Séries | THE BOLD TYPE S05 – 14/20 | MES PREMIÈRES FOIS S02 – 14/20 | LOVE, VICTOR S02 – 13/20

THE BOLD TYPE S05 (Prime Video) – 14/20

Une série toujours aussi enthousiasmante, drôle, légère sur la forme et puissante sur le fond. S’il ne faut pas toujours s’arrêter au réalisme du parcours professionnel des trois héroïnes (qu’on aime tellement), elles sont constamment confrontées à leurs contradictions et à leurs biais sociétaux pour mieux traiter, même avec une apparente futilité, de sujets importants.
Mine de rien, une grande série féministe

MES PREMIERES FOIS S02 (Netflix) – 14/20

Cette deuxième saison est principalement axée sur le triangle amoureux Devi/ Ben / Paxton mais n’oublie pas de développer aussi ses personnages secondaires pour aborder plus en profondeur les questions d’identité (sexuelle et culturelle). Mes Premières Fois affine également son humour ravageur. C’est très, très drôle.


LOVE VICTORE S02 (Disney+) – 13/20

Victor est out, mais le plus compliqué n’est pas forcément derrière lui. Il doit gérer le difficultés des parents à digérer la nouvelle, le fait d’être en couple, et d’être à son tour un modèle. Mais c’est Felix, le meilleur ami, dont l’histoire est la plus intéressante et son acteur, Anthony Turpel, vole la vedette.
Dans l’ensemble la série reste choupi et fleur bleue comme tout. C’est absolument prévisible, mais magré tout accrocheur (avec un joli clifhanger en plus)
Et puis rien que le fait qu’elle existe sur Disney + est important.

Cinéma | DUNE – 15/20

De Denis Villeneuve
Avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac

Chronique : Après avoir excellé dans le thriller psychologique, policier ou un peu des deux (le triptyque Incendies / Prisoners / Sicario), Denis Villeneuve s’est brillamment tourné vers la science-fiction avec deux œuvres majeures et sublimes, le terrassant Premier Contact (pour moi l’un des meilleurs films SF de ces 20 dernières années) et le sequel très réussi de Blade Runner.
S’il y avait bien un réalisateur armé pour s’attaquer à une œuvre fantastique réputée inadaptable (Dune en l’occurrence), c’était bien lui. Et Villeneuve ne déçoit pas.
Il pose les bases d’une fresque monumentale et contemplative, que la musique solennelle de Hans Zimmer et une photographie à tomber finissent d’imposer d’emblée comme un film qui comptera.
Le réalisateur canadien extirpe la sève opératique de la mythologie rêche et complexe du roman de Franck Herbert pour en livrer une vision cohérente et lisible. Le récit prend son temps mais n’ennuie jamais, construisant méthodiquement un univers d’une richesse visuel et narrative folle.
Déjà au cœur de Premier Contact, les thématiques du langage et de la filiation structurent un scénario qui devra écrire le destin messianique de son jeune héros, une trajectoire qu’il devine plus qu’il ne comprend pour l’instant.
Villeneuve trouve ainsi un matériau idéal à modeler, qu’il peut élever grâce à la précision et l’ampleur d’une mise en scène jamais mise en défaut. Elle déploie une puissance visuelle hors norme à la beauté hypnotique.
Aussi à l’aise pour chorégraphier d’imposantes scènes d’actions aux effets spéciaux colossaux que pour filmer la magnificence d’un coucher de soleil dans le désert ou pour saisir les drames et manigances qui se trament dans les palais, Villeneuve parvient à mêler le spectaculaire et l’intime, confirmant qu’il est, peut-être encore plus que Nolan, la figure de proue du blockbuster d’auteur. A ce titre il peut s’entourer des acteurs les plus talentueux du moment et son Dune scintille d’un casting étincelant au sein duquel Timothé Chalamet prouve qu’il peut porter un tel projet sur ses frêles épaules. Rebecca Ferguson et Charlotte Rampling livrent les prestations les plus marquantes, mais on ne relève aucune fausse note chez Jason Momoa, Zendaya (qu’on voit trop peu), Oscar Isaac, Stellan Skarsgard (méconnaissable) ou Josh Brolin.
Amorce impressionnante d’une épopée dont on sait n’avoir vu que la surface, le Dune de Villeneuve est aussi satisfaisant que frustrant. Espérons vraiment que Warner Bros lui permettra d’achever son adaptation et qu’il puisse nous offrir (sur grand écran) son épique conclusion. Et le plus tôt sera le mieux !

