INCENDIES – 13,5/20

Réalisé par Denis Villeneuve
Avec Rémy Girard, Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin

Incendies

Synopsis : A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence.
Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien…
Simon, lui, n’a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s’est toujours montrée distante. Mais son amour pour sa sœur jumelle le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d’une mère bien loin de celle qu’ils ont connue.

Avis : Adaptation d’un pièce multi-primée, Incendies a la force et la fièvre d’un grand thriller qui se mêle efficacement au drame familial. En choisissant de découper son récit tel un puzzle qui se complète au fur et à mesure, le réalisateur maintient une intensité et une tension puissante, après une introduction un peu longuette. Le récit historique et politique est passionnant et compréhensible malgré la complexité du conflit libanais (même si le pays n’est jamais cité).
Après (ne lisez pas la suite si vous ne voulez pas d’indication), l’épilogue est ce qu’il est, soit implacable et bouleversant pour peu qu’on y croit, soit tellement tiré par les cheveux qu’il nous fait sortir du film. Malheureusement, j’ai plutôt ressenti cette dernière impression. Ça ne remet pas en cause les qualités de mise en scène et de construction scénaristique de Incendies, mais ça laisse un léger goût d’inachevé.

HEREAFTER – 10/20

Réalisé par Clint Eastwood
Avec Matt Damon, Cécile de France, Thierry Neuvic

Au-delà

Synopsis : Au-delà est l’histoire de trois personnages hantés par la mort et les interrogations qu’elle soulève. George est un Américain d’origine modeste, affecté d’un « don » de voyance qui pèse sur lui comme une malédiction. Marie, journaliste française, est confrontée à une expérience de mort imminente, et en a été durablement bouleversée. Et quand Marcus, un jeune garçon de Londres, perd l’être qui lui était le plus cher et le plus indispensable, il se met désespérément en quête de réponses à ses interrogations. George, Marie et Marcus sont guidés par le même besoin de savoir, la même quête. Leurs destinées vont fi nir par se croiser pour tenter de répondre au mystère de l’Au-delà.

Avis : Alors voilà, il fallait bien que ça arrive… Après une série sans faute de grands films et/ou de chefs-d’œuvre (en vrac Mystic River,  Lettres d’Iwo Jima, Gran Torino, L’échange, Invictus…), me voilà confronté à ma première grosse déception devant une réalisation du grand Clint.
Avec Herafter, Eastwood se confrontait à un sujet ambitieux, de part la nature même du propos (que  se passe t-il après la mort?) mais aussi à travers son côté très personnel pour un monsieur de 80 ans.
Malheureusement, on a sans cesse l’impression qu’il ne sait pas par quel bout prendre son sujet, on le sent hésiter à se plonger réellement dans le surnaturel et l’ésotérisme. Résultat le film tourne à vide et Eastwood a tendance à forcer les sentiments pour faire avancer son film, ce qui contraste largement avec la subtilité avec laquelle il traite habituellement ses scénarios.
Il s’éloigne par conséquent de ce qui fait généralement le force de ses films, une approche sensible et à hauteur d’homme des sujets qu’il aborde, entrainant irrémédiablement une forte identification aux personnages et une charge émotionnelle intense et universelle à la fin de son récit.
Dans Au delà, le destin des personnages nous indifférerait presque…
Le grand Clint est visiblement passé à côté de son sujet. Ça arrive et on ne lui en tiendra pas rigueur… et on attend malgré tout avec impatience son prochain film.

CESAR 2011

L’Academie des césar a dévoilé la liste des nominations pour la presigieuse cérémonie qui aura lieu le 25 févier.

L’heure est donc aux pronostics… Voici les miens, ou plutôt les lauréats que j’aurai choisi sachant que parmi les films les plus cités, je n’ai pas vu Le nom des gens ni Carlos. Je passe sur les César techniques…

Meilleur film

L’Arnacoeur

Des hommes et des dieux
Gainsbourg (vie héroïque)
The Ghost-Writer
Mammuth
Le Nom des gens
Tournée

Meilleur réalisateur

Mathieu Amalric (Tournée)
Olivier Assayas (Carlos)
Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux)
Bertrand Blier (Le Bruit des glaçons)
Roman Polanski (The Ghost-Writer)

