MAMMUTH – 6,5/10

 

Mammuth

 
Synopsis : Serge Pilardosse vient d’avoir 60 ans. Il travaille depuis l’âge de 16 ans, jamais au chômage, jamais malade. Mais l’heure de la retraite a sonné, et c’est la désillusion : il lui manque des points, certains employeurs ayant oublié de le déclarer ! Poussé par Catherine, sa femme, il enfourche sa vieille moto des années 70, une " Mammut " qui lui vaut son surnom, et part à la recherche de ses bulletins de salaires. Durant son périple, il retrouve son passé et sa quête de documents administratifs devient bientôt accessoire…
 
Avis : Avec son image volontairement un peu crade, au grain grossier, un peu comme un vieux polaroïd animé, Mammuth ne tente pas de séduire formellement. Et pourtant ce choix assez radical lui confère un charme indéniable. Cela fonctionne aussi surtout parce que Delépine et Kerven ne posent pas leur caméra n’importe où, et proposent un montage et des plans vraiment intéressants, s’appuyant justement sur cette image faussement hésitante (jeu sur la lumière, les arrière-plans…). Un cadre idéal pour que s’exprime l’énorme talent de Depardieu, à la fois rustre et touchant en jeune retraité bourru, servi par des dialogues parfois dignes des meilleurs films de Blier. Il est parfaitement accompagné dans ce road-movie décalé, burlesque, poétique et parfois trash par Yolande Moreau, Anna Mougladis, Adjani et Poelvoorde qui fait une apparition.
Un ovni à voir.

ADELE BLANC-SEC – 6/10

 

Adèle Blanc-Sec

 
Synopsis : En cette année 1912, Adèle Blanc-Sec, jeune journaliste intrépide, est prête à tout pour arriver à ses fins, y compris débarquer en Égypte et se retrouver aux prises avec des momies en tout genre. Au même moment à Paris, c’est la panique ! Un œuf de ptérodactyle, vieux de 136 millions d’années, a mystérieusement éclos sur une étagère du Jardin des Plantes, et l’oiseau sème la terreur dans le ciel de la capitale. Pas de quoi déstabiliser Adèle Blanc-Sec, dont les aventures révèlent bien d’autres surprises extraordinaires…
 
Avis : Les aventures de l’intrépide journaliste sont joliment emballées, notamment à travers la représentation du Paris du début du siècle dernier. Mais il manque quelque chose pour donner ce que Besson voulait sans doute présenter, une sorte d’Indiana Jones féminin. Le film est trop plan plan pour rivaliser avec ses modèles américains, manquant de rebondissements, d’humour. D’aventure quoi. Le film, sans être désagréable à suivre, ne décolle jamais vraiment et nous laisse sur notre faim. Le pari Louise Bourgoin n’est pas loin d’être réussi, même si l’on sent une certaine retenue dans son jeu. Elle est étrangement plus convaincante dans l’émotion que dans l’humour et la joyeuse folie qui l‘avait révélée.

AJAMI – 7,5/10

 

Ajami

 
Synopsis : Le quartier d’Ajami, à Jaffa, est un lieu cosmopolite où cohabitent Juifs, Musulmans et Chrétiens. Le jeune Nasri, âgé de 13 ans, et son grand frère Omar vivent dans la peur depuis que leur oncle a tiré sur un membre important d’un autre clan. Malek, un jeune réfugié palestinien, travaille illégalement en Israël pour financer l’opération que sa mère doit subir. Binj, palestinien, rêve d’un futur agréable avec sa petite amie chrétienne. Dando, un policier juif recherche désespérément son jeune frère disparu… L’histoire de destins croisés au coeur d’une ville déchirée
 
Avis : Plongée intense et morcelée dans le quartier israélien du même nom, Ajami percute et passionne. Par son histoire tout d’abord, découpée en 5 parties et autant d’intrigues qui finiront par se croiser et donner les clés de ce thriller brillamment construit. Malgré sa complexité, le récit est d’une grand fluidité et nous immerge avec neutralité dans les communautés qui composent ce quartier (Musulmans, Juifs et Chrétiens). Les personnages sont finement présentés, le rythme savamment entretenu et le suspens quasi-permanent.  Par son casting ensuite, impressionnant de vérité, de retenue et d’homogénéité. Par sa réalisation enfin, réaliste et enlevée, jamais dans l’esbroufe tout en imposant un certain esthétisme et un découpage judicieux et efficace. Prenant, haletant et bouleversant.

