Cinéma – LES TROIS MOUSQUETAIRES: MILADY – 11,5/20

De Martin Bourboulon
Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Eva Green.

Chronique : Milady est dans la droite ligne de D’Artagnan, le premier volet du diptyque. Pas du grand cinéma, mais un très bon divertissement qui a le mérite de remettre au goût du jour un monument de la littérature française, et un genre, le film de capes et d’épées.
Si le premier volet était quasi exclusivement dédié à D’Artagnan, Milady laisse plus de place aux autres personnages, et en particulier à Athos, le plus complexe, incarné avec intensité par Vincent Cassel. La mise en scène se limite souvent à des plans serrés et une caméra à l’épaule tremblante pour dynamiser les combats, ou à des panoramas brumeux de le campagne française pour dramatiser les décors (beaucoup, beaucoup de brume). Ça lui donne un petit côté artificiel et un peu cache-misère, mais il le fait bien et le rendu visuel général tient la route. Le casting s’affirme encore un peu plus, même si ce faux vieux français utilisé pour les dialogues est toujours aussi pénible tant il fleurte avec la parodie. Une jolie complicité lie Civil, Marmaï, Cassel et Duris alors qu’Eva Green surjoue légèrement la femme fatale. En frère du roi Julien Frison est une révélation (pour ceux qui n’ont pas vu Sambre).
L’intrigue s’articule autour de trois arcs narratifs connectés entre eux : le sort de Constance (et sa romance un peu niaise avec D’Artagnan), le complot contre le roi qui est le cœur du récit (et la partie la plus réussie), et le rôle tenu par Milady dans tout cela (qu’on a un peu de mal à suivre, avouons-le). Le film, lisse dans l’ensemble, souffre parfois de quelques longueurs et d’un cruel manque d’émotion et d’humour, mais malgré son exécution un peu scolaire, Les Trois Mousquetaires – Milady ne manque pas de souffle. On s’en contentera.

Synopsis : Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.

2023 – TOP 20 SÉRIES

Le bilan d’une année encore très riche en excellentes séries. Passionnantes, haletantes, poignantes, hilarantes ou pour certaines déjà cultes.

C’est mon top 20 de l’année

1 –SUCCESSION S04 (Pass Warner/HBO)
2 – PEAKY BLINDERS Intégrale (Netflix)
3 – THE MARVELOUS Mrs MAISEL S05 (Prime Video)

4 – LA NUIT OÙ LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ (Canal+)
5 – SILO S01 (AppleTV+)
6 – THE BEAR S02 (Disney+)
7 – OZARK Intégrale (Netflix)
8 – GEN V S01 (Prime Vidéo)
9 – PERRY MASON S02 (Pass Warner)
10 – SEVERANCE S01 (AppleTV+)
11 – SLOW HORSES S02 (AppleTV+)
12 – VIGIL S01 (ARTE)
13 – THE LAST OF US S01 (HBO)
14 – ONLY MURDERS IN THE BUILDING S03 (Disney+)
15 – SEX EDUCATION S04 (Netflix)
16 – MORNING SHOW S03 – (AppleTV+)
17 – THE CROWDED ROOM (AppleTV+)
18 – TOUT VA BIEN S01 (Disney+)
19 – KILLER COASTER S01 (Prime Video)
20 – PARIS POLICE 1905 (Canal+)

2023 – TOP 22 FILMS

Le traditionnel classement des coups de cœur des films de l’année écoulée. Et ce n’est plus un top 20, mais un top 22 avec le rattrapage en janvier de 2 titres sortis en 2023 (Winter Break et L’innocence) que je ne pouvais décemment pas laisser à la porte.

Vous pouvez cliquer sur les titres pour lire les chroniques et être d’accord ou pas 😉 :

1 – ANATOMIE D’UNE CHUTE
2 – SPIDER-MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE
3 – BABYLON

4 – JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES
5 – TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ
6 – KILLERS OF THE FLOWER MOON
7 – LITTLE GIRL BLUE
8 – OPPENHEIMER
9 – LE RÈGNE ANIMAL
10 – WINTER BREAK
11 – AFTERSUN
12 – BURNING DAYS
13 – THE FABELMANS
14 – L’INNOCENCE
15 – SIMPLE COMME SYLVAIN
16 – TÁR
17 – MARS EXPRESS
18 – HOW TO HAVE SEX
19 – L’AMOUR ET LES FORÊTS
20 – TONI EN FAMILLE
21 – LE PROCES GOLDMAN
22 – UN METIER SERIEUX

