IRON MAN 3 – 12,5/20

Iron Man 3Réalisé par Shane Black
Avec Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Don Cheadle

Synopsis : Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?

Avis : Après le très décevant numéro 2, barnum épuisant en guise d’introduction au film somme Avengers, Shane Black prend la main sur la franchise avec pour mission de lui redonner le peps et l’ironie qui parcouraient le premier opus. Sachant qu’il s’agit du papa de l’Arme Fatale et qu’il a littéralement ressuscité Robert Downey Jr il y a 10 ans avec l’excellent Kiss Kiss Bang Bang, on avait des raisons de lui faire confiance.

Le résultat ne déçoit pas et assure parfaitement sa mission de divertissement mainstream. En se concentrant sur Stark lui-même et ses angoisses post-New York (cf Avengers), Iron Man 3 suit un angle plus introspectif (toutes proportions gardées, hein, on est quand même loin du cinéma d’auteur), et s’appuie sur la solide interaction entre Pepper et Stark. Laissant de côté son agaçant cabotinage, Downey Jr redevient l’acteur fin et sarcastique du premier volet et Gwyneth Paltrow voit enfin son personnage gagner en épaisseur. Leur couple est un des atouts du film, au même titre que les bad guys, particulièrement réussis. Le Mandarin interprété par Ben Kingsley est un régal (même s’il risque de ne pas beaucoup plaire aux fans du comic). Evidemment Iron Man 3 est fidèle à l’humour potache et très visuel attaché à la licence et au personnage, sans pour autant sombrer dans l’excès du précédent opus. Il réserve en outre quelques twists assez intéressants, dont un particulièrement jouissif. Ceci dit le scénario en tant que tel est assez faiblard et l’intrigue passionne peu. La mise en scène souffre en outre de plusieurs baisses de rythme assez préjudiciables et on passera sur ses multiples invraisemblances. Mais la succession de scènes de combats spectaculaires, l’humour et la qualité de l’ensemble du casting suffisent à lui garantir un capital sympathie incontestable.
Avec la récente prise en main de l’univers Marvel par Disney, on n’en attendait pas forcément plus.

L’ÉCUME DES JOURS – 12/20

L'Ecume des joursRéalisé par Michel Gondry
Avec Romain Duris, Gad Elmaleh, Omar Sy, Audrey Tautou

Synopsis : L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

Avis : Adapter sur grand écran le roman culte de Boris Vian est un des défis qui hante depuis des décennies le cinéma français, une entreprise que personne n’avait jusque là réussi à concrétiser. La faute à un matériau complexe, dense, flirtant avec l’absurde mais surtout basé sur une rythmique littéraire à la poésie très singulière. Il fallait toute l’audace, l’inventivité et l’esprit un brin foutraque de Michel Gondry pour traduire l’univers très particulier de l’Ecume des jours.
Visuellement, le réalisateur s’en sort haut la main. En préférant les effets mécaniques (à l’ancienne pourrait-on dire) à la surenchère numérique, Gondry respecte assez fidèlement l’esprit du roman. Ses personnages évoluent dans un Paris fantasmé où ils croisent des objets hybrides et autonomes à l’utilité incertaine. La mise en scène foisonne d’idées aussi géniales qu’inventives, tirées de l’œuvre originale ou créées pour l’occasion. L’ensemble donne au film un effet à la fois retro-futuriste et intemporel qui contribue à renforcer la filiation avec l’esprit de Vian. Le rétrécissement progressif des champs et des espaces, le confinement des lieux, la noirceur de plus en plus marquée de la photographie (qui aboutira à un très beau noir & blanc), rend également bien compte du côté désespéré de cette histoire fatalement tragique, malgré son apparente légèreté. Et illustre plus ou moins clairement les thèmes abordés dans le roman, la solitude des êtres au milieu de foules impersonnelles, l’abrutissement du travail, l’antimilitarisme, l’anticléricalisme, l’addiction et la dépendance…
Parce que l’Ecume des jours est surtout une déchirante love story, entre deux enfants qui se trouvent et s’aiment dans un monde flou et impersonnel, jusqu’à ce que la maladie les heurte de plein fouet.

