THE LOST CITY OF Z – 16/20

The Lost City of Z : AfficheDe James Gray
Avec Charlie Hunnam, Sienna Miller, Tom Holland

Chronique : Fresque ambitieuse et immense, The Lost city of Z va bien au-delà du film d’aventures que son titre laisse supposer. Tout comme La nuit nous appartient était bien plus qu’un film de gangsters, Two Lovers plus qu’une Love Story ou The Immigrant plus qu’un drame historique. James Gray offre à ses héros un cadre bien plus large que ce que la trame initiale de ses films peut laisser penser. Les murs s’écartent pour laisser la place à des problématiques très personnelles, où la famille, ascendante ou descendante selon les films, occupe une place primordiale. Les protagonistes ont à faire des choix qui les engagent eux, mais aussi leurs proches, tout en cherchant constamment à savoir quelle est leur place dans le monde auquel ils appartiennent.
The Lost City of Z a la particularité d’être inspiré d’une histoire vraie. Il suit la quête d’un homme, Percy Fawcett, parti à la découverte de l’Amazonie d’abord pour laver l’honneur d’un nom entaché par les frasques d’un père violent et alcoolique, puis mu par l’ambition et l’obsession de prouver l’existence d’une civilisation ancienne et évoluée. Ses actions seront guidées à la fois par un besoin de reconnaissance sociale et son statut de père de famille qu’il expérimente en même temps qu’il se lance dans sa première expédition.
De la forêt Amazonienne aux tranchées de la Somme, en passant par les bureaux de la Société Géographique Royale d’Angleterre où il doit convaincre les plus sceptiques de financer ses recherches, Fawcett n’est jamais aussi vulnérable que lorsqu’il retrouve les bras de sa femme, roc vacillant qui veille sur les siens lorsqu’il part à l’autre bout du monde.
Elle balise le récit à chaque retour de Fawcett, tel un marqueur du temps qui passe, symbole d’un monde pragmatique alors que l’exaltation de la conquête finit d’enivrer son mari.
C’est une épopée à la fois spectaculaire et intime à laquelle James Gray nous invite, qu’il découpe entre la moiteur de forêt Amazonienne et les rues embrumées de Londres.
Sa mise en scène offre peu de moments de bravoure, mais les avancées dans la jungle sont fascinantes, que les explorateurs se retrouvent nez à nez avec des autochtones ou non.
Ce n’est pas une surprise, mais la maitrise formelle du réalisateur est stupéfiante, suspendant le temps dans des tableaux somptueux et densifiant l’atmosphère par de brefs passages nerveux et intenses. Il filme la jungle pour ce qu’elle était, un monde vierge et inexplorée, un ailleurs inconnu qui lui confère une indéniable dimension onirique. La photographie de Darius Khondji sublime cette vision et lui confère une picturalité qui souvent subjugue.
The Lost city of Z se termine alors sur un plan d’une poésie sidérante, comme pour réconcilier les deux mondes de Fawcett, le jungle et le foyer aimant.
Magnifique.

Synopsis : Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…

LA BELLE ET LA BÊTE – 13/20

La Belle et la Bête : AfficheDe Bill Condon
Avec Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans

Chronique : Au-delà de la légitime question du simple intérêt pour Disney de reproduire en live action – et quasi à l’identique – l’un de ses chefs-d’œuvre les plus estimés (et mon préféré), force est de reconnaître que le charme opère, indéniablement. Si la magie du dessin reste inégalable, cette nouvelle déclinaison du film animé de 1991 après la comédie musicale de Broadway est virevoltante et émerveille toujours autant. Avec des outils différents et les nouvelles technologies à sa disposition, Bill Condon offre un lifting numérique au classique, mais reste mu par la même volonté de nous inviter au cœur d’un spectacle grandiose. Be my guest. Et la réalisation impressionne franchement lors de numéros de haute volée comme « C’est la fête » ou la chanson de Gaston. Au-delà de la performance technologique, la Belle et la Bête version 2017 offre quelques flash-backs additionnels sur le passé des personnages, qui éclairent et renforcent un peu la dramaturgie. Si la bête est moins impressionnante qu’en version animée, elle est plus humaine (y’a quelque chose, dans son regard, lalala.. oui). Emma Watson est une Belle toute choupinette avec un très joli brin de voix, Luke Evans est le casting parfait pour Gaston et Josh Gad apporte une finesse inédite au personnage de LeFou (Une polémique ? franchement, un peu de sérieux).
Certes, cette version live reste principalement motivée par des ressorts mercantiles, mais elle apporte mine de rien une discrète mais notable dose de modernité au dessin animée. Surtout, l’histoire et les numéros musicaux sont toujours aussi enthousiasmants. La Belle et la bête est en définitive, pour qui a connu le dessin animé, un très réjouissant retour en enfance. On ne va pas bouder son plaisir…

Synopsis : Fin du XVIIIè siècle, dans un petit village français. Belle, jeune fille rêveuse et passionnée de littérature, vit avec son père, un vieil inventeur farfelu. S’étant perdu une nuit dans la fôret, ce dernier se réfugie au château de la Bête, qui le jette au cachot. Ne pouvant supporter de voir son père emprisonné, Belle accepte alors de prendre sa place, ignorant que sous le masque du monstre se cache un Prince Charmant tremblant d’amour pour elle, mais victime d’une terrible malédiction.

