TOP 2013 de Cinétib

Mais c’est qu’elle n’était pas mal du tout cette année ciné!
78 films vus et un top 20 évidemment subjectif, un flop 5 parce que nos coups de cœur sont parfois les coups de gueule des nos amis, et réciproquement (et que du coup, c’est rigolo d’en discuter).

Donc roulement de tambour, voici le classement!

GravityOnly God ForgivesLe Passé

TOP 20
01 – GRAVITY
02 – ONLY GOD FORGIVES
03 – LE PASSE
04 – BLANCANIEVES
05 – LA VIE D’ADELE
06 – DJANGO UNCHAINED
07 – RUSH
08 – CLOUD ATLAS
09 – LES GARCONS ET GUILLAUME A TABLE
10 – LINCOLN
11 – PRISONERS
12 – ALL IS LOST
13 – INSIDE LLEWYN DAVIS
14 – CAPITAINE PHILLIPS
15 – BEFORE MIDNIGHT
16 – LE LOUP DE WALL STREET
17 – QUAI D’ORSAY
18 – THE EAST
19 – TEL PERE, TEL FILS
20 (ex aequo) – ALABAMA MONROE
20 (ex aequo) – FRANCES HA

FLOP 5
Prix du film le plus idiot qui se prend le plus au sérieux : PACIFIC RIM
Prix de la comédie musicale la plus misérable : LES MISERABLES
Prix du plus gros crash d’un grand réalisateur : LES AMANTS PASSAGERS
Prix de l’adaptation de Grangé inutile : MISERERE
Prix du bon sujet qui ne fait pas un bon film : L’ATTENTAT

DON JON – 12,5/20

Don JonRéalisé par Joseph Gordon-Levitt
Avec Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne Moore

Synopsis : Jon Martello est un beau mec que ses amis ont surnommé Don Jon en raison de son talent à séduire une nouvelle fille chaque week-end. Mais pour lui, même les rencontres les plus excitantes ne valent pas les moments solitaires qu’il passe devant son ordinateur à regarder des films pornographiques. Barbara Sugarman est une jeune femme lumineuse, nourrie aux comédies romantiques hollywoodiennes, bien décidée à trouver son Prince Charmant. Leur rencontre est un choc, une explosion dans la vie de chacun. Bourrés d’illusions et d’idées reçues sur le sexe opposé, Jon et Barbara vont devoir laisser tomber leurs fantasmes s’ils veulent avoir une chance de vivre enfin une vraie relation…

Avis : Comédie gentiment subversive, Don Jon permet à Joseph Gordon Levitt de s’offrir un premier passage derrière la caméra assez culotté et dans l’ensemble plutôt réussi. Si le style est propret et très influencé par les comédies US indées (montage sec, musique rythmée, dialogues foutraques….), le jeune réalisateur prend le risque d’écorner son image de gendre idéal et ne se ménage pas en interprétant ce Casanova cheapouille et narcissique, archétype de l’hétéro beauf. C’est peu dire qu’il y perd tout son sex appeal, et réussit par là même à rendre son personnage de porno addict assez détestable. Du moins au début. Parce que Don Jon prend assez rapidement le chemin de la romcom balisée, alourdie de bons sentiments et d’une rédemption inévitable. Malgré tout, ce premier film tient assez bien son énergie comique et la constance de son style pour séduire sur la durée. Il offre surtout une galerie de personnages certes caricaturaux mais savoureux. Il fallait que Scarlett Johansson ait sacrément confiance en son réalisateur pour interpréter ce rôle de bombe vulgaire malgré elle, prenant très au sérieux son image de princesse des temps modernes. Un réalisateur à suivre donc.

