Cinéma | ANT-MAN ET LA GUÊPE : QUANTUMANIA – 07/20

De Peyton Reed
Avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas, Jonathan Majors

Chronique : Marvel Studios n’est-il pas en train de perdre complétement le fil de son MCU ? Après l’ultra-décevant Strange 2 et le désastreux Thor 4, Ant-man 3 semble valider l’hypothèse que la firme ne sait plus trop quoi faire de ses personnages, du moins ceux qui restent. Alors que les premiers films Marvel avaient l’ambition de chacun embrasser un style différent (comédie, thriller politique, action, fantastique, film de casse…), la Phase 4 a amorcé un virage inquiétant d’uniformisation et fait preuve d’un manque d’idée assez consternant, doublé d’une paresse créative qu’ils n’essaient même plus de cacher et à laquelle ne nous avait pas habitué Kevin Feige.
Après Thor 4, le MCU nous sert une nouvelle bouillie numérique infâme, nous présentant un monde quantique évidemment 100% CGI d’une laideur repoussante et visuellement largement pompé sur Star Wars. Le fait de n’avoir quasiment aucune scène dans le monde réel est déjà problématique quand les effets spéciaux ne sont pas à la hauteur (les incrustations sont souvent ratées), mais c’est d’autant plus pénalisant pour un super-héros très ancré dans le quotidien « humain » comme Ant-Man. La franchise perd tout ce qui faisait son originalité et son principal atout : l’humour. Oublié le second degré, Ant-man 3 est désespérément sérieux et a perdu son sens de la dérision (Michael Pena nous manque). Autre spécificité qui s’efface dans Quantumania, les jeux de proportions qui offraient de jolies possibilités de mise en scène. Dans le monde quantique en toc du film, ils sont vains. Résultat Paul Rudd joue sa partition en pilote automatique, un peu éteint. Il s’efface pour laisser la place à l’introduction de Kang, amené à incarner le nouvel antagoniste des Avengers après Thanos. S’il faut admettre que Jonathan Majors en impose immédiatement, son Conquérant hurle un peu dans le vide, tant le scénario et les dialogues sont faiblards. On devait tout apprendre du monde quantique, autant dire qu’on reste sur notre faim…
Ant-man a abandonné tout ce qui faisait le charme de ce « petit » Marvel sans assumer pour autant son ambitieux statut de film fondateur de la phase 5 du MCU. Quantumania est une série Z fainéante et criarde, aux enjeux dramatiques artificiels et délesté de son humour.
Pas le meilleur moyen de rassurer le fans après une phase 4 plus que laborieuse….

Avis : Une nouvelle aventure attend Scott Lang et Hope van Dyne dans leur vie de couple et de super-héros !
Tout va pour le mieux : Scott a écrit un livre à succès tandis que Hope défend avec le plus grand dévouement des causes humanitaires. Leur famille – Janet van Dyne et Hank Pym (les parents de Hope) et Cassie, la fille de Scott – font enfin partie de leur quotidien.
Cassie partage la passion de sa nouvelle famille pour la science et la technologie, notamment en ce qui concerne le domaine quantique. Mais sa curiosité les entraîne tous dans une odyssée imprévue et sans retour dans le vaste monde subatomique, un endroit mystérieux où ils rencontrent d’étranges nouvelles créatures, une société en crise et un impitoyable maître du temps dont l’ombre menaçante commence tout juste à s’étendre.
Scott et Cassie sont soudainement happés dans une direction tandis que Hope, Janet et Hank se retrouvent propulsés dans une autre. Tous se perdent dans un monde en guerre, sans savoir comment ils pourront en sortir ni même s’ils retrouveront un jour le chemin de leur foyer…

Cinéma | ASTÉRIX & OBÉLIX : L’EMPIRE DU MILIEU – 12/20

De Guillaume Canet
Avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel

Chronique : Les nouvelles aventures cinématographiques du plus célèbre des Gaulois méritent-elles le torrent de haine qui s’est déversé sur son réalisateur et le lynchage en règle du long métrage ? En toute honnêteté, non, vraiment pas. On ne saura jamais dans quelle mesure les déclarations tranchées du patron de Pathé, Jérôme Seydoux (producteur du film) à l’encontre du cinéma d’auteur auront encouragé cette fronde de la presse spécialisée contre le blockbuster, mais pour qui ne s’attend pas à voir du Spielberg ou du Scorsese, le Royaume du Milieu remplit honorablement son rôle de divertissements grand public et familial. Certes le scénario est léger, il y a du déchet dans les vannes (notamment au niveau des références à l’actualité, les anachronismes tombent plus à propos) et il y a clairement un abus de caméos, mais cela ne dépareille franchement pas dans le paysage général de la comédie française… L’humour s’appuie beaucoup sur Jonathan Cohen, aussi bien pour sa réparti que pour son goût des temps longs et des situations malaisantes. Ça peut parfois impacter négativement le rythme, mais j’avoue que je suis client. On sourit plus qu’on ne rit, certes mais c’est loin du désastre annoncé. D’autant plus qu’on découvre un Obélix attendrissant, incarné avec gourmandise par un Gilles Lellouche au moins aussi convaincant que Depardieu. Et si Canet en Astérix relève un peu de l’erreur de casting, il a le mérite de recentrer le personnage au cœur d’un récit qui avance au gré des chamailleries et des rabibochages des deux amis, comme dans la BD. On apprécie aussi le double rôle de Cotillard (si vous l’avez reconnue quand elle n’est pas Cléopâtre) et Cassel à l’air de beaucoup s’amuser, particulièrement avec José Garcia.
Les décors et effets spéciaux auraient pu être plus ambitieux, surtout la partie qui se déroule en Chine, mais il faut avoir à l’esprit que le tournage devait initialement se passer en Asie, avant que la pandémie ne l’oblige à se limiter à l’Europe. Finalement Canet ne s’en tire pas si mal.
Oui, le film aurait mérité une écriture plus travaillée et un scénario plus poussé. Il se situe évidemment à des année lumières du miracle Mission Cléopâtre de Chabat sur l’échelle Astérix, il est même assez loin des aventures animées d’Alexandre Astier, mais se positionne un bon cran au-dessus de Contre César et des Jeux Olympiques.
Non vraiment, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu ne méritait pas un tel acharnement.

