KINGSMAN – 14/20

Kingsman : Services secretsRéalisé par Matthew Vaughn
Avec Colin Firth, Samuel L. Jackson, Taron Egerton

Synopsis : KINGSMAN, l’élite du renseignement britannique en costumes trois pièces, est à la recherche de sang neuf. Pour recruter leur nouvel agent secret, elle doit faire subir un entrainement de haut vol à de jeunes privilégiés aspirant au job rêvé. L’un d’eux semble être le candidat « imparfaitement idéal » : un jeune homme impertinent de la banlieue londonienne nommé Eggsy. Ces super-espions parviendront-ils à contrer la terrible menace que fait peser sur le monde l’esprit torturé du criminel Richmond Valentine, génie de la technologie?

Avis : Reprenant la formule qu’il avait brillamment exploitée pour produire le jouissif Kick Ass, Matthew Vaughn se frotte au film d’espion pour en exploser les codes et livrer une nouvelle petite bombe pop, facétieuse et irrévérencieuse. Attention, comme Kick Ass n’était pas une parodie du film de super-héros, Kingsman n’est pas non plus un pastiche des films de James Bond. On y verra plutôt un hommage, une sorte de réinvention ultra référencée et bourré de clins d’œil. En lui apportant une modernité mordante, il redistribue les cartes et propose une histoire plus audacieuse qu’il n’y parait, nous emmenant sur des chemins parfois parfaitement inattendus. Certains arcs narratifs sont réellement surprenants, et il lui arrive de prendre des atours bien éloignés de la comédie potache qu’on pensait regarder. Le scénario ne se prive de rien. Il s’amuse d’une liberté totale, alternant avec une épatante facilité passages de grande légèreté et scènes d’une étonnante violence, souvent soudaine. Le film ne se départit pourtant jamais de son humour raffiné. Car Kingsman est furieusement fun, souvent très drôle et s’appuie sur des dialogues au cordeau. L’affrontement entre le flegme britannique du parfait Colin Firth, et la spontanéité du jeune et revêche Eggsy fait des étincelles (au passage, ce jeune acteur, Taron Egerton, est une petite boule de charisme, pas étonnant que tous les studios se l’arrachent pour leurs futures licences).
Au-delà de ses qualités d’écriture indéniables et sa volonté louable de ne jamais aller là où on l’attend, on retrouve aussi le style très personnel de Vaughn, qui conférait également sa singularité à Kick Ass. Un rythme enlevé mais pas au détriment de l’histoire, un montage nerveux qui sait ralentir la cadence pour mettre en valeur ses personnages, et surtout des scènes d’action dantesques, formidablement chorégraphiées et filmées avec virtuosité.
Une relecture du film d’espionnage franchement emballante, politiquement incorrect, définitivement jubilatoire et réellement surprenante.
This is not this kind of movie. Absolument.

AMERICAN SNIPER – 14/20

American SniperRéalisé par Clint Eastwood
Avec Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes

Synopsis : Tireur d’élite des Navy SEAL, Chris Kyle est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d’innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de « La Légende ». Cependant, sa réputation se propage au-delà des lignes ennemies, si bien que sa tête est mise à prix et qu’il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l’angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s’imposant ainsi comme l’incarnation vivante de la devise des SEAL : « Pas de quartier ! » Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu’il ne parvient pas à retrouver une vie normale.

Avis : Monsieur Clint s’était un peu assoupi ces derniers temps. Depuis Gran Torino en somme. L’âge sans doute, se disait-on. Visiblement non. A 83 ans, il signe avec American Sniper un thriller militaire d’une fougue et d’une vigueur digne d’un jeunot. L’énergie et la rigueur avec laquelle il s’empare du destin de Chris Kyle est remarquable et confirme qu’il reste l’un des raconteurs d’histoires les plus doués d’Hollywood. La narration est en effet parfaitement fluide, évidente, portée par une réalisation réglée comme du papier à musique, alternant plans intimistes lorsque lorsqu’il se penche sur les conséquences de son engagement sur son couple et gros moments de bravoure sur le terrain de guerre. La lutte à distance entre Kyle et le sniper syrien est en ce sens passionnante et donne au film un tonus complétant très justement l’histoire plus personnelle du soldat.
Le biopic est ainsi parfaitement prenant et j’avoue ne pas trop comprendre la polémique qui l’entoure. Eastwood raconte le destin d’un homme sans pour autant donner le sentiment d’adhérer à ses idées. Le portrait n’est d’ailleurs pas particulièrement flatteur, le présentant comme un texan un peu bas du front, incapable de prendre du recul par rapport aux préceptes inculqués dans son enfance et des convictions trop arrêtées sur sa mission. Kyle a un vrai talent, celui de savoir viser juste, ce qui fera de lui une célébrité, mais un héros ? Eastwood y répond par les images d’archive concluant le film le présentant en héros national aux yeux d’une partie du peuple américain, mais ne le traduit pas vraiment ainsi dans son film, montrant plutôt l’obstination aveugle et parfois absurde qu’il met à remplir sa mission, au détriment de sa propre santé mentale. Cela n’en fait pas un mauvais bougre, mais permet quand même au réalisateur de questionner sur la nécessité de cette guerre, des motivations de ceux qui la mènent. Etrange que certains puissent y voir une quelconque propagande républicaine ou un spot de pub pour le Tea Party…. D’ailleurs, on peut se demander si le regard que porte Eastwood sur son héros ne serait pas plutôt celui du frère, en retrait dans le récit mais essentiel dans sa compréhension. Son expression lorsqu’il revient du front et croise son aîné est éloquente.
Eastwood permet une vraie réflexion sur les nouveaux héros américains et ce qu’il se cache derrière, tout en montrant avec un réalisme cru l’horreur de la guerre. Et si le film manque un peu d’émotion, c’est sans doute dû à la distance qu’il a voulu pendre par rapport au sujet.
Il y apporte du sens, du style et une incroyable énergie. A son âge, c’est remarquable.