LE LOUP DE WALL STREET – 15/20

Le Loup de Wall StreetRéalisé par Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie

Synopsis : L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…

Avis : Après une incursion mitigée dans le film familial (Hugo Cabret) qui lui aura surtout permis d’expérimenter la technique de la 3D à défaut de livrer un chef-d’œuvre, Scorsese revient aux personnages extravagants et au destin « bigger than life » qui peuplent son impressionnante filmographie. Le loup de Wall Street retrace l’incroyable ascension de Jordan Belfort, dont l’implacable confiance en lui, le bagou et l’arrogance auront repoussé les murs de Wall Street pour y construire son empire, un royaume de stupre, de drogue et de fric où l’outrance n’avait pas de limite.
Avec une virtuosité affolante, Scorsese retranscrit la folie d’une époque et les excès de l’American Dream. Si tout est possible, alors tout doit être permis… La réalisation du maître est d’une richesse démentielle, sans pour autant jamais produire l’effet superflu. Les plans et les idées de mise en scène s’enchaînent avec une fluidité remarquable, que ce soit les travelings, les va et vient entre les différents personnages, les hallucinations psychotiques ou les confessions face caméra de son anti-héros. Provocante et profuse, l’esthétique du Loup de Wall Street offre son lot de scènes dantesques instantanément cultes, où l’humour rivalise avec le pathétique.
Scorsese a aussi le bon goût de ne pas glamouriser le parcours de Belfort et d’assumer la vulgarité et la crasse qui accompagne sa fulgurante ascension, malgré l’argent qui est vomi de toute part. Si bien que le biopic acquiert rapidement une crédibilité indiscutable et fait rentrer Jordan Belfort dans le panthéon des grands personnages Scorsesiens, ces grands salauds à la psyché complexe, infréquentables mais impossible à lâcher..
Avec une liberté jouissive, il flingue ce qu’il reste du mythe du temple de la spéculation financière, déglingue les motivations de l’argent sale et facile, les frustrations du «toujours plus».
Belfort cristallise cette outrance vaine, cette quête du plaisir constamment insatisfaite. Et qui d’autre que DiCaprio pouvait interpréter le cynisme et l’ambiguïté de ce personnage hors norme ? Il prête ses traits de jeune premier abîmé au trader avec le talent monstrueux qu’on lui connaît, habitant l’écran avec une énergie communicative et une variété de jeu que peu d’acteurs peuvent lui opposer. Il serait temps que l’académie des Oscars se penche sur son cas…
Avec le Loup de Wall Street, Martin Scorsese renoue avec ce qui fait le sel de son meilleur cinéma, saisir comme personne sur une période la complexité et les contradictions de son pays. Et livre une magistrale et étourdissante épopée.

TEL PÈRE, TEL FILS – 14,5/20

Tel père, tel fils

Réalisé par Hirokazu Kore-eda

Avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky

Synopsis : Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l’hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…

Avis : Il y a 10 ans, Hirokazu Koreeda avait marqué les esprits et bouleversé la Croisette avec Nobody knows, un drame impressionnant sur des enfants abandonnés par leur mère démissionnaire et livrés à eux-mêmes. Son adresse et son sens inouï du récit sont tout aussi percutants dans Tel Père, Tel Fils, prix du jury Cannois, nouveau drame familial poignant qui interroge intelligemment sur la filiation et le liens du sang. Car si l’épreuve que subissent les familles est terrible et à bien des égards inimaginable, le réalisateur japonais évite consciencieusement tout pathos, préférant installer longuement ses personnages pour marquer et expliquer leur évolution. Il s’attache à ce que l’on saisisse que leurs décisions sont déterminées par un contexte bien défini, une histoire particulière. Chaque pièce du drame se met en place minutieusement, patiemment, si bien que Koreeda ne se place jamais en position de juge, mais expose avec simplicité mais rigueur toute la complexité d’une situation intenable qu’il faut malgré tout affronter. Les questions affleurent au fur et à mesure que la solution de l’échange des enfants se matérialise. Qu’est ce qui fait de nous des parents, quelle est la part d’inné et d’acquis dans la relation parent/enfant? Peut-on abandonner un garçon que l’on a élever pendant 5 ans parce qu’il n’a pas son sang et inversement en arracher un autre aux siens? Autant de questions inévitables auxquelles le film ne donne surtout pas de réponses. Parce qu’aucune ne semble valable. Les protagonistes du drame essaient d’y apporter les solutions les moins mauvaises, sachant qu’aucune n’effacera jamais totalement la peine et la douleur.
En plaçant des gens ordinaires dans une situation extraordinaire, en apportant un soin particulier et une justesse saisissante à leur construction, Korreda atteint une vérité bouleversante, fait affleurer des sentiments d’une sincérité folle et apporte au mélodrame une simplicité et une élégance que la noirceur du sujet ne rendait pas évident.
Tel Père, Tel Fils est une fable moderne désarmante et lumineuse.

