LES BÊTISES – 13/20

Les BêtisesRéalisé par Rose Philippon, Alice Philippon
Avec Jérémie Elkaïm, Sara Giraudeau, Jonathan Lambert

Avis : Sympathique distraction aérienne et joliment burlesque, les Bêtises ravit par sa légèreté, la modestie de son propos et la bonne humeur qui s’en dégage. Son charme un tantinet désuet mais pas dénué d’une certaine poésie opère à la fois grâce à un comique de situation volontairement exagéré et des dialogues bien sentis entre acidité et tendresse.
A partir d’un enjeu dramatique assez limité, le scénario a la bonne idée de ne pas forcément se diriger vers les directions attendues et de prendre des détours surprenants.
Servis par des acteurs visiblement ravis de participer à la fête, Les Bêtises révèle surtout une nouvelle facette du jeu de Jérémie Elkaïm, absolument lumineux en gaffeur lunaire. Avec le personnage de François, il s’éloigne des personnages verbeux qu’il a pu interpréter jusqu’à là et d’un jeu un poil ampoulé qui peut diviser les cinéphiles (moi j’aime bien), et délivre une partition plus physique, jouant moins sur les mots que sur la démarche.
Il fait partie des très bonnes raisons de se laisser tenter par ses charmantes Bêtises.

Synopsis : François, la trentaine, lunaire et maladroit, est un enfant adopté. Pour rencontrer sa mère biologique, il s’introduit dans une fête organisée chez elle, se faisant passer pour le serveur. Il se retrouve alors au service d’une famille dont il ignore tout, la sienne.

WHILE WE’RE YOUNG – 14,5/20

While We're YoungRéalisé par Noah Baumbach
Avec Ben Stiller, Naomi Watts, Adam Driver

Avis : Après avoir ausculté la famille américaine dans les Berkman se séparent ou encore l’adulescence New-Yorkaise dans le remarquable Frances Ha, Noah Baumbach continue son exploration de l’Amérique urbaine upper class avec le (une nouvelle fois) très réussi While we’re young.
Fort d’un style et d’une vision bien assurés, le réalisateur nous plonge dans un Brooklyn bobo contemporain (mais un poil régressif) et raconte la rencontre entre un couple de quadra et un autre de jeunes hipsters. Avec un humour grinçant et des dialogues savoureux, While we’re young confronte avec beaucoup de malice ces deux générations dont le rapprochement ne sonne d’emblée pas très juste. Mais cette comédie moderne et satirique parvient à ne pas se limiter à une condamnation moqueuse du jeunisme. Certes, on s’amuse (et on peut même s’y retrouver) à observer les efforts de Josh et Cornelia pour se convaincre qu’ils ont encore l’âge et l’énergie pour suivre leurs nouveaux jeunes amis, mais le film explore d’autres thématiques plus profondes et moins légères, comme le poids social d’un modèle familial classique, et plus particulièrement le reproche inconscient de leur environnement sur leur apparent refus d’enfant. Car s’ils se laissent happer par la nouvelle vie à l’apparente simplicité que leur propose Jamie et Darby, c’est aussi qu’ils s’éloignent inexorablement de leurs anciens amis, tout à leur rôle de nouveaux parents.
While we’re young explore aussi en creux les mécanismes du couple, ce qui lie et unie, ce qui sépare, ou déséquilibre. Car il y est aussi beaucoup question d’égo (nous sommes dans le milieu artistique) et d’ambition. Le film prend en effet un tour différent lorsqu’ il dévoile les dessous de cette rencontre inopportune et va plus loin qu’une simple étude transgénérationnelle en interrogeant sur le processus créatif, en mettant en balance la fin et les moyens et en questionnant la position morale à adopter pour atteindre son but.
Une nouvelle fois Noah Baumbach dissèque avec une acuité féroce et mordante le rapport au temps et aux autres. Actuel et rafraîchissant.