LES NOUVEAUX HEROS – 14/20

Les Nouveaux HérosRéalisé par Don Hall, Chris Williams (II)
Avec Scott Adsit, Ryan Potter, Daniel Henney

Synopsis : Un petit génie de la robotique nommé Hiro Hamada découvre qu’un complot criminel menace de détruire la ville de San Fransokyo. Avec l’aide de son plus proche ami, Baymax le robot infirmier, et de ses compagnons qu’il va transformer en une bande de superhéros high-tech, Hiro va tout faire pour sauver la ville et sa population de l’infâme Yokai…

Avis : Les nouveaux héros prouvent donc qu’aussi éloignés qu’ils soient des références de la firme aux grandes oreilles, les mangas sont solubles dans l’univers Disney. C’est une nouvelle preuve du renouveau créatif du studio qui, poussé par ses petits copains de Pixar, a su retrouver des standards très élevées à la fois dans la forme et dans l’art d’un storytelling audacieux.

La réalisation est en tout point remarquable, les dessins sont magnifiques (fascinant San Fransokyo) et l’animation des personnages frôle l’excellence. Mais les Nouveaux Héros est aussi ambitieux dans le propos, reprenant des thèmes chers à Disney comme la reconstruction dans le deuil, l’entraide, l’amitié comme substitution au manque familial. Le film traite à la fois de sujets graves, mais reste aussi parfaitement fun, n’hésitant pas à agrémenter ces thématiques classiques d’une dose de modernité, que ce soit l’environnement Hi-Tech dans lequel se déroule le film, ou les références assumés aux super-héros (le manga d’origine est estampillé Marvel, cqfd).

Le scénario est malin, pas cousu de fil blanc, et bénéficie surtout d’un humour fin et alerte qui fait de ces Nouveaux Héros une modèle de film d’aventure, drôle et trépidant.

Si tous les personnages sont touchants et bien construits, on craque surtout pour Baymax, bibendum maladroit et attentionné, lointain cousin de Wall-E dont on retrouve souvent la poésie, pas le moindre des compliments.

Les studios d’animation Disney ont semble-t-il définitivement rattrapé leur retard technologique et retrouvé une véritable verve créative. Ils s’affichent désormais comme le parfait complément de Pixar, moins cérébral, plus frontal, plus fun.

L’ENQUETE – 13/20

L'EnquêteRéalisé par Vincent Garenq
Avec Gilles Lellouche, Charles Berling, Laurent Capelluto

Synopsis : 2001. Le journaliste Denis Robert met le feu aux poudres dans le monde de la finance en dénonçant le fonctionnement opaque de la société bancaire Clearstream. Sa quête de vérité pour tenter de révéler « l’Affaire des affaires » va rejoindre celle du juge Renaud Van Ruymbeke, très engagé contre la corruption. Leurs chemins vont les conduire au cœur d’une machination politico-financière baptisée « l’affaire Clearstream » qui va secouer la Vème République.

Avis : Vrai bon thriller journalistique, passionnant et très documenté, l’enquête se garde d’être trop didactique pour privilégier les rebondissements et une structure romanesque solide, tout en rendant lisible et compréhensible le feuilleton Clearstream (pourtant pas facile à appréhender). Le réalisateur fait preuve de réelles ambitions formelles, visant une mise en scène dynamique et soignée à défaut d’être révolutionnaire. Surtout, elle place un homme au milieu de ce nid d’embrouille et donne une épaisseur indéniable au personnage de Denis Robert, Don Quichotte moderne et habité. Gilles Lellouche confirme au passage un charisme qu’on ne lui aurait pas soupçonné il y a quelques années, et après le mafieux de la French, donne un nouvel aperçu d’une palette de jeu surprenament large.
Il est assez rare que le cinéma français s’empare de son histoire contemporaine la plus sensible pour ne pas saluer l’entreprise, qui plus lorsqu’elle est réussie. Éclairant et divertissant.

JUPITER ASCENDING – 13/20

Jupiter : Le destin de l'UniversRéalisé par Andy Wachowski, Lana Wachowski
Avec Channing Tatum, Mila Kunis, Sean Bean

Synopsis : Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos…

Avis : Space Opera massif et baroque, d’une profusion visuelle inouïe, Jupiter Ascending se démarque des blockbusters actuels par la naïveté et la sincérité avec laquelle les Wachowski abordent leur œuvre. Point de second degré ni de cynisme, mais la volonté simple et évidente de raconter une jolie histoire, un conte naïf et enfantin. Jupiter Ascending n’est ni plus ni moins qu’une histoire d’amour enveloppée d’un ruban de technologie sidérant.
Car le film fait preuve d’une ambition formelle débordante. Souvent excessive, à la limite du mauvais goût dans son esthétisme SF kitsh, la fable futuriste en met plein la vue à travers des scènes ébouriffantes et comme toujours innovantes. Un passage se déroulant entre les immeubles de Chicago se révèle particulièrement bluffant et vertigineux, jouant comme jamais de la pesanteur pour créer un effet de réalisme assez saisissant.
L’univers créé par les Wachowski est suffisamment cohérent pour qu’on se laisse séduire et emporter, jouant sur l’idée que nous ne sommes pas seuls en ce monde. L’hypothèse que nous ne soyons qu’une matière première pour créer un élixir de jouvence est dramatiquement intéressante et si le potentiel mythologique de la famille régnante n’est qu’effleuré (œdipe, regicide, inceste… tout est à peu près suggéré) il ouvre suffisamment de portes pour faire avancer l’histoire.
Mais on aura compris que si le monde que nous présentent Lana et Andy W est sans limite et ouvre de multiples pistes narratives à explorer, il est surtout propice à proposer des envolées spectaculaires que peu de superproduction peuvent se vanter de procurer.
Jupiter Ascending reste un divertissement débordant et foisonnant, qui vaut surtout par ses excès assumés et moins par la portée d’un quelconque message (qu’il aurait été difficile de faire passer par le jeu Mila Kunis, dont le charisme frôle le néant).
Mais contrairement à beaucoup de blockbusters actuels qui ne visent que la planche à billets et délestent leur propos de toute forme d’émotions en appliquant des formules toutes faites (généralement avec des gros monstres), le cinéma des Wachowski se nourrit d’une certaine nostalgie pour insuffler leur modernité et leur vision furieusement pop à des œuvres singulières.
Ça n’a au final rien de mémorable, mais c’est assez euphorisant sur l’instant. C’est déjà ça.

IT FOLLOWS – 14,5/20

It FollowsRéalisé par David Robert Mitchell
Avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto

Synopsis : Après une expérience sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un, ou quelque chose, la suit. Abasourdis, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à la menace qui semble les rattraper…

Avis : It follows se drape des meilleurs atours du film indé américain. Plans léchés, montage sec, images vaporeuses, jeu minimaliste d’acteurs inconnus toujours très justes, musique electro dans l’air du temps, tout est remarquablement agencé pour se mettre au service d’un scénario horrifique malin et astucieux. Car si la mise en scène est d’une étonnante sophistication pour un film d’horreur, il ne perd jamais de vue son principal objectif, foutre les jetons. Et c’est diablement efficace. Le paysage sonore joue également un rôle essentiel dans l’installation de cette chape anxiogène qui pèse sur le film et tient le spectateur en haleine. Comme l’indique très clairement le titre, on assiste à une poursuite angoissante habilement construite, qui n’oublie pas de visiter les tourments d’une jeunesse un poil désabusé et fouille le sentiment de culpabilité qui saisit ses ados lorsqu’ils hésitent à transmettre la malédiction. En situant le récit dans une époque indéterminée mais non connectée, David Robert Mitchell ajoute au mystère qui entoure le film, un mystère très joliment mis en image, certaines scènes se révélant d’une beauté envoutante.
En conférant au film d’horreur une rare exigence formelle et une ambition auteuriste élevée, le réalisateur redéfini un genre qui en avait bien besoin, comme Morse avait pu le faire avec le film de vampire à l’époque.
Beau et terrifiant, atypique bijou horrifique à l’écrin rutilant, It Follows vaut incontestablement le détour.

PAPA OU MAMAN – 12,5/20

Papa ou mamanRéalisé par Martin Bourboulon
Avec Marina Foïs, Laurent Lafitte, Alexandre Desrousseaux

Synopsis : Florence et Vincent Leroy ont tout réussi. Leurs métiers, leur mariage, leurs enfants. Et aujourd’hui, c’est leur divorce qu’ils veulent réussir. Mais quand ils reçoivent simultanément la promotion dont ils ont toujours rêvée, leur vie de couple vire au cauchemar. Dès lors, plus de quartier, les ex-époux modèles se déclarent la guerre : et ils vont tout faire pour NE PAS avoir la garde des enfants

Avis : Volontairement provocateur dans son sujet, Papa ou Maman tient globalement ses promesses de d’irrévérence. On met pourtant du temps à entrer dans le vif du sujet, les vingt premières minutes sont même assez laborieuses (la scène inaugurale fait craindre le pire), mais une fois la machine lancée, ça déménage. Les petites mesquineries répondent aux grosses vacheries, le mauvais esprit règne en maître et le cœur du film bat au rythme de cet affrontement vachard et finalement assez ludique.
Papa et maman va au bout de son pitch audacieux et assume de toucher à un tabou, l’attachement viscéral que les parents sont supposés avoir pour leurs enfants (ici pour le coup tout à fait insupportables). C’est parfois délicieusement méchant, souvent piquant, mais le film a du mal à tenir la distance malgré sa courte durée et alterne fréquemment trous d’air et fulgurances. Sans doute le sujet aurait-il mieux convenu à un court ou moyen métrage.
Reste que pendant le temps où il ose tout, la sauce prend très bien et l’alchimie entre Marine Foïs et Laurent Laffite peut opérer. On sent chez ces deux-là un vrai plaisir coupable à s’envoyer des horreurs à la face de l’autre. L’humour pince sans-rire et bavard de Lafitte trouve un parfait complément dans le décalage un peu vaporeux et faussement désabusé de Marina Fois. Le mariage de ces phrasés si singuliers fonctionnent très bien et constituent le principal atout de cette comédie au final très sympathique.
Si tout n’est pas réussi dans Papa ou Maman, qui trainasse dangereusement par moment, il provoque suffisamment de fous-rires et revendique si clairement son audace qu’on ne peut que saluer cette nouvelle tentative dans l’ensemble réussie de dépoussiérée la comédie française. Qui se porte bien, merci pour elle.

THE IMITATION GAME – 13/20

Imitation GameRéalisé par Morten Tyldum
Avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode

Synopsis : 940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.

Avis : Empreint d’un classicisme assumé, The Imitation Game repose sur deux points forts : son sujet et Benedict Cumberbatch. Son sujet donc, passionnant car peu abordé dans un 7ème art pourtant disert sur cette période, pose un regard inédit sur la 2ème Guerre Mondial et nous plonge dans le quotidien de soldats de l’ombre qui combattaient armés de cahiers et de stylos pour déchiffrer Enigma et ainsi contrecarrer les plans des nazis. S’ils appartiennent à une sphère particulièrement élevée de l’intelligence humaine, ajoutant au mystère les entourant, ils ne cessent de s’interroger sur l’utilité de leur job, d’être traversés de doutes, de questionner leur anonymat. Le propos de The Imitation Game est clair et la dimension à la fois historique et humaine de l’entreprise est efficacement définie. Le scénario a le bon goût de ne pas trop s’apitoyer sur le sort de ses personnages et laisse largement sa place au suspense lié au déchiffrage ou non du code allemand, avec tout ce que ça implique comme écho à notre histoire contemporaine.
Malgré tout, le film apparaît exagérément romancé et on a du mal à y voir une reproduction fidèle de la réalité. Il fait notamment preuve d’une légèreté qui ne sied pas toujours très bien à la gravité du propos. Ceci dit, the Imitation Game demeure une clé d’entrée tout à fait satisfaisante pour prendre connaissance du destin hors du commun de Alan Turing.
Si la réalisation est sage et sans éclat, alourdie des flashbacks conventionnels, redondants et peu utiles, le film brille par la qualité de son interprétation, dominée par l’immense Benedict Cumberbatch qui, s’il ne souffrait pas de quelques tics et facéties Holmsiens, livrerait une partition parfaite. Dans un registre dramatique qu’on ne lui connaissait pas, il fait preuve d’une variété de jeu remarquable et se saisit avec gourmandise et talent de ce rôle évidemment calibré pour la course aux statuettes.