LE ROI ARTHUR – 5/20

Le Roi Arthur: La Légende d'Excalibur : AfficheDe Guy Ritchie
Avec Charlie Hunnam, Astrid Bergès-Frisbey, Jude Law

Chronique : En revisitant le mythe d’Excalibur à la sauce Heroic Fantasy, Guy Ritchie se fourvoie dans les grandes largeurs et livre une bouillie assez indigeste.
L’univers visuel, boursouflé et laid, alourdi par des CGI patauds, sert d’écrin outrancier à un récit  flirtant avec le grotesque,  dont la première scène brouillonne et épuisante donne le ton. On ne comprend pas grand-chose à cette tentative de modernisation de cette légende populaire pourtant si ample (demandez à Astier). L’intrigue se contente d’un scénario de série Z, bâclant le pan politique de l’histoire, faisant interagir des personnages au mieux insipides, au pire caricaturaux, sans aucune complicité entre eux. La dimension héroïque de la quête d’Arthur est annihilée par une mise en scène épileptique et tapageuse qui parvient à rendre irregardable des scènes d’action terriblement datées, se contentant d’alterner ralentis ringards et frénésie d’effets spéciaux.
Ritchie était parfaitement parvenu à rafraichir la coiffe de Sherlock Holmes (bien que souffrant maintenant la comparaison avec la série TV de la BBC), grâce à la virtuosité de sa réalisation, bien que tape-à-l’œil, l’inventivité d’une narration éclatée et surtout un humour cabot très à propos. Autant d’éléments qu’il tente d’insuffler à son Roi Arthur sans parvenir à en imposer un seul. Même le charisme de Charlie Hunnam ne peut rien pour sauver cette entreprise du ratage.
Et si  on se remettait Kaamelott plutôt?

Synopsis : Jeune homme futé, Arthur tient les faubourgs de Londonium avec sa bande, sans soupçonner le destin qui l’attend – jusqu’au jour où il s’empare de l’épée Excalibur et se saisit, dans le même temps, de son avenir. Mis au défi par le pouvoir du glaive, Arthur est aussitôt contraint de faire des choix difficiles. Rejoignant la Résistance et une mystérieuse jeune femme du nom de Guenièvre, il doit apprendre à maîtriser l’épée, à surmonter ses démons intérieurs et à unir le peuple pour vaincre le tyran Vortigern, qui a dérobé sa couronne et assassiné ses parents – et, enfin, accéder au trône…

THE YOUNG LADY – 13,5/20

The Young Lady : AfficheDe William Oldroyd
Avec Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton

Chronique : Drame naturaliste et austère, the Young Lady, prend d’abord les atours d’un manifeste féministe. La jeune Katherine est mariée de force à un homme deux fois plus âgé, lui-même persécuté par un paternel peu accommodant. Elle s’ennuie, dort beaucoup et finit par s’éprendre du palefrenier de la maison.
On pense ainsi voir la trame classique d’une émancipation, le destin tragique d’une femme soumise tentant d’échapper au joug d’un mari violent et d’un quotidien mortifère.
Pas du tout. The Young Lady prend à mi-chemin une toute autre direction, et on comprendra plus facilement le titre anglais original du film « Lady MacBeth ».
Afin d’assouvir ses envies, d’affirmer son besoin de liberté et sa soif de jouissance, Katherine va peu à peu transformer son  désir d’émancipation  et de lutte contre une société patriarcale liberticide en une folle fuite en avant, aveugle et égoïste, emportant son amant dans sa sanglante entreprise.
The Young Lady est un premier film surprenant de maîtrise aussi bien formelle que narrative. Le clacissisme froid et élégant de la première partie du film, que de splendides tableaux des plaines anglaise ou du visage de l’héroïne viennent illustrer, sombre peu à peu dans une brutalité glaçante et dérangeante.
Ce malaise ne serait pas aussi prégnant sans l’interprétation toute en ambiguïté, entre victime et bourreau, de Florence Pugh, dont c’est le premier rôle. Son évolution, des premières pauses mutines et provocatrices à ce dernier regard glaçant, est éloquent. Il est fascinant de la voir plonger progressivement dans l’antre de la folie. Une révélation.

Synopsis : 1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.

