle : Ecosse. Macbeth, chef des armées, sort victorieux de la guerre qui fait rage dans tout le pays. Sur son chemin, trois sorcières lui prédisent qu’il deviendra roi. Comme envoûtés par la prophétie, Macbeth et son épouse montent alors un plan machiavélique pour régner sur le trône, jusqu’à en perdre la raison.

NOUS TROIS OU RIEN – 13/20

Nous trois ou rienRéalisé par Kheiron
Avec Kheiron, Leïla Bekhti, Gérard Darmon

Avis : Humoriste talentueux révélé au grand public à travers le programme court culte Bref, Kheiron aurait pu, pour son premier film, jouer la sécurité et livrer une énième comédie générationnelle. Il a choisi au contraire le projet ambitieux et culotté de raconter l’histoire de son père, résistant politique actif Iranien ayant participé à la chute du Shah et lutté contre l’Ayatollah Khomeiny, avant de fuir le régime pour rejoindre la France. Il y a plus gai comme trame pour une comédie… Cependant, Kheiron y parvient en employant le ton de la fable et évitant soigneusement de faire de Nous trois ou rien une reconstitution historique, faisant fi de tout réalisme situationnel. On parle un français impeccable, on fait de l’humour en prison (on reconnait l’influence de séries comme Bref bien sûr, mais aussi l’humour décalé d’un Astier qui offre un sympathique caméo), l’esprit est léger mais le propos est lourd. Le climat de terreur est ainsi plus suggéré que clairement montré, mais il est bel et bien présent et Kheiron a l’intelligence de faire confiance à son spectateur pour faire la part des choses. S’il raconte l’histoire de ses parents avec une émotion communicative, il se garde bien d’en faire des super-héros, conservant toujours une certaine modestie dans son propos. La mise en scène est en revanche ambitieuse, reposant sur une reconstitution solide de l’époque et un passage dans les montagnes enneigées convaincantes. Le montage donne dans l’ensemble du rythme au récit, et n’hésite pas à faire appel à des scènes clippées qui rappelleront une nouvelle fois l’influence de Bref.
Le film en lui-même est empreint d’une maladresse charmante, le jeu des comédiens est parfois approximatif mais délivré avec un cœur énorme. La générosité avec laquelle l’humoriste traite ce sujet très personnel fait un bien fou et diffuse un optimisme bienvenu en ces temps troubles… On pourrait le taxer d’un certain angélisme ou de naïveté, mais le choix du récit fantasmé, se départant d’une certaine réalité violente, est assez clairement exposé pour qu’on comprenne le double niveau de lecture.
Nous trois ou rien est donc un joli hommage, respectueux et mesuré, une comédie à l’humour moderne, inégal mais réjouissant, qui ne minimise jamais l’horreur que ses protagoniste traversent. Une réussite qui met du baume au cœur.

Synopsis : D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.