Séries | TOUT VA BIEN S01 – 15/20 | PAMELA ROSE, LA SÉRIE S01 – 14/20 | ALEXIA, AUTOPSIE D’UN FÉMINICIDE – 13/20

TOUT VA BIEN S01 (Disney+) – 15/20

D’un synopsis un peu plombant (une petite fille atteinte d’une leucémie), la réalisatrice tire un puissant portrait de famille. Les thèmes abordés (la maladie, l’adultère, la mauvaise communication entre les générations, un peu de #metoo) sont très « cinéma français », mais le format série TV offre la possibilité de creuser chaque personnage. Des personnages qui ne font rien pour se rendre aimables mais qu’on aime un peu malgré eux. Les acteurs qui les incarnent sont tous criants de vérité. Virginie Efira dans un rôle plus taiseux que d’ordinaire est comme d’habitude formidable, Sara Giraudeau est bouleversante et Nicole Garcia épate en mère qui aime trop et trop mal. Le reste du casting (Aliocha Schneider, Bernard Lecoq) est au diapason.
La mise en scène est pudique, portée par une musique discrète mais entêtante qui finit par en devenir la signature. Une série sobre et émouvante.

PAMELA ROSE, LA SÉRIE S01 (Canal+) – 14/20

Après les films, l’univers Pamela Rose avait-il encore assez à offrir pour tenir le temps d’une série ? Contre toute attente, oui. Certes, le mélange des genres entre les codes culturels US et l’humour franchouillard et décalé de Kad et O est moins novateur, mais il parvient cependant à trouver son propre langage.
Il y a des moyens, des idées, beaucoup de conneries et quand même pas mal de boulot pour ne pas sombrer totalement dans le n’importe quoi et garder une histoire qui se tienne sur 10 épisodes.
Franchement ça fonctionne bien, et c’est souvent très drôle. Les running gags (Keuwoua, les Youteubers…) tiennent étonnement bien la distance ; Kad est irrésistible, bien entouré par Olivier bien sûr, mais aussi Panayotis, Mister V, Ophélia Kolb, Shirine Boutella ou Lionel Abelanski. Quelques guests surprises bien vus finissent de faire de Paméla Rose, la série, une réussite. Ils parviennent même à réussir leur final, pourtant bien bacclé, grâce à une petite pirouette.

ALEXIA, AUTOPSIE D’UN FEMINICIDE (Canal+) – 13/20

Documentaire sur l’assassinat d’Alexia Daval principalement commentée par les proches de la victime, et plus particulièrement sa famille (père, mère, sœur), la série vaut surtout pour le portrait effarant de son mari et bourreau, Jonathan. On reste sans voix face à la description des semaines ayant suivi le meurtre où il aura joué les veufs épleurés, se faisant consoler par ses beaux-parents qui ne se doutent de rien. La série rend compte de ses mensonges, de sa duplicité, mais c’est au final pour mieux mettre en avant le combat contre les violences faites aux femmes qui est vraiment le message défendu par la mère d’Alexia et de fait par le documentaire. Une plongée dans les coulisses d’un fait-divers retentissant. Classique mais efficace.

