Séries | EN THÉRAPIE S02 – 15/20 | UNCOUPLED S01 – 14/20 | UMBRELLA ACADEMY S03 – 09/20

EN THERAPIE S02 (ARTE) – 15/20

Comme pour annoncer un nouveau départ, cette deuxième saison commence hors du cabinet. Tout en restant proche des patients du docteur Dayan, la série s’ouvre un peu sur l’extérieur, donnant au psychologue (et donc à son interprète Frédéric Pierrot, parfait) un rôle plus dynamique.
Les échanges et la progression des différentes thérapies, couplés à l’introspection de Dayan, tout est passionnant. Le nouveau cast fonctionne d’ailleurs immédiatement, il est plus attachant que le précédent, moins dans la colère. Jacques Webber est impressionnant, Eye Haïdara traduit à merveille la complexité de son personnage et Charlotte Gainsbourg est d’une infinie justesse.
Un joli voyage de 36 séances, qui s’apprécie sur la durée.


UNCOUPLED S01 (Netflix) – 14/20

Par le créateur de Sex and the City, une série fun, légère, sexy… et gay !
Bien que très classique dans son exécution, Uncoupled apporte avec un humour mainstream sa pierre à l’édifice de la représentativité LGBT à la télé. On est très loin de l’engagement de séries plus communautaires comme Queer as Folk, Banana/Cucumber ou It’s a Sin, mais le fait qu’une série Netflix reprenant les codes de shows parmi les plus populaires du petit écran ait des homos (même chics, même riches) en personnages principaux est forcément un excellent signal, comme l’était Love Victor sur Disney+.
D’autant plus qu’elle nous permet de retrouver Neil Patrick Harris dans un rôle de comédie à sa mesure. Son duo avec Tisha Campbell fonctionne très bien. Un crowd-pleaser parfait pour l’été.


UMBRELLA ACADEMY S03
(Netflix) – 9/20

En sauvant la monde la saison précédente, les membres de la famille Hargreeves ont ouvert une faille temporelle. Les voilà maintenant dans une timeline où un autre clan a remplacé la Umbrella Academy. Après le voyage dans le temps, les timelines parallèles sont donc au cœur de l’intrigue, mais malheureusement, ce thème a semble-t-il moins inspiré les scénaristes…
Ça tourne très rapidement en rond, tourne en boucle, si bien qu’on ne comprend pas bien où ils veulent en venir. Les personnages ne progressent pas, en deviennent agaçants, d’autant que le jeu des acteurs est assez inégal. Une saison désincarnée, décevante et inutile. Si saison 4 il y a, ce sera sans doute sans moi. « 

Cinéma | THOR : LOVE AND THUNDER – 05/20

De Taika Waititi
Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale

Chronique : Mais qu’arrive-t-il au MCU ? Jusqu’à l’acmé que représentait Avengers Endgame, Marvel Studio parvenait à conférer à chacun de ses films une singularité, un sincérité même, qui les rendait au mieux passionnant, au pire intéressant. Ils étaient certes soumis à un cahier des charges stricte, mais savaient s’en servir pour délivrer des divertissements haut de gamme portés par des acteurs et des réalisateurs prestigieux. C’était plus ou moins réussi, mais c’était cohérent.
Mais depuis Engame, la machine s’enraye. Les films sont soit mal écrits soit anecdotiques (Black Widow, Shang Shi, Eternals, Strange 2), les effets spéciaux bâclés, souvent ratés et laids, les sous-textes inexistants ou opportunistes. Ils ne racontent plus grand-chose, de peur de trop en dire sur la suite (où tout doit rester possible) ou de contredire l’existant.
Avec Thor : Love & Thunder, le MCU touche le fond. Pourtant, je suis très client de l’humour absurde et décalé de Waititi, même quand il va très loin dans What we do in The Shadows. Même son Ragnarok parvenait à trouver un équilibre entre le respect de ses personnages, une intrigue correcte et le style du réalisateur. Mais Love & Thunder donne l’impression de n’avoir à foutre de pas grand-chose. L’écriture est lourdingue, l’humour tombe régulièrement à côté, le scénario est idiot alors qu’il dispose pourtant d’un solide bad guy. Mais son origin story exposée en 10 minutes barbantes au début du film donne un sérieux indice sur le fait qu’il n’aura pas le droit à un développement des plus fins… Ce nouveau Thor n’a ni queue ni tête, mais pire, il est totalement dépourvu d’âme. Il ne réussit qu’à être la caricature de ce qu’il cherche à être. Les quelques enjeux dramatiques que Waititi essaie de développer entre deux vannes ratées arrivent comme des cheveux sur la soupe et sont expédiés comme des passages obligés et presque honteux, sans être sauvés par une exécution spectaculaire.
La majorité des plans du film se résument en une bouillie numérique immonde, des scènes d’action dégueulasses, mal chorégraphiées et illisibles. Et on ne parlera pas du côté bien pratique d’avoir des personnages divins qui peuvent se téléporter à n’importe quel endroit de l’univers en 30 secondes. Coté scénario, ça simplifie pas mal le boulot quand même…
La gêne semble même gagner Chris Hemsworth par moment, alors que Natalie Portman est clairement de retour pour renflouer son compte en banque après quelques projet indés peu lucratifs.
En résumé, on s’ennuie ferme devant un écran qui dégueule de couleurs criardes et un récit aussi bordélique que vain. Sans doute le pire film du Marvel Cinematic Universe, qui arrive après une suite de faux-pas. Un MCU qui ne semble plus capable de raconter quoique ce soit d’intéressant et avoir clairement atteint les limites de son modèle. Créatif j’entends, les dollars, eux, continuent de remplir confortablement les caisses.

