TOP 15 SERIES 2018

AfficheDes uppercuts (Big Little Lies, Handmaid’s Tale) , des épisodes comme de petits bijoux (The Crown, Mindhunter, The Deuce), de l’engagement (When We Rise, Dear White People), des performances (Kidman, Foy, Davis, Moss, Oderick, Franco), du made in France (Bureau des Légendes, les Grands), un final terrassant (The Leftovers) … Le meilleur de la TV en 2018 à mes yeux

1 – BIG LITTLE LIES S01
2 – THE HANDMAID’S TALE S01
3 – THE LEFTOVERS S03
4 – THE DEUCE S01
5 – MINDHUNTER S01
6 – THE CROWN S02
7 – LE BUREAU DES LÉGENDES S03
8 – THE AMERICANS S05
9 – ATYPICAL S01
10 – LES GRANDS S02
11 – DEAR WHITE PEOPLE
12 – HOW TO GET AWAY WITH MURDER S04
13 – BETTER CALL SAUL S03
14 – WHEN WE RISE
15 – GOOD BEHAVIOR S02

et bonus : l’intégrale Engrenages (en cours)

TOP 10 FILMS 2018

Cette année, ce sera Top 10, et pas plus!

Vu moins de films, beaucoup de déceptions, peu de claques… Un monde change, ce seront les séries qui  m’auront le plus marqué en 2018 (top à suivre)

1 – LA LA LAND
2 – BLADE RUNNER 2018
3 – 120 BATTEMENTS PAR MINUTE
4 – THE LOST CITY OF OZ
5 – NOCTURNAL ANIMALS
6 – DUNKERQUE
7 – AU REVOIR LA-HAUT
8 – BABY DRIVER
9 – GET OUT
10 – MOONLIGHT

La La Land : AfficheBlade Runner 2049 : Affiche120 battements par minute : Affiche

THE FLORIDA PROJECT – 14/20

The Florida Project : AfficheDe Sean Baker
Avec Brooklynn Prince, Bria Vinaite, Willem Dafoe

Chronique : D’un réalisme percutant, The Florida Project dépeint le quotidien difficile de laissés-pour-compte du rêve Américain. Son réalisateur ancre son récit dans ces motels délabrés qui jouxtent Disneyworld et qui accueillent toute une frange précaire de la population américaine en quête du moindre petit boulot pour s’en sortir. Sa caméra suit Halley, une jeune femme à la dérive tentant de subsister comme elle peut avec sa petite fille de 6 ans, Moonee, qu’elle laisse vagabonder la journée avec les enfants des motels avoisinants.
La charge sociale est certes puissante, mais le réalisateur se garde de tout manichéisme et entoure Halley de toute une gallérie de personnages aux destins, aux motivations et aux parcours bien différents. Leurs interactions créent une ambiguïté autour de la jeune femme, à la fois fragile et provocatrice, mère démissionnaire parfois désarmante et le plus souvent insupportable. Sa relation avec sa fille est au cœur du film, la liberté qu’elle lui laisse par son détachement (qui est tout sauf un manque d’amour, mais plutôt un refus des responsabilités) offrant un portait de gamins joueurs, malpolis et irrévérencieux savoureux. Le naturel et le culot de la petite Moonee peut d’ailleurs par moment être perturbant, tant elle adopte des codes d’adulte, et l’on se demande à quel point la maturité des expressions de la petite fille est réaliste. C’est en tout cas une sacrée révélation.
Sean Baker construit une histoire vive, enjouée et en même temps tragique. Et le jeune homme sait filmer. Il fait preuve d’une grande maitrise, utilisant habilement les décors over the top et très ciné-géniques qu’offrent ses hôtels aux couleurs aberrantes pour faire de certains plans de véritables tableaux pop-art. Il profite des longs couloirs bardés de chambres miteuses pour réaliser des plans séquences qui font croître la tension autour de ses anti-héros et fige la détresse, la naïveté, l’espièglerie ou l’espoir dans des gros plans qui parlent d’eux-mêmes. Et que dire de la direction d’acteurs, Willem Dafoe (parfait) étant l’un des seuls acteurs professionnels au milieu d’amateurs bluffant d’authenticité.
Sans doute trop long d’une bonne demi-heure, The Florida Project peut se réclamer d’un cinéma social américain de plus en plus vigoureux, un cinéma qui met en lumière l’envers du décor d’une société américaine coupée en deux où l’American Way of Life ne produit plus que misère et impuissance. Sean Baker en livre une nouvelle version dans une mise en scène lumineuse.

