LIMITLESS – 13,5/20

Réalisé par Neil Burger
Avec Bradley Cooper, Robert De Niro, Abbie Cornish

Limitless

Synopsis : Eddie Morra rêve d’écrire, mais l’angoisse de la page blanche le paralyse. Sa vie sans éclat bascule lorsqu’un ami lui fait découvrir le NZT, un produit pharmaceutique révolutionnaire qui lui permet d’exploiter son potentiel au maximum. Eddie peut désormais se souvenir de tout ce qu’il a lu, vu ou entendu ; il peut apprendre n’importe quelle langue en une journée, résoudre des équations complexes et subjuguer tous ceux qu’il rencontre – tant qu’il reste sous l’influence de cette substance qui n’a pas encore été testée.
Très vite, Eddie fait aussi merveille à Wall Street, où ses prouesses attirent l’attention de Carl Van Loon, un puissant magnat de la finance, qui lui propose de négocier la plus grosse fusion de l’histoire. Eddie ignore encore que des gens sont désormais prêts à tout pour mettre la main sur son stock de NZT. Alors qu’il découvre le danger, il doit aussi affronter les terribles effets secondaires du produit. Pour survivre à ceux qui le pourchassent de toutes parts, Eddie puise de plus en plus dans ses réserves. En aura-t-il suffisamment pour se montrer plus intelligent que tous ses ennemis ?

Avis : Avec une idée de départ (une pilule magique décuple les capacités intellectuelles) suffisamment forte et ludique pour faire passer en pertes et profits quelques incohérences et imprécisions dans le scénario, Limitless s’impose en parfait divertissement, balançant habilement entre réalisme et fantastique.
Comme souvent avec ce genre de pitch, l’histoire tient remarquablement bien la route les ¾ du film, mais se heurte sur la fin à une vraie difficulté à conclure ce récit improbable. Il y a sans doute 15 minutes de trop. La conclusion, un peu précipitée et pas forcément à la hauteur des enjeux relevés dans la première partie (quelles sont les limites de cette drogue, quels sont les effets secondaires, comment se les procurer, qui y a accès…) nous laisse aussi un peu sur notre faim.
Ceci dit Limitless reste une production plus qu’honnête, portée à bout de bras par le charismatique Bradley Cooper qui confirme depuis Very Bad Trip qu’il va falloir compter sur lui à l’avenir, aussi à l’aise dans l’action, la comédie et le thriller. On l’attend donc dans un registre purement dramatique qui l’imposerait définitivement. On regrettera simplement la légèreté de son affrontement avec De Niro, dont on aurait pu attendre un peu plus d’intensité.
Limitless se démarque également par une mise en scène assez originale, stylée et rythmée, qui rend parfaitement l’état de toute-puissance généré par la pilule. Contre-plongée, éclairages avec des couleurs chaudes, effets visuels de duplication… le rendu est efficace.
Au final, Limitless est sans doute un peu inabouti, à la fois par rapport aux intrigues et aux personnages secondaires, mais a la force des blockbusters refusant de céder à la facilité et un peu plus intelligents que la moyenne.

BLUE VALENTINE – 13,5/20

Réalisé par Derek Cianfrance
Avec Ryan Gosling, Michelle Williams, Mike Vogel

Blue Valentine

Synopsis : A travers une galerie d’instants volés, passés ou présents, l’histoire d’un amour que l’on pensait avoir trouvé, et qui pourtant s’échappe… Dean et Cindy se remémorent les bons moments de leur histoire et se donnent encore une chance, le temps d’une nuit, pour sauver leur mariage vacillant.