Synopsis : Josh et Cornelia Srebnick, la quarantaine, sont mariés et heureux en ménage. Ils n’ont pas réussi à avoir d’enfants mais s’en accommodent. Alors que Josh s’acharne sur le montage de son nouveau documentaire, il devient évident que l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Il lui manque quelque chose… La rencontre de Jamie et Darby, un jeune couple aussi libre que spontané, apporte à Josh une bouffée d’oxygène et ouvre une porte vers le passé et la jeunesse qu’il aurait aimé avoir. Rapidement, Josh et Cornelia délaissent les amis de leur âge pour fréquenter ces jeunes cools, branchés et désinhibés… Josh avoue à Jamie qu’avant de le connaître, il n’éprouvait plus que nostalgie et désintérêt. Cette relation entre deux couples ayant vingt ans d’écart peut-elle apporter un autre souffle ?

PITCH PERFECT 2 – 13/20

Pitch Perfect 2Réalisé par Elizabeth Banks
Avec Anna Kendrick, Rebel Wilson, Hailee Steinfeld

Avis : Enlevé, rigolo, potache et hautement sympathique pour peu qu’on ne soit pas allergique à la musique pop, Pitch Perfect 2 se regarde comme un long épisode de Glee, en plus drôle et (un peu) plus trashy. S’il faiblit clairement dès qu’il se fourvoie dans la guimauve, le film a la bonne idée de ne jamais s’y attarder trop longtemps et laisse la part belle à des numéros musicaux brefs et réussis (notamment une étonnante reprise d’Uprising de Muse a cappella et en allemand !) et un humour borderline pas toujours très fin mais assez réjouissant, incarné par l’extravagante Rebel Wilson et le couple de présentateurs, parodie d’une Amérique réac, raciste et misogyne. Pitch Perfect 2 est aussi un peu plus que ça, et parvient à donner une cohérence et une jolie homogénéité à ce groupe de filles, où chacune réussit à marquer sa personnalité et à se rendre attachante.
La comédie d’Elizabeth Banks remplit sa mission de pur divertissement pop et léger, sans véritable autre ambition que d’être suffisamment entrainant et amusant pour remporter l’adhésion d’un public prêt à céder à un petit plaisir coupable. Et assumé.

Synopsis : Les Barden Bellas sont de retour pour faire vibrer le monde dans Pitch Perfect 2, suite de The Hit Girls qui racontait l’histoire d’une bande d’adorables jeunes filles un brin marginales qui n’avaient qu’un point commun : leurs voix inoubliables lorsqu’elles chantaient ensemble et ne formaient plus qu’un. Cela fait trois ans que les Bellas se sont imposées comme le premier groupe exclusivement féminin à remporter un titre national grâce à leurs voix, leur style et leur attitude reconnaissables entre toutes. Mais lorsqu’elles se retrouvent radiées suite à un scandale qui risque de compromettre leur dernière année à Barden, nos trois championnes à l’esprit combatif estiment que, cette fois, elles ont perdu la partie.