Synopsis : Alors que Thor est en pleine introspection et en quête de sérénité, sa retraite est interrompue par un tueur galactique connu sous le nom de Gorr, qui s’est donné pour mission d’exterminer tous les dieux. Pour affronter cette menace, Thor demande l’aide de Valkyrie, de Korg et de son ex-petite amie Jane Foster, qui, à sa grande surprise, manie inexplicablement son puissant marteau, le Mjolnir. Ensemble, ils se lancent dans une dangereuse aventure cosmique pour comprendre les motivations qui poussent Gorr à la vengeance et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

Cinéma | BULLET TRAIN – 13/20

De David Leitch
Avec Brad Pitt, Joey King, Aaron Taylor-Johnson

Chronique : Un déchaînement de bastons et de fun à bord du Tokyo-Kyoto, voilà ce que propose Bullet Train, comédie d’action portée par une Brad Pitt en grande forme et une troupe de comédiens qui semble s’amuser tout autant. Si on frôle l’hystérie par moment, le film de David Leitch peut s’appuyer sur des punchlines efficaces et une construction en poupées russe intrigante.
Le voyage s’interrompt ainsi fréquemment pour raconter de petites histoires plus sanglantes les unes que les autres, et qui finiront par se répondre (ou pas) dans le train. Si toutes les backstories ne fonctionnent pas et qu’il ne faut pas être trop à cheval sur la logique et le réalisme des intrigues, la construction du film en gigogne est plutôt bien fichue et réserve quelques surprises. Déroulant son récit pop et frénétique au son d’un BO disco énervée, Bullet Train est un magnifique terrain de jeu pour ses acteurs, Brad Pitt en tête, on l’a dit, mais aussi Joey King, la révélation du film, et le duo Aaron Taylor-Johnson / Brian Tyree Henry dont la complicité est aussi évidente que leurs noms sont compliqués. La mise en scène est à l’image du film, exubérante et parfois excessive, mais pleine d’énergie. Ajoutons que les scènes d’action sont dans l’ensemble bien chorégraphiées et plutôt lisible malgré les contraintes du huis-clos. Leitch n’a jamais caché s’inspirer du cinéma de Tarantino, il lui emprunte quelques codes graphiques, la cool attitude et les giclées de sang, mais n’approche jamais, ni de près, ni de loin, son génie narratif. On retrouve en revanche l’humour potache et décalé et la violence outrée d’un Deadpool dont Leitch a réalisé le 2ème opus. Au final, Bullet Train s’avère être un vrai bon divertissement estival, qui prouve que le genre peut encore exister en dehors des licences installées.

Synopsis : Coccinelle est un assassin malchanceux et particulièrement déterminé à accomplir sa nouvelle mission paisiblement après que trop d’entre elles aient déraillé. Mais le destin en a décidé autrement et l’embarque dans le train le plus rapide au monde aux côtés d’adversaires redoutables qui ont tous un point commun, mais dont les intérêts divergent radicalement… Il doit alors tenter par tous les moyens de descendre du train.

Cinéma | AS BESTAS – 16/20

De Rodrigo Sorogoyen
Avec Marina Foïs, Denis Ménochet, Luis Zahera

Chronique : Thriller rural haletant et tétanisant, As Bestas se révèle être aussi un drame familial d’une surprenante profondeur. Rodrigo Sorogoyen construit son film autour de l’animosité que peuvent susciter de nouveaux arrivants dans un environnement refermé sur lui-même. Ici un couple de néo-agriculteurs français récemment installé en Galice. Les conflits vont se cristalliser autour d’un désaccord entre les anciens du village et le couple sur l’installation d’éoliennes (et de l’argent qui va avec). Les relations avec la famille voisine, deux frères célibataires rustres et brutaux vivants avec leur mère, vont s’envenimer jusqu’à rendre la situation invivable.
La manière dont le réalisateur espagnol gère la montée en tension pour atteindre un climax étouffant, quasi irrespirable est épatant. A travers sa mise en scène sharp, sèche, d’une précision d’orfèvre mais jamais ostentatoire, il installe progressivement une atmosphère pesante et menaçante. Grâce à sa gestion parfaite des ellipses, il maitrise le temps qui passe, le fait ressentir à son spectateur sans qu’il le subisse. Aidé par la finesse et l’authenticité des dialogues et de regards qui en disent parfois encore plus long, il capture avec une précision terrifiante le harcèlement dont sont victimes Antoine et Olga, le climat malsain qui s’empare de ce petit village et transforme un cadre de vie en apparence apaisant en cauchemard. Les performances des acteurs, que ce soit Marina Foïs (dans un de ses meilleurs rôles) Denis Ménochet ou les Espagnols Luis Zahera et Diego Anido, n’y sont pas évidemment pas étrangères. Ils dégagent tous une véracité qui vous prend aux tripes et se matérialise notamment en deux plans-séquence monstrueux, l’un autour d’une bouteille d’eau de vie et l’autre dans une cuisine. Des moments forts, de pur cinéma.
As Bestas prend alors parfois des airs de Deliverance, parcouru par le sentiment que n’importe quoi peut arriver n’importe quand. Eprouvant, anxiogène, il éreinte, fascine et passionne jusqu’à son dénouement. Une acuité féroce et une maîtrise totale.

Synopsis : Antoine et Olga, un couple de Français, sont installés depuis longtemps dans un petit village de Galice. Ils ont une ferme et restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Tout devrait être idyllique mais un grave conflit avec leurs voisins fait monter la tension jusqu’à l’irréparable…