Cinéma – PAST LIVES – 14/20

De Celine Song
Avec Greta Lee, Yoo Teo, John Magaro

Chronique : Past Lives est une très belle histoire d’amour empêchée et un conte moderne poignant sur le déracinement. Une relation marquée par les occasions manquées, contrariée par la distance ou le temps qui passe. Nora et Hae Sung étaient amoureux enfants, avant que Nora ne quitte la Corée. Ils reconnecteront virtuellement à leur vingtaine avant de reperdre le contact. Que reste-t-il du sentiment amoureux adolescent quand ils se retrouvent dix ans plus tard à New York, alors que Nora est mariée à Arthur ?
Avec une grâce infinie, Céline Song brasse des sentiments et des désirs contradictoires, des absences et des manques partiellement comblés, des regrets sûrement mais aussi des accomplissements.
La force des sentiments exprimés par Past Lives n’a d’égale que la simplicité des gestes et l’intensité des regards que filme la réalisatrice. Ceux de Nora et Hae Sung, bien sûr mais aussi, et peut-être même plus encore ceux d’Arthur, qui subit stoïquement ces retrouvailles. La mise en scène qui les balade entre Séoul et New-York, que Song filme merveilleusement bien, est d’une folle délicatesse et contraste avec la puissance émotionnelle qui traverse les personnages. Greta Lee, qu’on a récemment découvert dans The Morning Show, rayonne, laissant parfois poindre dans son apparente assurance une légère hésitation face à Yoo Teo, tout en fragilité et amère désillusion. On a l’impression de pouvoir lire dans leurs pensées tant ils sont expressifs.
Past Lives touche finalement à quelque chose d’universel, le fait de devoir se confronter au temps perdu et ce qu’on en fait pour le temps qui reste. Il le traite avec beaucoup de pudeur et un peu de mélancolie, c’est sûrement pour ça qu’il nous touche tant.

Synopsis : A 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amoureux platoniques. Les circonstances les séparent. A 20 ans, le hasard les reconnecte, pour un temps. A 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.

Cinéma | MARS EXPRESS – 14,5/20

De Jérémie Périn
Avec Léa Drucker, Mathieu Amalric, Daniel Njo Lobé

Chronique : Le cinéma d’animation, c’est du cinéma, et Mars Express en est la parfaite illustration.
Mise en scène inventive, richesse visuelle, scénario élaboré, le film de Jérémie Périn a tout autant de qualités qu’une production SF en live action, si ce n’est plus. Ce medium lui offre en effet plus de liberté et d’outils pour développer un imaginaire que le cinéma classique aurait sans doute limité.
Il faut d’ailleurs noter la sophistication du dessin qui permet de créer un univers futuriste dense et cohérent, aussi bien sur Terre que sur la Planète Rouge. C’est superbe. Les concepts que brassent Mars Express ne sont par ailleurs pas évident à appréhender, d’autant qu’on est directement plongés dans l’enquête sans réelle exposition. Les ramifications sont nombreuses autour de l’intrigue policière et de la dynamique humain/droïde symbolisé par son duo de flics hybride. Du cinéma d’anticipation exigeant mais en même temps très divertissant. Les scènes d’action sont réussies, c’est rythmé et l’animation, remarquable, capitalise parfaitement sur le monde créé à l’écran. Et c’est par moment vraiment très drôle. L’écriture maline est soutenue par un casting de voix 4 étoiles (Léa Drucker, Amalric, Chassagne..). Comme tout très bon film de science-fiction, Mars Express aborde des thèmes contemporains et politique. Ici l’intelligence artificielle et le progrès technologique, évidemment, mais le film de Périn livre aussi une réflexion plus générale sur le vivre ensemble.
Cyber-polar aux nombreuses influences, digne héritier de Blade Runner plus que de Star Wars, Mars Express est vraiment une très belle proposition française d’animation SF.

Synopsis : En l’an 2200, Aline Ruby, détective privée obstinée, et Carlos Rivera son partenaire androïde sont embauchés par un riche homme d’affaires afin de capturer sur Terre une célèbre hackeuse.
De retour sur Mars, une nouvelle affaire va les conduire à s’aventurer dans les entrailles de Noctis, la capitale martienne, à la recherche de Jun Chow, une étudiante en cybernétique disparue.
Au fil de leur enquête, ils seront confrontés aux plus sombres secrets de leur cité ; ses institutions corrompues, ses trafics, ses fermes cérébrales.Aline et Carlos se lancent dans une course désespérée pour sauver cette jeune femme qui, sans le savoir, détient un secret capable de menacer l’équilibre précaire sur lequel repose leur civilisation.