Meilleur acteur

Gérard Depardieu (Mammuth)
Romain Duris (L’Arnacoeur)
Eric Elmosnino (Gainsbourg (vie héroïque))
Jacques Gamblin (Le Nom des gens)
Lambert Wilson (Des hommes et des dieux)

Meilleure actrice

Isabelle Carré (Les Emotifs anonymes)
Catherine Deneuve (Potiche)
Sara Forestier (Le Nom des gens)
Charlotte Gainsbourg (L’Arbre)
Kristin Scott Thomas (Elle s’appelait Sarah)

Meilleur acteur dans un second rôle

Niels Arestrup (L’Homme qui voulait vivre sa vie)
François Damiens (L’Arnacoeur)
Gilles Lellouche (Les Petits mouchoirs)
Michael Lonsdale (Des hommes et des dieux)
Olivier Rabourdin (Des hommes et des dieux)

Meilleure actrice dans un second rôle

Anne Alvaro (Le Bruit des glaçons)
Valérie Bonneton (Les Petits mouchoirs)
Laetitia Casta (Gainsbourg (vie héroïque))
Julie Ferrier (L’Arnacoeur)
Karin Viard (Potiche)

Meilleur jeune espoir masculin

Arthur Dupont (Bus Palladium)
Grégoire Leprince-Ringuet (La Princesse de Montpensier)
Pio Marmai (D’amour et d’eau fraîche)
Raphaël Personnaz (La Princesse de Montpensier)
Édgar Ramírez (Carlos)

Meilleur jeune espoir féminin

Leïla Bekhti (Tout ce qui brille)
Anaïs Demoustier (D’amour et d’eau fraîche)
Audrey Lamy (Tout ce qui brille)
Léa Seydoux (Belle Epine)
Yahima Torres (Vénus noire)

Meilleur scénario original

Tournée (Mathieu Amalric, Philippe Di Folco, Marcelo Novais Teles et Raphaëlle Valbrune)
Le Bruit des glaçons (Bertrand Blier)
Des hommes et des dieux (Etienne Comar et Xavier Beauvois)
Mammuth (Benoît Delépine et Gustave Kervern)
Le Nom des gens (Baya Kasmi et Michel Leclerc)

Meilleure adaptation

L’Arbre (Julie Bertuccelli)
La Princesse de Montpensier (Jean Cosmos, François-Olivier Rousseau et Bertrand Tavernier)
The Ghost-Writer (Robert Harris et Roman Polanski)
L’Homme qui voulait vivre sa vie (Eric Lartigau et Laurent de Bartillat)
Potiche (François Ozon)

Meilleure première oeuvre

L’Arnacoeur
Gainsbourg (vie héroïque)
Simon Werner a disparu…
Tête de Turc
Tout ce qui brille

Meilleur film étranger

Les Amours imaginaires
Bright Star
Dans ses yeux
Illégal
Inception
Invictus
The Social Network

THE GREEN HORNET – 11,5/10

Réalisé par Michel Gondry
Avec Seth Rogen, Cameron Diaz, Jay Chou

The Green Hornet

Synopsis : Le directeur du journal Daily Sentinel se transforme la nuit en super-héros connu sous le nom de Frelon Vert. Il est secondé par Kato, l’expert en arts martiaux.

Avis : Cette nouvelle adaptation du Frelon Vert vaut essentiellement pour les talents de ses deux principaux instigateurs. En effet, l’humour potache et parfois régressif (et parfois irrésistible) de Seth Rogen (producteur, scénariste et interprète principal) fait merveille et met particulièrement en valeur le couple Brit/Kato. Les bons mots fusent et le second degré affleure. Le second atout de ce nouveau Green Hornet est la mise en scène parfois inspirée de Gondry, qui s’est intelligemment adapté aux codes d’un blockbuster d’action Hollywoodien tout en gardant un certain esprit de bricolage et une fraîcheur juvénile qui fait sa singularité. Les scènes d’action sont aussi parfaitement réussies.
La principale faiblesse du film tient en son scénario, convenu et parfois un peu ennuyeux, aux enjeux un peu trop limités (la relation père/fils est plus envisagée comme un prétexte comme un véritable ressort dramatique). Ça ne gâche pas vraiment le plaisir d’un divertissement plutôt réussi, mais laisse un léger sentiment de frustration.