SPECTRE – 10/20

007 SpectreRéalisé par Sam Mendes
Avec Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux

Avis : Suite directe de Skyfall, Spectre adopte cependant un ton radicalement différent. Oubliez la noirceur, les traumas et la vulnérabilité de l’agent, Bond est de nouveau insubmersible, classieux et charmeur.
La densité et la complexité de Skyfall sont laissés de côté pour laisser place à une aventure typiquement bondienne, qui voit l’agent anglais se rendre aux quatre coins du monde, séduire de jolies femmes, utiliser quelques gadgets rigolos, sauter de toit en toit et repousser ses assaillants à mains nues. James Bond donc… Et pourquoi pas après tout, on est dans l’archétype du personnage. Mais si la mise en scène est élégante, ce Spectre souffre largement d’un scénario défaillant. S’il se réfère souvent aux précédents opus avec Daniel Craig, il doit plutôt se ranger à côté du faiblard Quantum of Solace plutôt que des très réussis Casino Royal ou Skyfall. Et cette fois-ci, il ne peut se réfugier derrière l’excuse de la grève des scénaristes… L’intrigue est paresseuse et peu claire, peinant à établir des connexions crédibles entre les personnages et les évènements s’enchainent assez laborieusement. L’idée d’introduire Spectre, organisation criminelle mondiale tentaculaire qui aurait l’emprise sur l’ensemble des réseaux de communication, transports, énergie etc… est évidement pertinente et plutôt d’actualité, mais tombe complétement à plat du fait d’un traitement pour le moins superficiel et caricatural. Certes, les grands méchants de la saga sont historiquement grossièrement croqués, mais si certains peuvent y voir un retour aux sources de la saga, difficile de valider un bad guy aussi grotesque et à ce point sans relief. Ne manque que le rire démoniaque et le gant de fer pour se croire devant Docteur Gang (Antagoniste de l’inspecteur gadget, oui). Pour la subtilité, on repassera. Waltz essaie pourtant de rester le plus sobre possible, mais il n’est pas aidé par des dialogues d’une rare indigence et terriblement datés. Si Daniel Craig encaisse encore bien le poids des années et Léa Seydoux fait le job (sans exprimer grand-chose cependant), ce sont surtout les seconds rôles qui emportent l’adhésion (Ben Whishaw en Q, Ralph Fiennes en M, et le génial Andrew Scott, le Moriarty du Sherlock de la BBC). Dommage que leur présence soit aussi restreinte. Le générique introductif, élément à part entière d’un James Bond, met d’ailleurs la puce à l’oreille. Mielleux et kitsch, il rappelle douloureusement qu’Adèle nous avait tant fait frissonner en posant sa voix sur le montage lugubre mais fascinant dans Skyfall…
Certains apprécieront ce retro-pédalage de la saga et ce retour à une tonalité plus proche de l’esprit léger et insouciant des origines. Mais on peut aussi regretter que le traitement plus profond et introspectif du personnage initié par Sam Mendes dans Skyfall ne trouve pas son prolongement dans Spectre… Ce retour au bon vieux Bond est d’autant plus incompréhensible que depuis des années un certain Ethan Hunt occupe royalement le terrain de l’agent secret téméraire et invulnérable. Après avoir pourtant pris un chemin singulier, 007 risque de se retrouver hors-jeu en faisant demi-tour…
Dommage, la noirceur lui allait si bien…

Synopsis : Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre.

LE FILS DE SAUL – 16/20

Le Fils de SaulRéalisé par László Nemes
Avec Géza Röhrig, Levente Molnár, Urs Rechn

Avis : Le fils de Saul est une expérience de cinéma brutale, de celles qui rappellent que les films peuvent être autre chose qu’un simple divertissement. Sa mise en scène magistrale sert un propos d’une violence inouïe mais salutaire et fait bien plus qu’appeler à un nécessaire devoir de mémoire. Elle immerge littéralement son spectateur dans l’horreur, au cœur de l’innommable. Cela n’a rien d’agréable, c’est même souvent insupportable, mais Le Fils de Saul provoque un choc qui marquera profondément celui qui accompagne le prisonnier dans sa quête d’une sépulture décente pour celui qu’il dit être son fils. Avec une efficacité documentaire et la force de la fiction, Nemes montre à l’écran ce qui n’avait jusque-là jamais été proposé au cinéma, en suivant l’un des rouages de l’abjecte mécanique de la solution finale. Saul est membre du Sonderkommando, à la fois exécutant et promis à périr dans le camp. On le suit dans ses missions macabres, au plus près. Souvent plein cadre, son visage hébété et perdu prend la plupart du temps tout l’écran, la caméra ne s’en éloigne jamais vraiment, tout juste lui tourne-t-elle parfois autour. La réalisation est oppressante, étouffante, mais très lisible et d’une grande précision dans la construction des plans. Le choix du 4/3 est ainsi d’une puissance redoutable, car en réduisant le champ visuel le réalisateur parvient à éviter autant que faire se peut tout voyeurisme. On est en permanence dans la suggestion, l’horreur se déroulant en deuxième plan ou hors champ. On devine, on comprend, on la prend en pleine gueule, mais elle n’est jamais tout à fait montrée. Aussi parce que Saul ne la regarde plus, son seul but pour rester un tant soit peu humain est de trouver un rabbin pour enterrer son fils.
László Nemes offre une vision inédite et brutale des camps de la mort, immersive jusqu’à la nausée, violente, dérangeante, mais d’une puissance qui place Le fils de Saul juste à côté de référents tel que Nuit et Brouillard pour éclairer sur l’horreur nazi et continuer à perpétrer un devoir de mémoire plus que jamais nécessaire.