Avis : Histoire d’amour construite en miroir, Blue Valentine séduit par l’intensité dégagée par le couple Williams/Gosling et la justesse du scénario. En miroir, car le film alterne entre le début et la fin de cette histoire, l’évident bonheur des premiers jours venant résonner comme un écho douloureux à la rupture qu’on imagine vite inévitable.
On devine ce qui a entrainé la déliquescence du couple et l’évanouissement de l’amour grâce à l’interprétation toute en force et en nuance des deux acteurs. Ils traduisent admirablement les différents états de ce couple parti à la dérive.
D’une manière formelle, Blue Valentine est aussi une réussite, saisissant les regards et les gestes au plus près des personnages. Cette proximité renforce l’émotion que suscite l’astucieuse construction en flash back.
Blue Valentine a tout du film indé US très « Sundance », mais ne tombe jamais dans ses clichés (musique pop, humour cynique, image crade), pour finalement n’en garder que le meilleur, un regard juste et implacable sur un petit morceau du monde dans lequel on vit…

 

 

UNE SEPARATION – 15/20

Réalisé par Asghar Farhadi
Avec Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini

Une Séparation

Synopsis : Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s’occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l’accord de son mari, un homme psychologiquement instable…

Avis : Drame humain et définitivement universel, Une Séparation impressionne par la justesse de son  traitement. Les personnages sont dépouillés de tout manichéisme et le scénario fait preuve d’une objectivité rare. Le réalisateur dissèque les consciences, met à nu les ambiguïtés, les dilemmes, ne condamne ni n’absout personne et rend parfaitement compte de la complexité d’une affaire somme toute assez banale partant d’un fait ordinaire (une séparation) et qui va faire basculer la vie de deux familles. A travers une mise en scène limpide, aux plans très travaillés mais néanmoins discrets (plans séquences, plans fixes) le réalisateur expose l’affrontement de ces deux familles de condition bien différente avec force et sobriété, amenant le spectateur à s’interroger constamment et à douter au fur et à mesure que l’histoire avance.
On est loin d’un discours démagogique sur la condition des femmes en Iran, le propos rend parfaitement compte d’une réalité complexe et sujette à de multiples paramètres et tabous (condition sociale, religion, éducation, système judiciaire etc…)
Les acteurs, tous parfaits, justifient à chaque scène leur prix d’interprétation collectif à la dernière Berlinale et sont pour beaucoup dans la constante impression de justesse du film.
Un ours d’Or qui s’impose.

X-MEN : LE COMMENCEMENT – 13/20

Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon

X-Men: Le Commencement

Synopsis : Avant que les mutants n’aient révélé leur existence au monde, et avant que Charles Xavier et Erik Lehnsherr ne deviennent le Professeur X et Magneto, ils n’étaient encore que deux jeunes hommes découvrant leurs pouvoirs pour la première fois. Avant de devenir les pires ennemis, ils étaient encore amis, et travaillaient avec d’autres mutants pour empêcher la destruction du monde, l’Armageddon. Au cours de cette opération, le conflit naissant entre les deux hommes s’accentua, et la guerre éternelle entre la Confrérie de Magneto et les X-Men du Professeur X éclata…
X-Men : le commencement nous entraîne aux origines de la saga X-Men, révélant une histoire secrète autour des événements majeurs du XXe siècle.

Avis : En revenant sur les origines des X-Men, ce prequel ne pouvait échapper aux problématiques de l’acceptation de soi,  du rejet de la différence par la norme et du questionnement du choix entre exister par le bien ou le mal. Ces thèmes avaient largement été abordés par Singer dans les deux premiers X-Men et avec beaucoup plus de finesse. Ce n’est donc pas l’élément le plus intéressant de ce retour aux sources. La réussite du film tient quasiment entièrement sur la relation entre Eric (Magneto) et Xavier (Professeur X), comment ils sont devenus amis, comment  leur chemins se sont séparés. En parallèle, l’histoire d’Eric, rescapé des camps en Pologne, en constante quête de vengeance, et dont le traumatisme va le pousser à choisir l’affrontement et la lutte armée plutôt que le diplomatie, seule solution selon lui pour éviter aux mutants de ne pas être éliminés par les humains. James McAvoy et Michael Fassbender apportent charisme et finesse à ce duel fratricide, qui éclipse en grande partie le reste du casting.
Si les scènes d’action sont très honorables (on en attendait pas moins) et si le contexte politique des années 60 (la guerre froide), est habilement intégré au scénario, on regrettera que le film n’aille pas plus loin dans l’esthétisme sixties, et manque parfois un peu d’audace.
Ceci dit, «X-men: le commencement» reste dans le lignée des ainés de la franchise (le n°3 et Wolverine excepté), un divertissement intelligent haut de gamme.

