EFFACER L’HISTORIQUE – 13,5/20

Effacer l’historique : AfficheDe Gustave Kervern, Benoît Delépine
Avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero

Chronique : Chantres (un peu isolés) de la comédie sociale française Kerven et Delepine diluent un peu de l’acidité de leur prose Grolandaise lorsqu’ils passent au grand écran. Ils conservent cependant indéniablement leur liberté de ton et leur verve politique, quitte à ne pas toujours viser juste. Effacer l’Historique si. Leur nouveau film peut s’appuyer sur de solides ingrédients que les réalisateurs utilisent à bon escient : un pitch un brin absurde, un scénario solidement exécuté sans réelle baisse de rythme et un trio de comédiens impeccables. Effacer l’Historique dénonce la surconsommation, l’uberisation et les dérives technologiques de notre société à travers le vain mais valeureux combat de trois laissés pour compte victimes de la déshumanisation de notre monde. La croisade de ces Don Quichote modernes contre les algorithmes fait souvent mouche au prix d’un humour décalé, un poil désabusé.
Ça se moque plutôt que ça n’attaque, mais le message ne passe pas moins bien. D’ailleurs tout passe bien quand c’est énoncé par Blanche Gardin… Même si ses deux acolytes ne déméritent pas, elle bouffe l’écran et vampirise les scènes dans lesquelles elle joue, au risque de rendre celle où elle est absente un peu fades.
Si Effacer l’historique est une farce sociale drôle et pertinente, il est dommage que l’image soit vraiment dégueulasse, avec un gros grain bien vilain. Ce n’est pas parce qu’on veut faire réaliste que ça doit forcément être moche…

Synopsis : Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller.Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet. Une bataille foutue d’avance, quoique…

Séries | I MAY DESTROY YOU – 16/20 | HANNA S02 – 13/20

I MAY DESTROY YOU S01 (OCS) – 16/20

I May Destroy You' is a Powerful and Thought-Provoking Story of Survival -  Review - Geeks Of Color

Un drama dense et complexe sur le consentement et les traumatismes engendrés par un viol.
Parfois difficile, épuisant, mais puissant, I May Destroy You éclaire la personnalité de son héroïne grâce à une structure mouvante, utilisant le flash-back, l’ellipse ou les souvenirs. La narration illustre son cheminement psychologique, le déni, l’autodénigrement, la rage, l’attaque jusqu’à l’excès, la résilience…
Elle nous aide à comprendre Bella, le cœur de la série et le symbole de son militantisme. I May Destroy You est d’une intelligence rare, elle évite constamment le misérabilisme et les raccourcis simplistes. Parce qu’elle s’empare de l’histoire d’une femme dont beaucoup auraient dit, «  »elle l’a cherchée » », la série démonte patiemment et méticuleusement tous les mécanismes de justification d’un tel acte ou de tout abus sexuel, quels qu’ils soient et qui en soit la victime.
Les conséquences du viol sont aussi vues à travers le regard des proches de Bella. C’est toujours très juste, très subtil, obligeant les personnages à faire leur propre introspection ou au contraire révélant leurs petites lâchetés.
Atout numéro un du show, productrice, scénariste, réalisatrice, actrice, Michaela Cohen est une perle rare. On l’avait découverte déjantée dans l’excellent mais un peu foutraque Chewing-gum, elle impose ici une maturité impressionnante. La claque attendue.

HANNA S02 (Amazon Prime) – 13/20

Hanna Season 2' trailer out on Amazon Prime Video, release date revealed

Série toujours aussi efficace, tranchante dans la brutalité de ses scènes d’action, qui approfondit en saison 2 la quête d’émancipation de Hanna. Elle va même un peu plus loin en confrontant la jeune femme à se semblables, lui faisant expérimenter les prémisses de la sororité. Si la première saison était placée sur le signe de la figure paternelle de substitution, celle-ci tend à développer un simili de relation mère-fille. Evidemment pas question de hug et de bisous, mais plutôt de taloche et de grands coups dans la gueule ! Le charisme de la jeune Esme Creed-miles fait toujours autant de bien au show. Ce n’est pas encore Saoirse Ronan (qui était Hanna dans le film original), mais disons que cela pourrait être sa petite sœur. Hanna a aussi l’excellente idée de nous offrir un joli tour d’Europe (Londres, Dublin, Barcelone, Paris…). Jolie confirmation.

TERRIBLE JUNGLE – 13/20

Terrible Jungle : Affiche

De Hugo Benamozig, David Caviglioli
Avec Catherine Deneuve, Vincent Dedienne, Alice Belaïdi, Jonathan Cohen

Chronique : Dedienne, Cohen, Deneuve (qui n’est jamais meilleure que lorsqu’elle se moque d’elle-même), sur le papier, j’achète cent fois. Et pour le coup, les réalisateurs capitalisent parfaitement sur le talent et la verve des leurs têtes d’affiche. Les répliques fusent et sont assénées avec un tempo comique imparable. L’écriture est ciselée pour le phrasé immédiatement identifiable de chacun des comédiens. C’est souvent drôle, mixant une pointe de cynisme et une dose d’absurde.
La mise en scène est très correcte, exploitant à la fois ses décors sauvages et les « gueules » de son casting pour donner au film un air cartoonesque réussi.
Terrible Jungle pêche malheureusement dans son scénario, qui manque un peu d’habileté à faire se répondre les deux pans de son histoire. Si la partie « recherche » avec Cohen et Deneuve fonctionne parfaitement, la partie « anthropologie » avec Dedienne chez les Otopis est plus laborieuse. Peut-être parce qu’elle révèle son jeu un peu trop tôt (ils ne sont pas ce qu’on croit).
Cette structure narrative nous prive aussi d’interactions entre Cohen et Dedienne, ce qui s’apparente à un gros gâchis !
Il n’en demeure pas moins que Terrible Jungle remet plutôt efficacement la comédie d’aventure au goût du jour. C’est en soi une bonne nouvelle.