Synopsis : Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau.
Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.

LOLO – 10/20

LoloRéalisé par Julie Delpy
Avec Dany Boon, Julie Delpy, Vincent Lacoste

Avis : On aime beaucoup Julie Delpy par ici. On aime son cinéma un brin foutraque et fort en gueule, qui ne s’excuse pas de verser parfois dans la grivoiserie. Avec Lolo, la réalisatrice tente le pari de le diluer dans le genre très codé de la comédie populaire en proposant une sorte de Tanguy 2.0. Forcément moins personnel que le diptyque 2 Days (Paris/NY), Lolo assume son côté grand public, preuve en est le choix un peu contre-nature de Dany Boon en love interest, tout en essayant de conserver son esprit salé et ses dialogues gentiment crus.
Si le pitch est très bon, le rythme globalement là, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas et les stratagèmes crapuleux du fiston pour éloigner Jean-René de sa mère finissent par sonner faux. Comme si Delpy avait le cul entre deux chaises, hésitant entre la pure comédie et la volonté de traiter de l’oedipe particulièrement marqué du jeune homme. Résultat, c’est souvent soit trop, soit pas assez. A part quelques très bonnes scènes rehaussées par les acteurs, dans l’ensemble très bons, Lolo manque clairement de légèreté et se révèle trop souvent poussif pour être considéré comme une comédie efficace, tout en tenant un propos trop simpliste pour prétendre à l’analyse psycho-sociologique d’une famille moderne recomposée.
Bref, c’est un peu raté, mais c’est pas très grave, on reviendra.

Synopsis : En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori.

MON ROI – 14/20

Mon RoiRéalisé par Maïwenn
Avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel

Avis : Si elle s’éloigne un peu du style quasi-documentaire qui faisait la force du Bal des actrices ou plus encore de Polisse, Maïwenn ne démontre pas moins une nouvelle fois avec Mon Roi la puissance de son cinéma. Traversée par une belle intensité, sa chronique d’une relation amoureuse mortifère et dévastatrice sonne juste et frappe fort. Certes, la métaphore de la rééducation pour faire écho au deuil d’une histoire d’amour est un peu lourdaude, mais la réalisatrice n’est pas forcément reconnue pour sa subtilité. En revanche, elle excelle dans la mise en scène de personnages forts, denses, complets et complexes, ce que sont Tony et Georgio. Le tourbillon des sentiments violents et contradictoires se révèle avec évidence devant sa caméra. Elle capte avec acuité la dimension psychique de cette relation passionnelle et instable et rend compte de la toxicité qui s’y immisce progressivement. L’emprise de Georgio, formidable prototype de manipulateur narcissique, sur Tony et parfaitement rendue, sans pour autant qu’elle ne passe pas pour une victime résignée. Son combat pour lutter contre son addiction pour cet homme (car il est bien question d’addiction), est tout aussi intéressant que les raisons pour lesquelles elle s’y accroche. Maïwenn confirme également qu’elle n’a pas beaucoup d’équivalent en France dans la direction d’acteurs. Pourtant vraiment pas fan du jeu de Vincent Cassel (doux euphémisme), je dois reconnaître qu’il bouffe littéralement l’écran ici, et fait preuve d’un magnétisme peu commun. Assez paradoxalement, c’est dans le cinéma excessif de Maïwenn qu’il semble se débarrasser de ses propres excès, rédhibitoires dans bien des films. Dans Mon roi, il est miraculeusement juste et toujours dans la mesure. Face au charisme assez monstrueux de Cassel, il fallait toute l’authenticité et la fièvre d’Emmanuelle Bercot pour traduire à la fois l’exaltation de la passion et la douleur du doute et de la trahison. A leur côté, les rôles secondaires sont particulièrement soignés et solides (comme toujours chez Maïwenn), mention particulière à l’excellent Louis Garrel, étonnant de naturel et parfait à chacune de ses interventions.
Moins étourdissant que le Bal des actrices, moins percutant que Polisse, Mon Roi va néanmoins si loin dans l’intime qu’il touche à une certaine vérité, dont les interprètes servent de véritables exhausteurs. Maïwenn sait comment les polir et les faire briller, indéniablement.

Synopsis : Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …