Cinéma – L’ARCHE DE NOÉ – 09/20

De Bryan Marciano
Avec Valérie Lemercier, Finnegan Oldfield, Elsa Guedj

Chronique : Voilà un film qu’on aurait aimé adorer… L’arche de Noé relate le quotidien (assez tristoune avouons-le) d’une association d’aide aux jeunes LGBTQ+ mis à la rue. Porté par Valérie Lemercier, on était en droit de s’attendre à une comédie dramatique forte et engagée, dont la dureté du sujet aurait été allégée par la pointe de folie, l’humour et la bienveillance de son interprète principale. Malheureusement, L’Arche de Noé baigne constamment dans un climat pesant et semble atteint d’une sinistrose dont il n’arrive pas à se défaire.
Certes le sujet est lourd, mais sans tomber dans un optimisme béat, il en appelle quand même à des valeurs d’entraide, de lien ou de communauté qui n’apparaissent jamais à l’écran.
Bryan Marciano passe un peu à côté de son sujet en centrant son scénario sur deux personnages cis-hétéros, effleurant seulement les questions de l’homophobie et de la transphobie. Les autres personnages échappent heureusement à la caricature, mais restent cependant des archétypes aux parcours peu développés et qui interagissent à peine entre eux. Insuffisamment en tout cas pour qu’on s’y attache. Le film semble d’ailleurs prendre conscience de ce décalage et plus il avance, plus il donne l’impression de ne plus trop savoir de quoi et de qui parler.
Même Valérie Lemercier apparaît un peu paumée, triste et sans étincelle.
L’Arche de Noé passe ainsi à côté de la grande comédie sociale sur les souffrances de la jeunesse LGBTQ+ et l’entraide d’une communauté qu’elle aurait pu être. Et c’est très dommage.
« Vous me faites chier avec vos émotions » dit le personnage de Lemercier à un moment. C’est pourtant ce qui nous manque le plus.

Synopsis : Une association accueille des jeunes LGBT mis à la rue par leurs familles. Derrière l’apparente comédie, les excès, l’envie de s’affirmer, se cachent des vies brisées. Tous ont cette furieuse envie d’exister, de trouver leur place dans la société. Ici, ils ont six mois, pour trouver un travail, un logement et s’accepter comme ils sont. Une course contre la montre durant laquelle Noëlle, qui dirige l’association et Alex, qui l’aide dans sa mission, sont également renvoyés à leurs propres failles et s’interrogent sur leurs motivations à aider les autres.

Cinéma | NAPOLÉON – 11/20

De Ridley Scott
Avec Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby, Tahar Rahim

Chronique : Avec Napoléon, Ridley Scott assume vouloir réaliser une ambitieuse et monumentale fresque historique sur un personnage qui le fascine depuis longtemps. Or le réalisateur anglais alterne depuis des années le bon et le (bien) moins bon, en atteste ses deux dernières productions, le raté Gucci et l’excellent Dernier Duel. Dans quelle catégorie allait se retrouver le biopic du premier Empereur de France ?
Son projet doit d’emblée surmonter quelques handicaps. Le fait qu’il soit tourné en anglais est une incongruité qu’il est difficile de dépasser, surtout lorsque l’armée française (parlant anglais donc) affronte les Britanniques. Ensuite l’incarnation du personnage de ses 25 ans à sa mort par un même acteur de 50 ans qui ne bouge pas physiquement n’aide pas à s’y repérer dans la chronologie du film. C’est un écueil sérieux au regard de tout ce qu’il y a à raconter sur ces 25 ans.
Or Scott semble lutter constamment contre le temps. A vouloir tout dire trop vite, rien n’est vraiment approfondi. Il manque cruellement de repères historiques et de contexte géopolitique pour ancrer le récit, qui s’avère haché et décousu.
Raconter la conquête du pouvoir et le règne de Napoléon en un peu plus de 2h30 seulement tient certes de la gageure, mais choisir l’angle de son histoire d’amour contrariée avec Joséphine est questionnable. C’est un Bonaparte torturé et obsédé par les agissements de sa moitié qui nous est présenté, un cocu magnifique dont on peine à discerner le leadership et la célèbre autorité. La relation Napoléon/Joséphine souffre aussi beaucoup des ellipses du scénario, peinant à transcrire la passion, la relation fusionnelle entre les deux amants. On ne perçoit que trop peu les sentiments, on devine à peine leur amour, encore moins leur complicité. La faute aussi à l’interprétation un poil mécanique de Joachim Phoenix, qui campe un Napoléon passif et geignard, très loin de l’image de génie militaire intraitable qu’on peut avoir de lui. Bref, un Napoléon assez éloigné de sa légende.
Pour autant, le film ne manque pas de qualités, du moins formelles. Il y a du cinéma sur l’écran, et du bon. Les scènes de batailles, en particulier Austerlitz, sont impressionnantes, parcourues par une urgence, une violence et une rudesse électrisante. La reconstitution de l’époque Napoléonienne est irréprochable et Ridley Scott reproduit malicieusement quelques moments mythiques qui parlent à l’inconscient collectif, comme la scène du couronnement, reproduction de la reproduction du fameux tableau de David, pièce maitresse du Louvre.
Trop brouillon, manquant d’angle et de perspective, le Napoléon de Scott déçoit sur le fond, beaucoup moins sur la forme. Rappelons cependant qu’une version de 4h30 est prévue pour AppleTV, producteur principal du film. Elle sera sans doute plus fidèle à la vision de Scott et sera probablement l’occasion de combler les trous narratifs pour lui permettre de retrouver la densité et le point de vue qui fait défaut à cette version cinéma.