Synopsis : Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine. Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…

Cinéma | KNOCK AT THE CABIN – 13/20

De M. Night Shyamalan
Avec Jonathan Groff (II), Ben Aldridge, Dave Bautista

Chronique : Fidèle à son habitude de nous proposer un nouveau film par an, M. Night Shyamalan signe avec Knock at the Cabin un opus de bonne facture. Si son cinéma ne sera jamais aussi malin qu’à l’époque de 6ème sens, Le Village ou Incassable, le réalisateur à l’intelligence de ne plus vouloir le reproduire et de chercher le twist à tout prix. Chacun de ses films récents déroule son propre concept, plus ou moins crédible ou intéressant, sans systématiquement chercher à retourner le cerveau de son spectateur.
KATC est en ce sens réussi. Shyamalan tord le genre du Home Invasion pour livrer un thriller inquiet, livrant une parabole sur notre monde et les angoisses qu’il génère.
Sa plus grande réussite est de parvenir à maintenir le flou sur les intentions de ces 4 individus armés. Sont-ils fous, en ont-ils après cette famille spécifiquement, où doivent-ils réellement sauver l’humanité ? On peut compter sur la science de la mise en scène de Shyamalan pour maintenir une tension constante et rendre aussi captivant qu’angoissant l’ultimatum adressé à cette famille : ils devront réaliser un impensable sacrifice pour sauver le monde d’une hypothétique apocalypse.
Le petit plus de KATC est que la famille attaquée est une famille homoparentale, ce qui est en soit une petite révolution pour la représentativité LGBT, d’autant plus qu’il traite le sujet avec beaucoup de justesse, ajoutant à ses enjeux survivalistes une dimension sociétale. Sans qu’on ait forcément tout compris à ce qu’il cherche à nous dire, M. Night Shyamalan signe un thriller d’une redoutable efficacité qui nous questionne sur nos propres croyances, appuyé par une excellent casting, Dave Bautista en tête. Du bon boulot.

Synopsis : Tandis qu’ils passent leurs vacances dans un chalet en pleine nature, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre étrangers armés qui leur imposent de faire un choix impossible. S’ils refusent, l’apocalypse est inéluctable. Quasiment coupés du monde, les parents de la jeune fille doivent assumer leur décision avant qu’il ne soit trop tard…

Cinéma | TÁR – 14,5/20

De Todd Field
Avec Cate Blanchett, Nina Hoss, Noémie Merlant

Chronique : En débutant son film par les crédits (pas moins de trois minutes silencieuses, une succession de noms écrits petit sur des panneaux noirs qui défilent habituellement à la fin), Todd Field prévient, Tár est exigeant et requiert toute votre attention.
Sur plus de 2h30, il brosse le portrait de Lydia Tár, une cheffe d’orchestre (fictionnelle) superstar, une sommité dans le monde symphonique, il raconte son règne et sa chute, et un peu de la cancel culture.
Cate Blanchett, immense, vampirise l’écran et campe une anti-héroïne monstrueuse, enivrée par les volutes du pouvoir, un pouvoir dont elle use et abuse sans doute sans même s’en rendre compte.
Que ce soit dans l’exercice de son art ou dans sa vie personnelle, tout semble régi selon sa réussite, ses besoins, ses envies. Jusqu’à ce que le monde, le vrai, se charge de lui rappeler qu’il existe des limites à ne pas franchir, des feux avec lesquels ne pas jouer, des contradicteurs à respecter. Aveuglée par l’immunité dont elle pense disposer, Tár ne voit pas qu’elle amorce un brutal et inexorable déclassement.
Bien que confronté à une personnalité antipathique et clivante, Todd Field évite tout manichéisme et offre un portrait nuancé, sévère sans être à charge. Sa mise en scène rêche, méticuleuse, contraste avec la musique opératique qui innerve le récit, et sert autant à capter le désarroi d’une reine déchue que l’air du temps et les nouvelles règles sociales qui régissent une société éveillée et hyper connectée, prompte à se lever pour protester contre les abus de pouvoir, quels qu’ils soient.
Bien sûr, c’est long. Mais il n’y a pas ou peu de longueurs, grâce à des dialogues aiguisés et un scénario remarquablement construit qui accompagne crescendo la mise au ban de l’artiste. Cate Blanchett y déploie un charisme démentiel, totalement investie dans la composition de ce personnage fictif mais réaliste, traduisant à merveille le sentiment de puissance qu’elle a pu éprouver puis sa perte totale de contrôle. Une masterclass.
Oui, Tár est exigeant, mais méritait bien toute notre attention.

