Avec Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway
Synopsis : Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d’amour malheureux, de passion, de
sacrifice et de rédemption : l’affirmation intemporelle de la force inépuisable de l’âme humaine. Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.
Avis : Avec la légèreté et la finesse d’un troupeau d’éléphants déboulant dans les rues de Paris, l’adaptation du mythique Musical Miz par le pourtant oscarisé Tom Hopper (pour le formidable mais très classique Discours d’un Roi) se rate dans les grandes largeurs (ou longueurs devrait-on dire). D’une pesanteur terrifiante et terriblement daté, les Misérables fait preuve d’un manque d’audace assez incompréhensible.
Le projet était pourtant ambitieux. Donner vie sur grand écran à un monument de Broadway inspiré du chef-d’œuvre de Victor Hugo. On pouvait légitimement penser que le passage au cinéma offrirait d’innombrables possibilités à Hooper, qui n’aurait pas à se soumettre aux contraintes d’un lieu fermé et fini. On imaginait déjà les mouvements de foules, les jeux de caméras, une utilisation de l’espace dynamique, on espérait être surpris par des effets novateurs et inventifs et être emporté par la vigueur d’une mise en scène racée qui se démarquerait naturellement du matériau original en densifiant les personnages.
Que nenni ! Il se contente de dupliquer fidèlement, quasi-religieusement, l’emblématique comédie musicale. Pire, les scènes qui pouvaient avoir de l’ampleur sur scène, car vivantes et visuelles, deviennent systématiquement timides et fades, quand elles ne sombrent pas dans le pathos ridicule, devant la caméra de Hooper.
Tout est étriqué, confiné, petit bras, comme si l’idée était de retrouver l’esprit d’une troupe se produisant dans un théâtre. Sauf que ça ne fonctionne pas du tout, le théâtre ne se filme pas. Même la scène hautement dramatique et potentiellement très cinématographique des barricades tombe à plat.
Le seul pari audacieux tenté par le réalisateur, celui de faire chanter ses acteurs «live», se révèle être un véritable fiasco. Expérience d’autant plus douloureuse qu’il a aussi pris le parti de conserver l’intégralité de la partition chantée, sans intégrer de passages joués (ou si peu).
On peut comprendre la volonté de Hooper de caster des acteurs renommés pour se rassurer sur l’interprétation. Sauf qu’ils se débattent avec des personnages de comédie musicale binaires et peu complexes, d’où le réflexe assez naturel d’accentuer l’outrance du jeu. Mais ce n’est pas le plus gros problème. Le plus pénible, c’est que ça chante très mal (quand ça ne chouine pas…). Les acteurs font ce qu’ils peuvent, mais ce ne sont pas des chanteurs et ça s’entend.
La palme revenant à Hugh Jackman dont la voix chevrotante fait saigner les oreilles. Mais vraiment.
Et comme le réalisateur se contente la plupart du temps de filmer les acteurs pendant qu’ils poussent la chansonnette et que le film ne s’articule qu’autour de deux, trois thèmes musicaux, c’est long, très long… Tout le monde n’a pas le charisme de Colin Firth pour nous happer sur un discours royal d’un quart d’heure…
Pénible, interminable et indigeste. Misère, misère….