LES FANTÔMES D’ISMAËL – 14/20

Les Fantômes d’Ismaël (version longue) : AfficheDe Arnaud Desplechin
Avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg

Chronique : Arnaud Desplechin pratique un cinéma déroutant. Loin du réel dans son approche artistique, mais touchant une certaine vérité lorsqu’on s’intéresse aux personnages.
Son cinéma est déroutant car il demande aux acteurs de résister à tout naturalisme et s’évertue à détourner les codes narratifs usuels.
Les Fantômes d’Ismaël exprime parfaitement ce paradoxe. Le film est empreint d’une forte théâtralité mais repose sur un trio d’acteurs en parfaite alchimie.
On a beau se dire en permanence que personne ne parle comme ça, personne ne s’engueule comme ça, ne fait l’amour comme ça, ne réagit comme ça, on y croit pourtant fermement à ce triangle artistique et amoureux.
Malgré des dialogues surécrits (mais magnifiques), c’est un grand film d’acteurs, étrangement complèmentaires. Le surjeu d’Amalric trouve un écho formidable dans les sourires timides de Charlotte Gainsbourg et les mystères capricieux de Marion Cotillard. Les regards, évidents, qu’échangent les deux actrices sont à eux seuls de grands moments de cinéma.
Les fantômes d’Ismaël est intéressant dans sa façon d’aborder le processus créatif, mais vaut surtout pour la confusion des êtres et le trouble que le retour de Carlotta provoque.
La partie contée, fantasmée même, du film dans le film sur la vie d’agent du frère d’Ismaël est elle confuse et erratique. Elle n’a surtout pas beaucoup d’intérêt lorsqu’elle envahit l’écran, malgré le sympathique cabotinage de Louis Garrel, et semble indiquer une légère perte de contrôle de Desplechin sur son film et sa chronologie, que certaines scènes d’hystérie de la part d’Ismaël tendent à confirmer.
Malgré tout, Les Fantômes d’Ismaël conservent suffisamment de mystère, de singularité, d’incongruité même pour intriguer et intéresser. Ses acteurs eux, fascinent.

Synopsis : À la veille du tournage de son nouveau film, la vie d’un cinéaste est chamboulée par la réapparition d’un amour disparu…

PROBLEMOS – 14/20

Problemos : AfficheDe Eric Judor
Avec Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi

Chronique : Précision importante avant de lire cette chronique, Eric Judor me fait rire, beaucoup, et ce même dans les pubs EDF. Donc, c’est avec des a priori très positifs que j’abordais sa nouvelle réalisation.
Problemos est le grand frère tout aussi impoli de Platane, géniale série méta avec laquelle Eric s’est fait les dents. Il en a le parfait timing comique, le sens inné du décalage et de l’autodérision et l’abattage imparable de répliques à tomber.
Le comédien pousse ici très loin la caractérisation de ses personnages, pointe du doigt les petites mesquineries et les gros défauts, met à jour les contradictions de cette communauté gadiste extrême. La comédie se révèle particulièrement savoureuse et sarcastique lorsque le vernis craque. Tout est dans le malaise et l’inconfort. Elle rappelle par moment la période faste du Splendid, dans sa façon de rire de la bêtise humaine sans méchanceté.
Car Problemos va plus loin qu’une simple caricature de la vie en communauté. Eric Judor utilise à bon escient le pan SF de son pitch, allant plus loin que ce qu’on aurait pu penser et achevant son récit sur une note surprenante qui ouvre d’autres horizons (pour une suite ou une série TV ?)
Si ce n’est pas l’audace de la réalisation qui prime, l’écriture est diabolique. La troupe d’acteurs qui la sert est formidable. Eric, évidemment qui décline son personnage d’adulte-enfant lâche et capricieux avec délectation, mais surtout Blanche Gardin, également scénariste, absolument irrésistible en résistante « anti-Babylone ».
Pour qui est client de l’humour régressif et décalé de Eric, courrez voir Problemos.

Cadeau punchline :
« Si Hitler te fais coucou, tu fais coucou ? On peut pas faire coucou à tout le monde » Gaia

Synopsis : Jeanne et Victor sont deux jeunes Parisiens de retour de vacances. En chemin, ils font une halte pour saluer leur ami Jean-Paul, sur la prairie où sa communauté a élu résidence. Le groupe lutte contre la construction d’un parc aquatique sur la dernière zone humide de la région, et plus généralement contre la société moderne, la grande Babylone. Séduits par une communauté qui prône le « vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours. Lorsqu’un beau matin la barrière de CRS qui leur fait face a disparu…la Communauté pense l’avoir emporté sur le monde moderne. Mais le plaisir est de courte durée…à l’exception de leur campement, la population terrestre a été décimée par une terrible pandémie. Ce qui fait du groupe les derniers survivants du monde. Va-t-il falloir se trouver de nouveaux ennemis pour survivre ?