Synopsis : L’histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s’il veut préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre…

Cinéma | BAC NORD – 13|20

De Cédric Jimenez
Avec Gilles Lellouche, François Civil, Karim Leklou

Chronique : Au-delà des réserves légitimes qu’on peut avoir sur le projet (on y reviendra), Bac Nord fait preuve d’une efficacité dans son écriture et d’une puissance dans sa mise en scène pas si fréquentes dans le cinéma français. Une montée en tension implacable accompagne les trois flics jusqu’au point d’orgue du film, l’intervention de la BAC dans une cité hostile. Scène coup de poing impressionnante, précise et suffocante, ce tour de force finit d’illustrer la force de la réalisation de Cédric Jimenez, très à l’aise pour immerger ses personnages dans des situations très inconfortables (il l’avait déjà brillamment démontré dans la French, polar sanguin sur le grand banditisme marseillais dans les années 70 qui révélait réellement Gilles Lellouche). Nerveuse et anxiogène, sa mise à scène capture parfaitement l’urgence et le mélange de peur, d’excitation et de ras le bol qui anime les brigades en mission.
Si Bac Nord adopte quasi exclusivement le point de vue des flics, le constat sur les quartiers perdus de la République n’est pas nouveau, il est en cela complémentaire de l’indispensable Les Misérables, portrait d’une jeunesse des cités livrée à elle-même et qui offrait lui aussi des scènes saisissantes de violences urbaines.
Non, ce qui embarrasse dans Bac Nord, c’est surtout que le film peut être apparenté à une entreprise de réhabilitation pour les policiers impliqués dans le scandale, et ce alors que le jugement n’a pas encore été rendu (le parquet ayant fait appel, 12 des 18 anciens baqueux concernés par l’affaire vont être rejugés). Or le charisme et le bagou du trio d’acteurs qui incarne les principaux protagonistes leur confèrent une évidente humanité. C’est évidement problématique. D’autant plus que le film, en se concentrant sur les trois flics, leurs motivations, leurs frustrations, leurs erreurs, passe à côté d’une critique objective de la police et ses disfonctionnements. C’est sa (grosse) limite.

Synopsis : 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

Cinéma | UN TRIOMPHE – 14/20

De Emmanuel Courcol
Avec Kad Merad, David Ayala, Sofian Khammes, Lamine Cissokho, Pierre Lottin

Chronique : Librement adapté d’un fait divers Suédois assez invraisemblable et transposé en France (à Lyon plus exactement), Un Triomphe est remarquable dans sa structure et son écriture, évitant tout angélisme et tachant de rester constamment dans la mesure sans pour autant étouffer l’émotion. Le réalisateur sait qui sont ses héros et ne cherche jamais à les glorifier, plaçant régulièrement des garde-fous dans ses excellents dialogues pour éviter de se complaire dans le « feel good movie » qu’Un Triomphe est par nature.
Vibrant hommage au théâtre et à ceux qui le font, bien plus qu’une étude sur le milieu carcéral français (peu développé et dont le réalisme est questionnable), le film est aussi drôle qu’il dissèque parfaitement les étapes et les mécanismes de la création d’un spectacle vivant.
Le ressort comique tient évidemment au statut de détenus des apprentis comédiens, mais on ne rit jamais à leur dépend. La principale réussite d’Un Triomphe est de parvenir à traduire à l’écran la constitution d’un esprit de troupe, d’y voir se matérialiser ce qu’est l’essence même du théâtre. Etienne (Kad Merad) en est le vecteur et le garant, animé aussi bien par son envie de transmettre sa passion pour son métier que par un intérêt plus personnel. A travers ce personnage de comédien quinqua qui peine à trouver des rôles à jouer, le côté moins glamour et plus douloureux, parfois ingrat, du métier est aussi évoqué, celui où l’on passe de la lumière à l’ombre en 3 coups de bâton. Kad endosse ses rêves de triomphe et de réhabilitation avec une énergie communicative, un aplomb, et ce qu’il faut d’ambiguïté. Il livre l’une des ses prestations les plus solides entre Baron Noir et Je vais bien, ne t’en fais pas (n’égalant pas cependant Jean-Michel Apeuprès). C’est l’élément fédérateur de ce petit groupe de pieds-Nickelés qu’il laissera briller et occuper le devant de la scène, bien conscient qu’il pourra à terme en tirer profit.
Pour rendre tout ça crédible, il fallait qu’il soit entouré d’acteurs à sa hauteur pour incarner les détenus, et ils sont tous excellents. Mention pour Sofian Khammes (déjà impressionnant dans la Nuée) et Pierre Lottin (révélé par les Tuches) qui livre la prestation la plus émouvante.
Une excellente surprise.