LA CHANCE DE MA VIE – 12/20

Réalisé par Nicolas Cuche

Avec François-Xavier Demaison, Virginie Efira, Armelle Deutsch

La Chance de ma vie

Synopsis : Julien Monnier a un sérieux problème. Il a beau être un conseiller conjugal brillant, il n’arrive pas à garder une femme dans sa vie plus de deux semaines. Et pour cause, depuis son plus jeune âge, Julien porte la poisse à toutes les femmes qui s’éprennent de lui. Mais pas une petite poisse. De celles qui vous envoient à l’hôpital plusieurs fois par semaines, qui brisent votre vie professionnelle ou qui vous fâchent à vie avec vos proches. Julien est à proprement parler un vrai chat noir pour les femmes. Joanna Sorini va vite l’apprendre à ses dépens le jour où elle le croise. Une carrière en plein décollage, une vie amoureuse qui semblait enfin prendre un bon tournant, tout cela risque de bien changer…

Avis : Si l’on part du principe qu’une comédie où l’on rit est une comédie réussie, alors La chance de ta vie est une comédie réussie. Si elle ne révolutionne pas le genre, elle fourmille de suffisamment de gags et de situations cocasses pour la placer au dessus de la mêlée. Le rythme soutenu ne faiblit quasiment jamais, et le couple Elfira/Demaison est par ailleurs très crédible, ce qui n’était pas gagné d’avance. Après l’Arnacoeur, et quelques autres tentatives plutôt réussies, il semblerait que la greffe de la comédie romantique soit en train de prendre sur le cinéma français. Et c’est plutôt une bonne nouvelle.

SOMEWHERE – 12,5/20

Réalisé par Sofia Coppola
Avec Stephen Dorff, Elle Fanning, Chris Pontius

Somewhere

Synopsis : Johnny Marco, auteur à la réputation sulfureuse vit à l’hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.

Avis : Sofia Coppola a un style, a du style même. Une sophistication fascinante pour certains (dont je fais parti), agaçante pour d’autres. Elle m’avait personnellement envouté dans Virgin Suicide, Lost in Translation et Marie-Antoinette, filmant l’ennui et la solitude comme personne, et surtout en ne le provoquant jamais (l’ennui). Avec Somewhere, la jeune réalisatrice emprunte un chemin différent et use d’un style plus radical. Très peu d’effets, moins de musique, une caméra souvent fixe qui capte son personnage immobile ou qui le suit (en voiture le plus souvent, ou dans les couloirs d’un hôtel de luxe), comme pour traduire de manière directe et sans filtre la solitude de cette vedette du grand écran infantilisée par le star-system. La réalisatrice abuse un peu trop des longs plan-séquences, nous poussant presque à qualifier sa mise en scène de paresseuse par moments. Et cette fois-ci, en s’éloignant de ses standards visuels et sonores très travaillés, Coppola ne parvient pas totalement à ne pas ennuyer par instants. Mais il n’empêche qu’émergent régulièrement des moments de grâce indéniables (la patinoire, l’Italie…), principalement construit autour de cette relation père/fille pleine de pudeur et de délicatesse, remarquablement incarnée par Dorff et Elle Fanning.
Au final, on ne peut que ressentir une pointe de déception, plus part rapport au contenu finalement assez vain du film, que des personnages solidement construits. Mais des personnages, aussi bien campés et filmés soient-ils, ne suffisent pas à faire un grand film.

LE TOP 15 DE 2010

En ces premiers jours de 2011, il est temps, et d’une de vous souhaiter une excellente année, et de deux de faire un petit bilan de films vus sur l’année écoulée.
Alors voilà mon top 15 dominé par le chef-d’œuvre de Christopher Nolan, qu’une seconde vision aura conforté comme LE film de 2011 pour ma part.

1 – INCEPTION
2 – THE SOCIAL NETWORK
3 – THE GHOST WRITER
4 – AJAMI
5 – KICK ASS
6 – TOY STORY 3
7 – LES AMOURS IMAGINAIRES
8 – DOG POUND
9 – BURRIED
10 – LA REVELATION
11 – SHUTTER ISLAND
12 – TAMARA DREWE
13 – TOURNEE
14 – L’ARNACOEUR
15 – SIMON WERNER A DISPARU

Et quelques coups de cœur… Complices, Une éducation, Elle s’appelait Sarah, Adam, L’homme qui voulait vivre sa vie…

