MISSION IMPOSSIBLE : PROTOCOLE FANTOME – 11/20

Mission : Impossible - Protocole fantômeRéalisé par Brad Bird
Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg

Synopsis : Impliquée dans l’attentat terroriste du Kremlin, l’agence Mission Impossible (IMF) est totalement discréditée. Tandis que le président lance l’opération « Protocole Fantôme », Ethan Hunt, privé de ressources et de renfort, doit trouver le moyen de blanchir l’agence et de déjouer toute nouvelle tentative d’attentat. Mais pour compliquer encore la situation, l’agent doit s’engager dans cette mission avec une équipe de fugitifs d’IMF dont il n’a pas bien cerné les motivations…

Avis: Sans surprise. Ni bonne, ni mauvaise. On retrouve sur l’écran exactement ce à quoi on s’attend. Un scénario simpliste, des personnages totalement creux, des scènes d’action impressionnantes mais totalement improbables, des gadgets rigolos, un Tom Cruise toujours aussi inexpressif. On laisse son cerveau de côté et on en prend plein la gueule. Pas glorieux, mais pas forcément honteux non plus. Une très bonne idée cependant, laisser les coudées franches à Simon Pegg, vraiment très drôle. Il fait incontestablement pencher le film du côté de la comédie d’action. Et ce n’est pas plus mal. Mais que la fin est longue!

DES VENTS CONTRAIRES – 13,5/20

Des vents contrairesRéalisé par Jalil Lespert

Avec Benoît Magimel, Isabelle Carré, Antoine Duléry

Synopsis : La vie de Paul bascule le jour où sa femme Sarah disparait subitement. Après une année de recherches infructueuses, Paul est un homme brisé, rongé par le doute et la culpabilité. Sa dernière chance est peut être de tout reprendre à zéro : déménager avec ses 2 enfants à Saint-Malo, la ville où il a grandit. Mais des rencontres inattendues vont donner à ce nouveau départ une tournure qu’il n’imaginait pas.

Avis : Porté par l’épatante performance de Magimel, qui trouve sans doute ici un de ses plus beaux rôles, Des Vents Contraires touche par sa justesse et sa sobriété. A travers cette histoire de reconstruction, Jalil Lespert réussit à saisir les états mouvants et parfois contradictoires de son héros, à la fois bloqué par des questions sans réponses  mais mu par un nécessaire besoin d’avancer malgré tout, ne serait-ce que pour ses enfants. Sans grandes envolées larmoyantes et préférant les non-dits, il fait avancer son mélo avec délicatesse, soutenu par des interprètes au diapason, tout en retenu (Magimel, bien sûr, mais aussi Isabelle Carré, Lanners, Duléry et les deux enfants, formidables de naturel). Lespert prouve aussi qu’il sait quoi faire d’une caméra, en offrant de très belles images de la Bretagne qui renforcent la grâce et l’émotion qui entoure ce très joli film. Une réussite.

HUGO CABRET – 13/20

Hugo CabretRéalisé par Martin Scorsese

Avec Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen, Asa Butterfield

Synopsis : Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé – en forme de cœur – qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…

Avis : Avec Hugo Cabret, le grand Martin se frotte pour la première fois au film pour enfants. Et fait les choses bien. Il empaquette un très joli conte pour Noël, qu’il emballe dans un magnifique écrin. La reconstitution du Paris des années 30, et particulièrement de la gare Montparnasse, tout en écrous, poulies, et ferraille est une petite merveille, sublimée par une 3D qui prend tout son sens ici. On est plongé dans les rouages de la gare et y suivons le jeune Hugo comme dans une attraction de fête foraine. Son jeu de piste pour réparer ce mystérieux automate laissé comme héritage par son père va le conduire sur la trace de Georges Mélies,  précurseur du cinéma. Si la première partie du film connaît quelques longueurs (en partie dues au jeu un peu poussif des jeunes acteurs), la seconde axée sur la vie du réalisateur alors ruiné est un hommage vibrant de Scorsese au cinéma et ses artisans, passionnant et émouvant. Une jolie histoire pour enfants. Les petits et les grands.

CARNAGE – 13/20

CarnageRéalisé par Roman Polanski
Avec Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly

Synopsis : Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et se blessent. Les parents de la « victime » demandent à s’expliquer avec les parents du « coupable ». Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l’affrontement. Où s’arrêtera le carnage ?

Avis : Certes mineur dans la filmographie de Polanski, Carnage n’en est pas moins très habile dans sa façon d’amener les deux couples à s’affronter dans une jubilatoire bataille d’ego. Faisant progressivement exploser les convenances et le vernis poli qui entourent les personnages au début du film, le réalisateur parvient à maintenir un rythme soutenu au fur et à mesure que les bonnes manières et les sourires de façade volent en éclat. On oublie rapidement le côté un peu artificiel de ce huis-clos (pas évident de garder ces 2 couples dans cette même pièce), pour savourer le jeu de massacre qui se met progressivement en place.
Le risque d’un tel scenario, couplé aux écueils du théâtre filmé, aurait été de vite sombrer dans une sorte de boulevard hystérique, mais le talent et la classe des acteurs évitent au film de tomber dans ce piège. En posant sur la table un carré magique Foster/Winslet/Waltz/Reilly, Polanski s’assure une interprétation fine et magistrale, loin de toute caricature, et nous, on prend une sacrée leçon de jeu.
Mineur donc, mais très plaisant.