Synopsis : Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine. Inspiré d’une histoire vraie.

Cinéma | SHANG-CHI – 13/20

De Destin Daniel Cretton
Avec Simu Liu, Tony Leung, Awkwafina

Chronique : Annoncé un peu sur la pointe des pieds et défendu par une première bande-annonce ratée, Shang-Chi suscitait chez moi un niveau d’intérêt proche de zéro. Mais les premiers retours dithyrambiques ont ravivé une curiosité un peu en berne autour des prochains projets Marvel (Spider-man No Way Home mis à part).
Si je ne partage pas totalement la hype générale autour du film, admettons que le premier super-héros asiatique adapté sur grand écran bénéficie d’une introduction solide et consistante, qui lance réellement la phase 4 du MCU après les appetizers seriels (Wanda, Faucon et Loki) et l’hommage à Black Window.
Shang-Chi apporte une fraîcheur bienvenue aux canons Marvel, même s’il reste globalement dans les rails de ces prédécesseurs en associant humour, action et easter eggs, tout en s’ouvrant vers un futur partagé. Mais il le fait bien. Comme souvent chez Marvel, le casting est la pierre angulaire du projet. Simu Liu balaie rapidement les doutes autour de sa capacité à incarner un Avenger. Au-delà d’un charisme évident et d’une condition physique indiscutable, il forme un couple de comédie très amusant avec l’excellente Awkwafina. En les entourant de deux icônes mythiques du cinéma asiatique, Tony Leung et Michelle Yeoh, la réalisatrice s’offre une caution prestigieuse pour dérouler une histoire mêlant modernité toute yankee et légendes ancestrales orientales.
Si son scénario (très) prévisible ne révolutionne rien, il capitalise sur une back story familiale dense, abordant des thématiques comme le deuil ou le poids de l’héritage et du libre arbitre dans l’accomplissement de sa destinée, des thématiques que n’aurait pas renié la maison mère. Shang-Chi est le Marvel le plus Disneyien filmé jusqu’à présent, par son histoire (la tragédie familiale), sa narration (l’humour et le chemin jusqu’au combat final), mais aussi son imaginaire merveilleux et féérique (les bêbêtes et les monstres). Ne manque que les chansons (quoiqu’on a le droit à des karaokés). Un peu trop enfantin à mon goût, mais relevé par des combats superbement chorégraphiés entre danses hypnotiques et arts martiaux brutaux.
Inclusif par nature, intelligemment et respectueux dans sa manière d’introduire ses héros asiatiques dans le MCU, Shang-Chi n’est pas exempts de défauts (des longueurs, des effets spéciaux parfois approximatifs, un final trop chargé, quelques lourdeurs), mais s’impose parmi les introductions les plus divertissantes que nous a offert Marvel.

Synopsis : Shang-Chi va devoir affronter un passé qu’il pensait avoir laissé derrière lui lorsqu’il est pris dans la toile de la mystérieuse organisation des dix anneaux.