Alors pourquoi l’Ecume des jours n’est-il pas totalement convaincant? Parce que si l’ambition de Gondry de réaliser une œuvre exigeante est louable, elle est à double tranchant. Sa mise en scène riche et fantasque prend le dessus sur le souffle romanesque qui aurait du balayer le film, même s’il n’est pas forcément très présent dans le roman. Le passage à l’écran nécessite une incarnation plus marquée des personnages. Or le film souffre parfois de très préjudiciables de chutes de tension, avec des acteurs en roue libre qui semblent sortir par instant de leurs rôles. Le casting est d’ailleurs un des points faibles de l’Ecume des jours. Pas forcément que les acteurs ne jouent pas bien, mais choisir des comédiens frôlant la quarantaine pour interpréter des ados ayant à peine vécu est un contre-sens assez manifeste. L’histoire de Chloé et Colin est celle d’un amour mort-né, celle de deux enfants ayant à peine le temps d’entrer dans leur vie d’adulte que la mort les rattrape déjà. Difficile à croire avec Duris et Tautou…

L’adaptation de l’Ecume des jours ne relève donc pas au final du crime de lèse-majesté, mais n’est qu’un pari à moitié gagné…

PERFECT MOTHERS – 12/20

Perfect MothersRéalisé parAnne Fontaine
Avec Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel

Synopsis : nséparables depuis le premier âge, Lil et Roz vivent en parfaite osmose avec leurs deux enfants, deux jeunes garçons à la grâce singulière et qui semblent des prolongements d’elles-mêmes. Les maris sont absents. Inexplicablement, et pourtant comme à l’évidence, chaque femme se rapproche du fils de l’autre, nouant avec lui une relation passionnelle.
A l’abri des regards, dans un Eden balnéaire presque surnaturel, le quatuor va vivre une histoire hors norme jusqu’à ce que l’âge vienne mettre un terme au désordre. En apparence, du moins…

Avis : Perfect Mothers débute par une introduction peu engageante… Maladroite et exagérément appuyée par des sauts temporels très clichés (les enfants sur des planches de surfs qui se transforment en homme au passage d’une vague….), elle insiste lourdement sur le fait que Lil et Roz se connaissent depuis l’enfance et fréquentent par conséquent leurs fils respectifs depuis leur naissance. Pourtant ce huis-clos incestueux dans lequel chacun des fils semble reporter son Œdipe sur la meilleure amie de sa mère échappe au ridicule que les premières images et le sujet lui-même laissait craindre.
Le cœur de l’intrigue tient en effet étonnamment bien la route, grâce au talent de Anne Fontaine pour sonder l’âme bourgeoise, ses frustrations, ses fantasmes. Abordée dans beaucoup des ses films (La fille de Monaco, Entre ses mains, Nettoyage à sec…), la frontière entre moralité et devoir, entre désirs et convenances est une nouvelle fois subtilement traitée. Sa caméra se veut assez naturaliste et filme de près les visages sans fard aux traits marqués de ses actrices, contrastant avec les corps parfaits et juvéniles des deux adolescents. Si le récit reste crédible, il le doit à ses deux magnifiques actrices assumant fièrement leur âge, et plus particulièrement à Robin Wright, superbe, altière, et hautement désirable.
Ceci dit, le film souffre de défauts notoires assez fréquents dans les adaptations. Certains raccourcis ou effets narratifs qui devaient aller de soi à la lecture du roman supportent mal le passage au grand écran, anesthésiant parfois le souffre de la romance. Le dénouement, expédié et hystérique, ne rend pas non plus justice à la sensualité dans laquelle baigne le film le reste du temps.