AMY – 15/20

AmyRéalisé par Asif Kapadia
Avec Amy Winehouse, Mark Ronson, Tony Bennett

Avis : Documentaire touchant et saisissant, Amy impressionne par la quantité d’images et de documents personnels qui servent de matériau de base au portrait de la chanteuse. Ces photographies et vidéos intimes et parfois édifiantes accompagnent les témoignages des proches de la jeune femme, tous observateurs plus ou moins directs de sa descente aux enfers ou acteurs de son autodestruction. Des personnages troubles se livrent au réalisateur avec une surprenante liberté. On entend donc longuement l’amour de sa vie, Black Fielder, son addiction la plus longue et la plus toxique avec qui elle aura sombré dans les drogues dures, ou même son propre père, qui est clairement suspecté d’avoir volontairement fermé les yeux sur les problèmes de sa fille pour ne pas entraver sa carrière.
Mais Amy n’est pas qu’une simple juxtaposition d’images et de commentaires, Asif Kapadia livre une narration certes chronologique, mais habilement construite entre ascension professionnelle fulgurante et vie personnelle hors de contrôle. Une plongée de deux heures dans la vie d’une petite fille qui a grandi trop vite, à qui personne n’a donné de limites, et dont les faiblesses et les mauvais choix donnent très vite des indices sur l’inexorabilité de son destin tragique. Car le film met en lumière le fait qu’elle était déjà aux prises avec ses nombreuses névroses avant même d’atteindre une célébrité qu’elle craignait plus que tout. Aurait-elle connu la même fin si elle avait accepté sa première cure ? On ne le saura jamais, mais le documentaire montre à quel point l’artiste était fragile et vulnérable dès l’adolescence. Il livre aussi des moments poignants, comme l’enregistrement de Back to black, ou la remise du Grammy Awards par son idole Tony Bennett. Alors qu’elle traverse une rare période de sobriété, une bouleversante émotion et une joie enfantine traverse son regard, avant qu’elle ne soit rattrapée par une symptomatique tristesse qui lui fera dire à sa meilleure amie, « sans drogue, ça n’a pas d’intérêt». Une réplique qui illustre à elle seule les démons qui rongeront la chanteuse jusqu’à sa fin.
Amy livre également l’envers d’un décor pathétique et morbide, celui qui voit les tabloïds et les talk-shows humoristique se déchaîner après chaque prestation saccagée par l’alcool ou chaque sortie violente contre des paparazzis de plus en plus intrusifs. Exemple édifiant et particulièrement cruel, ce dernier concert auquel Amy Winehouse doit participer malgré elle et qu’elle sabordera en se saoulant, titubant sur scène et refusant de chanter, donnant d’elle une image déplorable. La presse s’en donnera à cœur joie, mais elle prendra cet évènement comme une libération, la délestant de ses obligations de pop-star, statut qu’elle a toujours exécré.
Le documentaire va donc au-delà de l’image renvoyée par les médias (sans pour autant refuser totalement le sensationnalisme, c’est son paradoxe) et donne des clés pour appréhender ce destin brisé hors du commun, un talent brut devenu un fardeau pour une jeune femme fragile et influençable.
Car le principal constat au final, douloureux et définitif, c’est que le monde de la musique a perdu bien trop tôt une voix unique et rare.

Synopsis : Dotée d’un talent unique au sein de sa génération, Amy Winehouse a immédiatement capté l’attention du monde entier. Authentique artiste jazz, elle se servait de ses dons pour l’écriture et l’interprétation afin d’analyser ses propres failles. Cette combinaison de sincérité à l’état brut et de talent ont donné vie à certaines des chansons les plus populaires de notre époque. Mais l’attention permanente des médias et une vie personnelle compliquée associées à un succès planétaire et un mode de vie instable ont fait de la vie d’Amy Winehouse un château de cartes à l’équilibre précaire.Le grand public a célébré son immense succès tout en jugeant à la hâte ses faiblesses. Ce talent si salvateur pour elle a fini par être la cause même de sa chute. Avec les propres mots d’Amy Winehouse et des images inédites, Asif Kapadia nous raconte l’histoire de cette incroyable artiste, récompensée par six Grammy Awards.

ANT-MAN – 13,5/20

Ant-ManRéalisé par Peyton Reed
Avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Corey Stoll

Avis : C’était donc à l’homme fourmi d’avoir la lourde tâche d’amorcer la phase 3 du Marvelverse après le très décevant Avengers 2. Une démarche plutôt maline dans la mesure où Ant-man se démarque assez clairement des aventures de ses petits copains super-héros que ce soit dans le ton et l’intention. Clairement moins ambitieux dans la forme, le film de Peyton Reed compense par humour assumé (mais qu’on devine moins présent que si Edgard Wright était allé au bout du projet, regrets….), une légèreté inédite et une belle énergie. Les personnages sont également bien construits et interagissent avec cohérence, permettant au scenario d’évoluer efficacement sur les deux axes qu’il a choisi de développer, le film de casse et la relation père/fille illustrée par un jeu de miroir pas forcément très subtil mais éclairant entre les deux générations de Ant-Man. On reconnaîtra une nouvelle fois le savoir-faire de Marvel dans l’art du casting, les acteurs sont tous impeccable, du génial Paul Rudd (même si on espère qu’il aura un peu plus de liberté lorsqu’il enfilera de nouveau la combinaison), en passant par Evangeline Lilly, Michael Douglas et Corey Stoll en bad guy, excellent acteur découvert dans House of Cards. On retiendra surtout les hilarantes interventions de Michael Pena, véritable voleur de scènes.
Mais Ant-Man réussit surtout son pari dans la matérialisation à l’écran de pouvoir que confère la combinaison. Les effets de rétrécissement sont vraiment bien foutus et justifieraient même l’utilisation de la 3D, une fois n’est pas coutume. Et aucune scène de destruction massive de ville ou de building, avouons que c’est un changement assez salutaire pour un Marvel !
Ant-Man se distingue donc de ce qui a pu être fait auparavant, avec des moyens plus limités (tout est relatif, évidemment), mais pas sans idées. S’il souffre d’un démarrage un peu poussif, le film trouve progressivement ses marques pour finir par gagner notre sympathie.
De quoi espérer donner un petit coup de booster à des Vengeurs qu’on avait quittés à bout de souffle après L’ère d’Ultron. Rassurant en attendant Spider-man, Strange ou encore Black Panther.