GET OUT – 14,5/20

Get Out : AfficheDe Jordan Peele
Avec Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener

Chronique : Sous couvert de thriller horrifique teinté de SF et carburant à l’ironie, Get Out est un brûlot politique assez radical, qui questionne frontalement sur les conflits raciaux aux États-Unis. Dans un pays coupé en deux depuis les dernières élections et profondément marqué par les émeutes qui ont embrasées le pays ces dernières années, en particulier à Baltimore, Get Out se présente comme une allégorie parfois outrancière mais d’une grande acuité sur la condition afro-américaine dans l’Amérique de Donald Trump. A travers cette histoire tordue d’un couple mixte rendant visite à la famille bourgeoise très blanche de la jeune fille, le réalisateur Jordan Peele convoque à la fois la terreur et la comédie pour dénoncer le racisme dans ce qu’il a de plus violent, irrationnel, ambiguë et intolérable. Sans rien dévoiler, l’épilogue est en ce sens éloquent…
La mise en scène de Peele est particulièrement maline, jonglant brillamment entre les codes du film d’épouvante, un sarcasme délicieux et les allusions à son propos politique. Sans jamais tout à fait l’appuyer mais en faisant clairement passer son message, il installe un climat anxiogène de plus en plus prenant, seulement perturbé par quelques saillies d’humour noir.
Déroutante incursion dans la fable politico-horrifique, Get Out parvient avec peu de moyen mais une impeccable maîtrise à autant terrifier qu’à s’imposer comme un grinçant pamphlet sur le racisme dans une Amérique orpheline d’Obama.
Surprenant, divertissant et salutaire.

Synopsis : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL.2 – 12/20

Les Gardiens de la Galaxie 2 : AfficheDe James Gunn (II)
Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista

Chronique : Le premier Gardiens de la Galaxie était un pari culotté qui avait tout du coup de poker. Pourtant précédées d’une faible notoriété, les aventures pop et décalées de ces mercenaires de l’espace ont rencontré un succès colossale qui au-delà de valider une formule gagnante, autorise à sa suite toutes les libertés et tous les excès.
Et James Gunn ne s’en prive pas. La scène d’introduction en est la parfaite illustration. Baby Groot se déhanche innocemment devant nous sur un classique des Beatles alors qu’en arrière plans ses amis bastonnent bruyamment une grosse bêbête dans un décor intergalactique qui dégueule de couleurs criardes et acidulées, au rythme de gags plus ou moins réussis.
Le Vol.2 fait donc clairement dans la surenchère, au risque de finir par épuiser son spectateur.
Plus d’action, plus d’humour, plus de musique, plus de mondes (fluos) à découvrir, cette suite pousse les curseurs un peu plus loin dans sa dimension opératique.
Mais fort heureusement, cette suite conserve suffisamment de qualités pour franchement amuser et divertir. S’il ne faut pas trop compter sur l’épaisseur de son scénario, le film ne raconte rien, on retrouve avec plaisir la formidable alchimie entre les personnages, un univers visuel riche et inventif (qui peut parfois piquer les yeux ceci dit) et quelques jolies idées de mise en scène mixant action et humour, comme l’évasion de prison spatiale. Evidemment, le gimmick de la mixtape fonctionne toujours à plein, abreuvant le récit de musique pop-rock assez euphorisante. S’il manque assez clairement un fil conducteur, on note que le scénario a tenté de mettre la famille au cœur du récit, avec plus ou moins de finesse – plutôt moins d’ailleurs. Mais Les gardiens de la Galaxie – Vol.2 se conclut sur un final qui étonne et émeut. Alors que jusque-là le space opera se déroulait sans surprise, on ne s’attendait pas à ça.

Synopsis : Musicalement accompagné de la « Awesome Mixtape n°2 » (la musique qu’écoute Star-Lord dans le film), Les Gardiens de la galaxie 2 poursuit les aventures de l’équipe alors qu’elle traverse les confins du cosmos. Les gardiens doivent combattre pour rester unis alors qu’ils découvrent les mystères de la filiation de Peter Quill. Les vieux ennemis vont devenir de nouveaux alliés et des personnages bien connus des fans de comics vont venir aider nos héros et continuer à étendre l’univers Marvel.