SAGE FEMME – 13,5/20

Sage Femme : AfficheDe Martin Provost
Avec Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet

Chronique : Comédie dramatique académique dans sa mise en scène, mais souvent brillante dans son écriture, Sage Femme orchestre surtout la rencontre de deux actrices majuscules du cinéma français que Martin Provost a la bonne idée de rassembler pour la première fois. Les Catoche construisent subtilement le rapprochement de ces deux femmes vivant leur solitude de manière totalement opposée, mais dont les vies sont marquées par un manque similaire. Elles vont progressivement se rendre compte qu’elles ont autant besoin l’une de l’autre : en s’imposant avec flamboyance et bagout pour l’une, un peu malgré elle pour l’autre.
Si le personnage incarné par Catherine Frot, rêche, rigide, sérieux, parfois résignée à ne s’épanouir que par son métier, peut sembler un peu écrasé par l’exubérance de Béatrice, leurs rapports vont peu à peu s’équilibrer. La personnalité de Claire va s’épaissir et gagner en nuances alors qu’un désir de vie aux atours d’abord contradictoires va la traverser, notamment au contact de Paul (Olivier Gourmet). Il n’est pas aisé de jouer cette (r)évolution, et il faut tout le talent de Catherine Frot pour y conduire son personnage sans à coup. Quant à Deneuve, elle est truculente, fantasque, et apporte un humour inattendu au film. Elle n’est jamais meilleure que lorsqu’on lui offre des bons mots, qu’elle sait abattre avec une précision chirurgicale. Elle peut alors atteindre des sommets de drôlerie. C’est souvent le cas dans Sage Femme, qui au-delà d’être le théâtre de l’émouvante et enthousiasmante rencontre entre ces deux grandes comédiennes, rend un bel hommage à un métier de l’ombre.
S’il parle finalement de peu de chose, Sage Femme raconte ce rapprochement improbable mais tout sauf artificiel, au bout duquel pointe un espoir revigorant, doux et apaisant. L’espoir d’une deuxième chance.

Synopsis : Claire est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice, ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée.

LOGAN – 13,5/20

Logan : AfficheDe James Mangold
Avec Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen

Chronique : Le baroud d’honneur de Wolverine est un road movie brutal, rêche mêlant sang, métal strident et poussière. Logan navigue entre accès de rage, une puissante mélancolie et un certain pessimisme.
Situé dans un futur proche duquel les mutants auraient été éradiqués, l’épilogue de la saga se pose en western crépusculaire et signe (soigne) les adieu d’un héros fatigué, meurtri et à bout de souffle. Le personnage semble d’ailleurs tendre un miroir à son interprète, comme pour lui signifier qu’il en a aussi terminé avec lui.
Si les sagas et les licences ont nombre de défauts, elles ont le mérite de permettre l’évolution d’une idée ou d’un personnage sur plusieurs films et donc plusieurs années. C’est souvent artificiel et mercantile, mais ce Logan prouve qu’il est possible d’y apporter de la profondeur et une hauteur pas forcément évidente en s’appuyant sur un solide background bien ancré dans l’inconscient collectif.
La mise en scène sèche de James Mangold est certes peu inventive mais elle est efficace et cohérente dans l’expression d’une certaine lassitude et d’une violence latente, captant joliment la lumière brûlante du désert et les volutes de poussière provoquées par les affrontements sanglants.
Logan souffre cependant d’un manque d’ampleur dans son intrigue (le pourquoi du comment excite peu) et d’un côté répétitif. Le principal intérêt de Logan réside dans sa dimension filiale et la notion de transmission, le héros devant à la fois veiller à la santé (physique et mentale) défaillante du Professeur X (parfait Patrick Stewart) et accueillir et protéger Laura, jeune mutante qui a les mêmes pouvoir que lui. Leur relation est foncièrement touchante, grâce notamment à l’interprétation quasi animale de la jeune actrice, une éclatante révélation.
Avec ce final sombre et mélancolique, Hugh Jackman tire en beauté sa révérence à Wolverine.


Synopsis : Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.