Synopsis : Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va devoir apprendre à se comporter en héros et aider son mentor, le Dr Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d’Ant-Man, afin d’affronter une effroyable menace…

VICTORIA – 16/20

VictoriaRéalisé par Sebastian Schipper
Avec Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski

Avis : Plus qu’un simple concept, Victoria est une hallucinante performance artistique, qui impressionne autant par l’audace de l’entreprise que par le respect de son essence cinématographique.
Si le pari du plan séquence unique est réussi, ce qui est déjà miraculeux, ce n’est jamais au détriment de ce qui au final détermine ce qu’est un bon (grand ?) film : une histoire forte, une mise en scène inspirée, des interprètes brillants et investis.
Victoria est la claque annoncée essentiellement parce qu’on ne subit jamais ce fameux plan séquence. Il sert constamment le récit, traduit d’abord la part d’insouciance de la jeune fille puis l’urgence d’une situation qui dégénère. La caméra suit son héroïne avec une étonnante fluidité, s’en éloigne puis s’en rapproche sans à coup. La réalisation ne se contente pas de saisir ces moments, elle les lie avec style, intègre un esthétisme nocturne captivant et se permet de rares effets comme autant de respirations dans la pesanteur du mécanisme, grâce notamment à une utilisation maline de la musique. Mais le procédé, aussi dément soit-il, ne tend qu’à une chose, raconter une histoire, et c’est bien là le principal.
Une histoire d’amour insensée et immédiate, un instantanée de jeunesse drapé d’un romantisme à la limite de l’inconscience, comme il peut l’être dans les plus grandes tragédies lorsque l’innocence est broyée par la réalité du monde qui l’entoure. C’est parce que le personnage de Victoria est d’emblée crédible que le procédé choisi par le réalisateur fonctionne aussi bien et impose une tension grandissante alors que la nuit avance. L’effet est d’autant plus marquant qu’on ne sait au préalable rien d’elle ni de la bande de garçons qu’elle rencontre. On fait leur connaissance en même temps qu’elle, ce qui renforce le lien qui unit l’héroïne au spectateur. Victoria va plonger aveuglement dans cette nuit Berlinoise, et nous de guetter le moment où tout va déraper, sans manquer parfois de s’étonner de l’attitude qu’elle adoptera face aux situations qui se présentent à elle.
Victoria est un thriller en temps réel, concis et direct, mais dense dans son propos. S’il n’y a pas de montage à proprement parler, la précision de la mise en scène démontre un travail préparatoire dantesque (le film n’est que la 3ème prise) pour parvenir à capter ce ballet minutieux et ininterrompu de 142 minutes. Impossible de ne pas être soufflé d’admiration par la performance des acteurs, dont l’intensité et la rigueur de jeu ne faiblit jamais. Quelle concentration, quel portée épique ils insufflent au film !
Victoria n’a donc rien du caprice auteuriste d’un réalisateur nombriliste, mais se révèle une puissante démonstration que la forme et l’audace artistique peuvent servir la raison la plus noble de faire de cinéma, raconter des histoires. Celle de Victoria est remarquable en tout point de vue.

Synopsis : 5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l’alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…Impossible de ne pas être soufflé d’admiration par la performance des acteurs, dont l’intensité et la rigueur de jeu ne faiblit jamais. Quelle concentration, quel portée épique ils insufflent au film !
Victoria n’a donc rien du caprice auteuriste d’un réalisateur nombriliste, mais se révèle une puissante démonstration que la forme et l’audace artistique peuvent servir la raison la plus noble de faire de cinéma, raconter des histoires. Celle de Victoria est remarquable en tout point de vue.