LOVE ET AUTRES DROGUES – 13/20

Réalisé par Edward Zwick
Avec Jake Gyllenhaal, Anne Hathaway, Oliver Platt

Love, et autres drogues

Synopsis : New York, les années 90. Jamie est un jeune commercial redoutable dont l’assurance – et le physique avantageux – sévissent aussi bien auprès des femmes que dans l’univers implacable de l’industrie pharmaceutique où, entre antidépresseurs et dopants sexuels, il parvient finalement à tout vendre.
Mais il y a une personne qui semble insensible aux charmes de Jamie : Maggie. Une jeune femme très séduisante et furieusement indépendante qui, comme Jamie, fuit l’engagement émotionnel, mais pour des raisons très différentes. Elle est atteinte d’une maladie chronique et a décidé de vivre uniquement au jour le jour.
Malgré eux, ce qui devait être une histoire sans lendemain va alors s’intensifier. Tous deux vont bientôt voir leurs principes respectifs malmenés et devenir accros à la plus puissante des drogues qui soit : l’amour.
Avis : Comédie intelligente portée par un couple à la fois charismatique et ultra sexy, Love et autres drogues se distingue surtout par le contournement de l’auto-censure propre au genre, souvent très éthéré. Ici, le sexe est filmé de manière étonnamment crue, et la maladie est abordée de façon frontale, sans complaisance ni effets larmoyants. A la fois drôle et émouvante, cette comédie dramatico-romantique s’appuie sur le charme et le sex-appeal dévastateur de Jake Guillhehall aussi à l’aise dans l’humour que l’émotion, et sur la sensualité et la sensibilité de Anne Hataway, bouleversante.
On pourra regretter un scénario un peu entendu mais le réalisateur a la bonne idée de réserver les bons sentiments pour les dernières minutes, sans pour autant gâcher le plaisir qu’on a pu prendre à suivre cette jolie histoire d’amour.

ANOTHER YEAR – 11/20

Réalisé par Mike Leigh
Avec Jim Broadbent, Lesley Manville, Ruth Sheen

Another Year
Synopsis : Printemps, été, automne et hiver. La famille et l’amitié. Amour et réconfort. Joie et peine. Espoir et découragement. La fraternité. La solitude. Une naissance. Une mort. Le temps passe…

Avis : Comme à son habitude, Mike Leigh dépeint avec acuité des personnages ancrés dans une réalité sociale forte. Écriture ciselée, situations criantes de vérité, Another year ne déroge pas à la règle. Cela fonctionne tout à fait dans la première partie du film (printemps/été), mais malheureusement, lorsque le réalisateur aborde les saisons plus sombres (automne/hiver), il appuie (trop) naturellement sur la face cachée des personnages que l’on a découvert solaires au début, et délivre des passages très bavards, parfois ennuyeux. Si le couple principal joue parfaitement sa partition d’amis modèles, le personnage de la pauvre vieille fille solitaire et alcoolique, s’il est au premier abord bien tenu, vire ensuite dans la caricature et l’outrance, et en devient exaspérant, un peu à l’image du personnage principal de Be Happy.

A noter une scène d’introduction formidable mettant en scène la magistrale Imelda Staunton (Vera Drake, Harry Potter) pour une apparition mémorable.

LES EMOTIFS ANONYMES – 12,5/20

Réalisé par Jean-Pierre Améris
Avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde, Lorella Cravotta

Les Emotifs anonymes

Synopsis : Jean-René, patron d’une fabrique de chocolat, et Angélique, chocolatière de talent, sont deux grands émotifs.
C’est leur passion commune pour le chocolat qui les rapproche. Ils tombent amoureux l’un de l’autre sans oser se l’avouer. Hélas, leur timidité maladive tend à les éloigner.
Mais ils surmonteront leur manque de confiance en eux, au risque de dévoiler leurs sentiments.

Avis : Les émotifs anonymes a le charme désuet des comédies à la fois humbles et sensibles, sans effets ni excès. Les lieux et la période sont indéfinis, comme pour nous plonger dans un univers fantasmé qui se traduit par des décors extrêmement travaillés, comme sortis d’un livre d’images, dans lesquels les personnages se bâtissent quasi instantanément. Le réalisateur peut ainsi très rapidement jouer de leurs phobies et proposer un rythme accrocheur et des scènes de comédie pure efficaces
Reposant essentiellement sur l’alchimie naturelle entre les deux acteurs principaux, tous les deux parfaits, drôles et touchants, le film se laisse voir comme on déguste un bon chocolat.