Synopsis : Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

Cinéma | AFTERSUN – 15/20

De Charlotte Wells
Avec Paul Mescal, Frankie Corio

Chronique : Aftersun est un film « mine de rien », sans effet ni démonstration, rejetant constamment toute forme de pathos, mais qui connecte en trois scènes son spectateur avec ses personnages et l’accompagne jusqu’à un final lumineux et terrassant. Sans qu’il ne l’ait vraiment vu venir.
La réalisatrice capture l’essence de cet amour filiale, saisit l’extrême complexité de cette relation à la fois évidente, douce et complice entre un père et sa fille, mais chargée de non-dits.
Le scénario limpide est autant empreint de grâce que de mélancolie. Il laisse planer une menace lointaine, mais qui pèse constamment sur le récit et présage du pire sans jamais l’évoquer.
Charlotte Wells déploie une mise en scène sensible, discrète mais néanmoins inventive, capable d’asséner sans crier gare des uppercuts d’émotions (les voix nues de Freddie Mercury et David Bowie sur Under Pressure, quelle idée, quelle claque).
D’une pudeur bouleversante, Paul Mescal impressionne en jeune père célibataire au mal-être évident mais qu’il se doit de surmonter devant sa fille, confirmant tout le talent étalé dans la série The Normal People. La jeune Frankie Corio est quant à elle une grande révélation.
Grâce à eux, Aftersun atteint un équilibre assez miraculeux entre la suggestion et le souvenir, l’évidence et le mystère. Simplement beau et lumineux.

Synopsis : Avec mélancolie, Sophie se remémore les vacances d’été passées avec son père vingt ans auparavant : les moments de joie partagée, leur complicité, parfois leurs désaccords. Elle repense aussi à ce qui planait au-dessus de ces instants si précieux : la sourde et invisible menace d’un bonheur finissant. Elle tente alors de chercher parmi ces souvenirs des réponses à la question qui l’obsède depuis tant d’années : qui était réellement cet homme qu’elle a le sentiment de ne pas connaître ?

Séries | VIGIL – 15/20 | WELCOME TO CHIPPENDALES – 14/20 | EN PLACE S01 – 13/20

CHRONIQUES :

VIGIL S01 (ARTE) – 15/20

Une enquêtrice écossaise est envoyée dans un sous-marin nucléaire à la suite de la mort suspecte d’un des membres d’équipage. A la surface, sa collègue gravite dans les arcanes de la marine militaire et du MI5 à la recherche d’indices et va vite comprendre que les enjeux vont bien au-delà d’un simple accident, mettant à jour des secrets militaires et des intérêts géopolitiques.
Vigil capitalise pleinement sur l’aspect anxiogènes du quotidien dans un sous-marin pour dérouler un thriller haletant, que l’enquête à Glasgow, tout aussi prenante, renforce. Portée par une solide interprétation (et un accent écossais à couper au couteau) Vigil manie aussi bien les secrets militaires et les intérêts géopolitique que les questions intimes de son personnage et se révèle être d’une redoutable efficacité.

WELCOME TO CHIPPENDALES (Disney+) – 14/20

Une nouvelle success-story contrariée déclinée en série, cette fois-ci l’improbable histoire de la création des Chippendales entre réussite, jalousie et crime.
La série commence mollement, la reconstitution est sympathique, le ton gentiment enlevé (ce sont les créateurs de Pam et Tommy et ça se voit) mais le tout parait assez anecdotique et manque de drama. Il faut attendre la mi-saison pour que ça décolle vraiment et que le ton s’assombrisse considérablement. Là, Chippendales a toute notre attention.
Un conseil si vous ne connaissez pas l’histoire, laissez vous surprendre et ne lisez rien avant.


EN PLACE S01 (Netflix) – 13/20

Série comique modeste reposant essentiellement sur l’énorme puissance comique de Jean-Pascal Zadi et du reste du casting (Fois, Poelvoorde, Panayotis, Eric Tudor…), En Place raconte comment son personnage se retrouve embarquée dans une improbable campagne présidentielle qui peut l’amener à devenir le premier président français noir. Le sujet est socialement fort, offrant un miroir intéressant sur le pays, mais les faibles moyens, la légèreté avec lequel il est traité, l’improvisation de certaines scènes, font que la série ne dépasse pas le statut de sympathique divertissement (il y a beaucoup de très bonnes vannes).