Réalisé par Stéphane Brizé
Avec Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner
Synopsis : A 48 ans, Alain Evrard est obligé de retourner habiter chez sa mère. Cohabitation forcée qui fait ressurgir toute la violence de leur relation passée. Il découvre alors que sa mère est condamnée par la maladie. Dans ces derniers mois de vie, seront-ils enfin capables de faire un pas l’un vers l’autre ?
Avis : Stéphane Brizé prend le temps. Beaucoup de temps. Il prend le temps de mettre en place son sujet, d’installer ses personnages, de les confronter, pour au final créer une ambiance très singulière. Il imprime à son film le rythme de la quotidienneté, une petite musique routinière qui accompagne de façon assez pesante ce couple mère/fils mutique, qui ne communique que par des regards méfiants et provocateurs. Le réalisateur fait appel à de longs plans-séquences, parfois exagérément étirés, pour rendre compte de ce climat parfois étouffant, laissant le temps à ses acteurs d’exprimer toutes les nuances de cette confrontation sourde. Sauf quand ça explose. On connaît le jeu parfaitement maitrisé de Lindon, remarquable d’investissement et de réalisme. On redécouvre la formidable et trop rare Hélène Vincent (Oui, Madame Le Quesnois), magistrale et bouleversante en mère d’une incroyable dureté et d’un aplomb finalement assez fragile avant d’affronter la mort. Elle porte les stigmates évidents d’une vie de frustrations et de dévouement forcé (on devine le poids énorme de la figure paternel, aujourd’hui absent, dans sa relation avec son fils)
Si la mort est le sujet du film (traité avec pudeur et sans jugement), sa principale force réside dans les tensions et l’incommunicabilité qui résident entre cette mère et ce fils, cet amour contrarié par de trop nombreux non-dits.
On peut reprocher à Quelques jours de printemps une langueur et une lenteur excessive. Mais ce choix est sans doute nécessaire pour nous accompagner jusqu’à cette dernière scène, terrassante, qui vous laissera sans voix et les jambes coupées de longues minutes après le générique de fin. Grosse poussière dans l’œil au moment de sortir de la salle…