Synopsis : Eliott, jeune chercheur naïf, part étudier les Otopis, un peuple mystérieux d’Amazonie. C’est aussi l’occasion pour lui de s’éloigner de l’emprise de sa mère, la possessive Chantal de Bellabre. Mais celle-ci, inquiète pour lui, décide de partir à sa recherche en s’aventurant dans l’étrange forêt amazonienne.

Séries | PERRY MASON S01 – 15/20 | THE ACT S01 – 13,5/20

PERRY MASON S01 (OCS) – 15/20Perry Mason (2020) — Season 1 Episode 1 | 'Full Episodes' | by ...

Reboot en forme d’Origin Story de la très ancienne série procédurale incarnée sur 35 ans par Raymond Burr, Perry Mason 2020 se présente d’avantage comme une relecture du personnage. En choisissant l’angle introspectif, elle l’accompagne dans l’intrigant Los Angeles des années 30 et nous dévoile sa transformation de privé hanté par son passé en avocat autodidacte. La réalisation chiadée et élégante reprend les codes des films noirs de l’époque et offre une impeccable reconstitution de la grande dépression, aussi bien dans son esthétique d’une parfaite maîtrise qu’à travers le rendu du climat social de l’époque.
C’est extrêmement qualitatif, tout comme son scénario aux nombreuses ramifications et aux personnages multiples (ce qui peut parfois brouiller la compréhension). Une intrigue dense donc, qui s’étend et se complexifie pour prendre toute son ampleur lorsqu’on entre dans le vif du sujet (et au tribunal) et que Mason prend enfin possession des prétoires. Matthew Rhys (The Americans – que vous DEVEZ avoir vu) fait un sans-faute.
S’il faut un peu de temps pour rentrer dans son ambiance jazzy et parfois un peu lugubre, reconnaissons-le, ce nouveau Perry Mason finit par nous harponner et nous faire espérer une saison 2 toute aussi passionnante. Le haut du panier HBO.

THE ACT S01 (STARZPLAY) – 13,5/20Amazon.com: Watch The Act, Season 1 | Prime Video

The Act retranscrit à l’écran et apparemment assez fidèlement un incroyable et fascinant fait divers : le meurtre d’une femme par sa fille qu’elle a contraint à feindre (même inconsciemment) la maladie toute sa vie.
Même si ce n’était pas forcément nécessaire d’en faire 8 épisodes (il y a beaucoup de longueurs et de passages exagérément surlignés), la série est bien construite et assez fluide dans sa façon de raconter comment le drame se joue sur plusieurs années.
Aussi agaçante que terrifiante, Patricia Arquete, est parfaite en mère vénale et surprotectrice. Dans un rôle de femme-enfant particulièrement casse-gueule, le talent et l’audace de la jeune Joye King, que je ne connaissais pas, sautent aux yeux.

Séries | FOR ALL MANKIND S01 – 14/20 | FUTURE MAN S03 – 12,5/20

FOR ALL MANKIND S01 (AppleTV) – 14/20For All Mankind — [S01E08] Season 1 Episode 8 | Full Episodes | by ...

Uchronie sans sensationnalisme, For All Mankind tord l’histoire et réinvente la guerre froide et la conquête spatiale avec une volonté de réalisme troublant. Elle imagine comment notre monde, et en particulier les Etats-Unis, aurait évoluer si les Russes avait les premiers fait marcher un homme, puis une femme sur la lune. Grâce à la liberté que son point de vue lui permet, la série va bien plus loin qu’une vision fantasmée de l’aérospatial. Elle embrasse par ruissellement de nombreux sujets de société, en particulier la place de femme et du féminisme. C’est parfois un peu austère mais passionnant et saisissant sur la crédibilité de ce passé alternatif.
Le production design de la série est hautement qualitatif, la cinématographie est splendide et les personnages qui l’habitent sont puissant. Si For All Mankind met un peu de temps à nous connecter aux émotions, elle y parvient brillamment en conclusion de cette première saison.

FUTURE MAN S03 (OCS) – 12,5/20Future Man saison 3, suite et fin des aventures de Josh

Clap de fin pour Future man, la série SF déjantée, excentrique, un brin cheapouille mais sacrément maline et si drôle. Il était temps ceci dit, car même si on adore Tiger, Josh et Wolf, les voyages dans le temps commençaient vraiment à ressembler à n’importe quoi ! Un final poussif donc, malgré des fulgurances. Mais on se sera vraiment bien marré.