VERY BAD TRIP 2 – 12/20

Réalisé par Todd Phillips
Avec Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis

Very Bad Trip 2

Synopsis : Phil, Stu, Alan et Doug s’offrent un voyage exotique en Thaïlande, à l’occasion du mariage de Stu. Après l’inoubliable soirée d’enterrement de sa vie de garçon à Las Vegas, Stu ne veut rien laisser au hasard et opte pour un brunch léger, sans risque, avant la cérémonie. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Ce qui s’est passé à Las Vegas est imaginable à Las Vegas, mais ce qui se passe à Bangkok dépasse l’imagination…

Avis : On prend les mêmes, et on recommence. Si vous vous demandez s’il est possible de faire plus trash, plus graveleux, plus délirant, la réponse est oui. Todd Phillips semble ne s’être fixé aucune limite, fort du succès du premier opus. Donc oui, c’est drôle. Mais pas tout le temps. Le film est construit exactement sur le même modèle que la gueule de bois de Las Vegas, le Wolf Pack revient sur chaque «scène de crime» de leur mémorable cuite de la veille. C’est parfois très drôle, parfois (beaucoup) moins. Le rythme connaît quelques longueurs, d’autant plus durement ressenties que Very Bad Trip 2 ne bénéficie plus de l’effet de surprise de son aîné. Par ailleurs, l’intrigue servant de cadre (et de prétexte) à cette nouvelle orgie, est bâclée et trop peu crédible pour faire de ce numéro 2 autre chose qu’une bonne grosse déconnade. Les personnages secondaires par exemple sont indigents. Ceci dit, on ne boude par son plaisir coupable, et on remercie  particulièrement  les  scénaristes d’avoir accordé un peu plus de place au personnage de Chow, véritable attraction du film.
Un troisième volet est annoncé et il semblerait que ses auteurs souhaitent revoir totalement la construction du scénario. Une très bonne idée.

LA DEFENSE LINCOLN – 13,5/20

Réalisé par Brad Furman
Avec Matthew McConaughey, Marisa Tomei, Ryan Phillippe

La Défense Lincoln

 

Synopsis : Michael Haller est avocat à Los Angeles. Habile, il est prêt à tout pour faire gagner les criminels de bas étage qu’il défend. Toujours entre deux tribunaux, il travaille à l’arrière de sa voiture, une Lincoln Continental. Ayant passé la plus grande partie de sa carrière à défendre des petits voyous minables, il décroche pourtant ce qu’il pense être l’affaire de sa vie : il est engagé pour défendre un riche play-boy de Beverly Hills accusé de tentative de meurtre. Mais ce qui semblait être une affaire facile et très rentable se transforme en redoutable duel entre deux maîtres de la manipulation…

Avis : Genre à part entière, le «film de procès» trouve avec La défense Lincoln un très honnête représentant. Le film parvient à un bel équilibre entre enquête, affrontement et scènes de prétoire.  Un peu à l’image du culte Peur Primale qui révéla Edward Norton, il joue sur les faux semblants et insinue progressivement le doute sur l’innocence du client, à la fois chez l’avocat et le spectateur. Si la vérité est rapidement dévoilée, le scénario n’en est pas moins habile dans la façon de placer l’avocat dans un piège vicieux a priori inextricable. Sans révolutionner le genre, La défense Lincoln est assez malin et original  dans sa construction pour faire monter le suspense sur deux heures et met en scène des personnages suffisamment complexes pour en faire un très bon thriller. Le film vaut aussi pour la prestation haut de gamme de Matthew Mc Conaughey, parfait en avocat cynique et sûr de lui piégé à son propre jeu. Une réussite donc.