ALL IS LOST – 15/20

All Is LostRéalisé par J.C. Chandor
Avec Robert Redford

Synopsis : Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, l’homme se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s’en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d’une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l’épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face.

Avis : Un vieil homme, la mer, un bateau à la dérive.
Rien de plus. Pas un mot, ou presque. Juste le bruit du ressac ou d’une tempête dévastatrice, le regard stoïque et déterminé d’un homme qui doit faire face à une nature hostile et menaçante.
Le programme peut paraître rébarbatif lu comme ça, mais All is Lost s’avère fascinant et JC Chandor (auteur du remarquable Margin Call sur la crise des subprimes) met minutieusement en scène un drame magistral. Le film se déroule sans temps mort, sans ennuyer une seconde. La proximité avec le personnage qu’interprète Robert Redford, dont on ne connait rien pourtant, est telle que le jeune réalisateur offre au spectateur une expérience immersive hors du commun. On ne peut s’empêcher de se demander comment on aurait nous-mêmes réagi dans une telle situation, l’empathie est totale. D’une puissance évocatrice incontestable, le film rend compte quasi physiquement du combat perdu d’avance que mène ce vieillard face à l’océan et la mort qui guette, jusqu’à l’épuisement. Il capte instantanément l’immensité de la nature, mais aussi sa beauté féroce et létale.
Le mythe Redford délivre au passage une performance physique inouïe et étonnante vue son grand âge, preuve d’une implication sans réserve et d’une confiance aveugle dans le projet.
La réalisation décrit précisément et exhaustivement les faits et gestes du navigateur sans pour autant s’appesantir et crée un climat anxiogène, entretient une tension palpable, dont on ne s’extrait qu’une fois passée la dernière image, superbe et ambiguë.
Impressionnant.

LA REINE DES NEIGES – 12/20

La Reine des neigesRéalisé par Chris Buck, Jennifer Lee

Synopsis : Anna, une jeune fille aussi audacieuse qu’optimiste, se lance dans un incroyable voyage en compagnie de Kristoff, un montagnard expérimenté, et de son fidèle renne, Sven à la recherche de sa sœur, Elsa, la Reine des Neiges qui a plongé le royaume d’Arendelle dans un hiver éternel… En chemin, ils vont rencontrer de mystérieux trolls et un drôle de bonhomme de neige nommé Olaf, braver les conditions extrêmes des sommets escarpés et glacés, et affronter la magie qui les guette à chaque pas

Avis : Avec la Reines des Neiges, les studios Disney confirment qu’ils ont fait ces dernières années un bond qualitatif impressionnant dans l’animation par ordinateur, rivalisant désormais avec leurs cousins de chez Pixar, maîtres étalon du genre. Les décors glacés sont splendides, les personnages formidablement expressifs, l’action fluide et réaliste, on est dans du très haut de gamme. Ils laissent en revanche à la firme à la lampe l’ambition de porter un propos transgénérationnel, et assument le fait de s’adresser principalement aux enfants, et plus particulièrement aux petites filles. Pour autant, le film se laisse voir sans déplaisir, grâce on l’a dit à une animation grandiose, mais aussi à des personnages bien croqués et un humour efficace. Les sidekicks sont particulièrement réussis, le très rigolo bonhomme de neige Olaf, un peu benêt mais irrésistible, a tout pour devenir culte. Quand aux héroïnes, elles confirment le virage moderniste opéré par Disney avec la Princesse et la Grenouille. Des jeunes filles fortes et volontaires qui prennent leur destin en main. Le fait que l’histoire s’articule autour de la relation conflictuelle entre deux sœurs et non la quête du Prince Charmant en est la parfaite illustration.
Là où le bas blesse, c’est qu’à vouloir jouer à fond la carte du musical, la Reine des Neiges dépend forcement du niveau des chansons, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas très élevé. Niaiseuses quand elles ne sont pas franchement agaçantes, elles sont le vrai point faible du film.
Dommage, parce que l’histoire est ambitieuse et sort des sentiers battus des contes de fées classiques, avec son lot de surprises et de révélations.
Ceci dit, vous pouvez emmenez sans crainte vos enfants, neveux, nièces etc… La Reine des Neiges reste un excellent divertissement familial et vous ne vous y ennuierez pas!