VALLEY OF LOVE – 15/20

Valley Of LoveRéalisé par Guillaume Nicloux
Avec Isabelle Huppert, Gérard Depardieu

Avis : Valley of Love est un film singulier et forcément à part. Parce que Depardieu. Parce que Huppert. Parce que Huppert et Depardieu sur un même écran. Mais surtout parce que Depardieu. Le film de Nicloux pourrait être écrasé par son symbolisme et sa résonnance assourdissante à l’histoire personnelle de l’acteur (la perte d’un fils avec qui il a toujours entretenu des relations conflictuelles). Le réalisateur ne s’en cache pas, ne l’occulte jamais et va même jusqu’à l’assumer entièrement en donnant aux personnages les prénoms du couple star qui les incarnent.
Paradoxalement, cette totale transparence permet d’évacuer rapidement la question de l’évidente mise en abîme pour se concentrer tout à fait sur ce couple finalement fictionnel. Un homme et une femme qui se sont visiblement sincèrement aimés, sans doute perdus de vue, mais dont émanent lorsqu’ils se retrouvent une infinie tendresse, une complicité palpable, malgré les cris, malgré les ressentiments, malgré les pleurs.
La caméra de Nicloux va de l’un à l’autre en prenant son temps, les suit tour à tour, et dévoile parallèlement à leur progression physique entravée par la chaleur et les heurts, leur parcours psychologique. Un cheminement vers le deuil rendu difficile par la dernière lettre et le rendez-vous post-mortem du fils défunt. Son retour est absurde et pourtant…. Auteur de thrillers secs et anti spectaculaires (la clef, le poulpe, cette femme-là…), Nicloux use de son savoir-faire pour déposer progressivement un voile surnaturel sur ce drame familial, insuffler un subtil suspense en jouant sur le décor étouffant de la Vallée de la mort. Le réalisateur profite aussi pleinement du talent et du charisme monstre de son duo d’acteurs pour immiscer le doute. Le spectateur se retrouve embarqué dans ce jeu de piste morbide un peu malgré lui, et est amené à se poser les mêmes questions que le couple. Qu’à bien pu motiver son geste, pourquoi cette lettre, pourquoi avoir coupé les ponts avec son père et sa mère ?
Et nous de partager la détresse, la culpabilité, les regrets de ses parents démissionnaires que le drame a exposés aux ravages du temps qui passe.
Finalement nait une émotion propre au film, puissante et indépendante des symboles qu’il charrie a priori.
Ce n’est pas la moindre des réussites de Valley of Love.

Synopsis : Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu’ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant.
Malgré l’absurdité de la situation, ils décident de suivre la programme initiatique imaginé par Michael…

SPY – 12/20

SpyRéalisé par Paul Feig
Avec Melissa McCarthy, Jason Statham, Jude Law

Avis : Comme ont pu le faire auparavant Kingsman, Kick Ass ou encore la trilogie Cornetto d’Edgar Wright, Spy revisite les codes du film de genre avec humour sans pour autant en être une parodie. Le film de Feig (Mes meilleures amis), s’inscrit dans cette mouvance de l’hommage irrévérencieux et parfois potache et se pose en vrai film d’espion, drôle certes, mais respectant les canons du genre, avec ses gimmicks, ses règles et ses références. Louable intention mais qui se heurte aux limites d’un scénario un poil laborieux et trop peu inventif pour être totalement convainquant.
Dommage, parce que l’idée de mettre Melissa McCarthy au cœur de l’action tient du génie. La femme la plus drôle du cinéma américain (ça n’engage que moi, mais quand même…) délivre des moments absolument hilarants, que ce soit par sa maladresse ou lorsqu’elle se révèle en une étonnante espionne badass.
Elle est l’atout numéro un du film (même si elle se trouve bien entourée par un Jason Statham à contre-emploi et la formidable Rose Byrne) et confère à Spy les atours d’une comédie indéniablement sympathique dont les fulgurances comiques compenseraient presque de trop nombreuses longueurs et de regrettables chutes de rythme. Cette incapacité à condenser son récit est un défaut assez récurrent dans les comédies de Feig, qui gagnerait considérablement à resserrer ses intrigues. Espérons qu’il évite cet écueil pour son prochain film, la réinvention du cultissime SOS Fantôme emmené par un casting féminin en tout point excitant (Mélissa Mc Carthy évidemment, mais aussi la géniale Kisten Wiig). Autant vous dire qu’on l’attend de pied ferme !

