UN SECRET – 6,5/10

Réalisé par Claude Miller

Synopsis : L’exploration d’un lourd secret de famille et l’histoire d’une passion, à travers le voyage intérieur de François, un enfant solitaire qui s’invente un frère et imagine le passé de ses parents. Le jour de ses quinze ans, une amie de la famille révèle au jeune François une vérité bouleversante, mais qui lui permet enfin de se construire.
 
Avis : Un film qui traite avec pudeur et sensibilité, mais sans sensiblerie de sujets délicats, abordant avec tact la petite histoire dans la grande. La fragmenation du récit est tout à fait cohérente et permet de donner ampleur et corps à des personnages complexes. Miller parvient à traduire le poids du secret, le poids de l’histoire par sa réalisation très maîtrisé faisant l’aller/retour entre les époque jusqu’à la révélation finale. Le jeu tout en retenue des acteurs, Cécile de France en tête, qui gagne de plus en plus en finesse au fil des rôles, élève le film, et lui donne un supplément d’âme. On en sort ému et touché au coeur.

L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LACHE ROBERT FORD – 7,5/10

Réalisé par Andrew Dominik

Synopsis : Jesse James fut l’une des premières superstars américaines. On a écrit d’innombrables livres et récits sur le plus célèbre hors-la-loi des Etats-Unis. Fascinants et hauts en couleur, ceux-ci se focalisent le plus souvent sur son image publique et ses exploits… avec un souci tout relatif de la vérité. Ceux que Jesse James pilla, ceux qu’il terrorisa et les familles de ceux qu’il tua ne virent en lui qu’un dangereux criminel. La presse, qui suivit avec passion ses braquages tout au long des années 1870, jetait par contre sur lui et sa bande un regard des plus admiratifs.
Homme du sud, ancien guérillero, Jesse aurait agi au nom d’une cause, noble et tragique : se venger de l’Union qui avait gâché sa vie avant de le marquer dans son corps. Ses concitoyens, de plus en plus urbanisés, de plus en plus coincés et réduits à une vie d’une désolante banalité, voyaient en lui le dernier des aventuriers. Un mythe vivant…
Robert Ford était l’un des plus ardents admirateurs de Jesse. Ce jeune homme idéaliste et ambitieux rêvait depuis longtemps de partager les aventures de son idole. Il était loin de prévoir qu’il entrerait dans l’Histoire comme "le sale petit lâche" qui tuerait Jesse James dans le dos.
Mais qui fut vraiment Jesse James, au-delà du folklore et du battage journalistique ? Et qui fut ce Robert Ford, entré à 19 ans dans le cercle des intimes de Jesse, qui réussirait à abattre chez lui l’homme que poursuivaient les polices de dix Etats ? Comment devinrent-ils amis ? Que se passa-t-il entre eux durant les jours et les heures précédant ce fatal coup de feu qui scellerait leurs destins ?
 
Avis : Grands espaces, dialogues rares mais précieux, plans travaillés, lumières léchées, L’assassinat de Jesse James puise sa force dans sa lenteur, dans son traitement contemplatif et dans l’instauration progressive du climat d’attirance/défiance entre les deux protagonistes principaux, Jesse James et Robert Ford. La rudesse de l’ouest américain est particulièrement bien rendue et la complexité de l’intrigue ne nuit pas à la compréhension de l’ensemble, elle aurait plutôt tendance à renforcer notre intérêt. Si on ajoute à la beauté formelle de l’objet une interprétation impeccable, Casey Affleck en tête (mais Brad Pitt s’en sort fort bien également), on obtient un film réjouissant, fascinant par moment, envoûtant constamment, un western poétique bercé par le magnifique musique de Nick Cave.

EN CLOQUE, MODE D’EMPLOI – 6/10

Réalisé par

Judd Apatow

Synopsis: Ben Stone coule des jours heureux avec ses quatre inséparables copains Jonah, Jayson, Jay et Martin, aussi glandeurs et débraillés que lui. Outre leur amitié, un projet hautement culturel les réunit : créer un site payant, "starsapoil.com", qui offrira aux internautes des scènes de nu de leurs actrices favorites.
La belle Alison Scott, assistante de production d’une chaîne télé hollywoodienne, habite avec sa soeur aînée Debbie et son beau-frère Pete un quartier résidentiel qui sied à son style bon chic bon genre. Bosseuse et ambitieuse, la jeune femme vient tout juste d’être promue au rang d’intervieweuse de célébrités.
Pour fêter l’événement, elle se rend en boîte avec Debbie, et au terme d’une soirée passablement arrosée, ramène Ben chez elle pour un "quickie" sous la couette. Le lendemain, dégrisée, elle l’éjecte gentiment mais fermement. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait, car, huit semaines plus tard, des nausées suspectes lui révèlent son état…
 
Avis : Un peu déçu par En cloque, même si le résultat reste au dessus de la plupart des comédie américaine. Mais en alternant humour potache, gras, souvent vulgaire, et personnage remarquablement ciselés, justes et (très) drôle. Derrière le masque de la grosse farce efficace, le film traite de situations plus complexes qu’il n’y parait, et aborde les thèmes du couple, de la paternité et plus généralement de la responsibilité avec intelligence. Mais il aurait gagné à être un peu plus condensé (2H10 pour une comédie, c’est long). Mais le verbe est fort et le tout sensible.

UN COEUR INVAINCU – 7/10

Réalisé par

Michael Winterbottom

 
Synopsis : Le 23 janvier 2002, le monde entier est choqué par l’image d’un journaliste américain décapité devant la caméra par des extrémistes pakistanais. Daniel Pearl, superviseur du Wall Street Journal pour l’Asie du Sud Est, enquêtait au Pakistan sur un dénommé Richard Reid, activiste et vendeur d’armes. Alors qu’un entremetteur doit le mener sur la piste d’une source importante, il disparaît soudainement.
Confrontée à la mort de son mari, Mariane Pearl rédige l’histoire de son enquête, de son kidnapping et de sa mort et, surtout, l’histoire de son propre désespoir à elle, dans "A Mighty Heart : the Brave Life and Death of my Husband Danny Pearl". Le film retrace son combat de chaque instant pour comprendre l’assassinat de son mari et pouvoir enfin en faire le deuil.
 
Avis : Dans un style quasi-documentaire qu’il affectionne, Winterbottom rend hommage à Daniel Pearl et à l’épreuve vécue pas sa femme lors de la prise d’otage qui lui fut fatale. Au centre du récit, la femme du journaliste, interprétée sobrement par une Angelina Jolie transformée. Son jeu en retenu, quasiment en retrait, joue beaucoup pour l’émotion dégagée par le film, spécialementà la fin. Mais plus que le calvaire d’une femme, le film se penche sur la nébuleuse des réseaux terroristes au moyen-orient, les tensions entre le pakistan et l’Inde, l’influence du conflit Israëlo-Palestinien (Pearl est juif). D’où un récit dense, parfois confus, mais suffisamment intense pour ne jamais perdre l’attention. Un ton juste qui ne sombre jamais dans le mélo.