CASSE-TETE CHINOIS – 12/20

Casse-tête chinoisRéalisé par Cédric Klapisch
Avec Romain Duris, Audrey Tautou, Cécile de France

Synopsis : Xavier a maintenant 40 ans. On le retrouve avec Wendy, Isabelle et Martine quinze ans après L’Auberge Espagnole et dix ans après Les Poupées russes.
La vie de Xavier ne s’est pas forcément rangée et tout semble même devenir de plus en plus compliqué. Désormais père de deux enfants, son virus du voyage l’entraîne cette fois à New York, au beau milieu de Chinatown. Dans un joyeux bordel, Xavier cherche sa place en tant que fils, en tant que père… en tant qu’homme en fait ! Séparation. Famille recomposée. Homoparentalité. Immigration. Travail clandestin. Mondialisation. La vie de Xavier tient résolument du casse-tête chinois ! Cette vie à l’instar de New York et de l’époque actuelle, à défaut d’être cohérente et calme vient en tout cas nourrir sa plume d’écrivain…

Avis : En faisant appel une troisième fois aux personnages désormais cultes de l’Auberge Espagnole, Kaplish retrouve à la fois un certain confort, mais aussi une inspiration qui semblait l’avoir quitté depuis un petit moment (remember l’abominable Ma part du gâteau). Alors certes, on est loin de la folie douce et du joli bordel insouciant qui dominaient à Barcelone et subsistait par moment à Moscou, mais on ne peut cacher son plaisir de voir où Xavier et ses copines en sont à l’orée de leurs 40 ans.
Casse-tête chinois est bourré de défauts. Le scénario est simpliste et parfois naïf, le film se prend un peu au sérieux sans en avoir forcément l’étoffe, les lamentations de Xavier sur la complexité de la vie tournent en boucle et finissent par nous épuiser. MAIS la mise en scène délivre son lot de jolies idées, peut-être un peu systématiques mais qui rythment bien l’histoire (ralentis, incrustations dessinés, montage inventif, split screen etc…), l’ensemble baigne dans une bonne humeur communicative et une légèreté bienvenue. Duris et Tautou sont dans leurs petits chaussons, alors que je ne suis toujours pas convaincu par le jeu poussif et outrancier de De France, caricaturale et peu crédible en lesbienne à la vulgarité exagérée.
Masi malgré tous les défauts qu’on peut trouver à Casse-tête chinois, ces retrouvailles ne sont franchement pas désagréables.
Rendez-vous dans 10 ans ? On ne dira pas non.

HUNGER GAMES : L’EMBRASEMENT – 14/20

Hunger Games - L'embrasementRéalisé par Francis Lawrence
Avec Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Josh Hutcherson

Synopsis : Katniss Everdeen est rentrée chez elle saine et sauve après avoir remporté la 74e édition des Hunger Games avec son partenaire Peeta Mellark.
Puisqu’ils ont gagné, ils sont obligés de laisser une fois de plus leur famille et leurs amis pour partir faire la Tournée de la victoire dans tous les districts. Au fil de son voyage, Katniss sent que la révolte gronde, mais le Capitole exerce toujours un contrôle absolu sur les districts tandis que le Président Snow prépare la 75e édition des Hunger Games, les Jeux de l’Expiation – une compétition qui pourrait changer Panem à jamais…