Séries | THE MORNING SHOW S03 – 15/20 | BLACK GIRL S01 – 13/20 | BODIES – 12/20

THE MORNING SHOW S03 – (AppleTV+) – 15/20

Après une saison 2 mi-figue mi-raisin, la série star d’Apple TV retrouve de sa superbe. Elle se recentre sur le cœur de son intrigue, le monde des médias et la révolution d’un secteur en crise tout en assumant franchement son penchant soap-opera.
Cette saison multiplie les rebondissements et reste toujours autant en prise avec l’actualité et le contexte politique américain (en vrac guerre en Ukraine, racisme systémique, liberté d’expression, droit des femmes et en particulier à l’avortement…)
Ça va vite, mais le scénario ne bâcle aucun arc narratif, offrant des sous-intrigues aux enjeux bien plus forts qu’en saison 2, des histoires plus prenantes avec des personnages secondaires bien construits (Stella, Mia) et de nouveaux passionnants (Jon Hamm en milliardaire de la tech)
Elle offre aussi de jolies idées de narration, comme cet épisode en flash-back qui nous replonge en saison 2 (pour compléter ses manques ?), déroutant et réussi.
Une excellente 3ème saison, forte et prenante qui confirme aussi que le charme et le charisme de Jennifer Aniston opèrent toujours aussi bien. »

BLACK GIRL S01 (Disney+) – 13/20

Black Girl aborde de manière originale la question du racisme systémique aux Etats-Unis un peu à la manière de Get Out, dans un récit mi-thriller, mi-fantastique. La série est loin d’avoir la subtilité du film de Jordan Peele, mais met le doigt sur les problèmes sociétaux aux USA en évitant le manichéisme. Nella, assistante dans une société d’édition se réjouit de voir Esther intégrer l’entreprise, et ainsi ne plus être la seule salariée noire. La série va jouer sur l’ambiguïté de cette nouvelle venue. Est-ce un soutien ou une menace pour Nella ?
La tension et le suspense nés de ce personnage intriguant sont les principaux moteurs d’un récit qui tend à s’essouffler au fil d’épisodes mais qui s’avère globalement prenant.

BODIES (Netflix) – 12/20

3 cadavres identiques sont découverts dans la même rue de Londres mais à 4 époques différentes. Avec Bodies et son pitch alambiqué, Netflix tente un nouveau pari à la Dark, avec cependant la barrière de la langue en moins (c’est en anglais) et une ambition plus mesurée au niveau du scénario. La production value est elle aussi assez limitée, on voit qu’il n’y a pas beaucoup de moyens. Les allers retour entre les 4 époques font cependant leur petit effet et suscitent une réelle curiosité, même si le principe peut parfois apparaitre plus encombrant qu’autre chose. La résolution, bien qu’attendue, ne déçoit pas. Sans rien révolutionner sur les intrigues de voyages temporels, Bodies fait le job, tout en restant à des années lumières de ce qui reste à mon sens la meilleure série Netflix ever (Dark donc)

Cinéma | LITTLE GIRL BLUE – 16/20

De Mona Achache
Avec Marion Cotillard, Marie Bunel, Marie-Christine Adam

Chronique : Exercice de style atypique et fascinant, Little Girl Blue oscille entre documentaire, théâtre et auto-fiction. Le film de Mona Achache ne ressemble surtout qu’à lui-même. La réalisatrice met en scène des souvenirs et des témoignages d’un passé qui la hante, le sien mais plus loin encore ceux de sa mère et de sa grand-mère. Ecrits, lettres, photos, enregistrements, films vidéo, elle s’empare d’un matériel source riche et varié pour créer un puzzle mental et familial d’une inventivité étourdissante et proposer un montage visuel et sonore de plus en plus complexe et dense au fur et à mesure qu’on appréhende la psyché de sa mère. Le dispositif, d’abord sommaire, s’enrichit progressivement de divers accessoires et de décors de cinéma dont Marion Cotillard va prendre possession avec une aisance impressionnante.
La comédienne livre une leçon d’acting magistrale. Elle s’efface progressivement et littéralement derrière le personnage de Carole Achache, nous offrant au passage un aperçu de son épatant travail de construction dont nous sommes les témoins stupéfaits.
Et ce n’est pas un vain effet. Elle imite, interprète, singe, lip sink, jusqu’à créer la troublante impression pour Mona Achache d’être face à sa mère. Elle peut alors enfin la confronter et faire ressurgir ce passé douloureux et abîmé par la violence et la misogynie sourde des hommes de leurs vies. Le spectateur assiste sidéré au récit d’une transmission impossible et des ravages sur trois génération de femmes d’une malédiction que la jeune réalisatrice tente de briser à travers ce témoignage puissant et impudique. Vertigineux.

Synopsis : À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter pour rejouer sa vie et la comprendre.