Synopsis : Fresque spectaculaire, Napoléon s’attache à l’ascension et à la chute de l’Empereur Napoléon Bonaparte. Le film retrace la conquête acharnée du pouvoir par Bonaparte à travers le prisme de ses rapports passionnels et tourmentés avec Joséphine, le grand amour de sa vie.

Cinéma | HUNGER GAMES: LA BALLADE DU SERPENT ET DE L’OISEAU CHANTEUR – 13/20

De Francis Lawrence
Avec Tom Blyth, Rachel Zegler, Peter Dinklage

Chronique : Hunger Games est sans doute l’adaptation de saga young adult la plus intéressante qui ait été produite. Foisonnante visuellement, elle racontait avec une redoutable efficacité la genèse d’un soulèvement populaire contre un régime totalitaire. Ce préquel en est un digne héritier, conservant l’esprit des premiers films sans les singer.
La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur est divisé en 3 chapitres distinctes qui jalonnent l’évolution de Coriolanus Snow. Il débute par sa rencontre avec celle qui deviendra son mentor (la géniale Viola Davis – pléonasme) pour terminer dans le 12ème district ou son destin funeste s’écrira définitivement.
Entre les deux les Jeux donc, qui ne représente qu’un tiers du film et se double d’une romance entre Coriolanus et la belle Lucy Gray.
La représentation des Hunger Games, qui n’en sont alors qu’à leur 10ème édition, est particulièrement bien pensée. Ils sont encore rustres et sommaires et déjà délaissés par des spectateurs blasés. On est encore loin de la sophistication morbide et vicieuse de la tétralogie mais on en aperçoit les prémisses et on devine les étapes qui vont conduire à la surenchère et au spectacle total auquel participera Katniss 60 ans plus tard.
Ce prequel se concentre donc plus sur la figure de Coriolanus Snow que sur les Hunger Games eux-mêmes. Il tourne autour du dilemme qui l’habite et le choix impossible qui s’offre à lui, l’amour ou le destin politique. Le cheminement intellectuel et émotionnel du jeune homme qui l’amènera à devenir le redoutable Président Snow est parfaitement incarné par l’inconnu Tom Blyth, très crédible. En héritière de Jennifer Lawrence, Rachel Zegler (West Side Story) s’impose immédiatement et démontre un sacré tempérament ainsi qu’un très joli brin de voix.
L’ensemble est un peu long (2h37) mais solide dans l’approfondissement de la mythologie de Panem. Les codes visuels du régime totalitaire se mettent lentement en place. La propagande n’est pas encore tout à fait déployée, les costumes des nantis du Capitole n’ont pas encore l’exubérance à venir mais les signes annonciateurs se multiplient. La mise en scène de Lawrence est assez standard mais efficace. Il bénéficie clairement de moins de moyens que pour la saga originale, mais il fait de cette contrainte un avantage en présentant un monde en construction, dont la richesse visuelle est en train d’émerger.
La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur n’a certes pas la puissance de la saga porté par J-Law, mais est un très décent prologue qui apporte un éclairage très intéressant sur l’un des ses personnage les plus mystérieux. Pas inutile et c’est déjà beaucoup.

Synopsis : Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d’après-guerre. À l’approche des 10ème HUNGER GAMES, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem. Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son destin, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en leur faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une course contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent.