Synopsis : Moonee a 6 ans et un sacré caractère.
Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents.
Ses incartades ne semblent  pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère.
En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…

A GHOST STORY – 13/20

A Ghost Story : AfficheDe David Lowery
Avec Casey Affleck, Rooney Mara

Chronique : A Ghost Story se regarde comme on parcourt une nouvelle au style littéraire expérimental. On guette la surprise et on questionne l’inattendu. Objet poétique et un peu poseur, le film de David Lowery ne ressemble à pas grand-chose d’existant. Stylisée à l’extrême, sa mise en scène se démarque des standards du genre fantastique de mille façons. Elle privilégie les longs plans séquences parfois déroutants, mise sur l’économie de paroles (pour mieux la rompre dans un exceptionnel monologue sur le sens de l’existence), opte pour une image en 4/3 et aux bords arrondis et une photographie vintage, comme si elle sortait d’un vieux polaroïd, joue des contrastes en appuyant la modernité d’une bande son entêtante, élément majeur du long métrage. Certains plans sont stupéfiants, surtout lorsqu’ils convoquent ce spectre anachronique, fabriqué d’un drap flanqué de deux trous pour les yeux, mais bien plus réel que n’importe quelle image de synthèse. La première partie de Ghost Story renvoie à la violence du deuil, aux jours, aux mois d’après, dans un dualisme opposant l’onirisme du fantôme veillant sur celle qui reste et le réalisme de la souffrance de celle-ci. La deuxième partie se veut plus métaphysique et questionne sur le pourquoi de l’existence, nous entrainant dans une boucle temporelle absolument démente, où tout change sans qu’on ne bouge d’un mètre.
A Ghost Story est une histoire de fantôme peu banale, une rêverie dans un au-delà abstrait et mélancolique. Un ovni aux effets parfois trop appuyés, au récit trop étiré sans doute, mais fascinant dans son exécution.

Synopsis : Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n’a plus d’emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu’il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l’existence et à son incommensurabilité.

STAR WARS, LES DERNIERS JEDI – 11/20

Star Wars - Les Derniers Jedi : AfficheDe Rian Johnson
Avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac

Chronique : N’ayant été que très récemment converti à la force (comprendre que je n’ai jamais été fan dans mon enfance), Le Réveil de la Force m’était apparu comme un très solide divertissement, jouant habilement avec la mémoire collective de plusieurs générations tout en invitant les nouvelles à se plonger dans l’univers Star Wars. Contrairement à beaucoup de fans de la saga, sa proximité avec l’histoire originelle n’avait pas gêné outre mesure le profane que je suis.

Les Derniers Jedi suscitaient donc beaucoup d’interrogations sur la direction que prendrait Rian Johnson. Continuité ou rupture ? Le principal écueil de ce nouvel opus est justement que cette question est omniprésente dans le film sans vraiment obtenir de réponse claire.

On voit clairement les efforts du réalisateur pour éviter à tout prix ce sentiment de redite. Les derniers Jedi doit surprendre, coûte que coûte. Le scénario brise certaines pistes que Le Réveil de la Force avait minutieusement construites, balaie des théories par des twists parfois brutaux, parfois amusants, mais qui n’échappent pas à ce sentiment de tergiverser entre la volonté de ne pas aller là où on l’attend et le nécessaire respect des codes Star Wars. Le résultat est par conséquent bancal, cédant parfois à la facilité et à un humour poussif qui annihile le peu d’émotion que Les derniers Jedi aurait pu provoquer. De grandes batailles homériques alternent avec des passages plus laborieux. Ainsi l’intrigue suivant directement la pourtant très prometteuse scène finale du Réveil de la force et qui voit un Luke cynique et résigné hésiter à transmettre son savoir à Rey est faussement audacieuse, longue et peu spectaculaire. On s’ennuie. Cette même impression de passer à côté de son sujet vaut pour la mission (déjà un peu tirée par les cheveux) de Finn et Rose sur Canto Bight, l’île Casino.
Une grande frustration nait de la superficialité avec laquelle le scénario présente le bestiaire, pourtant d’une richesse incroyable, brièvement aperçu sur Canto Bright. Le sel de la saga était aussi de nous plonger en quelques instants dans des univers immédiatement identifiables, en particulier ses ambiances de tripots sordides où se côtoie toute la lie de l’univers.
D’une manière plus générale, Les Derniers Jedi souffre d’intrigues à la fois trop nombreuses et développées avec trop de légèreté dont les va-et-vient à l’écran souvent abruptes donnent une impression de lourdeur, la faute à un montage peu inspiré.
Heureusement, la plupart de scènes de combats, sans rien révolutionner, sont à la hauteur des attentes. Le baroud d’honneur de la rébellion s’avère être un acte héroïque marquant et la bataille finale est esthétiquement et symboliquement d’une puissance qui rehausse le tout. Cette planète de sel et de terre ocre où se déroule le dernier combat est d’une beauté absolue et son esthétique très sûre confère à la scène quelque chose de mémorable.
Malgré cela, Les Derniers Jedi nous laisse un sentiment mitigé. Certes, la volonté de développer une nouvelle mythologie est louable, mais l’initiative souffre de deux maux trop visibles. D’une part le trait tiré sur les icones passées est d’une grande radicalité et révèle surtout un manque de cohérence et de logique vis-à-vis de tout ce qui a été déjà raconté. D’autre part, et c’est le plus dommageable, le développement des personnages sensés prendre la relève des mythes stagne dangereusement. Rey n’en sait pas beaucoup plus sur ce qu’elle est ou ce qu’elle cherche, Finn s’embourbe dans une histoire sans intérêt et Poe n’existe que comme faire-valoir de la princesse Leia. Seul Ben Solo / Kylo Ren tire un peu son épingle du jeu. Mais c’est aussi parce que son statut est connu et encore, son parcours psychologique n’est pas présenté avec une grande finesse, c’est le moins que l’on puisse dire. S’il demeure le personnage le plus intéressant de cette nouvelle trilogie, c’est aussi grâce à la performance de Adam Driver, qui parvient à lui donner un certain relief. On attendait ainsi beaucoup de l’évolution de sa relation avec Rey, qu’on devine essentielle dans le récit, mais elle tourne en rond, chacun jonglant artificiellement entre les deux côtés de la Force. Et cette idée du champ contre champ pour matérialiser la façon dont ils communiquent est aussi cheapouille et déroutante que l’action en mode Superman de Leia…
Les Derniers Jedi pâtit d’un réel manque d’envergure, de noirceur et de trop de maladresses pour en faire l’épisode clé de cette nouvelle trilogie. Si la radicalité du changement de vision n’est pas en soi à blâmer, c’est le manque de matière et d’idées dans les nouveaux enjeux qui laissent perplexes. Et la mort de Carrie Fisher ne doit pas arranger la production, qui semblait vouloir faire du Réveil de la Force le film de Han Solo, Les Derniers Jedi celui de Luke et la conclusion celui de Leïa.
Vu l’indécision qui a visiblement fortement marqué Les Derniers Jedi, on peut légitimement avoir quelques doutes sur la consistance du grand final annoncé pour dans deux ans. Mais on ne demande qu’à être surpris. Positivement.