Avis : Avec ce deuxième épisode, la saga Hunger Games confirme qu’elle est en train de s’octroyer une place assez singulière dans le paysage hollywoodien et qu’elle est sur la voie d’y poser une empreinte durable, comme ont pu le faire des Star Wars ou des Harry Potter avant elle.
Parce qu’elle allie ambition et divertissement, parce qu’elle brasse des thèmes forts en offrant de grands moments de bravoure, parce qu’elle a installé des personnage charismatiques tout en conservant une forte exigence dans la mise en scène, elle dénote et séduit en s’adressant à un public plus large que les seuls adolescents, qu’elle a en plus le bon goût de ne pas prendre pour des idiots.
En changeant de réalisateur, la licence gagne en maturité, le style est plus posé (j’étais pourtant de ceux qui avaient beaucoup apprécié l’énergie du premier, dont la mise en scène frénétique traduisait parfaitement l’urgence dans laquelle évoluaient les personnages), les thèmes sont approfondis.
Parce que s’il y a une qualité à mettre en avant plus que les autres, c’est bien l’audace des sujets que Hunger Games aborde. Mine de rien, il s’agit bien d’une fable d’anticipation politique, qui traite assez frontalement la question du totalitarisme. Francis Lawrence creusent les bases posées par Gary Ross : la manipulation des médias, le mensonge étatique, la soumission du peuple. User de la terreur pour maintenir le calme dans les districts, donner des jeux et du pain au Capitole pour les occuper et éviter à leurs habitants de penser. Au passage, la description de cette cour bariolée et crasseuse à la botte du «président» est toujours aussi intéressante,. Ils se parent d’artifices cache-misère et se contentent de s’enthousiasmer pour les distractions offertes par le pouvoir sans poser de question. Du pain et des jeux donc. Jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne enrayer la belle mécanique du despote. Ce grain de sable, c’est donc Katniss . Malgré elle, elle va devenir le symbole de la rébellion, la femme à abattre pour le gouvernement, et l’idée d’un espoir pour le peuple opprimé. Car oui, Hunger Games est aussi féministe. Rarement un film de studio aura autant mis en avant un personnage féminin, qui au delà de ses prouesses physiques et de son courage, pousse et protège les mâles qui l’entourent. Le schéma classique est complètement inversé, validant encore une fois la singularité du projet. Pour revenir au film lui-même, il est très dense et particulièrement prenant dans sa première partie. Les premiers signes de la révolution couvent, le capitole s’inquiète et manœuvre pour tuer le soulèvement dans l’œuf. Cette mise en place est habilement construite, formidablement illustrée (le contraste entre les districts et le capitole est frappant) et délivre son lot de scènes marquantes, jusqu’à celle du tirage au sort des candidats, assez bluffante de tension étoufféee, où l’on sent le malaise poindre et la situation commencer à échapper aux dirigeants.
Le film faiblit ensuite paradoxalement quand les jeux commencent, sans doute le peur d’être redondant par rapport au premier (ce à quoi Lawrence ne parvient pas tout à fait), mais aussi à cause d’une réalisation hasardeuse, très sombre, où on ne distingue plus grand chose. On est cependant en permanence à se demander ce qui se trame, car aucun personnage autour de Katniss ne semble jouer la partition qu’il devrait jouer. Le final, réussi, nous donne des réponses, mais aussi une furieuse envie de voir la suite.
Notons aussi que ça aide pas mal d’avoir de bons acteurs pour faire un bon film. Si les superlatifs pour évoquer la prestation de Jennifer Lawrence sont tous justifiés, le reste de la distribution est impeccable, Donald Sutherland et Philipp Seymour Hoffman en tête.

Le deuxième volet de Hunger Games, sombre, violent et radical sans oublier d’être émouvant, confirme donc tout le bien qu’on pensait de la saga. Divertissement intelligent et conscient, presque subversif par moment, il rassure également sur la capacité de Hollywood à pouvoir prendre des risques et des chemins de traverse.
On est déjà emballés, mais on a hâte de voir l’essai se transformer dans les deux derniers épisodes. Vraiment.