Cinéma | HOW TO HAVE SEX – 14/20

De Molly Manning Walker
Avec Mia McKenna-Bruce, Lara Peake, Enva Lewis

Chronique : Leurs derniers examens passés, trois jeunes anglaises s’envolent vers l’île grecque de Malia et ses clubs de vacances bon marché où se retrouvent des milliers gamins surexcités pour une semaine de fête et de débauche. Au programme cuites mémorables, un peu de piscine, jeux outranciers, clubbing et sexe. Du moins c’est ce qu’espère Tara, bien décidée à y perdre sa virginité
La réalisatrice suit les trois amies dans leurs préparatifs et leur première virée à travers une mise en scène nerveuse et énergique, capturant l’euphorie qui les gagne.
L’ambiance tout d’abord bon enfant va progressivement devenir plus agressive en même temps que le taux d’alcool augmente. Mais quelque chose pèse, comme une injonction à suivre certains codes. Apparaissent alors les insécurités, les craintes. Et après une soirée particulièrement arrosée, le point de vue change, la réalisatrice ne filme plus les groupes mais se rapproche de ses personnages, en particulier de Tara, la légèreté de la fête laisse la place à quelque chose de presque anxiogène, comme si un piège mental se refermait sur son héroïne. En retraçant par bribe et en flash-back cette soirée, Molly Manning Walker interroge finement la question du consentement, de manière nuancée, sans jamais donner de leçon, mais sans concession non plus.
Une prise de parole forte parce qu’elle aborde le sujet concrètement et non théoriquement. Sa caméra pudique et pleine d’empathie sert une réalisation qui embrasse les codes du cinéma indépendant, dans son grain, son montage, son empreinte sonore un peu chaotique, mais à dessein, à la manière du récent Aftersun. Mia McKenna-Bruce, dont le visage traduit à la perfection la confusion d’une génération, est une sacrée révélation.

Synopsis : Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?

Séries | GEN V – 16/20 | LOKI – 14/20 | LA CHUTE DE LA MAISON USHER – 12/20

GEN V S01 (Prime Vidéo) – 16/20

La petite sœur de The Boys n’est pas plus polie que son aînée et n’en est surement pas une version aseptisée.
Aussi trash, graphique et violente, elle embrasse parfaitement son concept, une école pour jeunes « sups » qui doivent à apprendre à maîtriser aussi bien leurs pouvoirs que leur image.
La série dévoie les codes du teen movie, jouant habilement des métaphores sur le passage à l’âge adulte. A travers des personnages complexes et bien construits, elle raconte la jeunesse d’aujourd’hui, ses questionnements et ses insécurités. Une série ado méta et impertinente en mode super héros qui s’inscrit dans la mythologie The Boys tout en bâtissant sa propre identité. A ranger dans les très bons spins off.

LOKI S02 (Disney+) – 14/20

La seule série Marvel qui vaille vraiment le coup depuis Wandavision. On ne comprend toujours pas tout, mais ça reste cohérent visuellement, ambitieux dans son récit et cette 2ème saison s’avère mieux rythmée que la première. Si on se laisse porter, on finit par s’y retrouver à peu près. Avec ses codes graphiques vintage Loki a des petits airs de Légion, l’autre série Marvel torturée, mais en moins abscond tout de même (c’était vraiment rêche Légion). On perd un peu de vue le Dieu de la malice pour une version plus « humaine » de Loki (il est loin le grand méchant d’Avengers), mais c’est sans doute le prix à payer pour être une série à part entière. Jonathan Majors confirme qu’il est un monstre de charisme, et c’est vraiment dommage pour Marvel qu’il soit soupçonné d’être un monstre tout court dans la vraie vie, parce que ses phases 4 et 5 si compliquées à construire auraient sans doute eu plus de gueule avec lui.

LA CHUTE DE LA MAISON USHER (Netflix) – 12/20

Si vous avez aimé les précédentes séries de Mike Flanagan, vous retrouverez avec plaisir son univers chiadé et son style ultra léché. Ne vous attendez cependant pas au même niveau de qualité et de profondeur. Hill House ou Bly Manor frôlaient l’excellence en mêlant horreur et drame familial, La Chute de la Maison Usher en est loin. Certes il est toujours questions de famille, de foi et de mysticisme, mais l’auteur mélange un peu trop de sujets pour garder un fil conducteur solide.
La série aborde à la fois une guerre de succession dans une famille de riches industriels (ça vous rappelle quelque chose ?), la mystique expiation du crime originel, tout en tentant un périlleux rapprochement avec la crise des opioïdes et la famille Sackler (sujet en vogue – à raison mais ici traité trop en surface). Les personnages, en particulier les enfants sont intéressants, mais trop peu développés, la faute à une structure en flash-back où chaque épisode revient sur la mort de l’un d’entre eux. Autour des cadavres rôdent une femme étrange et mystérieuse (superbe Carla Gugino) dont on devine le rôle central à l’intrigue. Ça fait beaucoup et avouons-le, la résolution est décevante par rapport à tout ce qui nous a été dit jusqu’alors, beaucoup de points sont laissés en suspens, soit par choix, soit parce qu’il n’y a pas vraiment d’explication. Des limites qui placent La Maison Usher assez en retrait des standards de Flanagan, mais pas dénuée ni de qualités, nit d’intérêt tout de même. Il crée un environnement creepy efficace, aborde des sujets smarts, l’exécution est très soignée et le casting est parfait et charismatique, la plupart des comédiens étant des fidèles du showrunner. On enchaine les épisodes, soit pour savoir comment le prochain rejeton périra, soit pour comprendre d‘où vient cette malédiction. C’est déjà pas mal.