SHAME – 14,5/20

ShameRéalisé par Steve McQueen (II) Avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale

Synopsis : Le film aborde de manière très frontale la question d’une addiction sexuelle, celle de Brandon, trentenaire new-yorkais, vivant seul et travaillant beaucoup. Quand sa sœur Sissy arrive sans prévenir à New York et s’installe dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie…

Avis : Il y a trois ans, le duo McQueen / Fassbender délivrait la claque cinématographique de l’année avec le fiévreux Hunger, premier film à la maîtrise inouïe. Ils récidivent avec Shame, récit de l’addiction maladive d’un homme au sexe, obsession qui dicte son quotidien, oriente ses relations, impacte sa vie professionnelle et personnelle. Le sujet pourrait paraître graveleux, mais il est traité comme s’il s’agissait de n’importe quelle addiction, l’assouvissement d’un besoin irrépressible et incontrôlable suscitant chez son auteur un sentiment de honte et de rejet de soi. L’acte y est mécanique, impersonnel, sans âme, poisseux, simplement clinique, un nécessaire exutoire. Fassbender se met littéralement à nu (oui, facile), pour incarner cet homme dont la libido rend toute vie normale impossible. Il forme avec Carey Mulligan un duo frère/sœur ambigu, au passif que l’on devine lourd, même si le réalisateur se garde bien d’en dire beaucoup plus. L’intensité de l’interprétation des deux acteurs suffit à donner corps à cette relation, ou ce qui s’y apparente le plus pour Brandon. Car il n’a pas de place pour une relation. Quand il tente d’en construire l’ébauche , c’est son corps qui s’y refuse.

La mise en scène est tout aussi impressionnante, d’une classe folle. La caméra affronte ou suit les personnages, mais n’en est jamais très loin. Et s’y attarde longuement. Comme lors de ce New-York New-York à donner la chair de poule. McQueen utilise aussi avec talent les plans séquence et les plans fixes, toujours à bon escient, faisant naître à l’écran des scènes puissantes, comme ce dialogue fascinant autour d’un premier diner ou ce footing nocturne dans Manhattan. Le film est soutenu par une bande-son remarquable, aux musiques parfois superposées comme pour illustrer le chaos qui règne dans le cerveau de Brandon.

En définitive Shame est un drame humain puissant, un drame sur la solitude d’un homme que ses pulsions emprisonnent et rendent incapable d’aimer (et de s’aimer)…

Et la confirmation d’un prodige à la réalisation.

HOLLYWOO – 4/20

HollywooRéalisé par Frédéric Berthe, Pascal Serieis
Avec Florence Foresti, Jamel Debbouze

Synopsis : Jeanne est la doubleuse française d’une actrice américaine qui joue dans une série télé à succès.
Mais le jour où l’actrice américaine pète les plombs et annonce la fin de sa carrière, la vie de Jeanne bascule à son tour… Plus de travail, plus de revenu, plus rien… A moins que… A moins qu’elle ne prenne son destin en mains et ne tente a priori l’impossible : partir à Los Angeles, rencontrer la star américaine et la convaincre de reprendre la direction des plateaux de tournage…
Sur place, après quelques galères, elle croise la route d’un certain Farres qui va lui ouvrir les portes du monde merveilleux mais un peu compliqué de Hollywood.

Avis : Imaginez un long sketch de Foresti de 90 minutes, featuring Jamel… Pourquoi pas, potentiellement alléchant même… Mais enlevez la complicité avec le public, supprimez les sujets solides, négligez les effets comiques travaillés, et placez le tout dans un scénario prétexte qui ne tient pas la route, vous obtenez le navrant Hollywoo.
La déception est d’autant plus forte que Foresti est pour moi un personnage d’une drôlerie assez rare. Sur scène…
Mais ce film (?), dont elle a pourtant co-écrit les dialogues, est d’une pauvreté scénaristique affligeante. Passons sur l’intrigue, qui a du être écrite sur un bout de nappe après une soirée arrosée… Si au moins les situations comiques étaient à la hauteur… Mais toutes, plus lourdes et prévisibles les unes que les autres, tombent systématiquement à plat, plombées par un rythme inexistant et un style glamour-kitsch non assumé. Le running gag du franglais (qui doit représenter 80% des gags, au bas mot) devient très vite lassant (euphémisme). Ce sentiment de malaise est renforcé par le sur-jeu général des acteurs. Si vous ne vous êtes pas étranglés en subissant les saillies répétitives du groom, des potes rappeurs ou des codétenus, la performance terrifiante et hystérique de Jamel  se limitant à répéter 3 fois chaque réplique (en français, puis deux fois en franglais) finira de vous achever. Et Foresti ne sauve malheureusement pas Holywoo du naufrage… A part quelques fulgurances (mais la plupart sont présentes dans la bande-annonce), elle ne parvient pas à construire un rôle de cinéma, se contentant de dupliquer celui qu’elle tient sur scène, avec toutes ses exubérances. Mais sans le support de dialogues ne serait-ce que corrects et d’un minimum d’épaisseur dramatique, ce personnage se retrouve en permanence à contre-temps. Non, ça ne fonctionne pas du tout.
Le supplice ne serait pas total sans une musique sirupeuse envahissante et des scènes d’émotion qui sonnent tellement faux qu’elles finissent par mettre mal à l’aise. Hé bien tout y est.
Douloureux…