Synopsis : Susan Cooper est une modeste et discrète analyste au siège de la CIA. Héroïne méconnue, elle assiste à distance l’un des meilleurs espions de l’agence, Bradley Fine, dans ses missions les plus périlleuses. Lorsque Fine disparaît et que la couverture d’un autre agent est compromise, Susan se porte volontaire pour infiltrer le redoutable univers des marchands d’armes et tenter d’éviter une attaque nucléaire…

LES MINIONS – 8/20

Les MinionsRéalisé par Pierre Coffin, Kyle Balda

Avis : Révélations de la très bonne licence Moi, Moche et méchant qui doit beaucoup à leur humour régressif et burlesque, les Minions se voient offrir une aventure rien que pour eux. L’évidente question que ce spin off induit est de savoir si ces personnages originellement conçus comme une masse assez indifférenciée et au langage incompréhensible auront assez de coffre pour tenir à eux seuls un long-métrage.
La scène d’introduction, très prometteuse et riche de trouvailles originales et franchement rigolotes, laisse pense que oui. Et on se dit qu’en travaillant cette brillante idée selon laquelle les Minions ne s’épanouisse qu’au service du pire méchant que la terre puisse porter, on allait peut-être avoir droit à un road movie truculent sur la recherche du bad guy absolu.
Eh bien pas du tout, que neni, que dalle.
Le scénario va rapidement se révéler d’une grande indigence, tentant de couvrir sa vacuité par une accumulation de sons, de bruit et de couleur. Si certains gags prêtent à sourire, ils ne compensent pas les étonnantes longueurs et les passages bavards (oui, même en minion) ou sans intérêt, assez rédhibitoire pour un film d’animation. Le film se traine laborieusement dans une surenchère d’effets attendus, jusqu’à un final frénétique absolument raté.
Les Minions repose surtout sur deux terribles contre-sens. D’abord celui d’isoler trois d’entre-deux, de leur donner un caractère propre et de les extraire de la « masse », alors que le nombre est justement ce qui les caractérise. Ensuite en les faisant affronter la grande méchante quand elle s’en prend à eux. Ce qui n’a absolument aucun sens si on se base sur le point de départ du film…
On sent donc pendant les trèèèès longues 90 minutes que dure le film que les scénaristes luttent en permanence pour lui donner un semblant de cohérence, en vain. A court d’idées, ils finissent par capituler et se contentent de donner ce que finalement les « consommateurs » ont demandé : du minion, du minion et encore du minion. Jusqu’à l’écœurement. Overdose qui se poursuivra en sortant de la salle de cinéma, dans la rue, à la télé, dans les magasins… Le coup d’état marketing d’Universal a visiblement porté ses fruits au regard des entrées réalisée par ce nouveau produit dérivé opportuniste… Gênant.

Synopsis : A l’origine de simples organismes monocellulaires de couleur jaune, les Minions ont évolué au cours des âges au service de maîtres plus abjectes les une que les autres. Les disparitions répétitives de ceux-ci, des tyrannosaures à Napoléon, ont plongé les Minions dans une profonde dépression. Mais l’un d’eux, prénommé Kevin, a une idée. Flanqué de Stuart, l’adolescent rebelle et de l’adorable petit Bob, Kevin part à la recherche d’un nouveau patron malfaisant pour guider les siens.
Nos trois Minions se lancent dans un palpitant voyage qui va les conduire à leur nouveau maître : Scarlet Overkill, la première superméchante de l’histoire. De l’Antarctique au New York des années 60, nos trois compères arrivent finalement à Londres, où ils vont devoir faire face à la plus terrible menace de leur existence : l’annihilation de leur espèce.