Cinéma | SIMPLE COMME SYLVAIN – 14,5/20

De Monia Chokri
Avec Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume

Chronique : Simple comme Sylvain cache bien son jeu. Sous ses apparences de comédie romantique aussi crue qu’enlevée, elle dissimule une certaine mélancolie et une vision presque désenchantée du couple et de l’amour. La question qui traverse le film est donc de savoir si le coup de foudre entre Sylvain et Sophia peut redonner foi en l’amour.
Monia Chokri filme cette rencontre et la passion qui s’en suit de manière aussi instinctive qu’intense. Elle capture l’attraction quasi-animale qui les consume immédiatement, faisant fi du fait qu’ils viennent de deux mondes opposés. Elle suggère même que c’est justement ce qui a attisé les braises. Et c’est tout le sujet, est-ce que l’amour et la passion sont suffisants pour surmonter à long terme les différences sociales ?
Il faut adhérer au style et à la mise en scène de Chokri, qui emprunte aux codes visuels des vieux soap opéra américains, ses travellings avant vers des visages en gros plan, son montage saccadé, sa photographie granuleuse et ses synthés pas toujours mélodieux. C’est esthétiquement discutable mais cela crée une ambiance singulière qui sert de cadre à l’introduction d’une galerie de personnages truculents extrêmement bien écrits, même pour les plus secondaires. Campés par de formidables comédiens, ils sont tour à tour drôles, touchants, agaçants ou même embarrassants.
Chorki a cette habileté à balancer entre l’émotion et le malaise, à être constamment sur un fil. Grâce à des dialogues vifs et acérés qui déclenchent autant de fous rires que des moments gênants, elle accède à palette d’émotions très large. C’est par ailleurs très malin de proposer ces petits apartés lors desquels Sophia disserte avec ses élèves sur les théories des grands philosophes sur l’amour et le désir, comme autant d’illustration de sa situation amoureuse.
Et puis il y’a un passage dans Simple comme Sylvain qui marque un tournant, un changement de ton dont on ne dira pas plus. On peut le trouver trop abrupte, mais il illustre la pluralité des niveaux de lecture du film.
Avec lui, Monia Chorki raconte bien plus que l’histoire de Sylvain et Sophia. Elle touche à l’universalité du désir, de la passion et du sentiment amoureux. C’est pour ça que son Simple comme Sylvain parle à tout le monde.

Synopsis : Sophia est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis 10 ans. Sylvain est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?

Cinéma | L’ENLÈVEMENT – 13/20

De Marco Bellocchio
Avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon

Chronique : L’Enlèvement est drame historique au classicisme soyeux et élégant derrière lequel se cache un pamphlet politique furieusement d’actualité, qui dénonce l’obscurantisme religieux et l’absurdité des dogmes.
Bellocchio raconte l’improbable rapt par l’église catholique d’un enfant juif de 7 ans soupçonné d’avoir été baptisé par sa nourrice alors qu’il était encore bébé. Selon la loi pontifical Edgardo va devoir vivre séparé des siens pour recevoir une éducation catholique auprès du Pape. A moins qu’eux-mêmes ne se convertissent.
Le réalisateur filme autant le combat perdu d’avance des parents du garçon pour le récupérer que son endoctrinement qui ajoute à la séparation physique l’éloignement spirituel.
Sa mise en scène baroque offre des plans somptueux qui sont autant de tableaux d’époque. Certains, splendides, semblent même éclairés à la bougie. Elle est accompagnée d’une musique d’orchestre assourdissante qui cadence le récit et lui donne des airs d’opéra tragique.
La reconstruction de l’Italie de la fin du 19ème siècle est quant à elle irréprochable.
Le film se fait malgré tout rattrapé par son style parfois chargé et compassé lorsqu’il s’agit de faire émerger l’émotion. La portée politique du film et la condamnation du fanatisme religieux aussi essentielles soient-elles finissent par prendre le pas sur le drame familial.
L’enlèvement est formellement prodigieux, moralement saisissant mais un peu trop didactique pour créer une réelle empathie envers ses personnages.

Synopsis : En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant…