AVENGERS – 14/20

AvengersRéalisé par Joss Whedon

Avec Robert Downey Jr, Chris Evans, Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Jeremy Renner, Samuel L. Jackson, Tom Hiddleston, Cobie Smulders.

Synopsis : Lorsque Nick Fury, le directeur du S.H.I.E.L.D., l’organisation qui préserve la paix au plan mondial, cherche à former une équipe de choc pour empêcher la destruction du monde, Iron Man, Hulk, Thor, Captain America, Hawkeye et Black Widow répondent présents. Les Avengers ont beau constituer la plus fantastique des équipes, il leur reste encore à apprendre à travailler ensemble, et non les uns contre les autres, d’autant que le redoutable Loki a réussi à accéder au Cube Cosmique et à son pouvoir illimité…

Avis : Alors? Alors pari réussi! Et Dieu Thor que c’était loin d’être gagné! Car oui, le film somme des super-héros Marvel fait au moins aussi bien que les aventures individuelles de chaque personnage. Hautement fun, définitivement spectaculaire, terriblement efficace, visuellement bluffant,  imparablement rythmé, ces Avengers remplissent haut la main leur mission, et même un peu plus. Car parvenir à créer un récit cohérent où chacun trouve sa place avec une dizaine de personnages aussi charismatiques les uns que les autres tient de la gageure. Outre une maîtrise assez impressionnante des scènes d’action, dont certaines sont de grands moments de bravoure, Josh Whedon offre à chacun de ses héros un espace d’expression aussi solide qu’inattendu, qu’il bonifie encore grâce aux très complices interactions entre eux. Et ce, sans qu’aucun ne tire la couverture à lui (même pas Iron Man). Ils sont tous successivement mis en valeur, que ce soit via de dantesques bastons (reconnaissons-le assez jouissives) pour les plus bourrins (Thor, Captain America, Hulk), ou de tout aussi réjouissantes joutes verbales pour les plus fins (notamment entre Loki et La Veuve Noire ou Loki et Stark). Car oui, ils sont servis par des dialogues souvent très réussis qui font souvent mouche, ce qui n’est pas si fréquent dans ce genre de film. Oui, on rit beaucoup. Le réalisateur trouve ainsi un équilibre assez miraculeux entre la bonne grosse castagne et les scènes dialoguées, parvenant même parfois à allier les deux, notamment lors d’un final explosif en apothéose dans les rues de Manhattan. Il affine les personnalités des Thor, Iron Man et Captain America qu’on a pu apprécier à divers degrés dans les films « préparatoires », révèle Hawkeye et une Veuve Noire envoutante et ambigüe à souhait (merci Scarlett), et surtout redonne ses lettres de noblesse à Hulk, qui n’avait jamais été aussi bien incarné à l’écran (merci Ruffalo). Mais comme souvent, la réussite d’un film doit beaucoup à celle de son méchant. Et Loki, l’héritier bâtard de Asgard est en ce sens un parfait bad guy. Séducteur et fourbe,  psychopathe  frustré en mal de pouvoir, il donne sans peine du crédit et du relief à cette «super-union» contre lui… Aussi fascinant que dans Thor donc. Évidemment, ça aide d’avoir des interprètes talentueux, même (surtout) pour un blockbuster monumental. Tous les acteurs se livrent sans réserve, sans doute rassurés par la partition équilibrée écrite par Josh Whedon. Et en bonus, la Robin de How I met your mother (Cobie Smulders) en Maria Hill. Bonne idée.

Marvel Films a donc réussit son pari un peu fou de retranscrire à l’écran l’esprit et l’essence des comics, et surtout d’en faire accepter le principe aux fans. Et à créer une saga inédite et singulière,  où chaque héros vit sa vie dans ses films éponymes avant de s’affronter ou de regrouper leurs forces à l’occasion de films somme évènement. Évidemment, on en veut encore….

Du très bon, du grand divertissement.

LE FILS DE L’AUTRE – 13/20

Le Fils de l'autreRéalisé par Lorraine Levy

Avec Emmanuelle Devos, Pascal Elbé, Jules Sitruk

Synopsis : Alors qu’il s’apprête à intégrer l’armée israélienne pour effectuer son service militaire, Joseph découvre qu’il n’est pas le fils biologique de ses parents et qu’il a été échangé à la naissance avec Yacine, l’enfant d’une famille palestinienne de Cisjordanie. La vie de ces deux familles est brutalement bouleversée par cette révélation qui les oblige à reconsidérer leurs identités respectives, leurs valeurs et leurs convictions.

Avis : L’inversion d’enfants à la naissance est un postulat au ressort dramatique très fort, déjà largement utilisé sur grand et petit écran, du culte Ma vie est un long fleuve tranquille, à l’Empreinte de l’ange en passant plus récemment par un arc de la série Desperate Housewives.

Lorraine Levy y ajoute un contexte largement casse-gueule puisque les enfants échangés sont deux garçons, un Palestinien et un Israélien. En plein conflit, les bouleversements que la révélation de leur origine va entraîner sont par conséquent dramatiquement amplifiés. Mais la réalisatrice s’en sort plus que qu’honorablement. Sans ignorer ni contourner les questions politiques et religieuses qui restent forcément constamment en arrière-plan, elle se concentre essentiellement sur les conséquences du drame sur les deux familles pour qui les enfants deviennent alors la principale préoccupation. Et elle le fait avec tact et pudeur, l’émotion affleurant progressivement.

Le ton est juste et rend parfaitement la confusion dans laquelle les personnages sont plongés. On est parfois nous-même un peu perdus. La crédibilité du récit incite à la compassion, on comprend les phases par lesquelles ils passent, la négation de la situation, son acceptation, la nécessité de s’adapter à une nouvelle vie. La remarquable distribution joue pour beaucoup dans la solidité du récit, notamment les couples de parents, mais surtout les deux garçons, le lumineux Medhi Dehbi et Jules Sitruk (le gamin de Monsieur Batignole) qui opère un fort joli et convainquant passage à l’âge adulte.

RADIOSTARS – 13/20

RadiostarsRéalisé par Romain Levy
Avec Manu Payet, Clovis Cornillac, Douglas Attal

Synopsis : En plein échec professionnel et sentimental, Ben, qui se rêvait comique à New York, est de retour à Paris. Il rencontre Alex, présentateur-vedette du Breakfast-club, le Morning star de la radio. Avec Cyril, un quadra mal assumé, et Arnold, le leader charismatique de la bande, ils font la pluie et le beau temps sur Blast FM. Très vite Ben est engagé : Il écrira pour eux. Alors qu’il a à peine rejoint l’équipe, un raz de marée frappe de plein fouet la station : l’audience du breakfast est en chute libre. C’est en bus qu’ils sillonneront les routes de France pour rencontrer et reconquérir leur public. Pour ces Parisiens arrogants, de ce road trip radiophonique naîtra un véritable parcours initiatique qui bousculera leurs certitudes.

Avis : A première vue petite comédie potache sans grand intérêt, Radiostars a titillé ma curiosité en accumulant une foultitude de bonnes critiques à sa sortie. Et il a bien fait. On passe en effet un très bon moment avec  cette bande d’animateurs radio forcés de passer leurs vacances sur les routes de France.
Le principe de la tournée des villages est assez simpliste (choc des cultures, leçon d’humilité, respect de l’autre…), mais constitue un cadre parfait pour développer les personnages aussi bien individuellement que collectivement. Or chacun joue sa partition à la perfection.  La musique sonne juste, si bien qu’on croit rapidement à cette bande de potes. Une cohérence d’ensemble renforcée par pas mal de fulgurances comiques (souvent portées par Manu Payet, assez irrésistible) mais aussi quelques moments plus cruels, desquels peut même émerger une certaine émotion.
Tout le casting est au diapason, mention spéciale à Cornillac en star des ondes sur le déclin, frustre et flippé, qu’on a rarement vu aussi à l’aise.
On pardonnera donc aisément deux ou trois trous d’air et quelques facilités au niveau du scénario (le passage avec le rappeur n’est pas le plus heureux).
Certes, Radiostar ne révolutionne pas le cinéma français, mais il file la banane. Et c’est déjà pas mal. Du tout.

SUR LA PISTE DU MARSUPILAMI – 8/20

Sur la piste du MarsupilamiRéalisé par Alain Chabat
Avec Jamel Debbouze, Alain Chabat, Fred Testot

Synopsis : Quand Dan Geraldo, reporter en quête de scoop, arrive en Palombie, il ne se doute pas qu’il va faire la plus incroyable des découvertes… Avec Pablito, guide local plein de ressources, ils vont aller de surprise en surprise au cours d’une aventure trépidante et surtout révéler une nouvelle extraordinaire : Le Marsupilami, animal mythique et facétieux, existe vraiment !!!

Avis : A la vue des premiers éléments du film (bandes-annonces, interviews, extraits), on pouvait craindre que le miracle Asterix et Cléopâtre ne se reproduise pas. Après avoir vu le film, on en a la confirmation. La recette Chabat + BD culte ne fonctionne pas cette fois-ci. Tout ce qui faisait la réussite des aventures du gaulois chez les égyptiens ne prend pas ici. Les anachronismes sont hors-sujets, les vannes tombent à plat, les situations sont trop forcées… Le décalage qui faisait tout le sel de Asterix (délivrant son lot de répliques cultes), est malheureusement absent.
Peut-être est-ce une volonté du réalisateur, le Marsupilami étant clairement un film pour enfants. En cela il a des qualités. Le film est rythmé, très visuel, se passe dans de jolis paysages et la bestiole est remarquablement bien foutue et crooo mignonne.
Mais ça ne suffit pas à racheter un scénario poussif et naïf, et un duo d’acteurs qui fonctionne mal, tombant dans la surenchère pour tenter de compenser la pauvreté des dialogues et finissant en roue libre. Fatiguant et pas très drôle.
Ah si! S’il fallait retenir un très bon moment du film, il est à mettre au crédit de (hé oui!) Lambert Wilson. Un happening totalement incongru, mais irrésistible.

WEEK-END – 14/20

Week-endRéalisé par Andrew Haigh

Avec Tom Cullen (III), Chris New, Jonathan Race

Synopsis : Un vendredi soir, après une soirée arrosée chez ses amis, Russell décide de sortir dans un club gay. Juste avant la fermeture, il rencontre Glen et finit par rentrer avec lui. Mais ce qu’il avait pensé n’être qu’une aventure d’un soir va finalement se transformer en toute autre chose. Lors de ce week-end rythmé par les excès, les confidences et le sexe, les deux hommes vont peu à peu apprendre à se connaître. Une brève rencontre qui résonnera toute leur vie…

Avis : Mélo homo ancré dans une Angleterre que n’aurait pas reniée Stephen Frears, Week-End dégage surtout subtilement une idée assez universelle. L’amour peut vous tomber dessus sans crier gare, alors même qu’on le fuit, qu’on le repousse ou qu’on le craint. Haigh saisit parfaitement l’urgence du moment, de cette histoire qui ne peut durer que 2 jours, et qui malgré les efforts vains des amants, voit irrémédiablement les sentiments affleurer. En éloignant souvent sa caméra des personnages dont on n’entend alors qu’une partie des dialogues, il offre à son récit une élégance et une pudeur remarquable, comme pour les laisser s’apprivoiser, se séduire. Il revient alors au plus proche pour des étreintes passionnées (mais rares) et des discussions parfois enflammées, toujours intéressantes, servies par des dialogues percutants et justes. L’alternance entre ces deux modes narratifs met parfaitement en lumière une histoire cohérente, immédiatement crédible et définitivement gracieuse. L’excellence et le charisme des deux acteurs rend également avec émotion la contradiction d’une volonté de ne pas s’attacher et l’évidente alchimie qui illumine cette relation. Le style épuré et fluide du réalisateur lui donne corps et conforte sa sincérité. La très jolie histoire d’un amour naissant, authentique et émouvante.