EFFETS SECONDAIRES – 12,5/20

Effets secondairesRéalisé par Steven Soderbergh
Avec Rooney Mara, Jude Law, Catherine Zeta-Jones

Synopsis : Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…

Avis : S’il ne révolutionne pas le genre, Effets Secondaires fait cependant très correctement le job. Mis en scène efficacement et élégamment par le pré-retraité stakhanoviste Soderbergh, et soutenu par une musique entêtante qui maintient (parfois artificiellement) un suspense permanent, ce thriller d’ambiance joue parfaitement avec le spectateur, l’emmenant sur des fausses pistes et se parant de faux-semblants (Vous pensiez voir un brûlot sur l’industrie pharmaceutique, vous allez être surpris).
Soderbergh prend le temps d’installer le cadre et les personnages dans une formidable première partie, quitte à un peu bâcler la seconde moitié. Sans trop dévoiler de l’histoire, un des arcs du film axé sur un personnage en particulier se révèle un poil faiblard et tiré par les cheveux, empêchant Effets Secondaires d’être tout à fait convaincant. Soderberg se heurte ici, dans une moindre mesure, au même problème que sur Contagion avec des intrigues trop vite expédiées et des personnages (ici un, donc) survolés, malgré un vrai potentiel.
Reste qu’il parvient à surprendre et à ne jamais ennuyer, ce qui est finalement ce qu’on demande en priorité à un thriller. Et tant pis si le scénario n’est pas forcément à la hauteur des attentes.
On se contentera donc très volontiers de l’art toujours très sûr du réalisateur, de jolis effets récréatifs et de la performance très haut de gamme du duo Rooney Mara/Jude Law.

SUGAR MAN – 14/20

Sugar ManRéalisé par Malik Bendjelloul
Avec Sixto Díaz Rodríguez, Stephen Segerman, Dennis Coffey

Synopsis : Au début des années 70, Sixto Rodriguez enregistre deux albums sur un label de Motown.
C’est un échec, à tel point qu’on raconte qu’il se serait suicidé sur scène. Plus personne n’entendit parler de Rodriguez. Sauf en Afrique du Sud où, sans qu’il le sache, son disque devint un symbole de la lutte contre l’Apartheid. Des années plus tard, deux fans du Cap partent à la recherche de “Sugar Man”. Ce qu’ils découvrent est une histoire faite de surprises, d’émotions et d’inspiration.

Avis : Documentaire à la fois élégant et sidérant, Sugar Man fascine autant par l’incroyable histoire qu’il narre que par l’étonnant personnage qui l’a inspirée.
Au départ, une enquête assez classique qui part sur les traces d’un chanteur incompréhensiblement inconnu aux Etats-Unis, mais devenu culte en Afrique du Sud où son premier album constituait la bande-son d’une génération luttant contre l’Apartheid. La question n’est pas alors de savoir si Rodriguez est mort, mais comment il est mort. La légende voudrait qu’il se soit immolé sur scène… Le jeu de piste va alors prendre un tour inattendu, d’une magnifique absurdité. Cet artiste vénéré par tout un peuple, ignoré partout ailleurs, est bel et bien vivant, à Detroit, ignorant tout de l’impact qu’a pu avoir sa musique à l’autre bout du monde.
A partir du moment où Rodriguez apparait à l’écran, le documentaire, jusque-là polar efficace, prend une autre dimension et se mue en un portrait émouvant et délicat d’un homme humble, droit et secret. Sa rencontre avec le peuple sud-africain est à ce titre éloquent. Bouleversant même.
Sans effet manifeste, le réalisateur parvient avec habileté à jongler avec les deux pans de son histoire, maintenant  un suspense efficace tout en délivrant des émotions inattendues.
Une histoire rafraichissante et fascinante, sans doute la plus singulière que l’industrie du disque n’ait jamais connue et  ne connaitra sans doute plus jamais.
Et les chansons folk de Rodriguez qui accompagnent ce voyage, en particulier Sugar Man, sont superbes…