Synopsis : Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…

COCO – 12,5/20

Coco : AfficheDe Lee Unkrich, Adrian Molina

Chronique : Pixar prend l’accent latino et nous embarque dans la très colorée, festive et spirituelle Dia de los Mortes (Fête des morts au Mexique). C’est forcément très alléchant. Et la proximité de Coco avec des thèmes sur lesquels se sont construits les plus beaux chefs-d’œuvre du studio rend l’aventure particulièrement excitante. Le réalisateur Lee Unkrich convoque ainsi des thèmes chers au studio, comme les liens sacrés de la famille ou la force du groupe, la découverte de soi et de la dureté du monde, l’émancipation ou encore la fin de l’innocence et le temps qui passe. On reconnaitra aussi l’audace de la firme à la lampe qui se lance dans la production d’un film familial et joyeux en prenant la mort comme sujet central. C’est quand même assez couillu.
Le résultat est visuellement splendide. L’animation a encore progressé, en particulier dans le rendu des personnages humains (ah le visage de Mama Coco !). La mise en scène est vive, inventive, le design riche et coloré, le film fourmille d’idées, de gags et de mignoneté.
Alors pourquoi reste-t-on sur sa faim ?
Le scénario fonctionne et se déploie avec fluidité, alternant humour et émotion plutôt efficacement, mais il ne surprend jamais. Coco repose sur des recettes déjà bien usées, et on pense souvent à Vice-Versa (le monde des morts vs le monde des émotions) ou Là-haut (la recherche de l’idole). Mais il n’atteint jamais la puissance émotionnelle et évocatrice de ces deux-là.
Il y a dans le nouveau Pixar quelque chose de mécanique qui, s’il ne mène pas à la catastrophe Dory, crée une réelle frustration au regard de la richesse de l’univers abordé. Tout est bien, mais il manque de scènes fortes et paradoxalement de poésie, alors que le sujet de la communion entre les vivantes et les morts laissaient espérer de beaux moments d’onirisme…
Si Coco déçoit, c’est surtout du fait des attentes qu’il a suscité. On a du mal à se faire à l’idée que Pixar puisse radoter et ne parvienne plus à se réinventer à chaque fois. Il faut maintenant parfois se contenter d’un très bon film d’animation à la direction artistique merveilleuse. Ce qu’est Coco.

Synopsis: Depuis déjà plusieurs générations, la musique est bannie dans la famille de Miguel. Un vrai déchirement pour le jeune garçon dont le rêve ultime est de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto de la Cruz.
Bien décidé à prouver son talent, Miguel, par un étrange concours de circonstances, se retrouve propulsé dans un endroit aussi étonnant que coloré : le Pays des Morts. Là, il se lie d’amitié avec Hector, un gentil garçon mais un peu filou sur les bords. Ensemble, ils vont accomplir un voyage extraordinaire qui leur révèlera la véritable histoire qui se cache derrière celle de la famille de Miguel…