TETE DE TURC – 5/10

 

Tête de Turc

 
Synopsis : Un geste, et tout bascule. Un adolescent de 14 ans, un médecin urgentiste, un flic en quête de vengeance, une mère qui se bat pour les siens, un homme anéanti par la mort de sa femme voient leurs destins désormais liés. Alors que le médecin passe plusieurs jours entre la vie et la mort, les événements s’enchaînent et tous seront entraînés par l’onde de choc.
 
Avis : Lorgnant vers les polars sophistiqués  comme Collision ou 21 gramms, Tête de turc, malgré de réelles qualités formelles, est à des années lumière de rivaliser avec ses modèles. Le scénario est trop léger pour les ambitions de son réalisateur. Si les premières minutes intriguent, le récit prend trop vite une tournure attendue et multiplie les lieux communs. De plus les personnages sont trop inégaux pour que la structure éclatée du scénario fonctionne, d’autant plus que le jeune acteur principal est particulièrement mauvais (joue-t-il seulement ?)… et que dire de la fin, affreusement bâclée ? Bien tenté…. Mais raté.

LES INVITES DE MON PERE – 6,5/10

 

Les Invités de mon père

 
Synopsis : Lucien Paumelle a toujours eu des convictions fortes. Médecin retraité, il reste un homme d’action, réputé pour son implication dans de nombreuses causes humanitaires.
Son engagement le conduit jusqu’au mariage blanc avec une jeune femme moldave, Tatiana, pour lui éviter l’expulsion.
Mais ses enfants, Babette et Arnaud, s’aperçoivent rapidement que le comportement de leur père n’a plus grand-chose à voir avec les principes qu’il a toujours prônés : malgré ses 80 ans, Lucien aurait-il succombé au charme de sa flamboyante épouse ?
Tandis que Tatiana et sa fille prennent leurs marques chez les Paumelle, le chaos s’installe dans le quotidien de Babette et Arnaud.
Bientôt, ce sont toutes les relations familiales qui sont à redéfinir…
 
Avis : Avec Les invités de mon père Anne Le Ny ressuscite l’esprit un peu perdu des premiers Bacri/Jaoui. Une vision acérée et subtile des travers de la société et des rapports humains. Elle déroule son récit sans démagogie et ne se pose jamais en donneuse de leçon. En confrontant ses personnages à leurs contradictions et leurs paradoxes, elle nourrit le film de dialogues percutants, souvent drôles, tout en conférant au contenu une épaisseur remarquable qui incite à la réflexion sans porter de jugement. Si Les invités de mon père fonctionne si bien, c’est aussi que l’interprétation est à la hauteur du casting. Viard, Luchini, Amont et Benguigi excellent à la fois dans l’échange de répliques assassines que dans l’expression des émotions.

L’IMMORTEL – 6/10

 

L'Immortel

 
Synopsis : Charly Matteï a tourné la page de son passé de hors la loi. Depuis trois ans, il mène une vie paisible et se consacre à sa femme et ses deux enfants. Pourtant, un matin d’hiver, il est laissé pour mort dans le parking du vieux port à Marseille avec 22 balles dans le corps. Contre toute attente, il ne va pas mourir… Cette histoire est inspirée de faits réels, mais où tout est inventé, au coeur du Milieu marseillais.
 
Avis : Entrant dans la salle à reculons et m’attendant au pire, on peut dire que l’immortel est plutôt une bonne surprise. L’histoire, sans être follement originale, reste cohérente sur la durée, la réalisation, un brin faiseuse et un peu trop esthétisante, est néanmoins solide, soutenue par une musique d’opéra bien vue, et le film est portée par un Jean Reno sobre et imposant en mafieux repenti et vengeur, démontrant au passage que lorsqu’il croit à un rôle, il peut être un très bon acteur. Autour de lui, Marina Foïs et Darroussin tirent leur épingle du jeu.
Cependant, L’immortel passe très près de la catastrophe, souffrant d’une grossière erreur de casting. Kad Merad en parrain de la pègre bègue et caractériel, ça frôle le ridicule. C’est une espère de miracle que l’intérêt du film y survive.